Maddie D.

Je ne cherche pas à tout prix l'âme sœur, mais j'aimerais bien... Enfin quoi ! Je ne suis pas pour autant une vieille fille ! Je sors beaucoup, je voyage, je fais des rencontres, je m’éclate dans mon boulot… Je n'ai pas le temps de m'ennuyer ! Je refuse qu’on me plaigne. Ne pas avoir d’homme régulier dans ma vie ne m’empêche pas d’avoir des histoires très agréables.

Je ne suis pas très grande – 1,68 m – mais peu m'importe, comme disait Coluche « la bonne taille c'est quand les pieds touchent par terre », je ne suis pas spécialement mince non plus, mais mes formes sont harmonieuses : mon 95D se marie très bien avec mon tour de hanches. Je n'ai donc pas à me plaindre.

- J'aime bien son aura, voilà tout, dis-je comme si c'était évident.
Il ouvre des yeux ronds.
- Tu aimes bien son... Oh, mec... Je vais faire comme si ce que tu venais de dire était parfaitement normal.
Je lui offre un large sourire. J'aime sa façon de prendre les choses.

La plupart d'entre elles parlaient de destin, d'étoiles jumelles et d'âmes sœurs. Je me souviens de celle qui disait que chaque être - homme ou animal - naît avec une âme jumelle. Qu'en réalité, les âmes sœurs n'étaient qu'un seul et même atome lorsque l'univers a été créé, que le Big Bang les a séparées et que, lorsqu'elles sont mises en présence l'une de l'autre, elles ne peuvent faire autrement que d'être attirées l'une vers l'autre, jusqu'à ne former qu'une seule et même entité. Les âmes sœurs se reconnaissent par instinct. Et cette fille est mon âme sœur. Sauf qu'elle l'ignore.

Chapitre 2 : Sunshine :
" - Désolé, lui dis-je en lui offrant mon plus beau sourire contrit.
- Tu sais pas regarder devant toi ou t'as des problèmes de vue ?
Ouais, Aimable avec ça.
Je me frotte l'arrière du crâne et réfléchis à ce que je pourrais dire - à part «désolé».
- Je pourrais récupérer mon sac ?
Je baisse les yeux et me rends compte que je le tiens encore. Du coup, cela ma donne une idée. Je plaque le sac contre mon torse, bien serré dans mes bras de manière à ce qu'elle comprenne que je le prends en otage.
- Je te le rends si tu me donnes un coup de main.
Elle fait un pas et me décoche un coup de poing bien senti pour son gabarit sur le bras.
- Voilà, c'est fait ! Maintenant, rends-moi mon sac !
- Hé ! Pas de cette manière-là ! m'exclamé-je en grimaçant.
Elle se pince les lèvres et lève les yeux au ciel, visiblement agacée.Je lui répond en affichant un air calme, serein et aimable.
- Salut, je suis nouveau dans le coin."

Des picotements courent sur ma peau et je sens mes poils se hérisser. J'ai conscience d'être observé. Cela ne devrait pas m'étonner outre mesure, vu l'endroit où je me trouve. Le bar est plein à craquer, je suis sur la scène en train de jouer, il est donc normal que les gens me regardent. Ce n'est ni plus ni moins que ce qui se passe habituellement lors d'un concert et c'est même le but recherché sinon où se trouve l'intérêt?

Néanmoins, la sensation d'un regard posé sur moi est plus que persistante et je finis par lever les yeux, scrutant la foule agglutinée devant nous.

Je manque de me planter et de plaquer un accord de merde lorsque je reconnais ces yeux vert pale et cette tignasse rousse. C'était à un cheveux de la catastrophe... Je dois faire appel à toute ma concentration pour ne pas me planter sur le riff, mais mes yeux ne quittent pas les siens une seule seconde.

Un sentiment de satisfaction monte en moi lorsque je prends conscience qu'elle me fixe d'un œil stupéfait, sa jolie petite bouche entrouverte. Si j'avais su qu'il fallait que je joue de la guitare pour lui couper la chique, alors qu'elle est si prompte à me rembarrer, je l'aurais fait depuis des lustres.

Malgré moi, je sens mes lèvres s'étirer en un sourire moqueur et je reste fixé sur elle, l'observant avec attention. C'est la première fois que je la vois avec ses cheveux détachés, qui flottent librement sur son épaule. On dirait une masse de boucles en feu. Elle détonne des autres nénettes présentes ce soir.

- Je n'arrive pas à croire que tu dises ça. Bon dieu, réveille-toi Dee! Ouvre les yeux! Tu trouves ton mec en train de te tromper et tu en es encore à te demander s'il n'a pas plus besoin de TON argent que toi? Tu ne veux pas non plus lui dire merci, pendant que tu y es? Tu es à la rue, tes parents sont dans un autre état, et tu te demandes si tu vas lui laisser ton fric? Est-ce que tu plaisantes?

Je baisse les yeux, un peu blessée par ses paroles, mais surtout parce qu'au bout du compte, Livie a parfaitement raison. Je suis stupide. Il n'y a pas d'autre mot pour me qualifier... Ah si : stupide, naïve et aveugle. Mes larmes que j'avais réussi à retenir depuis plus de dix minutes - un exploit - se remettent à dévaler mes joues, plus amères que jamais. Et pendant ce qui me semble être une éternité, j'ai l'impression que rien ne pourra jamais les tarir. Je m'en veux d'être faible à ce point, je m'en veux de me comporter comme un petite fille sotte.

Une serviette en papier apparaît dans mon champ de vision et le regard mi-désolé mi-agacé de ma meilleure amie me donne le coup de grâce. Olivia se rapproche de moi et entoure mes épaules de son bras, dans une vaine tentative de réconfort. Le contraste est saisissant pour qui nous observe de l'extérieur : elle semble toujours être dans une rage folle et malgré cela, elle tente de m'apaiser. Même pour moi ce câlin est bizarre.

- Ecoute je suis désolé. Je ne voulais pas te crier dessus. C'est juste que... tu es trop gentille. Depuis que je te connais, tu es la douce et gentille Deana Sainclair, celle qui fait tout son possible pour faire plaisir à tout le monde. Mais les gens comme toi se font bouffer, ma chérie et si tu ne montres pas les crocs c'est exactement ce qui va t'arriver. Et ce jour-là, il faudra que je te ramasse à la petite cuillère. Or, je tiens trop à toi pour que ça arrive. Tu es ma meilleure amie Dee et je t'aime. Et di toi tu m'aimes, s'il te plaît, arrête de te laisser marcher sur les pieds! Apprends à dire NON. Sois égoïste! Ne tolère plus qu'on te parle mal ou qu'on te considère comme une moins que rien.

Tandis qu'elle me parle, je prends conscience qu'elle a raison - qu'ils ont raison.

- Alors comme ça, tu trouves que je suis mignonne quand je suis en colère? Eh bien prépare-toi, Tom Connoly, car je suis sur le point de devenir Magnifique ! Je le menace d'une voix sourde. Il se fige surpris. M'observe avec attention. Puis hurle à nouveau de rire.

Il fallait que je sorte de chez Tom, que je mette de la distance entre nous avant d'être contaminée par sa tristesse. Immense. Insupportable. Si douloureuse qu'elle en était palpable; étouffante. Je ne pouvais plus supporter son regard. Souffrance. Détresse. Remords. Le package complet du désespoir livré dans un beau paquet cadeau.

Je reste bloquée quelques secondes encore sur le palier, me demandant ce que je peux bien faire du Tupperware que je tiens entre les mains. Plus que cela, je me demande si je ne me suis pas trompée sur mon voisin. Après la scène de la veille, jamais je ne me serais doutée qu'il... s'excuserait pour son comportement dénué de toute civilité en déposant un plat de spaghetti et boulettes devant ma porte, le tout accompagné d'un mot d'excuses griffonné sur un post-it. J'espère que celles-ci seront aussi bonnes que celles que vous avez perdues par ma faute. Je déchante immédiatement en découvrant autre chose au fond du sac : un paquet de bouchons d'oreille.

Chapitre 1: Élisha :
" - Je sors du parking ? tenté-je en fermant les yeux autant par agacement que par crainte des représailles auxquelles j'aurai droit une fois arrivée à bon port.
Je n'aurais pas dû. Pas au moment d'arriver rue Monge. J'entends un crissement de pneus suivi d'un choc, ma voiture est légèrement déviée de sa trajectoire, ma tête projetée d'avant en arrière... je cale.
Eh merde ! je viens d'avoir un accident."

Chapitre 6 : Élisha :
" - Tiens doc ! Mais c'est cette mis Betty Boop !
Le regard de Jo se fait soupçonneux, passant rapidement de son ami à moi. J hausse les épaules avec désinvolture, colle un masque innocent sur mon visage, l'air de ne pas comprendre la question contenue dans ses yeux.
- ... Vous vous connaissez ?
- Non, pas du tout... je ne me souviens pas avoir vu ce monsieur auparavant ! dis-je, conscient de mentir honteusement.
- Bien sûr qu'on s'est déjà croisés ! rétorque le type, outré par ma mauvaise foi. C'est ça, ta sœur ?
Je ne suis pas certaine que le terme «ça» utilisé pour me désigner soit à mon goût.
- Oui, pourquoi ? répond Jonas, visiblement dépassé par la situation.
- Parce que c'est la folle qui m'a foncé dessus avec sa voiture !
Là, je suis vraiment dans le pétrin."

J’adressai une prière silencieuse à qui de droit, qui qu’il soit : qu’il fasse en sorte que ma mère recouvre sa santé, sinon je m’engageai à venir lui botter le cul lorsque le moment serait venu.

Nourrir des relations sociales normales avec des êtres humains, en revanche, relevait de l’exploit. Sauf en ce qui me concernait, mais, comme elle me le disait souvent, j’étais une exception.