Citations de Lire (58)
Georges Dumézil :
... Je vis avec la mort depuis 1918. Aujourd'hui, ça m'est indifférent. Je n'ai pas peur, je ne suis pas matérialiste, je suis agnostique et j'ignorerai ce que recouvrent en réalité des mots tels que "inconscient" ou "esprit" tant que l'on ne saura pas exactement ce qui se passe dans chaque neurone, comment se fabrique la mémoire... Je n'imagine pas qu'il puisse subsister quelque chose d'un être organique après sa mort...
Je suis un chercheur qui cherche, mais je ne crois en rien sinon en l'avenir de la science... La recherche doit être gratuite, désintéressée et nécessaire. On ne peut pas faire autrement. On se prend au jeu. J'ai envie de voir jusqu'où je peux aller, où me mèneront mes travaux, tout en étant persuadé que nous n'en sommes qu'aux premiers balbutiements... La science n'a pas quatre cent ans, qu'elle soit mathématique, physique, biologique... Newton ou Lavoisier ne se posaient pas de questions sur la finalité de leur recherche. Ils travaillaient pour aider l'humanité à progresser. On fait marcher le cerveau pour la même raison que l'animal qui a de bonnes pattes galope. Les chercheurs se mettent tous sur les épaules les uns des autres. Je suis sur les épaules de Marcel Granet qui lui-même... Je suis un chaînon dans une science qui ne livrera pas ses secrets avant longtemps. Souvenez-vous de ce que disait Ernest Renan dans L'avenir de la
science : "Que ne donnerais-je pas pour avoir entre les mains un livre d'école primaire de 1948..." Je dirais pareillement : que ne donnerais-je pas pour savoir ce qui sera... On n'est jamais qu'un moment, une étape...
Parfois, l'art du romancier rejoint celui du peintre.
Une maison, dans un roman, n'est pas toujours un simple cadre : elle peut devenir récapitulation du livre, métaphore de son intrigue
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté
Lire la poésie pour le plaisir ou l'analyser pour approcher sa magie vous enrichira toujours
Comme chacun sait, la choucroute contient bien du chou, mais nulle trace de croûte dans ce germanique mets. Et en effet : à l'origine se trouve le nom alsacien surkrut, "choucroute", emprunté par le français de Neuchâtel (Suisse romande) en 1699 sous la forme surcrute. Arrivé en France en 1739, surcrute prend la forme sorcrotes, qui devient choucroute en 1768. Comme la choucroute contient du chou, l'étymologie populaire a vite fait de transformer la forme sorcrotes en chou-croute : le nom de ce plat devait refléter sa composition, à tout le moins en ce qui concerne seulement sa première syllabe.
EMBLER : Très vieux verbe, embler signifiait "dérober". Pourtant, en dépit de son grand âge, embler a disparu au cours du XVIIe siècle, remplacé dans l'usage courant par voler et, dans une moindre mesure, par le plus recherché dérober. Pas rancunier, embler nous a laissé son participe passé substantivé et féminisé "emblée", présent dans l'expression "d'emblée", qui a pour sens "tout de suite".
Certains adjectifs épithètes changent de sens selon la place qu'ils occupent par rapport au nom : placés avant celui-ci, ils ont souvent un sens figuré ; placés après, ils conservent généralement leur sens propre.
* une chic fille : une fille sympathique
* une fille chic : une fille élégante
* une fichue voiture : une voiture contre laquelle on est en colère
* une voiture fichue : une voiture hors d'usage
* un heureux gagnant : un gagnant chanceux
* un gagnant heureux : un gagnant qui éprouve du bonheur
* un maigre repas : un repas frugal
* un repas maigre : un repas hypocalorique
* de rares mots : des mots très peu nombreux
* des mots rares : des mots très peu fréquents
* un triste individu : un individu méprisable
* un individu triste : un individu qui n'est pas gai
Très ancien français puisqu'il est attesté en 1199, le nom "chèvre" vient du latin "capra", féminin de "caper": bouc. Chèvre eut un diminutif, "chevrette" en l’occurrence, qui prit en normanno-picard la forme "crevette", attestée en 1532. Or le crustacé s'est vu attribuer ce nom de crevette. Pourquoi ? L'explication est simple : les petits sauts de la crevette rappelant ceux de la chèvre, il sembla normal à nos ancêtres de l'appeler ainsi.
Au XVIe siècle, le français a fait de nombreux emprunts à l'italien. Dans quel domaine en particulier ?
a) l'armée
b) la gastronomie
c) la médecine
d) la peinture
Réponse plus bas
L'un des domaines le plus touché par ces emprunts du XVIe siècle est celui de l'armée, de la guerre. De cette époque nous avons gardé "canon" (cannone en italien), "soldat" (soldato), "sentinelle" (sentinella), "cartouche" (cartuccia), etc. D'autres domaines comme la musique (piano, violon, concert...) et l'architecture (balustrade, balcon, campanile...) ont été également marqués par les emprunts à l'italien.
Le français a donné des mots à l'anglais, mais celui-ci nous en a rendu un certain nombre. Voici un échantillon de ces mots anglais que l'on emploie couramment en français, sans savoir qu'ils sont de bonne souche française. De quoi relativiser la notion d'anglicisme.
* mot d'ancien français: bacon
* mot anglais utilisé en français: bacon
* mot d'ancien français: bougette
* mot anglais utilisé en français: budget
* mot d'ancien français: chalenge
* mot anglais utilisé en français: challenge
* mot d'ancien français: descompte
* mot anglais utilisé en français: discount
* mot d'ancien français: moque (gobelet)
* mot anglais utilisé en français: mug
* mot d'ancien français: recorder (raconter)
* mot anglais utilisé en français: record
* mot d'ancien français: estresse (étroitesse)
* mot anglais utilisé en français: stress
L'écriture a ses raisons que ni la raison ni le cœur n'ignorent.
On écrit pour se comprendre. Se confier. Pour vivre, survivre, continuer, recommencer, tourner la page ou la déchirer comme un pansement. Pour se divertir. Se défouler. On écrit pour conjurer l'amnésie et pour déjouer la finitude. Pour caresser la beauté, explorer l'inconnu. (Re)visiter le passé, éterniser le présent, inventer l'avenir.
Selon les clauses d'un contrat classique, celui-ci (l'auteur) touche en moyenne entre 6 % et 10 % (sur un livre à 20 €, disons entre 1.20 € et 2 €)
on considère qu'un premier roman s'écoule en moyenne aux alentours de ... 800 exemplaires.
Plus des deux tiers des plumes doivent exercer une autre activité, et plus de neuf sur dix n'atteignent pas le smic avec la vente de leurs écrits.
A toi ma camarade
Quelques propos d'autrices sur la nécessité de s'émanciper, mais aussi la difficulté d'écrire
Si j'étais roi [...], je réformerais un abus qui retranche pour ainsi dire la moitié du genre humain. Je ferais participer les femmes à tous les droits de l'humanité-
Emilie du Châtelet [1735 ]
(p. 38)
Ce qu'elles disent d'elles
Sur Agatha Christie
Il se trouve que je pensais être très loin de cette Anglaise élevée dans une Angleterre victorienne mais ce ne fut pas le cas. Agatha Christie était très romantique, pleine d'humour, très fantasque, et je me suis complètement retrouvée dans cette femme. Jusqu'au surf, jusqu'à son amour du voyage. J'ai complètement adopté sa façon de tourner les choses.
Frédérique DEGHELT
Mona Ozouf
Propos recueillis par Marc Riglet - Lire 2011
Les ennemis de la lecture, dans notre monde, sont, de manière beaucoup plus massive et profonde, la difficulté de se procurer, dans notre société, les biens qui sont indispensables à la lecture : le silence, la solitude et, de façon probante, j'aurais envie d'ajouter l'ennui.
Emil Cioran
Propos recueillis à l'Institut français d'Athènes - Lire 1985
La philosophie est insupportable
Les grands, ce sont les poètes et les écrivains : Dostoïevski est supérieur à n'importe quel philosophe. Je me suis moi-même détaché de la philosophie parce que la philosophie est insupportable et ennuyeuse, même si elle est profonde.
Je n'aime pas penser sans accent personnel. Je préfère une divagation à un raisonnement soutenu.
Jean d'Ormesson
-Propos recueillis par François Busnel - Lire 2009
Qu'est-ce qu'un bon écrivain?
C'est d'abord un style. Beaucoup de gens arrivent chez les éditeurs et disent : "J'ai une histoire merveilleuse."Mais ce ne sont pas les histoires merveilleuses qui font les écrivains, c'est le style.