Citations de A. J. Lake (18)
- Ils sont trop jeunes pour vivre ça, marmonna-t-il.
- Vous avez raison, acquiesça Cathbar. Mais ils rempliront leurs rôles, tous les deux. (…) Jeunes et vieux sont égaux à la guerre. J'avais douze ans la première fois que j'ai dû me battre.
- Et moi, dix-neuf, répondit Cluaran, qui regardait droit devant lui d'un air pensif. Dites-moi, vous y êtes-vous jamais habitué ? À observer vos compagnons avant l'attaque, en vous demandant lesquels...
- Vous réfléchissez trop, l'interrompit le capitaine. On ne se pose pas ces questions-là. (Il donna une tape dans le dos du ménestrel.) Vos camarades représentent votre unique espoir de survie, et vous, le leur. Il ne faut pas se priver d'eux, même en pensée.
Comment un homme pouvait-il montrer deux visages à ce point opposés ?
Loki peut envoûter plusieurs personnes à la fois avec ses visions. Ou choisir de n'attaquer qu'une victime parmi d'autres. Il va utiliser tes propres peurs, tes propres démons intérieurs, pour te tourmenter.
(Dixit Eolande à Elsbeth)
- Voilà pourquoi je prends la route, leur cria Cluaran. Les Gardiens aiment à organiser des pendaisons – une sorte d'avertissement pour les voyageurs tentés de s'écarter des sentiers balisés. N'importe quel innocent attrapé sur un chemin de traverse risque d'être accusé de vol et transformé en gibier de potence – surtout s'il est armé.
- Les bois abritent-ils d'autres dangers ? s'enquit Elsbeth en frémissant.
- Non, mais la ruse des Gardiens suffit à terrifier la population. Les cadavres constituent des épouvantails très efficaces.
- Encore un de ces saints errants ? fit Menobert avec dédain. On colporte trop de rumeurs de miracles aujourd'hui. De vils flatteurs retiennent l'attention des oisifs et leur font oublier le travail. Et puis ils reprennent la route et vivent de la charité tout en continuant à convertir les fainéants.
(dixit un marchand voyageant avec nos héros à propos d'un guérisseur 'extraordinaire')
Il vaut mieux être ignorant plutôt que de mal employer le peu de savoir qu'on possède.
Sitôt prononcées, il avait regretté ses paroles. La souffrance se lisait au fond des yeux de la souveraine. Elle lui avait toutefois répondu avec le sang-froid et la sagesse d'une reine, et non l'indulgence d'une mère.
Un vieillard cracha par terre d'un air dégoûté.
- Un ramassis de sottises, si vous voulez mon avis, s'exclama-t-il. Abandonner mes récoltes pour aller battre la campagne ? Bah, fichez le camp !
- Je vous parle de la gloire de l'esprit et vous me répondez « récoltes » ? s'écria le prédicateur d'une voix qui suintait le mépris. Que sont les choux et les céréales comparés au divin ? Notre dieu peut nous nourrir d'une simple parole.
- Et si tu essayais de ravaler les tiennes pour voir si ça nourrit son bonhomme ? railla le vieillard.
Le garçon était rouge de honte : être secouru par deux filles, quel déshonneur ! Elsbeth, comme d'habitude, en avait trop fait. Mais cette inconnue venait de lui sauver la vie et il ne savait même pas comment la remercier.
« Garder des enfants ! » De quel droit les traitait-il avec un tel mépris ? Ils avaient survécu à un naufrage, au cours d'une tempête sans précédent. Edmund était capable de se servir des yeux d'un dragon, Elsbeth était porteuse d'une épée enchantée, et cet amuseur public se permettait de les congédier comme des gamins encombrants !
(en parlant de Cluaran le ménestrel).
- S'il vous plaît, père ! Attaquons-les plutôt avant qu'ils ne s'en prennent au village, ainsi nous pourrons le défendre.
- Tu as le sens des responsabilités, mon garçon. C'est une bonne chose : il incombe au roi de protéger les innocents. Si nous pouvons aider les villageois sans courir de risque inconsidéré, nous le ferons.
(Edmund face à son père, le roi).
Il lui avait fallu du temps pour accepter son don. Les conditions douloureuses dans lesquelles il l'avait découvert n'avaient pas arrangé les choses. Les Ripente, hommes doués de double vue, étaient souvent considérés comme des espions et des traîtres.
Si jeune fût-elle, elle brûlait d'une flamme visible à tous. Elle rayonnait au milieu de ces individus pâles tel un aigle parmi un troupeau d'oies.
- La serrure s'est ouverte toute seule, murmura-t-elle. J'ai touché le gant et... et il s'est retrouvé sur ma main. Je ne voulais pas...
- Chuut ! dit Aagard. Ce que tu voulais, et ce que lui voulait, sont deux choses bien distinctes.
Ses paroles n'avaient aucun sens pour Elsbeth.
(Nous comprendrons bien plus tard ce qu'il a voulu dire en même temps qu'Elsbeth).
Le vieux ménestrel était juché sur le moyeu d'une roue, près de la porte. Il ne changerait donc jamais ! Il avait beau gagner sa vie en divertissant les invités de grandes maisons à travers le pays, il ne se plaisait qu'en sa propre compagnie, et ne se fiait à rien ni à personne.
- Mais, insista Edmund, pourquoi Beotrich a-t-il privilégié la parole de cet homme contre la vôtre ? Vous lui étiez fidèles depuis toujours, alors qu'Orgrim était un otage étranger.
Aagard contempla le feu.
- Voilà une des leçons les plus amères que la vie m'ait données. Et vous l'apprendrez aussi, avant que tout cela ne soit terminé. Le mal se camoufle sous de nombreux atours, et lorsqu'il se pare des charmes de la jeunesse, de la beauté et de la sagesse, il devient plus trompeur et redoutable que jamais.
Il baissa sur les deux enfants un visage empreint d'une profonde tristesse.
- Nous admirions tous Orgrim – chacun d'entre nous. Il était exceptionnellement courageux et avisé pour son âge. De plus, il possédait un don unique à Venta Bulgarum. Il n'eut pas besoin d'inventer aucune preuve, ni même d'invoquer de fausses rumeurs, pour convaincre le roi de l'existence d'un complot. Il lui suffit d'affirmer qu'il avait vu à travers nos yeux et senti notre fourberie. (…) Orgrim était un Ripente.
- Ton amie, la fille du commandant de navire, elle s'est bien battue hier. Et le ménestrel nous a sauvé la vie avec sa magie... Mais ce sont d'étranges compagnons pour le fils d'un roi ! Une ferrailleuse... un sorcier... Et maintenant tu m'annonces que tu es Ripente, soupira-t-il. Je ne comprends pas les voies que tu as choisi de suivre, Edmund. Je crains d'avoir négligé ton éducation. J'aurais dû t'emmener avec moi avant.
- Comment votre enseignement aurait-il pu m'empêcher de devenir qui je suis ? s'emporta Edmund. Père, je n'ai pas choisi d'être un Ripente. Je suis désolé que ça vous cause de la déception. Pourtant je ne suis pas un traître, pas plus que mes amis. Je vous confierais ma vie à Elsbeth ou à Cluaran sans l'ombre d'une hésitation.
[Edmund] ne pouvait s'empêcher de repenser à son court voyage à bord de l'Alcyon et à la tempête épouvantable qui y avait mis un terme. Le naufrage et l'attaque du dragon Torment constituaient le point de départ d'une aventure si peu banale qu'il lui arrivait encore de douter de sa réalité. D'abord elle avait révélé en lui un don dont il ne voulait pas et ensuite, elle l'avait jeté sur les routes et forcé à entreprendre un voyage qui lui semblait sans fin.