Citations de Adin Steinsaltz (48)
Je n'ai jamais pensé que répandre l'ignorance a quelques avantages que ce soit, excepté pour ceux qui sont en position de pouvoir et veulent ôter les autres de leurs droits en étendant l'ignorance dans le but de les garder dans une position subalterne.
En butte à l’hostilité de l’Eglise catholique, les juifs hésitaient à se lancer dans l’impression du Talmud. En 1520, cependant, le pape Léon X autorisa sa publication, et l’impression de la première édition complète du Talmud commença à Venise.
Le Talmud ne tomba pas seul sous la coupe de la censure ; mais de par sa taille, son volume et le nombre de modifications imposées siècle après siècle (des milliers finalement), il en fut si profondément affecté qu’il ne fut pas possible d’en corriger toutes les mutilations même dans les éditions effectuées dans des pays libres.
Nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont, nous les voyons telles que nous sommes.
Chaque jour, il faut danser, fût-ce seulement par la pensée"
A l’époque du Premier Temple, la prière était totalement spontanée : quiconque ressentait le besoin d’implorer ou de remercier Dieu, s’adressait à Lui dans ses propres termes et sur le lieu de son choix […]. […]
C’est au début du Second Temple que le besoin d’un rituel de prières reconnu se fit réellement sentir. Nombre des exilés revenus de Babylone n’avaient plus qu’une connaissance fragmentaire de la langue hébraïque et des notions de base du judaïsme. Lorsqu’ils voulaient prier, la langue comme le contenu leur manquaient. La Grande Assemblée décida alors de composer une prière type qui exprimerait les vœux et les aspirations du peuple tout entier.
Le Talmud note avec amertume que « Jérusalem fut détruite uniquement parce qu’on y suivait scrupuleusement la loi de la Torah ». Cette formule embarrassante est complexe : le peuple de Jérusalem a été puni parce qu’il ne jugeait qu’en stricte conformité avec les lois de la Torah et ne prônait pas l’indulgence.
Bien que la majorité des membres de la communauté n’ait pas été tenue de se maintenir en état de pureté, il en était parmi eux qui observaient néanmoins les règles de purification rituelle dans la perspective de vivre des vies plus pleines, car la purification était perçue comme un état de perfection.
L’évocation du roi astrologue est un moyen d’exprimer la coexistence paradoxale de la prescience de Dieu et du libre arbitre de l’homme. Dieu connaît tout d’avance et néanmoins il donne à l’homme la faculté de choisir. Or le roi insiste tout particulièrement sur un point qui constitue un aspect essentiel de la doctrine hassidique : même dans sa chute, l’homme ne doit pas se laisser aller à la tristesse, car c’est le plus grand des péchés.
En effet, elle retire à l’homme ses forces vitales et lui ôte la possibilité de changer. La tristesse et la culpabilité se nourrissent mutuellement à l’infini. La tristesse plonge l’homme dans la passivité : il s’abandonne aux péchés pour oublier et il en arrive à un point de non-retour. Isaac Luria affirme même avec force que si l’homme est puni, c’est parce qu’il n’est pas suffisamment joyeux et content.
Même après la déchéance et la chute, il est interdit de désespérer et il faut demeurer dans un sentiment de joie perpétuelle, car c’est le seul moyen de remonter. (pp. 358-359)
Le Talmud a constitué un facteur de stabilité, il a été la voix de la raison dans un monde discordant et divisé.
La maxime du Talmud qui dit que « tout ce que le grand sage recrée a déjà été dit à Moïse sur le Sinaï » n’est pas destinée à décourager, mais au contraire à souligner que toutes les innovations sont dans la Torah et qu’elles doivent seulement être découvertes. Là encore, l’analogie entre étude de la Torah et méthodes scientifiques est parfaitement adéquate.
Dans le Talmud, comme dans la plupart des domaines de la pensée juive à son origine, il y a refus délibéré d’une pensée abstraite fondée sur des concepts abstraits.
La question est de savoir si l’étude talmudique a créé une structure logique unique en son genre ou si c’est simplement à des méthodes originales de démonstration qu’elle a fait appel.
Ce qui est superflu est perçu comme le signe d’une volonté d’attirer l’attention.
A l’époque du Premier Temple, […] le trésor du Temple faisait office de trésor public. L’argent était généralement dépensé pour le culte quotidien dans le Temple et pour couvrir le salaire des fonctionnaires.
Le monde tout entier appartient à Dieu et l’homme ne saurait en jouir sans lui en demander la permission. Les bénédictions dites par ceux qui bénéficient d’un plaisir (berakhot ha-nehenin) sont en fait des demandes d’autorisation. Le Talmud insiste sur le fait que celui qui jouit des joies de ce monde sans faire de bénédiction profane la sainteté.
La finalité initiale de la loi orale fut donc de transmettre le sens des mots. […]
Dans les Dix Commandements, par exemple, il est dit : « Le septième jour est la trêve de l’Eternel ; tu n’y feras aucun travail. » (Exode 20 :10). Ce commandement a, de tout temps, posé immédiatement une question très concrète : qu’est-ce que le concept de travail ? Que recouvre-t-il ? Qu’exclut-il ? La Torah fournit une liste de tâches qui sont interdites durant le Chabbath : labourer et récolter, allumer un feu, cuisiner et cuire au four. Mais chaque génération s’est trouvée confrontée à des activités inconnues de la génération précédente.
L’accès à la connaissance véritable est commandé par la communion spirituelle ; et l’étudiant doit participer intellectuellement et émotionnellement au débat talmudique en devenant lui-même, jusqu’à un certain point, créateur.
La légèreté est le signe d’une attitude positive face à la vie dans son ensemble et sous-entend qu’il n’y a rien au monde qui soit totalement négatif ni aucun sujet indigne d’intérêt.
Des mots tels que autorité, discipline, cadre et spiritualité n’ont été traduits en hébreu qu’à une date récente, à partir d’autres langues et d’autres philosophies. Le Talmud a très rarement recours à ce vocabulaire ; s’il aborde fréquemment les questions qui sont définies par ces mots, il le fait d’une manière très différente de celle adoptée par d’autres systèmes philosophiques ou juridiques.