Citations de Abraham Merritt (33)
Dans cet immense creuset qu'on appelle l'univers, la vie bouillonne, et ses mystères - certains gigantesques, d'autres microscopiques - se manifestent à chaque instant sous les yeux des hommes qui demeurent aveugles et sourds.
Je considère comme une des trop rares victoires importantes de mon existence le fait d'avoir supporté le choc de cette déclaration infernale avec un front apparemment serein. Bien sûr, en un sens, j'y avait été préparé. En dépit de la rage et de la haine qui bouillonnaient en moi, je parvins à lever mon verre d'une main ferme et ma voix n'exprima que la surprise et l'intérêt convenables.
Alors je vis, entre l'écran et moi, un demi-cercle de femmes.
Elles étaient jeunes, à peine sorties de l'enfance... mais déjà elles portaient la vie. J'en comptai douze, chacune debout dans le petit creux du Sacrifice, la ceinture dorée autour de la taille. Sur leurs épaules blanches et leur jeune poitrine tombait le voile de leurs cheveux roux, et à travers ce voile, elles me regardaient avec des yeux bleus teintés d'horreur. Pourtant, bien qu'elles fussent incapables de me cacher cette horreur, à moi qui étais si près, elles la dissimulaient à ceux qui nous observaient, derrière nous. Elles se tenaient dans les coupes sacrificielles, droites et fières dans une attitude de défi. Haï ! Elles étaient braves, ces femmes de Karak ! réprouvai le même vieux sentiment de pitié pour elles, la même ancienne sensation de révolte.
Au centre du demi-cercle de femmes, un treizième anneau était suspendu, retenu par de lourdes chaînes d'or qui tombaient du plafond. Il était vide, les attaches de la lourde ceinture étaient ouvertes..
Le treizième anneau ! L'Anneau du Sacrifice du Guerrier !
Ouvert pour... moi ! (p. 210-211)
Si vifs que fussent mon intérêt et ma curiosité scientifique, j'éprouvai soudain une profonde angoisse. Nul doute que ce lieu fût beau, étonnamment beau, mais de ces merveilles émanait une menace, un malaise, une tristesse inexplicable et inhumaine. C'était comme si, dans un jardin secret de Dieu, une âme sentait la présence d'un esprit du mal qui aurait réussi, on ne sait comment, à se glisser, et qui, tapi dans quelque recoin, attendrait son heure pour bondir sur ses victimes.
Ce n'est pas précisément encourageant de voir s'écrouler ce qu'on a longtemps cru être un monde assez bien organisé autour de la cause et de l'effet.
C'était un magnifique ouvrage de cartographie. en fait, il s'agissait moins d'une carte que d'une gravure. Ça et là, il y avait de curieux symboles dont Starrett disait que c'étaient des signes gravés sur les rochers échelonnés sur leur chemin ; des repères destinés à ceux de la vieille race qui partiraient recouvrer le trésor lorsque les Espagnols auraient été chassés du territoire.
Les ombres tournoyaient de plus en plus vite ; elles aussi commencèrent à chanter ; leurs voix étaient légères et chuchotaient... c'étaient des ombres de voix... sur les tapisseries vertes, les couleurs mouvantes devinrent le flux et le reflux de puissantes vagues. Le chant des ombres devint le murmure des vagues... tantôt le chant de la mer... tantôt sa clameur retentissante.
La lumière verte qui éclairait le Pays-dans-l'ombre s'assombrissait comme s'assombrit une forêt verte au crépuscule. Le soleil devait avoir plongé depuis longtemps derrière les pics encerclant le sol illusoire qui était le Pays-dans-l'ombre. Ici, pourtant, la clarté diminuait lentement comme si elle ne dépendait pas entièrement du soleil, comme si le pays avait une luminosité personnelle.
Au Club des Explorateurs, quatre hommes étaient installés autour d'une table : Hewitt, le botaniste, tout juste rentré d'Abyssinie où ses recherches avaient duré deux ans ; Carnac, l'ethnologue ; McLeod, poète avant tout, mais aussi conservateur - ô combien érudit - du Musée asiatique ; et Winston, l'archéologue qui avait, en compagnie du Russe Kosloff, étudié les ruines de Khara-Kora, la Cité des Pierres Noires, autrefois capitale de l'Empire de Gengis Khan, au nord du désert de Gobi.
Il emporta le rouleau de soie dans sa chambre. Tel un collégien amoureux, il le scruta, espérant y trouver la trace d'une larme furtive. Il n'y avait rien et il dut se résigner à le brûler.
Qu'est-ce que le seigneur Nabu a à me dire ? (La dangereuse douceur de sa voix subtilement provocante bouleversa Kenton.) Que t'a-t-il chargé de me communiquer, messager ? Je t'écouterai car, dans sa sagesse, le maître de la sagesse ne m'a-t-il pas envoyé un émissaire auquel il ne devrait pas être... difficile de prêter l'oreille ? Il y avait une lueur de coquetterie dans le regard espiègle des yeux brumeux qui s'attachaient aux siens. Emu par la proximité de cette femme, Kenton, cherchant laborieusement un terrain plus solide, se demanda ce qu'il allait répondre. Pour gagner du temps, il examina la cabine. Au fond se dressait un autel parsemé de gemmes lumineuses, de perles, de pierres de lune pâle et de cristaux laiteux. Des flammes d'argent figées jaillissaient des sept vasques de cristal disposées à son pied. Derrière, il y avait une niche ; l'éclat des sept lampes empêchait de distinguer ce qu'elle recelait mais Kenton avait le sentiment que quelque chose reposait derrière ce voile flamboyant
Je ne pouvais prédire ce qui sortirait de cette rencontre, mais c’était, manifestement, le seul moyen de conserver le respect de moi-même. Admettre que ce qui était arrivé était de la magie, de la sorcellerie, du surnaturel était s’abandonner à la superstition. Rien ne peut être surnaturel. Si une chose existe, il faut qu’elle existe en obéissant à des lois naturelles. Les corps physiques doivent obéir à des lois physiques. Nous pouvons ne pas connaître ces lois… mais elles n’en existent pas moins. Si Mme Mandilip possédait une science inconnue, il m’incombait, en tant que représentant de la science connue, de découvrir tout ce que je pouvais sur cette autre science. Spécialement puisque j’y avais récemment réagi si complètement. Que j’eusse été capable de deviner d’avance sa technique – s’il s’agissait d’une technique et non d’une illusion que je m’étais créée – me donnait un agréable sentiment de confiance.
Et bien c'était juste admirablement raisonné, lucide et tout. Le Leif Langdon qui était en moi - et qui engageait une lutte plutôt désespérée pour garder le contrôle de sa personne - en convenait. Et pourtant ma colère irraisonnée grandit. Je levai l'anneau de Khalk'ru.
- Tu ne connais peut être pas Dwayanu... mais tu connais ceci.