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4.05/5 (sur 22 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bordeaux-Caudéran , le 13/08/1943
Biographie :

Agnès Amouroux-Claverie est la fille de Henri Amouroux, journaliste, et historien.

Après avoir été documentaliste au "Monde", elle a tenu un restaurant en Sologne avec son mari.

Elle a été journaliste à Sud-Ouest dans plusieurs agences du groupe, la Rochelle, Rochefort en Charente-Maritime, Mérignac, Arcachon et Langon en Gironde.

Elle est l'auteur de différents ouvrages touchant à la cuisine et à l'histoire de Rochefort en Charente Maritime où elle a vécu une dizaine d'années ainsi que de deux romans - Les Femmes de l'ombre et Les Brûlures d'Août.

Agnès Amouroux-Claverie est aujourd’hui à la retraite et vit en Gironde, à Arès au bord du Bassin d'Arcachon.
Elle vient de publier un troisième roman "Les Bouscatière" édité par Les Moissons-La Geste. L' histoire d'une famille et celle de la naissance du Bassin d'Arcachon dans la première moitié du XIX° siècle.
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Source : preface-blaye.fr
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Bibliographie de Agnès Claverie   (13)Voir plus

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
"Aujourd'hui j'ai jeté mon foulard à la mer. Foulard de paysanne, de servante. Foulard usé par le temps, par la pluie et le soleil. Et la misère. Je l'ai jeté à la mer depuis une fenêtre de ma maison, ma maison sur la mer. Et j'ai renversé la vieille malle où s'entassent mes jupes de coton, mes tabliers, et encore ces blouses rapetissées, et ces lambeaux de mouchoirs. J'ai tout jeté par la fenêtre. Et les sabots, je les ai jetés aussi. Ah ! que tout disparaisse ! Que mon passé disparaisse !"

"Je suis née il y a trente ans dans un village de la lande, pendant une aube d'incendie. Aube aux contours enflammés, levant un second soleil éclatant à l'ouest. Le tocsin sonnait, sonnait avec le glapissement essoufflé de qui appelle à l'aide. Je n'ai pas oublié le son de la cloche de notre pauvre église. Était-ce de vieillesse ? Elle dérapait dans les aigus, ratait le final de l'angélus, bafouillait les carillons de mariage. Mais elle était bonne pour le glas et le tocsin."

"J'ai crié, j'ai supplié. je me suis accrochée à ses genoux. Ma mère a pleuré au-dessus de la gamelle du cochon. Mon père et sorti, sa faucille sous le bras. C'était ma grand-mère, la daune, qui commandait. personne n'avait rien à y redire. "

"Je revois cette étendue immense, lisse, plate, et si brillante, sous le soleil dur, qu'elle fait cligner des yeux. j'ai le coeur qui bat. C'est si beau. N'y a t-il pas deux ciels, l'un en haut, d'un bleu si frais, qu'il me fait penser à la robe peinte de la Vierge Marie dans notre église, et l'autre en dessous, bleu aussi, bleu comme les champs de bleuets avant la moisson qui frissonnent dans le vent ? Entre les deux, je vois une ligne plus sombre. Je tourne la tête, le ciel d'en bas se gonfle et mousse, comme la crème qui remplit la gardale quand je trais les brebis. Je tourne encore la tête, de l'autre côté j'aperçois, alignés, des petits carrés blanc et rose, et des fumées légères montent au-dessus des toits. Je sens ma gorge se serrer."



"- Vous y êtes allé, vous, de l'autre côté du monde ?
 - Oui, j'y suis allé, répond Antonin d'un ton maussade.
- Et pourquoi vous êtes revenu ?
- Parce que je vais te dire une chose, petite, aussi loin que tu ailles, c'est toujours toi que tu emmènes.
- Moi, je sais que si je pouvais y aller, je reviendrais pas, jamais !"

"C'était la première fois de ma vie que je recevais un cadeau emballé dans du papier, et j'ai découvert un livre, un vrai livre, avec une couverture rouge et des lettres dorées. J'ai épelé lentement en suivant les lettres du doigt : Le Tour de France par deux enfants."

"Est-ce que j'aimais Antonin ? Je n'en savais rien. je n'en sais toujours rien. Est-il possible d'aimer et de haïr en même temps ? Il m'a enseigné beaucoup de choses, Antonin, il m'a fait cadeau de la mer, il m'a appris que derrière l'horizon visible se cachait un monde invisible, que les mots signifiaient des pensées, mais il m'a pris un peu de ma jeunesse, il m'a enseigné la honte, la honte de mon corps, et la honte des désirs de mon corps. Et pour ça je lui en voudrai toujours."

"- J'ai dit à ta grand-mère qu'elle devrait t'envoyer à l'école.
Mon coeur a battu.
- Elle a dit oui ?
- Elle a dit non, tu garderas les troupeaux et tu aideras à la résine, et l'hiver il y a aussi du travail à la maison. Je luis ai quand même rappelé que l'instruction était obligatoire, même pour les filles, débrouille-toi pour qu'elle ne l'oublie pas...
J'ai bredouillé :
- Merci moussu Antonin."

"Je cours. Je pose la main contre la cage de mes côtes. je sens mon coeur qui bat. Mon premier jour d'école ! Deux kilomètres séparent le village de notre maison. Il faisait encore noir quand je suis partie. Une lune froide était posée sur le sommet des pins. je n'ai pas peur. Antonin m'a appris les signes de la nuit. Ce chuintement, c'est la chouette hulotte, s'affalant dans un bruissement d'ailes froissées sur un mulot tremblant de frayeur, ce chiffonnement de feuilles, une belette qui se faufile dans un trou, cette bousculade rapide, la fuite du renard, une jeune poule d'eau serrée entre les mâchoires, ces lueurs rondes et dansantes, les pupilles luisantes d'un chevreuil."



"La classe, c'était une moitié de marron - les boiseries-, l'autre moitié d'un vert délavé, au fond, le grand poêle dont le tuyau, maintenu par un fil de fer, avait dessiné une auréole de fumée au plafond, le tableau noir où pendait, attaché à une longue ficelle, un chiffon, la carte de géographie, qui se balançait entre deux baguettes et ressemblait à un jardin de couleurs, rose, bleu, vert."

"Ton mari , ça sera un garçon de ta sorte, un paysan, il saura tout juste lire et écrire, et qu'est-ce que vous aurez ? vos bras et votre courage au labeur. Si tu en sais plus que lui, tu te mettras à rêvasser, à vouloir autre chose, tu seras malheureuse et tu rendras malheureuse ta famille. Voilà, faut vivre sans désirs, ceux qui ont des désirs, ils finissent dans le chagrin, ou dans la folie, c'est les mêmes qu'on voit dans le journal parce qu'ils ont tué, ou volé ! Tu m'en veux, mais plus tard tu sauras que j'avais raison."

"Tu sais, petite, faut pas vouloir se battre contre plus fort que soi, et le destin, il est toujours le plus fort !"

"Deux années d'école, deux années de bonheur. Ma grand-mère se trompait, on apprend aussi la vie et le monde dans les livres. J'aimais plonger ma plume dans l'encrier, qui crachait des gouttes violettes, et tracer des lettres sur mon cahier, de belles lettres, le "o" bien rond et fermé comme un grain de raisin encore accroché à un petit bout de queue, le "i" qui ressemblait à un oiseau prêt à s'envoler, le "m" à un bébé fourmi agitant ses petites pattes. J'aimais ouvrir un livre neuf, craquant sous les doigts, découvrir page après page des mondes inconnus, des destins imaginaires que je croyais réels, j'aimais regarder la carte de géographie, et savoir que de l'autre côté de la terre vivaient des peuples à la peau jaune qui de nourrissaient de riz."

"Alors je lisais. Je dévorais. Chateaubriand et les Contes de Perrault, les Lettres de mon moulin, Zola, Flaubert - je détestais l'abandon d'Emma Bovary, j'aime trop les lutteuses, Maupassant, je m'apitoyais sur Boule de Suif, sur le héros de Sans famille, sur la beauté triste d'Aziyadé, je pleurais avec le petit Chose. Ah ! comme j'aurais aimé être à sa place. Moi, je me serais battue !"

"- Vous voyez, mes enfants, parfois la nature fait des erreurs, cet animal à cinq pattes a été chassé du troupeau, les bêtes sentent ce qui anormal, mais heureusement la science des hommes peut corriger ce que la nature a faussé, il faut toujours croire au progrès, grace à la science, nous serons plus heureux, nous vaincrons les maladies, les famines, les guerres, nous irons plus vite, plus loin, les hommes se connaîtront mieux et, s'ils se connaissent, ils s'entendront."

"Chez les pauvres, on n'a pas l'habitude des tendresses. Mais je prends sa main et je la porte à mes lèvres, fière de mon père."

"L'avenir...J'ai trouvé du travail chez les bourgeoises bordelaises. J'étais bonne à tout faire, à genoux par terre, je nettoyais les carrelages  des cuisines, je frottais les parquets à l'encaustique. Je lavais les draps souillés, j'astiquais l'argenterie, surveillée par des valets qui recomptaient les cuillères à café devant moi. Ces gens là ne savent donc pas que la dignité est le trésor des pauvres. Puis je me suis arrangée pour faire savoir dans les maisons où je travaillais que j'étais bonne couturière."

"L'odeur des quais de Bordeaux, je ne l'oublierai jamais. C'était un parfum de voyages, de pays lointains, un parfum qui me donnait un désir de découvertes. Sur l'eau, les navires hissaient leurs voiles et, se détournant de la lumière mouvante, de la clarté fraîche et riante des rives, s'enfonçaient en glissant dans les ombres bleutées de l'ouest."

"Nous recevions les obus de 75 façonnés. Nous avions pour tâche de les remplir d'explosif, puis de les sertir. Dix heures par jour debout. Dix heures par jour dans le bruit rageur des tours, le fracas métallique des marteaux, poudrées par  la poussière piquante des produits chimiques, qui desséchait la bouche, la langue, irritait les paupières et brûlaient la peau. Le trop froid et le trop chaud entraient à volonté par les ouvertures sans fenêtres. A la fin de la journée, nous nous sentions comme des cloches trop longtemps battues, étourdies, sans forces, la tête bourdonnante, les mains cassées, les bras et jambes rompus de fatigue. Pour rentrer, incapable de marcher, je prenais le tramway, malgré le prix. Il est vrai que nous étions bien payées. J'arrivais à mettre quelques sous de côté. Je rêvais toujours de cet atelier de couture."

"Il faut proposer des modèles nouveaux, des choses plus simples, as-tu vu que les robes raccourcissent ? Aujourd'hui, les femmes font de la bicyclette, certaines conduisent leurs voitures, elles ne peuvent plus porter ces tournures encombrantes, ces grands chapeaux ornés de plumes...La mode change, on dit même que des femmes ne mettent plus de corset, moi, en tout cas je veux profiter de ces nouveautés, j'ai plein d'idées..., des robes souples, dans lesquelles on se sentirait à son aise, vois, on étouffe dans ces corsages serrés, et ces baleines qui nous compriment, et ces jupes trop longues qui nous entravent..."

"-Tu vois, petite, j'ai soixante-quinze ans, et je ne sais toujours pas comment répondre à ta question ; moi, je lis beaucoup, je fais mon métier de mon mieux, et j'aide mes amis quand j'en ai l'occasion, mais toi, peut-être que tu trouveras, un jour, une autre réponse, chacun doit trouver a sienne, chacun doit tracer son chemin, seul."

"Je serai fusillé ! Mais cela ne compte pas, j'aurais sacrifié ma vie à l'avenir des ouvriers, à leur bonheur futur, au grand espoir d'un monde meilleur, au lieu de la sacrifier dans une guerre de capitalistes. Pourquoi crois-tu que tous ces pauvres diables, ces miséreux se battent, hein ? Pourquoi
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Ils ne l'aiment pas, ils le craignent, ce ciel, toujours aussi sombre, comme si le soleil, pâle, voilé, se refusait à la terre, ce ciel envahi par des nuages boursouflés, empâtés, pareils à des édredons brossés au noir de charbon, qui semblent tomber sur la mer, l'écraser, avec pour seule limite plus claire, cette ligne d'un blanc laiteux sur l'horizon, où par instants descendent des rais de lumière.
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- ma chère Julie, nous sommes gouvernés par des imbeciles et des lâches, et des deux je ne sais pas ce que je déteste le plus.
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Vois-tu, mon enfant, murmura Julie en caressant la joue de sa fille, j'ai appris là-bas que la vie peut s'illuminer d'une chose minuscule, un brin d'herbe, une bouchée de pain, une goutte d'eau et, au fond, qu'elle n'est ni si merveilleuse, ni si terrible qu'on l'imagine...
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Le soleil en se levant découpait le fronton des toitures, laquait les tuiles de coulées roses, et peu à peu descendait dans la vallée des rues, ombrant les silhouettes sculptées sur les murs.
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Des pignes embrasées explosent au-dessus de nos têtes, volent dans le ciel noir, suivies de traînées lumineuses, retombent au milieu des arbres, et les troncs se découpent, silhouettes noires, dessinées par les lueurs fauves du brasier, des branches tombent en pluie de feu. Le ronflement enfle, grossit, c'est la voix rauque du feu, puissante, rageuse, un souffle brûlant, un ouragan qui balaie les jeunes arbres transformés en torchères, pousse de tous côtés des coulées de lave, lance dans le ciel enfumé des draperies mouvantes de flammes. C'est beau et terrifiant !
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Je suis revenue vers le feu. Il s'élargissait, s'étendait, avait sauté un ruisseau, c'était facile, la sécheresse l'avait réduit à un filet d'eau croupie, il avait sauté par dessus des sentiers, traversé une coupe rase, avalé d'un coup de langue une broutille de marais et s'attaquait à nouveau à la pignada de grands pins de trente ans d'où montait en volutes une fumée âcre et poisseuse. C'était un chien fou, enragé, qui fonçait partout, montait à droite, à gauche, et que personne ne savait comment arrêter.
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La route était longue entre l'Herbe et la Pointe. Le jour tardait à pâlir, c'était un de ces matins de novembre où la grisaille de l'aube traîne paresseusement, mets si longtemps à se dissiper qu'on pourrait croire que nuit et jour ne se détacheront plus l'une de l'autre, un de ces matins pesants, sans vent, sans pluie, aux nuages lourds, ourlés sur leurs bords de rouleaux sombres, qui se fondent dans une invisible ligne d'horizon, quand le monde semble étouffer dans le silence.
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- Moi j'aurais peur, j'en ai vu des morts, beaucoup et des blessés, ils crient parce qu'ils ont mal, et après il ne crient plus parce qu'ils sont morts !
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Construire au Cap-Ferret ! s'esclaffait Amédée, lors des repas qui réunissaient la famille, qu'est-ce qu'il y a là-bas ? C'est un désert ! Pas de route, entre Lège et la pointe, seulement des sentiers dans la forêt, des dunes qui marchent encore parce que les semis n'ont pas pris ! Et quelques miséreux qui vivent dans des huttes, comme des Indiens d'Amérique !
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