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Guy Birenbaum (Autre)
EAN : 9782862314044
152 pages
Maurice Nadeau (07/04/2022)
4.13/5   57 notes
Résumé :
Depuis longtemps je taquine la rue. Aujourd’hui encore. Guidé par mes failles, mes blessures, j’arpente trottoirs bitumeux ou sentiers poussiéreux. Partout le même bitume. Partout les mêmes poussières âcres. Ô comme j’aimerais trouver un trou de verdure où chante une rivière mais je ne suis pas ce dormeur. J’ai cependant deux douleurs dans le dos qui me font dire que je n’étais pas de taille et que vous m’avez vaincu avec vos mots. J’ai perdu. Oui. Je me suis perdu.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Je vous invite à venir au bord d'un trottoir qui est un domicile aussi, celui d'Ervé. Il est là depuis longtemps peut-être, mais comme vous ne l'avez jamais encore remarqué, - car Ervé a un pouvoir magique celui d'être invisible, alors vous pensez qu'il n'est là que depuis aujourd'hui, depuis l'instant où vous le voyez par hasard pour la première fois...
Ervé est désormais et depuis des années sans toit, sans elle, sans elles, sans eux... Sans les êtres chers qu'il aime et qui l'aiment. Aimer lui est impossible dans cette immobilité assumée mais qui bouge parfois, qui bouge tout le temps, par envie ou par nécessité...
Aimer lui est impossible au sens où nous l'entendons souvent. Pourtant, Ervé aime à sa façon...
Ervé est un clochard, un clodo, un SDF, un sans-abri, un vagabond. Qu'importe les mots ! Pour dire qui il est, il vaut mieux convoquer le bitume, la pluie, les trains, les rails, les parcs, le ciel et ses constellations. Ervé aime bien le terme de clochard, moi celui que je préfère pour lui est celui de vagabond, car Ervé bouge, géographiquement mais aussi dans sa tête, il prend des trains parfois, bouge les lignes, les siennes, les nôtres. Mais surtout il écrit.
Ce récit nous parle des sans-grades, des laissés-pour-compte, des sans-dents...
Tiens, les sans-dents, ça vous dit quelque chose ?
Écritures carnassières est un récit féroce, un récit vorace, qui nous dévore, dévore le coeur et que l'on dévore à bras le corps, c'est un récit qui nous avale.
C'est un témoignage magnifique et douloureux écrit à la hauteur de la rue, sous forme de chapitres courts, violents, fulgurants. Par moments, entrent par effraction des poèmes qu'on sent écrits à la fois dans l'urgence de la vie, mais dans cette respiration indispensable pour tenir debout coûte que coûte.
C'est un livre épris de rage et de tendresse.
« Depuis longtemps je taquine la rue ». Ce sont ces phrases comme cela qui ont fini par taquiner mon coeur. Ervé taquine la bouteille aussi, comme ses autres compagnons de la rue. C'est un être rempli de sourires et de larmes...
L'auteur a parfois cette pudeur d'attendre que la pluie vienne pour pleurer et se perdre, noyer ce visage et ce chagrin dans cette pluie qui vient.
Ervé montre comment la route d'une vie peut être tout simplement et rapidement une sortie de route. Pas facile après de se remettre dans la trajectoire initiale, si jamais il y en a une... Souvent c'est impossible. Trébucher devient alors la seule manière d'apprendre à marcher...
Ervé raconte son enfance, sa jeunesse dans les foyers de la DDASS. C'est une enfance fracassée qu'il n'en finira pas de payer jusqu'à ce jour.
C'est une enfance terrible, qui l'a coupé du bonheur d'une vie mais pas des joies immédiates.
Alors il nous parle de ses deux petites filles, Élise et Lou, qu'il appelle ses « poumons », parce que, même s'il les voit trop peu, elles permettent à ce « père sans repères » de respirer.
Et aussi pour Claire leur mère, qu'il aurait tant voulu rendre heureuse, rencontrée à la faveur d'une maraude.
Deux poumons, deux respirations.
C'est une écriture saccadée, avec des fulgurances.
Il y a une beauté de l'écriture, qui dessine en creux toutes les nuances qu'ont laissées en lui les blessures de l'existence.
Il y a ici du chagrin et toutes ses subtilités.
Ervé se dit privé de bonheur, le bonheur impossible d'un amour, l'impossibilité d'y accéder.
Cabossé, il reconnait que le bonheur n'est plus fait pour lui et c'est terrible d'entendre quelqu'un dire ces mots. Je ne sais pas les entendre. Insupportable.
Cependant la joie existe dans son existence et ce récit en témoigne merveilleusement.
Ervé parle de la joie, n'y renonce jamais, celle de se poser près d'une cascade pour écouter l'eau, celle d'entendre le rire de ses filles au parc où il les retrouve de temps en temps, la joie de partir aussi, prendre le train, la joie de revenir aussi... Les retrouvailles avec les copains au bord du canal Saint-Martin. La joie d'écrire, de poser les mots de ses émotions, d'aborder des rivages sensuels et incandescents, qu'il réinvente sur le macadam de Paname.
Vous l'aurez compris, malgré la difficulté d'être un clochard ou un vagabond, des perles de plaisir et de jouissance composent et tissent ce texte d'une écriture très belle, fragile et douloureuse à la fois...
Bien sûr, des questions traversent ce texte, des questions qui appellent notre étonnement.
Comment avoir le coeur rempli d'amour et en même temps ne pas pouvoir ou ne pas savoir aimer ?
Ne pas savoir construire à partir de l'amour, est-ce parce qu'on ne vous a jamais appris à le faire ?
Ce sont les nuances d'un coeur tabassé couvert de pansements.
Et cependant, il éprouve une affection forte et sincère pour ses enfants.
Ervé, RV, Rêver, vagabonder...
Quelle victoire, ce livre, sur son enfance massacrée !
« Quand on aime, il faut partir », disait Blaise Cendrars.
Il bouge, adore les trains, vagabondent dedans entre deux gares ; ces vagabonds admirés par Jack Kerouac, Jack London, Blaise Cendrars...
Ne jamais rester immobile.
Se tourner vers le mouvement c'est adorer la vie, c'est tenir debout, c'est vivre.
Je referme la dernière page de ce livre, dans ces pages j'ai aimé Ervé, funambule sur le fil si fragile de la rue.
J'ai été agrippé à cette réalité sale et violente, l'odeur fétide du petit matin, la première bière qu'on dégoupille comme une ouverture au monde, cette première bière qui vous agrippe déjà comme un geste si bien appris, auquel on n'échappe pas.
J'ai été happé par ces fragments de rues.
Écrire pour survivre, dire l'amour, tenir debout dans un monde devenu idiot et lire ces choses-là peut-être pour les mêmes raisons.
Ici, il en ressort un récit puissant.
J'ai été épris par le récit d'Ervé pour cela. Aussi ces mots m'ont dévoré.
Un grand merci à toi Doriane qui m'a fait découvrir ce livre magnifique.
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Ô, comme il est difficile d'écrire un billet après avoir lu un ouvrage aussi fort que celui-ci. Mes mots paraissent soudainement bien faibles en comparaison à la grandeur de ce récit.

Dans cet ouvrage, Ervé, un homme sans toit, couche sur papier ce qui l'habite. Un homme blessé, la tête dans les nuages en gardant les pieds sur Terre. Ses mots sont vrais, forts. Ils viennent du ventre, des tripes. 
Des cris éraillés, silencieux, qui font mal à lire. 

Ses mots sont aujourd'hui lus grâce à cet auteur et ancien éditeur ayant croisé le chemin d'Ervé.
Des mots merveilleux qu'il arrive à manier avec justesse. Des mots qui résonnent ou il ne manque plus que l'instrument pour en entendre la mélodie.
Des mots posés avec douleur et douceur malgré leurs noirceurs.
Des mots qu'on a qu'une seule envie, qu'ils soient lue par tous.
"Écrire, mais ne pas se relire trop. Quitte à y laisser des bleus"

Lors de ma lecture, j'avais tendance à vouloir partager beaucoup de citations, difficile de faire des choix, car cet ouvrage, dans son entièreté, est une citation à lui tout seul. 

Son texte est poétique, rythmé par ses paroles d'homme d'aujourd'hui citant l'enfant/ado qu'il était. Un homme devenu adulte avant d'en avoir l'âge. 

Ervé, cet homme dont on a envie de partager sa vie, d'être son ami(e).

Pour un sans domicile fixe, le pire est l'ignorance. Passer devant sans le regarder, sans sourire.

Prendre son temps pour discuter peut illuminer une journée à travers un café partagé. Ou bien une bonne bière accompagnée d'une clope. Ou tout simplement le considérer autrement qu'un clochard.

Ervé... Qui à travers sa plume cites des paroles incroyablement fortes, sans misérabilisme ni apitoiement.

Comme cité en 4ème de couverture, l'écriture d'Ervé est tout à la fois : vibrante, poétique et carnassière. Il écrivait dans la rue sans prétention, et sans se douter qu'un jour ses écrits finiraient par sortir en livre. 

Parce que dehors, l'ennui se fait ressentir. Alors il tue le temps en écrivant, en lisant et en clopant.

Des mots de colère, de tristesse et de joie aussi. Les pages sont parsemées de perles de bonheurs pour s'asseoir sur le malheur.

Ervé a réussi à nous montrer que le bonheur, on le trouve à l'intérieur de soi-même. L'extérieur y contribue seulement. 

J'ouvre grand mes bras à cet Homme, qui a appris à aimer la vie comme un chien. En y allant au flair sans chercher à comprendre. (Dixit Ervé)

Comme d'habitude, je vais profiter de l'opportunité du billet pour parler des faits. 

En 2020, on estime à 300 000 sans domicile fixe en France. Soit deux fois plus qu'en 2012 et trois fois plus qu'en 2001...

Les SDF, on ne parle d'eux qu'en hiver... Des personnes qui regardent le monde tourner de loin, sans eux, parce qu'effacé aux yeux de tous.
"Le peu de fois où je m'impliquais dans l'existence, c'était toujours de loin."

Cet ouvrage mérite tellement d'être lu en Masse. Procurez-vous ce livre, à l'état neuf de préférence parce que les bénéfices vont dans les poches d'Ervé.

Lisez-le ! Partagez-le ! Parlez-en ! 
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Assis en tailleur à même le sol pour faire la manche, installés à l'écart cannette à la main et clope au bec, en marche arpentant les rues, couché sur un banc en quête d'un peu de sommeil et de quiétude. Nous les croisons tous les jours ils viennent d'ici ou d'ailleurs et semblent n'aller nulle part. Âmes errantes, fantômes de nos cités nous les voyons sans les regarder. On les appelle SDF, clodos, sans abris, clochards, jusqu'à oublier leur nature d'êtres humains. Des hommes des femmes, nos semblables qui ont un passé, une enfance, un présent difficile et un avenir qui se dérobe sous leurs pieds.

Ervé est dans la rue depuis toujours, malgré la mauvaise opinion qu'il a de lui c'est un gars courageux qui se bat contre ses démons tel « un chat sauvage sans griffes ». Il faut une sacrée dose de courage pour se regarder en face sans se mentir, mais encore plus pour s'écrire quand on sait qu'on va être lu. Surtout pour se raconter comme ça, en se mettant à nu et en posant ses tripes sur la table. Respect. Sans détour il raconte sa non-enfance, le gosse fracassé qu'il était, comment il s'est construit sur des fondations branlantes, l'âme déchirée, le coeur balafré avec l'absence et la tristesse comme compagnes de route. Il raconte le manque d'amour, le manque de cadre, le manque de famille, le manque de tout. Il raconte la DDASS, l'absurdité de l'institution, sa cruauté ses dérives, l'inhumanité, la honte, l'injustice et l'innommable.

Il raconte cette envie d'une vie meilleure lovée comme une couleuvre au creux du ventre et qui vous fait plus de mal que de bien. Parce qu'il y a Elle qu'il aime comme il peut, parce qu'il ne sait pas trop comment on fait. Et Elles, ses 2 filles, ses 2 poumons, sa vie, il les aime à en avoir mal.

Pour survivre, ne pas suffoquer, Ervé écrit. de la prose, des poèmes, des chansons. Il écrit la rue, ses potes, ses rencontres, les cafés, ses fugues, les bons moments et les moins bons.

Son écriture est surprenante, franche, sans détour, férocement poétique. Derrière ses mots on sent sa bonté, sa fragilité sauvage, sa solitude et la douleur sourde qui l'accompagne et qui s'apaise si peu, si brièvement.

Une vie torturée, abîmée avant même d'avoir éclos, racontée sans haine, sans misérabilisme ni atermoiement. Une plume ingénieuse qui joue avec les mots et recèle de trésors d'humanité. Un vocabulaire riche, varié et un amour du mot juste qui trahissent l'intelligence et la sensibilité.

Un récit rude, âpre et tellement beau qu'il en est douloureux.
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Et voila que ça recommence…
Je ne sais pas pour vous mais de mon coté, de temps en temps, je commence un bouquin en ayant la certitude que je vais aimer voir plus car forcément affinités vu le sujet. Il y a des livres qui avant même d'être commencés ne laissent aucun doute quant à la question « billet ou pas billet ?».
Parfois, souvent (toujours?) quand on attend trop d'une lecture la déception n'en est que plus grande et là… je suis le cul entre deux chaises.

Ecritures carnassières de Ervé, un livre sur le monde de la rue par un habitant de la rue. Vu comme ça, j'ai plongé directement car ce monde je le côtoie depuis quelques années de différentes manières pendant un temps que j'ai rendu libre pour ça.
La rue, il y a autant de raisons d'y arriver que de gens qui y sont alors quand on me vend un livre sur la rue, je m'attends à un truc d'atmosphère, un truc qui va mettre mal à l'aise le quidam qui a l'habitude de regarder ailleurs, je m'attends à ressentir la violence de chaque situation la plus banale (très bien décrite dans « Un homme » de Christina Mirjol), je m'attends à partager cette insécurité permanente qui accompagne les journées des laissés pour compte, enfin je m'attends à une multitude d'émotions différentes.
Dans « Ecritures carnassières » je n'ai pas trouvé tout ça ou si peu.
J'ai trouvé des tranches de vie compliquées, très compliquées même, d'un parcours qui a mené l'auteur là où personne ne devrait tolérer qu'un être humain puisse dormir, la rue.
J'ai lu des souvenirs de jeunesse, des traces d'un passé avec ses joies ses peines et ses conséquences et ça m'a perturbé.
Trajectoire chaotique oui bien sur, rien à dire contre ça mais j'avais pas forcément envie de lire ça alors qu'on me promettait autre chose.
Je ne me serais pas senti trompé, j'aurais certainement été dithyrambique et fait un billet disant à quel point j'ai été touché comme l'ont fait certains ici.
Là je n'y arrive pas même si le ton du livre me plaît, même si ces pages peuvent émouvoir l ‘espace d'une lecture avant de passer à une autre…
Je suis vraiment embêté car c'est un bouquin qui doit pouvoir être diffusé et lu par le plus grand nombre histoire de servir de piqûre de rappel ou d'éveiller certains à d'autres réalités que celles de vies biens rangées d'où rien ne dépasse mais je ne peux que vous encourager à aller lire les autres billets qui vous convaincront de la nécessité de ce livre, ce que je suis incapable de faire.
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Enfant de la DDASS, Ervé a été balloté de foyers en familles d'accueil avant de finir dans la rue, confronté aux pires addictions. Mais Ervé possède cette capacité à exprimer ses ressentis, à évoquer sans pathos exagéré ses mille et une galères, à analyser ses regrets (femme et enfants presqu'abandonnés pour retourner encore et encore à la rue).
En de cours chapitres qui font fi de la chronologie et de sa belle écriture chaleureuse et sensible, Ervé raconte ses fêlures et ses failles, ses rencontres et ses petits moments de bonheur intense arrachés à la rudesse d'une existence qu'il aime et rejette tout à la fois.
Ervé fait plus que mettre des mots sur ses maux, il nous entraîne dans son univers !
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critiques presse (1)
Bibliobs
18 avril 2022
Ervé, homme blessé, se raconte aussi pour sauver du marasme des images qui le tiennent debout. Une main et un café tendus à l’aube par un inconnu. Un repas chaud sur une péniche conduite par un ancien compagnon de route.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne partageons pas la même couche. Mes sommeils en petites coupures font qu'il vaut mieux que je dorme seul. Avoir en son lit un corps tremblant, brûlant de fièvre parfois, n'invite pas au repos réparateur. Le peu de mes nuits en son autre chambre voisine m'appelle. J'ai envie d'elle. Tard la nuit se fait. Comme un rêve, je quitte duvet pour flotter et me poser à ses côtés. Silence et certaine timidité règnent. J'effleure à peine les tissus de soirée qui recouvrent sous un léger drap. "C'est moi", lui dis-je. Ses courbes m'invitent. Nos souffles ne souffrent d'aucun interdit. Le drap se fait absent tandis que nos émotions corporelles s'enchevêtrent plus que ne s'emmêlent. Elle s'ouvre à moi et émoi me prend. La nuit devient petite mort. Un tourbillon me vrille le crâne er je viens en elle. La Terre cesse de tourner et suspend le temps. Un râle pour toute incidence sur le silence nocturne. Je baise ses épaules comme j'ai baisé son intimité. J'aimerais rester plus longtemps encore en elle.
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Déchiré
Elle me lance et des rires, des bribes de sens, je m'en détourne, fatigué. Il me reste un pas de danse mais le chant se repose, essoufflé parce que déchirée.
Tant de souffle amer jeté en semence sur mon âme écorchée, tant de soufre à même le feu se défend des regards détournés parce que déchirés.
Déchirés comme le sont les rêves, balbutiement de songe, dans ces endroits de nuits sans sommeil un papillon qui se brûle les ailes.
Des carrousels d'ombres sur des yeux misogynes, des chagrins si longs, ces affreux fantômes qui devraient peupler le vide au lieu de chansons.
Si elle me lance des rires, des bribes de sens, je m'en détourne, fatigue, même s'il me reste un pas de danse, le chant se repose, essoufflé parce que déchirée...
Déchiré comme le sont les rêves, balbutiement de songe, dans ces endroits de nuits sans sommeil un papillon qui se brûle les ailes.
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Je n'ai aucune prétention. Pas même d'estime. Je n'aime pas la gueule que j'ai. Je me contente de celle que je fais. J'aime le beau pourtant. Même le beau-laid. Ce dernier est plus intéressant. J'ai toujours aimé les bâtards. J'en suis un. Un humain bâtard. Mais le plus beau et fidèle des bâtards reste le chien. Il peut vivre longtemps parce que sans pedigree. Il sait qu'il vient de nulle part mais a beaucoup d'affection à prendre et à donner. Il est fidèle parce qu'il ne veut pas perdre ce qu'il a pu trouver. Il sait sa condition, fait profil bas sans pour autant se soumettre. Voilà, c'est ça: je n'ai pas de pedigree. Beau bâtard, je suis.
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Je m'éternise. La nuit est calme, un vent léger porte une pluie fine. Les reflets sur les rues nues de monde m'invitent à stagner. J'ai bu un peu mais je ne suis pas ivre. J'ai compris depuis longtemps que s'enivrer était un luxe et que se défoncer était un suicide. Je continue à picoler à ma mesure. Je traverse dans les clous des bandes blanches qu'on inflige. Tant que le monde se tient. Tant que ce monde tient.
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« Se chercher seul détruit. Sans symbole, sans horizon, je ne suis rien. Alors j’ai appris à aimer la vie comme un chien. Sans chercher à comprendre. J’y allais au flair. Mais un chien sans caresse s’ennuie. J’étais donc un individu par défaut. Rien de plus. J’ai appris à n’être responsable de rien. Le peu de fois où je m’impliquais dans l’existence, c’était toujours de loin. Aujourd’hui encore je traîne mon ennui sur le terreau de ma solitude. Et puis les sommeils qui n’en sont pas. Pas de répit, pas de repos. J’accuse fatigue quarantenaire à l’aube de mes 50 ans. Alors j’ai appris à aimer la nuit. Surtout dans la rue. De la tranquillité noire aux frissons de l’aube. J’ai pour veilleuse réverbère et lampadaire à la lueur jaune, tandis que, jadis, sous mon lit dortoir, la veilleuse seule pour compagne de lecture. »
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