L’addictif Abir Mukherjee !
Les enquêtes de Wyndham et Banerjee, Abir Mukherjee
Aujourd’hui je voudrais vous parler de la Série du fabuleux capitaine Sam Wyndham et de son incroyable aide de camp le sergent Banerjee d’Abir Mukherjee . Un pur régal !
Pour l’instant , trois volumes ont été traduit et édité en France. Il peuvent se lire séparément mais c’est préférable de le lire, dans l’ordre suivant :
"L’Attaque du Calcutta-Darjeeling", "Les Princes de Sambalpur"
et enfin le dernier paru "Avec la permission de Gandhi."
Dans les années vingt, en Inde, le règne britannique touche à sa fin avec tous ses rouages pourris, ses passe-droit, ses dispositions vexatoires et les soubresauts délétères d’un régime moribond. Un tout petit bonhomme répondant au nom de Gandhi revient en Inde. Avocat dûment diplômé, parfait produit des institutions anglaises les plus huppées, il tisse sa toile à bas bruit . La façon dont son réseau se met en place est assez fascinante et j’ai personnellement découvert une histoire passionnante, parfaitement démontée et démontrée.
Toutefois , ce n’est évidemment pas le sujet principal de l’intérêt dévorant que l’on éprouve pour ces trois bouquins… Non, les deux personnages que l’on ne peut plus lâcher forment un duo improbable !
D’abord Sam Wyndham. Policier cabossé par les horreurs de la « grande guerre » et crucifié par des amours perdues. Taiseux et recroquevillé sur ses douleurs indicibles , il a trouvé refuge au fond des bouteilles de whisky et des fumeries d’opium. Écossais – donc bénéficiant à mes yeux d’un capital-sympathie directement octroyé!- blanc, appartenant de facto aux puissants, il témoigne de l’Histoire avec une causticité mordante, dévoilant avec finesse le racisme, les communautarismes et toute la bêtise dont cette époque, comme la nôtre, fut capable. Il n’est pourtant pas du côté des vainqueurs et refusera toujours de l’être. Il n’entre dans aucun moule, n’en a cure et prend avec un stoïcisme et une nonchalance non dénués d’humour les ennuis que cette inadéquation ne manque jamais d’engendrer . Comme chantait l’ami Georges « Je suis de la mauvaise herbe, braves gens, moi je vis seul et c’est pas demain que je suivrai leur droit chemin! »
Ce régime colonial l’insupporte et il choisit de faire équipe avec le jeune sergent Banerjee, un autochtone, dont il a remarqué l’efficacité et la fiabilité. Pauvre sergent, écartelé entre son attachement aux mouvements indépendantistes et l’amour de son métier. Rejeté de ce fait par sa famille comme un traître et humilié par sa hiérarchie, Banerjee garde en toute occasion un humour délicieux .
« Nous nous arrêtons devant une entrée grandiose. Sur une plaque de cuivre on peut lire: Bengal club fondé en 1827. À côté d’elle, un panneau annonce en lettres blanches :
Entrée interdite aux chiens et aux Indiens.
Devinant ma désapprobation Banerjee me dit:
– Ne vous inquiétez pas monsieur, nous savons où est notre place. En outre, les Britanniques ont réalisé en I siècle et demi des choses que notre civilisation n’a pas atteintes en plus de 4000 ans.
Je te demande des exemples.
Banerjee a un mince sourire.
– Eh bien, nous n’avons jamais réussi à apprendre à lire aux chiens. »
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