Adrien Tomas

- Trois jours d'intimité forcée dans une cabine avec un seul lit ? Ça ouvre plusieurs options intéressantes que j'aimerais beaucoup explorer...
Et elle me lance un regard qui me fait oublier comment respirer.

Les zombies étaient probablement la caste la moins bien protégée du Voile, et il n'y avait malheureusement rien qui pouvait être fait à ce sujet. Les vampires, à l'espérance de vie démesurément longue, avaient amplement eu le temps de noyauter les gouvernements successifs et d'obtenir que leurs serviteurs soient légalement considérés comme "consentants", quand bien même leur volonté était chimiquement altérée par les phéromones vampiriques. Malgré leur quasi-esclavage, les zombies ne pouvaient prétendre au statut de victimes, la loi considérant que leur consentement avait été respecté puisqu'ils restaient au service de leurs maîtres.

On n'est pas obligé d'aimer ses frères d'armes, mais on doit leur faire confiance. Sinon, on perd trop de temps à guetter d'où viendra le prochain coup de couteau dans le dos, et on ne remarque plus les traces des wendigos dans la neige.

C'est dingue comme la solution idéale pour les bas-de-plafond revient toujours à tout détruire ... Quelqu'un ou quelque chose menace ma petite vie bien tranquille, mes petites illusions, je ne trouve pas ça "naturel", je ne suis pas à l'aise ? Cramons tout et ça ira mieux après, on repartira sur des bases saines ! Sérieusement, à quel moment dans l'histoire ce genre de principe débile a-t-il donné quelque chose de positif ?

- Qu'est-ce qu'un vampire irait faire dans un lycée ? Apprendre l'histoire ? Il l'a vécue !

Sans trop oser se l'avouer, Mona admirait Tia et Edwin pour avoir eu le courage, chacun à leur manière, de défier le dragon maternel. De son côté, elle doutait de pouvoir un jour regarder dans les yeux sa mère et lui dire qu'elle n'était pas d'accord. Tout simplement parce qu'elle tenait à la vie, et considérait que Tia et Edwin ne devaient qu'à une chance insolente d'avoir conservé la leur.

– Ce n’est pas ce que je vous propose, répliqua Cyrus. Et c’est de toute façon une légende : les nécromanciens ne peuvent pas animer les cadavres.
– Vos mensonges n’ont pas prise sur moi, vil nécromant ! s’exclama Albrecht. Les chroniques de mon ordre regorgent de récits avérés sur les armées mortuaires d’invocateurs fous !
– Vos chroniques se trompent, soupira l’ésotéricien. Ou affabulent complètement, histoire d’avoir une excuse pour brûler quiconque s’adonne à la nécromancie.

Quelque chose est apparu derrière mes pupilles, je le sens. Quelque chose de vraiment dangereux, de terrifiant. Il y a dans mon regard une horreur informe, noire et grouillante, qui fait naître en chaque humain une peur antique, une crainte immémoriale, gravée au fer rouge dans les gènes de notre espèce.
Je suis une araignée. Une immense araignée, sombre, dangereuse, ramassée, au sang froid et au venin bouillonnant.

Je n'ai jamais compris ceux qui geignent au sujet des insomnies : tout ce temps libre pour construire encore plus de choses, comment peut-on se plaindre ?

Le respect qu'on les autres pour toi ne sera jamais aussi important que celui que tu éprouves pour toi-même!

Quand on affronte le pire, il faut parfois faire appel au pire.

- As-tu seulement conscience de la signification de ton nom ?
- Oui, acquiesça la jeune fille sans se démonter. Vermine dégoûte. Vermine effraie. Vermine brusque l'instinct, pousse à reculer, à fuir, à ne pas toucher, à ne pas approcher.
- Et cela...
- Me plaît. Mon nom porte une empreinte qui prévient les autres de qui je suis, et de comment ils doivent réagir face à moi.

La nature sauvage peut être détruite. Mais sans le Père, l'Autre est condamné. Le progrès s'appuie entièrement sur l'exploitation de la nature. Le progrès avance, la nature résiste: voilà comment fonctionne le monde. La nature peut repousser le progrès, mais pas l'arrêter. Et si le progrès détruit la nature, alors il s'affaiblit lui-même et se condamne à disparaitre.

Les Veneurs font de leur mieux pour les empêcher de parler. Quand on peut, on essaie de les convaincre qu'ils ont eu une hallucination, qu'ils ont avalé une baie empoisonnée ou qu'ils se sont fait prendre en chasse par des loups un peu plus moches que la moyenne. Avec la peur et l'envie d'oublier, ça marche souvent.

Il ne devrait jamais rien avoir entre les yeux d'un homme et les étoiles.

Il n'était pas du genre à vouloir s'intégrer dans une communauté, à tisser des liens avec d'autres personnes et à dépendre de qui que ce soit. Il considérait généralement que la solitude était le meilleur moyen de conserver sa liberté. Cependant, il avait réalisé que, dans le cas d'une expédition dans la plus ancienne et mystérieuse forêt du monde, la solitude constituait avant tout un excellent moyen de se perdre, devenir fou et accessoirement mourir, très probablement de faim ou de froid, ou entre les crocs de quelque sale bestiole velue hantant les sous-bois.

- Je te rappelle que nous avons tous les deux été chargés de rentrer cette cargaison ici, pas seulement moi, grommela-t-il. Tu vas te décider à venir m'aider, un jour prochain ?
- Je suis une fille, répliqua Iseline en levant les yeux au ciel. Et toi un garçon.
- Et alors ?
- Alors je suis jolie, charmante et d'agréable compagnie, mais physiquement faible. Toi, tu as les aptitudes sociales d'une potence et tu sens aussi bon qu'un cheval, mais tu as de la force. Donc c'est à toi de porter les lourdes charges, et à moi de t'encourager en prétendant que je t'admire pour ça. Ainsi va le monde.
- Je pense que la totalité des femmes de jadis qui ont lutté pour l'égallité des sexes en Evondia viennent de se retourner dans leur tombe, grogna Alishr en essuyant son front ruisselant de sueur.

Mona séchait rarement les cours. Elle avait conscience que manquer d'assiduité pouvait avoir des conséquences catastrophiques tant sur ses performances académiques que sur ses chances de survie jusqu'à l'âge adulte : sa mère ne plaisantait pas à ce sujet.

Mona était dans la pire tranche d'âge possible pour assister à un mariage. À quinze ans, on ne pouvait plus faire de cabanes sous les tables du buffet, et pas encore commander un mojito pour oublier qu'on passait une effroyable soirée.

La stupidité couve partout où existe l’intelligence, professa le mage.