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4.02/5 (sur 32 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Treize, un nom de scène, est rappeuse et slameuse.

Elle porte ses textes à l'oral, des scènes ouvertes de slam aux open mic de rap, elle aime quand la parole circule.

Elle a passé près de dix ans en psychiatrie, hospitalisée longtemps et souvent. Depuis quelques années, elle a tout coupé, traitements et liens, avec le monde-là.

Dans son premier ouvrage, "Charge" (2023), un livre composé de courts récits et de poèmes, la slameuse, qui se définit elle-même "en situation de handicap psychique", analyse aussi ses longs séjours en psychiatrie, comme une main tendue à ses amis malades.

page Facebook : https://www.facebook.com/treizeaccordee?locale=en_GB

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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Je fêterai cette été mes huit années sans médicaments et, petit à petit, je me retrouve. Ma santé mentale est toujours ma priorité. Je ne peux pas vivre comme les autres, il faut toujours que je me surveille. Je me suis au quotidien pour que ça tienne : j'ai des outils pour faire face aux angoisses, des outils pour quand je sens la présence de parano, j'ai des outils pour accueillir ma haine, pour la nourriture compulsive, pour la baise compulsive, j'ai des savoirs contre l'emprise, j'ai des techniques contre les pensées suicidaires et d 'autres pour faire face aux accès de violence et aux sensations de vide, j'ai aussi tout un tas de trucs qui marchent pour les sorties de corps et les sorties du réel, j'en ai pour la peur paralysante, je suis une bricoleuse géniale. Ces outils sont mes garde-fous et c'est moi qui ai la main dessus.
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 Treize
À propos d'arriver ou non à parler: là-bas, tous les matins, j'attends le bateau-mouche. Parfois avec envie, les jours les meilleurs c'est même avec espoir, mais le plus souvent avec angoisse et pleine de lassitude.
Le bateau-mouche, c'est la tournée médicale des psychiatrisés: un groupe de médecins, étudiants, infirmières qui, tous les jours sauf le dimanche, passe de chambre en chambre. l'embarcation mobile fait des arrêts choisis en fonction des intérêts du jour. Et hardi que ça discute entre eux, que ça commente le paysage et les coutumes locales. Nous on est sur la rive, on est le paysage de leur orientation professionnelle et quel que soit la diversité des milieux sociaux, des cultures et des parcours de vie qu'on porte, nous formons un seul peuple avec des comportements communs qu'ils analysent.
De temps en temps, on peut même sentir le petit frisson de plaisir de l'anthropologue satisfait lorsqu'il est stimulé intellectuellement. Les employés dans les services de psychiatrie me rappelle ces touristes occidentaux intéressés pour de vrai qui aime faire connaissance avec les locaux, qui sont même sûrement arrivé sur place avec de bonnes intentions. Leurs certitudes viennent œuvrer au sein d'un énorme rapport de forces qu'il choisissent de ne pas remarquer. Il bousillent parfois fort sans même le savoir.
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 Treize
J'entends régulièrement que je devrais me faire une raison, apprendre à adapter la réalité à mes capacités, et quand celle-ci se rétrécissent, m'adapter de nouveau.
Sur le fond pourquoi pas, ça se tient, le problème est de devoir faire ça incessamment sans broncher, sans crier, sans crever. Je n'y arrive pas bien. J'essaye, j'essaye vraiment, mais je n'y arrive pas. Je trouve la privation d'autonomie violente, ne pas pouvoir décider pour moi m’est douloureux et j'ai du mal à supporter de ne plus avoir la force d'accomplir les gestes du quotidien. Se lever? Impossible. Prendre une douche? Insurmontable. Se rendre au travail ? hors de ma portée.
J’ai aussi perdu d'anciens goûts depuis longtemps: ouvrir un livre, regarder la télé, écouter de la musique, tout cela s'est terminé. Je n'ai plus l'envie, plus la force.
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Il n'est pas habillé comme d'habitude, il a soif, ces médocs nous assèchent tant la bouche. À l'hôpital il a repris la cigarette, il calcine lui aussi, il tremble beaucoup. Ils l'ont tellement chargé, je le vois tout de suite. Je comprends l'ampleur de la chimie dans son sang au premier coup d'œil : il a tout le corps portemanteau. On discute. Les propos n'ont pas d'importance et il le sait aussi. Je m'adapte à tout, le logique et l'illogique, les mots droits et les mots tordus. C''est dans la présence que je suis là.
p. 63.
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 Treize
Le bon diagnostic, c'est aussi une médaille que je me bats pour décrocher. je veux trouver ma case, ma p***** de bordel de merde de case.

Quand on me rétorque qu'il est inutile d'étiqueter les patients et que cela ne sert à rien d'être mis dans une case, c'est vraiment ne pas se rendre compte des enjeux. Moi je l'ai souvent cherché cette case, j'en ai besoin point parce que j'en veux une bonne, une qui ait du sens, une que je comprenne. Parce qu'un mot, un nom donnerait un cadre à toute cette souffrance. Parce que je rêve d'entourer ce mal et de lui donner des contours pour l'empêcher de se répandre en moi. Avoir des mots pour se dire. S'identifier. J'attends ma case pour savoir où être dans la société. je veux trouver un espace où je me sente comme d'autres. Le camouflage, le mimétisme ont toujours tellement fait partie de mon identité pour une suspension je ne suis personne, j'imite toujours. Appartenir à un groupe c'est rassurant, mais se sentir si seul, c'est ça qui fout la trouille.
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Les fenêtres ne s’ouvrent pas, c’est grâce à elles qu’on sait qu’on a un moral de merde, leurs systèmes de verrouillage nous le rappellent en permanence. Ça nous fait dès pense-bêtes, des fois qu’on oublierait…
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Ils ont créé une fenêtre thérapeutique, je décide d’en faire une fenêtre de tir. Le temps de la confiance est terminé, d’errances médicales en erreurs médicales, la patiente n’a plus le temps de l’être.
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 Treize
Dès qu'on a une fenêtre de tir, c'est le moment de profiter de l'accalmie pour canaliser les doses. Dans mon cas tout bouge peu, j'ai la capacité d'action sous les chaussettes et les émotions dans les grisailles alors quand je me sens un peu mieux, c'est vite que je veux commencer à diminuer les cachets. C'est des moments où je veux m'en sortir, bouger, où j'ai envie de retrouver du cerveau, de me détendre, d'avoir un avis, de le donner, de faire des choix et des erreurs, c'est des moments où j'ai besoin de ressentir des choses aussi. Je sais que ça impliquera aussi de ressentir les choses difficiles plus frontalement et bien sûr que ça me fout la trouille en XXL mais le fait que j'ai envie de sortir un morceau de nez de ma prison chimique si douloureuse, c'est complètement rationnel. Ce qui est irrationnel c'est que je me retrouve à plusieurs reprises en meilleure forme à demander des baisses de traitement qui me sont refusées. J'en arrive à me dire que la seule solution est de faire l'arrêt par moi-même en cachette. Quand je réfléchis à ça, la culpabilité est très présente.
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 Treize
La culpabilité aussi de peser sur son entourage. il nous bassine avec l'effet rebond, je n'ai pas envie de vivre des choses encore plus hardcore psychologiquement parlant. J'ai peur d'une hospitalisation, et si ça dégénère d'une sous contrainte.
je vis dans la hantise des représailles médicales. En plus je m'imagine, totalement autocentré, que si je vais mieux ceux qui m'aiment iront mieux aussi.
J’'ai l'entourage, l'isolement familial et social ne fait pas partie de mes problématiques alors je me raconte que mes parents ont beaucoup souffert à cause de moi, que mes frères encaissent les dommages collatéraux depuis des années, je vois parfois même leurs épaules s'alourdir de mes péripéties. Je pense aussi à mes amis qui se lasse de mes lourdeurs persistantes, je pense à l'emploi où je suis aux arrêts maladie à répétition, je veux souvent disparaître pour ne plus poser de problèmes, nulle part. Dans ma tête ça cogne. Est-ce que je veux vraiment prendre ces risques ?
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 Treize
Je sais qu'il faut changer de psy mais j'ai investi avec elle: je sais comment elle fonctionne, je sais sa logique, je peux jouer mon rôle de patiente sans trop d'efforts car cela fait des années que je la pratique. Je sais quand elle va trouver que mon état se détériore et m'inciter à augmenter les cachets, je connais ses critères et sa vision de la stabilité mentale. Je la connais sur le bout des doigts, elle ne peut plus me décevoir. J'ai une petite voix qui me dit attention, tu sais ce que tu quittes mais pas ce que tu trouves. C'est angoissant. J'ai tellement peur… le précédent était une brute de l'ordonnance, j'ai subi son écrasement théorique et chimique pendant 5 années avant d'arriver à m'en sortir, j'ai la trouille de me retrouver à nouveau dans une merde comme ça. Dilemme.
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