Lire et écrire avec Ielenna, auteure de "Persona"
Je me suis battue contre les principes séculaires de cette société. Je ne m'y suis jamais soumise. Les gens m'ont toujours traitée de femme froide et sans cœur. J'ai simplement tout fait pour que l'on m'entende, sans que l'on accuse mes émotions de m'influencer, de me contrôler. Nous sommes des femmes. Non blanches, de surcroît. Et dans ce royaume où le pouvoir est surtout l'apanage des hommes, la seule façon de se faire une place est d'être inflexible. Sinon, notre moindre faiblesse est pointée du doigt.
On rencontre tous quelqu’un qui donne une nouvelle direction à notre vie. Parfois au moment où on s’y attend le moins.
Il y a ceux qui ont la chance de rêver… et ceux qui font de leur rêve la chance de leur vie.
Le rayon de soleil sur vos doigts, vous le ressentez ! Les effluves de la cuisine, vous les humez ! Les fils qui dépassent des toges, les pavés mal alternés sur les voies, le frémissement de la brise dans les arbres, le bruit de chaque grain de sable qui coule d'un sablier... Saisissez chaque maille, chaque perfection et chaque défaut de ce monde sensoriel.
Mais il n'existe pas qu'une seule forme d'amour. Les légendes vendent le mythe d'un amour éternel, fantasmé, avec un partenaire, comme si c'était le seul et unique accomplissement de notre vie. Elles nous font miroiter cette récompense comme quelque chose qui se mérite ou comme une providence tombée du ciel, un signe de la Lumière. Tant de critères à cocher. Jeunes. Beaux. Pas trop gros, pas trop maigres. Dévoués. Complices. Comme si l'amour ne pouvait pas exister autrement, n'était pas légitime sous d'autres conditions. Aucune histoire ne raconte ces autres formes d'amour, qui existent pourtant sous nos yeux depuis notre naissance. Ces amours que les mères ont pour leurs enfants, que les frères ont pour leurs sœurs. Celui que les amis de toujours s'avouent à demi-mot. Celui que les filles éprouvent pour leur père. Ou envers la figure qui remplit ce rôle...
La normalité est une malédiction. Vous êtes tous parfaits, dans vos anormalités. Tous autant que vous êtes, ici. Et c'est pour cela que je prends soin de vous... Pour cultiver ces anormalités qui vous rendent uniques. Ceux qui ne les distinguent pas sont des aveugles passant à côté d'un trésor de l'humanité.
Ce que je veux dire, c’est qu’il y a la manière dont tu te perçois, toi. Et celle dont les autres te voient. Et moi, je ne te vois pas comme ce que tu décris. Tu es soeur Amandine, la brave personne qui me supporte à longueur de journée. Qui sourit en coin quand je chantonne, sans jamais me demander de me taire. Qui m’apprend tous ces gestes avec patience, sans jamais remettre en cause mes mes compétences. Qui ne m’a jamais jugé sur mes problèmes pour lire. Tous les autres de la cuisine, là, peut-être qu’ils m’apprécient le temps d’une blague, mais je ne tiendrais pas la journée entière comme toi tu le fais. Je n’ai pas besoin d’être quelqu’un que je ne suis pas quand je suis là, avec toi. Tu es mon binôme parfait.
Andrea ne croyait pas à ses propres mots, mais ce n’était pas le moment d’asséner la vérité à la petite fille. Ce voeu, bien pieux l’aidait aussi à garder confiance. Il se sentait prêt à tout pour la protéger et pour qu’elle n’imagine pas qu’il puisse lui arriver plus de malheurs encore.
Pax se serra un peu plus contre lui, confiante.
Ils restèrent là quelque temps. Les étoiles, dans le ciel, commencèrent à poindre, une par une, et dessinèrent, au-dessus de leurs têtes, la toile d’un avenir qu’ils espéraient plus serein.
La répression ne vaudra jamais une bonne éducation. La première enseigne une leçon au fer rouge, que l’on n’oublie pas, mais qui noircit le coeur de rancune. La deuxième rend la leçon éternelle puisque l’hôte devient un jour l’enseignant à son tour. La punition est une conséquence de la peur que l’on a éprouvée. La patience est celle de la confiance. La pédagogie est la plus belle maladie que l’humanité sache transmettre.
Pax ne cessera jamais d’être une enfant, tout comme nous n’avons jamais renié les jeunes personnes que nous avons été. Nous sommes cet ensemble de vies que nous nous sommes créées au fil des décennies. Mais plus que l’enfant qu’elle est, c’est l’adulte qu’elle deviendra qui compte sur toi.