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Critiques de Alain Cadéo (191)
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Chaque seconde est un murmure

Groggy, soûle, au sol clouée par une montagne d’émotions qui m’enlacent de toute part. D’avoir reçu des heures d’amour et de beau. Sonnée.



Chaque seconde est un murmure.

Alain Cadeo.

Comme des milliers de notes méditatives, contemplatives, phosphorescentes.

Alain Cadeo, un troubadour qui porte haut ses épaules les banderoles du sel de la vie.

Lire Cadeo c’est s’assurer des heures sereines bercées par des paysages glorifiés de beauté et de sens. Mon amour est là, bouche bée, cœur lancinant pour ces mots, berceaux de ma vie.



Iwill voue un amour incommensurable pour les mots impairs, toujours au singulier. Petit, les mots trébuchaient dans sa bouche, bègue c’est le mot. Aujourd’hui à dix-neuf ans, il est devenu un chuchoteur, un murmureur, un marmotteur, un marcheur. A dix-neuf ans comme l’écrivait Rimbaud, on n’est pas heureux. Sa mie Catherine s’est éteinte suite à un accident de voiture, alors Iwill il marche, pour oublier sa souffrance, il regarde la vie pour en extirper l’oxygène nécessaire à ses maux.



Dans une seconde, il y a un murmure, celui de tout un royaume. Une seconde après l’autre, les mots s’assemblent, s’apprivoisent, se câlinent. C’est la magie d’être un conteur. Alain Cadeo. Un merlinpimpin des mots qu’il aime tant et cela se ressent. Après les mots de contrebande, son amour des mots et de notre langue française est incontestable. Ses romans brûlent d’amour pour eux.



« Je pèlerai le cul du temps pour dénicher un coin d’éternité. »



« Si j’ai le cœur plein de boues, ce sont les levers de soleil ici ou là qui décrassent mes yeux. »



Pauvre âme solitaire que je suis, j’ai le cœur qui bat la chamade devant cet orfèvre, ce faiseur de beau. Sans hésiter, j’imagine une table ronde auprès de ces trois grands magiciens, Cadeo, Bobin, Frégni. Les mots d’Alain Cadeo enfantent des images qui enfantent des royaumes pour voir exploser nos émotions. C’est impossible de rester insensibles à la vague Cadeo. Ceux qui aiment notre langue, la vie, l’amour, la poésie, c’est un auteur à lire, à suivre, à applaudir, à rêver avec impatience.



Merci à toi David d’avoir un jour sonné chez moi avec un livre de cet auteur. Sans toi, j’aurai vécu dans l’ignorance d’un troisième faiseur de beau.
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Des Mots de Contrebande, (Aux inconnus qui ..

Merci à mon ami David de m’avoir prêté ce roman d’une intense et éblouissante beauté. Je découvre ici un livre d’exception et un auteur que je vais suivre de près.



Amateurs de Bobin, Frégni (oui oui !), Vinau et d’un Cioran lumineux, voici Alain Cadeo, un penseur, un écrivain, un mâchouilleur de mots. « Alain Cadeo mouche le mot, le verbe, pour ne retenir que le souffle de son être, se saisir de sa beauté ». Préface de Willy Lefèvre.



Il est ici questions de mots, d’un tam tam de mots, d’un exorcisme des mots, d’une emprise sur eux comme on extrait l’essence même d’une fleur pour le plus doux des parfums.



On se mouche dans les mots. On les serre, on les embrasse, on les câline. Il y a une urgence à parler, à écrire, à extraire. Soyons généreux. Ne fuyons plus. Il y a un phare dans l’océan de mots de contrebande. Une lumière. Une promesse. Un espoir fou.



Les mots sont ici sur leurs nuages, sur leurs trônes. Ils guettent, ils susurrent, ils murmurent à l’oreille. Parle, crie-nous, aime-nous, voyage avec nous. On entend au loin leurs plaintes. Leur besoin de s’extirper du mutisme pour dessiner un Monde meilleur.

Même le vide recèle l’immensité. Les pensées abondent. Les mots se bousculent, tantôt plagient tantôt s’insurgent du doute, de la fermentation de pensées hostiles. La lumière, elle, toujours elle.



« Un fœtus lové dans une larme d’Amour pur ».



Quel magnifique livre ! Si doux, si lumineux, si sensible, intelligent, porteur d’espoir, de lendemains, un livre vivant qui nourrit, abreuve, encourage et rend vivant celui qui le touche du bout des doigts...



Merci David !

Merci Monsieur Cadeo.
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Zoé

"zoé", de Alain Cadéo, est de ces livres qu'on ne peut raconter. Par le biais d'un échange épistolaire entre deux êtres solitaires, Henry, la soixantaine, et zoé, âgée d'à peine 18 ans, l'auteur nous fait part de la vision qu'il a de l'existence. Il met en exergue la portée que peuvent avoir certaines rencontres, et ce, sans considération aucune pour le temps qui leur est imparti.

"Pour moi, chaque rencontre importante fut l'objet d'une déflagration silencieuse. Réelles ou rêvées, une minute ou trente ans, les croisements de destins sont la nitroglycérine de nos âmes".

Pour des raisons qui me sont propres, cette approche a eu en moi une très forte résonance. Certaines rencontres, aussi furtives et éphémères puissent-elles être, peuvent parfois avoir valeur d'éternité.

Alain Cadéo aborde dans cet ouvrage bon nombre de thèmes, notamment ce manque d'aptitude que nous, les humains, avons pour la communication, et de fait, la Solitude à laquelle nous nous trouvons parfois confrontés. Comment se fait-il que nous ne soyons pas en mesure de mieux entendre, et pourquoi avons-nous à notre tour tant de mal à être entendus ? J'ai pourtant l'intime conviction, que ce n'est pas faute de notre part à tous d'aspirer à des relations meilleures.

"La vie n'est-elle faite que de quiproquos ? La grande tribu des quiproquos : Un Iroquois rencontre un Esquimau lequel rencontre un Sibérien. L'un parle de son désert de montagnes, l'autre de son désert de glace, le troisième enfin évoque son désert de sel, et les trois ne comprennent qu'une chose : Chacun est seul dans son dé-

sert." Voilà pour ce bien triste dialogue de sourds...

Pour être honnête envers ceux qui me feront l'amitié de me lire, je reprendrai à mon compte les propos de la jeune zoé :

"J'aime les lettres d'Henry. Je ne comprends pas tout mais j'aime la musique de ses mots"

Oui ; il est arrivé que je ne parvienne pas à sonder les profondeurs de sa pensée, mais comme l'auteur est sans conteste doté d'une plume magnifique et tout en poésie, eh bien je faisais comme zoé et me laissais porter par la musicalité de son phrasé enchanteur.

Bien que ce roman ne peut se raconter, il y aurait encore beaucoup à dire, tant l'auteur a abordé de sujets. Je vais donc conclure sur l'hommage que rend Alain Cadéo à la terre, l'hommage qu'il rend à sa générosité et au lien intime qu'elle tisse avec chacun d'entre nous.

"Sainte mère, la terre, cimetière manège, faiseuse de vie, quelques millions de tours et je nais et je meurs, brassé dans tes couleurs ta paix et tes colères. Tu te souviens de moi, du goût de mon placenta et de ma bonne odeur d'humus. Mon code génétique est inscrit dans ta lourde matrice. Je venais de si loin... À peine sur ton dos tu m'offrais sans calcul tes jours tes nuits tes saisons, ton eau et tes nuages, les branches de tes arbres, l'inébranlable fidélité de tes pierres et les scories de tes soubresauts.....Et je sais que la terre se souviendra de moi. Elle a la mémoire de tous ceux qui ont effleuré sa peau."

Moi qui me suis de tout temps plu à rêver d'intemporalité, il me plait de lire dans cette dernière phrase une promesse d'éternité. La promesse d'une certaine forme d'éternité....

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Des Mots de Contrebande, (Aux inconnus qui ..



Alain Cadéo est un amoureux des mots et des hommes...



A la barre de son bateau de contrebande, il hisse la grand voile et on se laisse alors guider en sa compagnie par les alizés qui s’engouffrent dans les voiles latines de son trois-mâts... Il devient pour nous Capitaine de vieux galion espagnol ou pêcheur d’étoiles, qu’elles soient de mer ou filantes...



Il sait s’aventurer dans les grands fonds de l’Âme, tel un scaphandrier, gardien millénaire de vieux trésors enfouis, à la recherche de colliers de mots qu’il enfile comme des perles de pluie pour mieux habiller ses plus beaux textes, dans des parfums d’embruns salés...



Du haut de son grand mât, il sait aussi contempler les étoiles, ses douces amies qui le guident lorsque le ciel est d’encre... De ce ciel étoilé, il porte un regard sur le Monde et sur les hommes qui le peuplent.



Alain Cadéo nous offre là de magnifiques textes qui sentent bon son amour de la langue française, une poésie bleu azur pour tous ceux qui, comme lui, aiment les beaux mots, petits lutins rêveurs, bâtisseurs de l’esprit, gardiens d’histoires...



Aux inconnus qui, comme moi, aiment ces « phrases en chapelets de jais », « les formules qui crissent comme la neige fraîche sous les pas », les « mots sauvages », laissez-vous embarquer et voguez au gré des flots d’Alain Cadéo... Des jolis mots, sa soute en est pleine.
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Zoé

« Nous sommes sans le savoir transporteurs d'infini. Nous sommes de doux cargos fantômes, soutes pleines, perdus au beau milieu d'un océan, qui cherchent désespérément un port d'attache pour alléger nos coques.

zoé est un de ces « petits moments », une halte, un quai, comme une brèche laissant passer un filet de lumière, dans le blockhaus de mes pensées. »



Son port d'attache, c'est parmi les senteurs de levain, d'agrumes, de chocolat et de cerises griottes, de café torréfié et de vanille des îles de la boulangerie du village qu'Henry le trouvera. Auprès de zoé...



Trois fois par semaine, vieux loup solitaire, trappeur d'étoiles, presque aussi érodé que la montagne qui l'héberge, bercé au vent du silence dans son fortin de pierres et de bois, il partira en expédition muni de son vieil imperméable sable et de ses bottes de daim, pour chasser sa solitude au doux et chaud parfum d'épeautre des miches qui l'attendent derrière le comptoir de zoé.



Henry a l'âge de la vie elle-même. zoé est née hier.



zoé, c'est la rondeur d'une boule de pain qui lève, la tendresse de la pâte qu'on pétrit et le moelleux de la brioche. C'est l'élégance d'un cygne à la crème, la douceur d'un baba au rhum et la beauté ordonnée d'un mille-feuilles vanille chocolat. L'odeur suave d'une fève de Tonka et la douceur amère de l'amande.



zoé, c'est l'innocence aux mille couleurs, l'oiseau rieur qu'il n'attendait plus, la flèche qui saura percer sa carapace ridée de vieux rhinocéros...



Alors, lui, Henry, pauvre vagabond rêveur, grand voyageur de l'âme, toujours à la recherche de l'Humain, contemplatif de l'extrême, s'attèlera, sur son bureau-épave, son fourbis de bric et de broc chargé de coquillages et de vieux parchemins restés trop longtemps vierges, à lever l'encre sur ses mots pour lui transmettre ses pensées matinales. Chapelets de mots déposés sur le papier bleu marine d'un vieux bernard-l'hermite à sa sirène.



Et zoé lui répondra... Jour après jour... Miche après miche... comme une bouteille à la mer que l'on trouve... comme un écho au son de la corne de brume qui sourd depuis l'autre rivage...



« Depuis que zoé et moi échangeons nos écrits, j'ai la bonne impression d'avoir brisé ma solitude. Elle est, avec son écriture ronde, une petite boule de tendresse et d'originalité versée dans le café noir de ma mélancolie. »



Mais zoé, petite soeur de solitude, tu as toi aussi tes souffrances secrètes à jeter à la mer...





- - -





Ah, que j'aime l'écriture d'Alain Cadéo !



Il y a toujours dans ses mots une infinie tendresse pour l'Humain, une douce mélopée qui nous conte l'essence même de notre existence, une poésie devant laquelle les cigales s'arrêtent de chanter pour en écouter toute la beauté.



Alain Cadéo est un rêveur de l'aube, « un contemplatif, un pauvre bougre de rêveur, un pauvre con qui parle tout seul »... Mais qu'est-ce que j'aime le laisser parler et l'écouter de si bonne heure !



Pour le citer dans ce livre, « il faut le talent d'un grand mécanicien, des pelletées de charbon, un bon café bien noir, de pleines burettes d'huile pour graisser les bielles et les essieux. Chaque page est un nouveau départ. »



Lisez Alain Cadéo !



Le talent pour explorer tous les rouages de la mécanique de l'âme humaine, il l'a. Et je serai encore là pour le prochain départ !
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Mayacumbra



Il est de ces lieux reculés de tout, reculés de tous, où les grains de poussière qui composent le grand sablier de la vie paraissent se figer, comme maintenus en suspension dans un Au-delà de l’esprit, confessionnal de notre pensée, vestibule de nos doutes et de nos envies, où l’Âme a besoin de se mettre à nu, se laver, se purger, étape nécessaire avant d’en franchir le seuil...



Au détour de votre conscience, dans un pays imaginaire où se dresseront les grands arbres d’une forêt sans nom, au bout d’un chemin fait de pierres basaltiques, d’obsidiennes noires tranchantes comme des rasoirs et de cendres ardentes, qui n’existera sur aucune carte que celle de votre paix intérieure, peut-être découvrirez-vous, comme Théo, votre Mayacumbra...



Le voyage jusqu’à ce petit village perdu au bout du monde se mérite... C’est un pèlerinage qui vous attend, une élévation de soi, un appel au silence et à la beauté de la simplicité du monde qui vous entoure...



Il vous faudra plusieurs jours pour y parvenir... Parce que les mots qu’Alain Cadéo sème sur votre chemin se dégustent en prenant le temps. On les lit, les relit, on les roule sous la langue comme un galet suit le lit de la rivière sous le courant tranquille qui l’emporte...



Les mots s’envolent de la plume d’Alain Cadéo et se déposent en une brise légère sur nos cœurs qui cognent. On se pose. On sent vibrer au loin le volcan somnolent qui berce la vie des habitants de Mayacumbra, comme une bête meurtrie, mémoire des hommes et de la terre, ogre de pierre au cœur flamboyant, purgatoire des âmes errantes...



On se sent petit mais on se sent bien... On se glisse avec Théo, enfant des étoiles, gardien du volcan, sous les couvertures de notre passé, de notre présent et de notre avenir, pour essayer d’en sortir le meilleur de nous-même...

On regarde, par delà les grands arbres, les brumes de notre esprit se déposer dans la vallée jusqu’à ce que le soleil levant fasse apparaître sur l’horizon les premières lueurs du jour, arlequin de couleurs aux mille feux, rouge, orange, mauve... Nos sens ouverts à l’écoute du Monde, à l’écoute de notre Monde, quelque part en nous, quelque part entre ciel et terre, quelque part entre doutes et bonheur.

Plénitude.

Dépaysement total.



Mayacumbra, ce sont les limbes dans lesquels s’aventure tout voyageur de l’âme à la croisée de ses chemins, coincés entre un coin d’enfer et petit bout de paradis. C’est une terre de contrastes, de désolations, de coulées de boues noires, rude, sauvage, mais en même temps si fertile en beaux mots, en joie et bonté pures et en amitié. C’est un chant de loriots au-dessus de la canopée. Ce sont des morceaux d’amour que l’on sème avec Théo pour Lita, sa bien-aimée. C’est un diamant brut qu’Alain Cadéo aura pris le temps d’extraire des entrailles de ce volcan et de polir à l’eau de la source de Mayacumbra. Cette source que seul Théo franchira sur le dos de son âne, son fidèle Ferdinand, pour faire corps avec ce volcan, corne de Dieu qui surplombe Mayacumbra, pour y bâtir un sens à sa vie...



Mayacumbra. Une bien belle pépite, un Eldorado de beaux mots qui se lovent en un filon de gemmes/j’aime et qui se parent de leurs plus beaux habits...



- - -



Cher Alain,



« De vent et d’océan, votre prose se nourrit et nous ramène à l’essentiel », avais-je écrit après avoir savouré Comme un enfant qui joue tout seul et Des mots de contrebande.



Avec Mayacumbra, je peux à présent y rajouter le feu et la terre...



Je me réjouissais de découvrir ce nouveau roman, si gentiment dédicacé et je n’ai pas été déçu !



Quelle joie et quel privilège de partager il y a peu avec vous ce petit déjeuner et cet instant hors du temps...



Merci pour ces quelques confidences éparpillées au gré du vent, cette richesse dans vos mots, cette bonté sincère, cette « transmission » de pensées matinales et ces échos de vie...



Merci pour Rimbaud, Baudelaire, Zweig et tous ces fabuleux auteurs évoqués.



Vous êtes un Passeur de Mots, un vagabond qui sème ses rêves deci delà et nous permet d’en toucher, du bout de votre plume, toute la délicatesse...



Merci à vous d’abreuver de lumière les petits farfadets que nous sommes, à la recherche d’humanité, de quelques gouttes de poésie et de si belles phrases...



Ce fut un réel plaisir de passer ce moment en votre compagnie. Une belle rencontre qui restera gravée en moi comme une trace de poussière d’étoile, sous le ciel de Mayacumbra !
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Comme un enfant qui joue tout seul

Alain Cadéo est un homme de mots, un homme d'émotions, un homme de coeur...



Avec Comme un enfant qui joue tout seul, il nous emmène vers les premiers pas de l'enfance, vers la source de tout bonheur, vers les particules élémentaires qui nous composent...



Il nous rappelle que la vie est faite de souvenirs et d'êtres de passage qu'il nous faut chérir, que nos racines sont là, quelque part enfouies en nous et qu'elles nous permettent de ne pas perdre le Nord quand les vents froids et violents se mettent à souffler sur l'océan de nos vies.



Il est le timonier de nos sentiments, nous rappelle que nous avons tous en nous le pouvoir de suivre le cap de nos propres vies et de le maintenir même en pleine bourrasque, qu'au fond de nous sommeille la boussole de nos lendemains, que nous pouvons tous trouver notre aimant, cet être de lumière qui nous magnétisera...



« Comment peux-tu, toi l'Océan, ivre de songes noirs, garder dans la mémoire des grands fonds, l'image blonde d'une femme ?

Et ton irrésistible masse avance et bat sa coulpe aux équinoxes de printemps pour célébrer tes noces avec l'humanité.

Tu attends, inlassablement, son corps nu, si fin, si important. Tu es une énorme bête, incomprise et tourmentée qui guette la caresse d'un cristal... ».



« L'air, les courants et les vents emportent tout le dernier mauvais de sa mémoire. Ne demeure que le bonheur d'un Robinson revisitant l'Île de son enfance. »



Merci Monsieur Cadéo, pour ces beaux mots aux effluves marines si poétiques, qui nous emportent au coeur du tourbillon de nos enfances.



De vent et d'océan, votre prose se nourrit et nous ramène à l'essentiel.
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Confessions



Alain Cadéo est un maître-penseur, un doux rêveur, un berger bienheureux allongé sous les étoiles, un Cervantès des temps modernes, toujours dans une quête éternelle, à la recherche du cristal de roche originel, du Verbe, du Feu sacré, de l’Absolu et de la Source mère…



Il se questionne, fredonne, bougonne. Ses mots se posent, avec poésie et légèreté, aériens, sur un vélin aux enluminures rehaussées à l’or des fous, au blanc de plomb des alchimistes et aux baies de chèvrefeuille.



Avec la force brute de l’océan, la sagesse d’un grand chêne pédonculé ou d’un cèdre japonais millénaires, la délicatesse bienveillante d’un Leste ou d’un Cers estival et, au fond des yeux, la flamme trépidante de l’Explorateur jamais rassasié, il trace de nouvelles voies, ouvre l’esprit à la réflexion.



Il a exploré la Vie avant la Vie avec 𝗟𝗲 𝗖𝗶𝗲𝗹 𝗮𝘂 𝗩𝗲𝗻𝘁𝗿𝗲, a plongé dans les fonds de l’âme muni 𝗗𝗲𝘀 𝗠𝗼𝘁𝘀 𝗱𝗲 𝗖𝗼𝗻𝘁𝗿𝗲𝗯𝗮𝗻𝗱𝗲, bourlingué jusqu’au sommet d’un volcan à 𝗠𝗮𝘆𝗮𝗰𝘂𝗺𝗯𝗿𝗮 et communié avec l’Océan 𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲 𝘂𝗻 𝗘𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁 𝗾𝘂𝗶 𝗷𝗼𝘂𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝘀𝗲𝘂𝗹. Il a combattu la mélancolie et la solitude et retrouvé sa jeunesse en compagnie de 𝗭𝗼é, a pelé le cul du temps pour dénicher un coin d’éternité dans 𝗖𝗵𝗮𝗾𝘂𝗲 𝘀𝗲𝗰𝗼𝗻𝗱𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝘂𝗻 𝗺𝘂𝗿𝗺𝘂𝗿𝗲, exploré Venise (ah Venise !) avec 𝗟𝗲𝘀 𝗔𝗻𝗴𝗲𝘀 𝗱𝗶𝘀𝗽𝗮𝗿𝗮𝗶𝘀𝘀𝗲𝗻𝘁, 𝗘𝘁 𝘃𝗼𝘁𝗿𝗲 é𝘁𝗲𝗿𝗻𝗶𝘁é 𝘀𝗲𝗿𝗮 𝗹𝗮 𝘀𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗱𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘀 𝘃𝗼𝘀 𝗿𝗲𝘃𝗲𝘀 ou encore 𝗜𝘀𝗼𝗹𝗮. Avec 𝗟𝗲𝘀 𝗿é𝘃𝗲𝗶𝗹𝗹é𝘀 𝗱𝗲 𝗹’𝗼𝗺𝗯𝗿𝗲, il a combattu les nouveaux moulins de l’Humanité et accompagné, avec des 𝗟𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗲𝗻 𝗩𝗶𝗲, de belles âmes dans leur dernier tour de piste.



Il s’est récemment vu décerner (2021) la médaille de Vermeil par la Commission supérieure des récompenses de la Société académique des Arts, Sciences et Lettres, parrainée par l’Académie française pour « la qualité de sa littérature et la dimension humaniste de l’ensemble de son œuvre ». Et ce n’est que juste récompense !



Son nouveau livre, 𝗖𝗼𝗻𝗳𝗲𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗼𝘂 𝗹𝗲𝘀 𝘀𝗽𝗮𝗺𝘀 𝗱’𝘂𝗻𝗲 â𝗺𝗲 𝗲𝗻 𝗽𝗲𝗶𝗻𝗲, vient enrichir la nouvelle collection « Essai » des 𝗘𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗟𝗮 𝗧𝗿𝗮𝗰𝗲. Et il est bien le digne successeur de Mayacumbra, Des Mots de Contrebande et Lettres en Vie !



Avec Le Ciel au Ventre, Alain Cadéo s’immergeait avec un imaginaire poétique dans les eaux chaudes placentaires d’un fœtus avant sa naissance. Après s’être questionné sur la Vie et l’Humain tout au long de ses nombreux livres, il a enfin été l’auteur, avec son frère Michel, du magnifique livre-témoignage Lettres en Vie, accompagnant des résidents en soins palliatifs dans leur dernier voyage, vers l’Au-delà.



Avec cette même poésie qui l’habite, il entreprend aujourd’hui de relater les confessions sincères de 𝗚𝗮𝘀𝗽𝗮𝗿𝗱 𝗦𝘁𝗮𝗰𝗰𝗮𝘁𝗼, une âme errante, un papillon éphémère, un 𝘣𝘰𝘶𝘨𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘢𝘤𝘤𝘩𝘢𝘣é𝘦 déposé malgré lui dans les limbes entre vie et mort, perdu entre deux rives, entre Ciel et Terre, ici et là, dans un ailleurs qui n’existe pas, entre ombre et lumière… L’inconnu pour l’éternité.



Dans cet Entre-Deux 𝘥𝘳𝘢𝘱é 𝘥𝘦 𝘤𝘦 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥 𝘵𝘪𝘴𝘴𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳, 𝘭𝘰𝘶𝘳𝘥 𝘦𝘵 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘰𝘯𝘥 𝘲𝘶𝘪 𝘥𝘪𝘴𝘴𝘪𝘮𝘶𝘭𝘦 𝘭’𝘪𝘯𝘧𝘪𝘯𝘪, Gaspard, pas encore mort mais plus vraiment vivant non plus, se questionne, entamant 𝘴𝘰𝘯 𝘭𝘰𝘯𝘨 𝘷𝘰𝘺𝘢𝘨𝘦 𝘥𝘦 𝘧𝘰𝘶, 𝘥’é𝘵𝘦𝘳𝘯𝘦𝘭 𝘵𝘳𝘢𝘯𝘴𝘩𝘶𝘮𝘢𝘯𝘵 𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘢𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘚𝘰𝘶𝘳𝘤𝘦 𝘮è𝘳𝘦, 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘷𝘪𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘮𝘰𝘳𝘵, 𝘦𝘯 𝘢𝘣𝘴𝘰𝘭𝘶𝘦 𝘱𝘦𝘳𝘤𝘦𝘱𝘵𝘪𝘰𝘯…



« Je me suis souvent demandé si ce qui nous retenait à cette Terre n’était pas le fil rouillé mais tenace des regrets. Ce tétanos indiscernable flanqué par des épines de rosiers. Et pourtant ils sont nombreux les imbéciles, qui, comme moi, un jour ou l’autre, ont proféré l’orgueilleuse sentence, le rien de rien, le : « Je ne regrette rien... ».

Ah l’implorante chansonnette ! Ce Te Deum des midinettes, vous a des airs de poulet égorgé sur le billot froid et sanglant d’un ricanant destin vous offrant son panel de possibilités.

Alors, comme vapeurs, nos âmes orphelines, reviennent visiter le vaste inachevé de nos velléités. »



Dans le 𝘤𝘢𝘱𝘩𝘢𝘳𝘯𝘢ü𝘮 𝘥𝘦 𝘴𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘯𝘴é𝘦𝘴 𝘭𝘪𝘷𝘳é𝘦𝘴 𝘦𝘯 𝘱â𝘵𝘶𝘳𝘦, celles-ci semblent se frayer un chemin 2.0 vers les boites mails personnelles de quelques pauvres humains, bien obligés malgré eux de se farcir la plaidoirie de cet égaré. Impossible en effet de supprimer les pensées de cet esprit dématérialisé tant qu’elles ne sont entièrement lues par leurs destinataires !



S’installe alors une correspondance hors du Temps entre Gaspard et ces quelques privilégiés qui lui feront 𝘭’𝘢𝘶𝘮ô𝘯𝘦 𝘥’𝘶𝘯 é𝘤𝘩𝘰, 𝘥’𝘶𝘯𝘦 𝘷𝘰𝘪𝘹, 𝘥𝘦 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘵𝘴, le temps du voyage... Finalement, 𝘳𝘪𝘦𝘯 𝘥𝘦 𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘴𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘯𝘦 𝘥𝘪𝘴𝘱𝘢𝘳𝘢î𝘵 𝘷𝘳𝘢𝘪𝘮𝘦𝘯𝘵 !



▪️▫️▪️▫️▪️



Ces confessions sont poétiques. Elles doivent se lire, comme souvent avec l’écriture d’Alain, en laissant les mots se déposer lentement au fond de notre esprit, dans un presque silence d’église ! Elles sont lourdes de vie, de la lourdeur d’un vieil ours qui a vécu tant d’automnes et d’hivers, mais aussi brillantes que le regard du jeune ourson à son premier printemps.



Ces confessions, ce sont aussi une belle auto-analyse de la part de l’auteur sur son écriture que j’affectionne tant. Comme le mentionne à Gaspard une de ses correspondantes : « Il faut un certain temps pour absorber et digérer ces pesants blocs de pensées que vous lâchez comme des mines dans nos terriers de blaireaux effrayés. Cette poésie, votre chant d’âme en peine, c’est comme de l’amour. Vous nous donnez à voir un paysage, un rêve, un mouvement, comme une expression de la vie intérieure, proche et inaccessible... Si nous pouvions tout voir, il n’y aurait sans doute plus rien à dire ».



Doit-on voir dans ce livre initiatique la fin d’un cycle pour Alain Cadéo, la boucle qui se boucle ? Bougre de vieille caboche, bien sûr que non !

Il y a encore tellement de belles choses à écrire dans cette besace de pénitent, de pèlerin et de bourlingueur !





Merci Alain, pour ces Confessions, pour ces écrits, pour nos échanges…



🙏🙏
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Mayacumbra

Il y a des rendez vous que l’on devance, des rendez vous que l’on esquive, des rendez vous que l’on reporte. Mayacumbra fait partie de la troisième catégorie en ce qui me concerne. Suite aux billets de DavidG75 sur les livres d’Alain Cadéo, j’avais mis ce titre sur liste d’attente parmi d’autres. Et puis dans la dernière sélection de Masse Critique, j’ai vu passer ce Mayacumbra et je m’en serai voulu de l’esquiver. Je remercie donc Babélio et les éditions La Trace pour l’envoi de ce livre.



J’avoue que quand j’ai ouvert le colis, j’ai regretté tout de suite mon choix. C’est idiot mais 400 pages, c’est beaucoup pour moi, surtout quand je ne sais pas trop ce qui m’attend.

Univers initiatique, poétique, êtres cabossés, lieux mystérieux, roman mystique, que de promesses même si le coté mystique aurait plutôt tendance à me laisser à la porte. Bref, j’ai passé le pas et ça n’a pas été sans douleur. J’y suis allé sans envie en ayant dans la tête « putain, 400 pages ». C’est probablement pour ça que j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire.

Théo quitte tout pour se retrouver au bout du monde, seul en tête à tête avec le sens qu’il veut donner à sa vie. Deux fidèles compagnons quand même, Ferdinand, un âne, et un volcan sur lequel il a bâti sa cabane. Génial, 400 pages, ça va être l’éclate totale.

Ca n’a pas été simple ce début. J’ai avant tout, cherché la poésie promise mais parasité par l’état d’esprit du début de lecture, je n’ai rien vu venir, je n’ai rien ressenti. Autant dire que le « Ca (s) déo » allait vite être réglé.

Et puis et puis, petit à petit, si le coté poétique m’a malheureusement complètement échappé, je me suis attaché à Théo, à Ferdinand et aux habitants du village de la vallée. Des êtres cabossés, promesse tenue sur ce plan même si l’auteur reste très discret sur les bosses de certains.

J’ai oublié l’initiation mystique sans aucun mal parce que là aussi, je suis passé à coté… pour mon plus grand bonheur. De là à dire que Mayacumbra est entré dans une quatrième catégorie de rendez vous, celle des rendez vous manqués, il n’y a qu’un pas que je franchis. Manqué parce que si je n’ai pas spécialement aimé, je n’ai pas détesté ce livre. J’ai même tourné la dernière page avec une sensation de lecture agréable mais pas « enrichissante » comme l’aurait probablement souhaité l’auteur. J’ai lu une histoire sympathique, bien écrite mais sans ce petit quelque chose qui me fasse vibrer, qui me fasse réfléchir. Je n’ai pas été réceptif au message ou à la manière de le faire passer, c’est en cela que j’ai manqué ce rencard.

La bonne nouvelle, c’est qu’on peut lire ce roman sans être porté sur la poésie, sans se poser de questions existentielles toutes les deux phrases. On peut juste se laisser porter par l’histoire et en tirer ce qu’on peut si quelque message nous a parlé. Au pire, comme pour moi, on aura passé un bon moment (si l’on n’est pas dans un état d’esprit borné comme au début de ma lecture) avec des personnages attachants dans une nature plus ou moins accueillante.

Comme tout avis ne vaut que pour soi, j’encourage à aller lire le billet de David pour avoir un ressenti bien différent qui saura vous emmener sur les pentes du volcan.

https://www.babelio.com/livres/Cadeo-Mayacumbra/1177034/critiques/2084459

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Les réveillés de l'ombre

Quatre cents ans après leurs aventures « cervantesques », Don Quichotte et son fidèle compagnon Sancho, revenus des ténèbres et parvenus au terme d'un long voyage, posent leurs malles sur leur île, dans un moulin du bout du monde.



Si Sancho s'accommodera assez facilement de ce last minute et de la vie au 21e siècle, Don Quichotte continuera à rêvasser à un monde idéal où vertu, honneur, intégrité et bienveillance seront ses armes de chevalier des temps modernes...



Mais il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes, les nouveaux moulins de l'humanité n'en sont pas moins des géants diaboliques. Les réveillés de l'ombre pourront-ils chausser bottine, mener croisade et combattre la noirceur de l'âme humaine pour lui redonner toute sa lumière ou couleront-ils des jours heureux à vivre leur oisiveté insulaire à l'écart de ce Nouveau Monde ?



« L'homme libre, l'homme de bien ne peut renoncer à son âme, à sa joie et à sa densité. Une fois qu'il a goûté à ces mets royaux, peu lui importent les très mauvais moments qu'il doit endurer dans le froid, les ténèbres, la grelottante obscurité de ses angoisses.

Il se souvient et tente sans relâche de retrouver ce ciel d'or pur. »



- - -



Cher Alain,



Merci pour ce livre offert avec tant de gentillesse et la découverte de cette poétique uchronie théâtrale. J'ai pris beaucoup de plaisir à cheminer aux côtés de cet Hidalgo de la Mancha et de Sancho Panza, ces réveillés de l'ombre, dans leur quête des purs soleils de l'âme.
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Zoé

"Nos vies sont toutes des fables, et c'est seulement dans la manière de les conter que se dévoilent leurs lumineuses trames."



Henry voudrait laisser à ses enfants le pur diamant de sa pensée enfermé dans les deux coffres de santal qui contiennent les cahiers de sa vie.

Jour après jour, il couche sur le papier ses élucubrations de vieux forçat solitaire séduit par une petite boulangère au coeur aussi tendre que les miches qu'elle vend.

Leur relation essentiellement épistolaire et presque clandestine est telle un fil tendu d'une génération à l'autre, enjambant les méandres tumultueux de l'agitation humaine.

À travers Zoé, c'est peut-être bien à ses enfants que le vieil homme adresse ses mots, à son quadrige dispersé à travers le monde et qui lui manque tant.



Alain Cadéo est, pour moi, une précieuse découverte.

Orfèvre des mots, merveilleux conteur, il nous enchante une fois de plus avec ce très beau roman poétique aux accents philosophiques, qui laisse en nous comme un parfum de nostalgie.

Nostalgie d'un monde meilleur, sans malice, où la communication ne s'encombrerait pas du superflux, mais se révélerait nourriture pour l'esprit, réconfort pour le coeur.



Alain Cadéo écrit comme il parle, parle comme il écrit, avec des mots-oiseaux plus légers que l'air qui se posent tout en douceur sur notre âme agitée.
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Lettres en Vie

Cher Alain,



Je pensais à vous ce matin, peu de temps avant de vous lire à travers votre courriel. Dans une petite escapade buissonnière que je m'accorde parfois durant le travail, le temps d'un battement d'aile de colibri, sur les chemins des livres ou des rêves, parfois même les deux, lorsque les mots de mes rapports d'ingénieur, bien plus terre à terre, me saturent l'esprit... Le hasard, s'il existe, fait bien les choses.



Je viens de terminer Lettres en Vie et je profite de la douceur de cette nuit de fin d’été, et du silence paisible qui s'est installé, pour vous écrire ces quelques mots. C'est un moment de quiétude que j'apprécie. Le silence se pose, l'obscurité m'enveloppe mais ces Lettres vibrent et résonnent pourtant autour de moi comme le souffle chaud d'un sirocco ou d'un zéphyr qui ne faiblirait pas.



Ces correspondances et ces échanges au sein de l’Unité de Soins Palliatifs de l’Hôpital de la Seyne sur Mer sont des Lettres de Lumière... Elles m'ont inondé d’une vive incandescence au milieu de cette obscurité...



Ce sont des lettres de solitude, des lettres d’émotions, des lettres de larmes au goût de sel... Ce sont également, et surtout, des lettres de courage, d'espoir, de don de soi et de paix intérieure.

Elles sont l'extraordinaire témoin de la beauté de l'Âme humaine, que l'on effleure délicatement de nos mains ignorantes à travers tous ces témoignages et échanges.

Echanges…

Je me répète mais c’est bien de cela qu’il s’agit. On ne s’enrichit de notre passage terrestre qu’à travers ces échanges avec l’autre, celui qui a voyagé et vécu, celui qui a aimé et souffert, celui qui aspire à passer de l’autre côté le cœur paisible et l’âme en paix.



Les lettres de ces praticiens et praticiennes de l’impossible, ces passeurs de vie, sont admirables. Il s’en dégage la force tranquille d’une vague centennale fluant au milieu de l’océan, prête à se briser sur tous les rochers du monde pour mieux renaitre dans les brumes d’un matin après la tempête, une fois la mort survenue… Puissiez-vous les remercier pour leur travail de chaque instant et leur abnégation…



Les lettres de ces résidents, éphémères papillons, aventuriers, baroudeurs ou simples voyageurs de l’esprit, marchant d’un pas léger, décidé ou encore craintif vers leur ultime bivouac, m’ont touché avec une émotion vive à fleur de peau… Ces belles âmes ne fuient pas la vie, elles sont la vie… Et votre frère Michel et vous-même, dans votre connivence fraternelle et votre bonté de chaque instant, n’êtes pas innocents à cela !



Ah. Que j’aurais aimé me faire souriceau pour observer, de mon coin de pièce, ces « échanges du Lundi » à l’Hôpital de la Seyne sur Mer, durant ces six années passées avec ces compagnons d’infortune. Ces premiers pas probablement hésitants sur la route d’une idée folle, ces apprivoisements à pas feutrés, cette confiance qui nait d’un point commun, ces échanges qui se construisent grain après grain dans le désert de sables mouvants de la quête de l’autre, ces cuirasses de glace qui fondent à la fois sous la rondeur de vos mots et sous les teintes chaleureuses des peintures de Michel, ces trapillons de bois tordu et de clous rouillés qui s’ouvrent enfin sur des cœurs peinés et flétris mais toujours vivants…



Et scintillent alors ces lumières de vie, d’un plein feu crépitant à nouveau, comme une seconde naissance, dans les yeux de Jeanne, Fabienne, Jocelyne, Antoine, Noël et tous les autres, saltimbanques jamais repus saluant la foule dans un dernier tour de piste !



Pour reprendre les mots de Frédérique, médecin de cette unité de soins, déposés avec tant de justesse et d’à-propos (je ne pourrais mieux les dire), « vous avez cette capacité de sonder l’être en face, percevoir dans quel état il se trouve et d’adresser les mots dont il a besoin au bon moment et de là où il se trouve car vous êtes dans la rencontre de l’absolu des êtres, dans l’absolu du moment, sans jugement ».



Votre frère Michel, quant à lui, illustre vos mots de son art à travers ses propres émotions visuelles et dit à votre égard que « votre écriture si vivante est capable d’exercer une action bienfaisante, d’aider à l’ascension des hommes afin de s’éloigner de l’exactitude froide et figée pour parler le langage du cœur. La vie qui s’en dégage, la ferveur de l’émotion qu’elle communique ont seules le pouvoir de transmission ».



Comment lui donner tort lorsqu’il parle en ces termes et lâche ce mot : VIE ?



C’est pareil à une nuée d’étourneaux ou au gracieux ballet des grues cendrées prenant leur envol dans un ciel flamboyant sous l’équinoxe d’automne, cet équilibre parfait où le jour et la nuit se parlent d’égal à égal en se transmettant le témoin… Comme un rituel de passage de l’ombre à la lumière…



Merci de nous partager cette intimité, ce « bout » de vie, avec autant de sensibilité, de poésie et de pudeur.



Ces lettres, Cher Alain, sont des Lettres de Vie !



- - -



Avec toute la bienveillance de vieux loups veillant sur leur meute, la sagesse et la force tranquille des ours et l’abondante générosité d’un troupeau de bisons ruant au plein galop, Alain et Michel, « les frères Cadéo », se sont fait fourmis afin d’apprivoiser patiemment, chaque lundi et durant six années, les belles âmes-résidentes de l’Unité de Soins Palliatifs de l’Hôpital de la Seyne sur Mer (Toulon).



Tels des castors charpenteurs, accompagnés de sa plume pour l’un, de ses pinceaux pour l’autre et du personnel soignant de l’Unité, ils ont su bâtir, consolider et prendre soin de cette fragile ossature qui maintient la flamme de vie de ces feux follets arrivés au bout du voyage et nous offrent ces magnifiques Lettres de Vie, correspondances intimes entre des êtres qui se croisent à l’aube de l’Au-delà.



Lisez-les ! Elles arrivent dans votre librairie ce 02 octobre.



(Les droits d’auteur sont intégralement reversés à l’A.P.S.P. PACA)

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Des Mots de Contrebande, (Aux inconnus qui ..

Un livre qui ne se résume pas, heureusement...

Un livre qui se déguste, se sirote, par doses homéopathiques.

Un livre qui se prête à la méditation, à l'introspection.

Un livre intemporel, auquel on revient sans se lasser.

Des mots de contrebande, sans doute, des mots magnifiés, légers, qui ondulent en phrases tumultueuses, ivres de vie.

Un livre de chevet, à garder précieusement tel un compagnon fidèle.

Alain Cadéo se fait gardien de notre âme, veilleur de nos nuits, magicien du verbe bienveillant.

Il n'y a rien d'autre à dire, il faut juste lire...et vivre.
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Comme un enfant qui joue tout seul

Je remercie Alain et Martine Cadéo pour l’envoi de ce nouveau roman.

C’est un roman qui se rapproche du conte philosophique ; le destin croisé de deux belles âmes. Dans » Comme un enfant qui joue tout seul « Alain Cadéo nous conte la nouvelle naissance de son personnage Barnabé Raphaël. Paru aux éditions La Trace en ce printemps 2019, je suis tombée sous le charme de cette écriture poétique, qui fait raisonner les mots au plus profond de soi.

À trente-sept ans, Barnabé Raphaël est fonctionnaire de l’Etat, pour la plus grande fierté de sa famille. Ambitieux depuis son plus jeune âge, il a travaillé d’arrache pied pour en arriver là. Mais un matin, un SDF l’interpelle.

p. 13 : » Et la voix d’un clochard un jour m’a remis à ma place : » Pourquoi es-tu si dur ? » Je me souviens toujours de cette voix. Elle fut le déclencheur de ma dégringolade ou de mon ascension. C’est selon. «

C’est un électrochoc pour ce célibataire, sans attache. Comme si cette interrogation avait l’effet d’une révélation. Tout cette vie faste, lui apparaît soudain superflue.

p. 12 : » Décidément, la vie est un luxe que nous bradons trop souvent comme de sales ados capricieux. «

Alors, Barnabé Raphaël plaque tout, du jour au lendemain. Il quitte son travail, vend son appartement parisien, et prend la route, délesté de tout. Son but : remonter le temps de sa jeunesse, jusqu’à l’Océan.

p. 16 : » Tout est à vivre. Encore. Je suis heureux. J’ai piétiné le temps. J’ai piétiné ma carapace de rhino dur et responsable et je m’en vais, à poil, nouveau-né trentenaire, dans cette gourmandise qu’est la vie. Libre. Tendre. Et j’en frissonne de fragilité. «

C’est un chemin fait de rencontres qui va pousser cet homme à retrouver avec bonheur et précision toutes les petites histoires de sa vie.

p. 23 : » Chaque vit est une légende, un grand récit allégorique truffé de secrets, de rencontres, de mystères, de signes, de mythes, de symboles, qu’on réduit, qu’on étrangle jusqu’à en faire trop souvent un mauvais scénario suant de platitudes. «

Il va notamment rencontrer une amie de sa grand-mère : Mathilde Barigot. À ses côtés, Raphaël reprend vie.

p. 30 : » C’est une vieille dame de quatre-vingt-dix ans qui m’aide à raviver les couleurs du monde. Elle décape sans le savoir, brosse, lustre, taille et remet à nu mon âme de gosse. «

Tel un fil conducteur, Mathilde lui rappelle que la meilleure amie de sa grand-mère était Lucie. Un personnage haut en couleurs !

Dans une alternance de chapitres, le lecteur suit simultanément le périple de Raphaël et l’histoire d’Éléna, petite-fille de Lucie.

p. 56 : » Ce qu’Éléna aime plus que tout dans l’évocation de sa grand-mère Lucie, c’est la capacité de cette femme à refuser des limites. Elle fait partie à ses yeux des rares êtres qui, ayant saboté la norme, nous aident par leur exemple à nous libérer de nos propres craintes. Eux seuls nous permettent d’entrevoir ce qu’il y a de meilleur en ce monde : la liberté plein ciel, aller toute joie dehors au bout de nos possibles. «

Le lien qui unissait leurs aïeules va conduire ces deux êtres à se rencontrer, au bord de cet Océan.

p. 152 : » Bien sûr que l’océan se souvient. Il est la plus grosse mémoire liquide de la Terre. «

J’ai eu la chance de lire ce roman au bord de cet Océan. La puissance de ses vagues face à la poésie des mots. La force et la sensibilité, mêlés dans une lecture qui se doit d’être lente. Chaque phrase raisonne en nous, nous interrogeant bien sûr sur notre propre route, nos propres choix. Aurions-nous, nous aussi, ce courage de tout plaquer pour suivre ce chemin, cette destinée ? Utopiste, certes, mais n’est-il pas de plus beau parcours que celui qui nous fait prendre des risques ?
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Le ciel au ventre

Les mots me manquent lorsqu'il s'agit de parler d'un ouvrage d'Alain Cadéo...

Les siens sont si beaux, son style tellement incandescent, que mon vocabulaire me semble bien pauvre pour exprimer toute mon admiration et l'émotion qu'elle fait naître en moi.



La naissance...parlons-en puisqu'il en est question.



Quel jeune homme devient-on lorsque, comme Ludovic, on a le privilège de tisser un lien intra-utérin particulier avec un homme comme Alain Cadéo ?

Un homme déjà deux fois père et qui vit pourtant ces neuf mois d'attente avec la fébrilité d'une première fois.

Alors il écrit, parce que les mots sont les seuls à pouvoir abolir la distance, à lui donner l'illusion de voyager en compagnie de son fils dans les limbes diaphanes du ventre maternel.

À la faveur de la nuit, de longs dialogues silencieux parfois illuminés de regards vaporeux s'échangent entre ces deux êtres en devenir, un père...un fils.

"Ni trop loin, ni trop près" car une juste distance est nécessaire au cerveau pour enregistrer ce qu'il prélève autour de lui sans exploser.

Du cyprès ancestral à sa pièce "sous-marin", en passant parfois par des endroits aussi insolites que le fond d'un puits, il laisse s'envoler les rêves, les pensées et les mots qui les tissent jusqu'au creux de l'alambic opaque du ventre maternel à la rencontre de la chair de sa chair.



Quelle belle relation doit exister entre ces deux-là maintenant qu'ils ont pris pied sur terre depuis une vingtaine d'années !

Leur reste-t-il un peu de la magie cosmique qui vibrait entre eux à l'époque ?

Comme Martine doit être heureuse d'avoir vécu une grossesse aussi intense !



Une lecture planante, envoûtante par sa plume magique.

Un livre qu'on ouvre pour le simple plaisir des mots à toute heure du jour ou de la nuit...comme tous ceux d'Alain Cadéo.
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Mayacumbra

Théo s'est bâti une guérite sur la pente d'un volcan et un jardin sous les étoiles.

L'"étranglé souriant", lassé de jouer les bien braves, a tout quitté un matin pour s'en aller droit devant lui, et le vent l'a mené jusqu'à La Corne de Dieu dont il est devenu la sentinelle.

Il s'est acharné sur un coin de terre dérisoire pour en faire son univers, pour y créer une complicité avec ce chaudron de lave froide.

Une complicité qu'il grâve sur la pierre, sur les murs, sur le papier pour abolir le temps.

Pour ne pas perdre complètement pied aussi, car il s'est maintes fois posé la question de savoir ce qu'il foutait là, pourquoi cet entêtement absurde.

La réponse, sa seule justification, se trouve plus bas, sous les nuages, dans le bled perdu au pied du volcan.



Mayacumbra est un ramassis de bicoques où vivotent des personnages hétéroclytes, paumés et un tant soit peu magouilleurs.

Les hommes de Mayacumbra ont pourtant leur porte-bonheur, leur talisman.

La jeune Lita est le joyau, l'équilibre de cette misérable petite société mais elle est aussi le grand amour de Théo, celle qui lui donne la joie du ventre même si elle appartient à un autre.

Parmi toutes ces âmes perdues, Solstice, le vieux garagiste, veille sur celui qu'il appelle le "petit clown", ce gamin qui fonce tête baissée dans ses lubies, cet écorché vif qui partage sa vie avec un âne.



Vivre sur les pentes d'un volcan, c'est aussi en sentir gronder, gargouiller, chuinter les entrailles, en accepter la domination et, pour Théo, sa protection.



La très belle plume d'Alain Cadéo, poète et amoureux des mots, a su m'enchanter, me faire voyager au-delà des nuages, dans un univers sans cesse en mouvement dont le coeur gronde et crache sa puissance.

415 pages de lecture intense, vibrante dont pas une ne lasse !

Un grand coup de ❤

Merci à David pour ce très beau cadeau qu'il a eu de surcroît, la gentillesse de faire dédicacer à mon intention !



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Les anges disparaissent



« Nul ne sait à quel point chaque vie est riche. Nul n’imagine à quel point les croisements de destinée démultiplient cette richesse à l’infini ».





Venise est une « buveuse de lumière ». Son Grand Canal en est l’ossature aqueuse, fluide intemporel où s’écoulent et se concentrent les essences rares de toutes les vies…



Venise, c’est aussi le port d’attache de Samuel. Son Grand Canal, sa colonne vertébrale, sa stabilité rassurante, à la fois ouverture vers l’inconnu de l’océan et port d’attache de tous les bateaux du Monde.



Samuel est un aventurier, un bourlingueur de la vie, toujours « en quête de l’archange sur les chemins de la lumière ». Venise est la source de toutes ses mémoires, ses « calle » sont autant de ramifications en clair-obscur où se croisent, s’entremêlent et s’endorment ses rencontres… Un mini monde en soi, où il aura grandi, dans l’innocence de l’enfance, auprès de son frère Lorenzo et de Mariam, la douce confidente de ses matins et le secret de ses nuits…



Samuel est loup et renard, il nage avec le dauphin au fond de l’océan à la recherche de sources d’amour et côtoie l’air pur de l’aigle dans un vol majestueux vers la liberté…



C’est dans la mémoire des pierres et dans la fraîcheur du puits d’une vieille bâtisse ardéchoise qu’il trouvera le temps de la réflexion… Relier toutes ses îles pour en écrire les chroniques… Toutes ces vies fusionnées dans l’encre noire de ses carnets puis disparaître dans le vent…



Deux années plus tard, à l’intérieur des murs épais de cette bergerie, Mariam exhumera les pensées manuscrites de Samuel, cherchera à en percer la carapace en pleine lumière pour comprendre, à travers ses mots, pourquoi les anges disparaissent…



- - -



Ecrit en 1998, Alain Cadéo signe là un roman initiatique qui préfigure déjà les thèmes qui lui sont chers dans ses romans d’aujourd’hui (Comme un enfant qui joue tout seul, Chaque seconde est un murmure, Mayacumbra) : la réflexion, la quête de soi, la fuite, la femme…



Publié aux Editions Autres Temps et illustré en première de couverture par Icare aux vents d’Est (de Charles-Louis La Salle), ce roman illustre bien le désir d’exploration et de recherche de la connaissance de Samuel, son personnage principal. Un roman que j’ai toutefois trouvé plus difficile d’accès, plus imagé et issu d’une plume moins poétique que ses romans contemporains. Alain Cadéo est finalement comme le bon vin, il a pris le temps de la maturation pour nous offrir au fil du temps des perles à la saveur grandissante…
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Confessions

Ce que j'aime particulièrement dans l'oeuvre d'Alain Cadéo, c'est sa capacité à habiller le néant de ses mots de lumière et à nous y faire voyager en apesanteur, délestés de ce qui nous alourdit, nous bloque.

Confessions est un voyage au coeur des sens, de la mémoire de l'âme, à la recherche de ce détail perdu et oublié qui surgira à notre dernier souffle lorsque " l'alvéole sublime " de notre cerveau, imbibée de chacune de nos émotions, décollera avec son butin pour le porter de l'autre côté.

On envierait presque Gaspard Staccato d'être âme vagabonde, même s'il qualifie d'horrible l'univers dans lequel il évolue, sans horizons et sans limites.

Pauvre fantôme en sursis auquel la grâce fut donnée de reprendre temporairement contact avec l'humanité dans ce qu'elle a pourtant de moins humain, la technologie des mails..

Dans un "langage actif, vivant, vif comme l'étincelle, rafraîchissant comme les sources, dense comme l'obsidienne, exact comme le teintement d'une cloche d'airain", il tend vers l'oubli de soi pour mieux mourir.

Être encore un temps objet de sarcasmes, de haine, mais aussi de compassion, lui permet de lâcher enfin le fil du cerf-volant qu'est son âme errante.



Je regarde la note vertigineuse attribuée à Confessions sur Babelio et je me demande pourquoi il n'y a pas de sixième étoile décernable uniquement aux perles rares...

La littérature d'Alain Cadéo est vraiment à part, une oeuvre qui ne se lit comme aucune autre et dans laquelle on entre presque comme en religion.

Des mots magiques qui ne sont pas que beaux mais qui sont aussi porteurs d'espoir, de lumière, d'émotions.

Des mots qui obligent à l'introspection, à la transcendance.

Une lecture dont on sort éblouis, chavirés de reconnaissance pour le don de soi dont fait preuve l'auteur.



Merci à Alain Cadéo pour ce merveilleux moment de lecture hors du temps et de l'espace et un clin d'oeil à David, comme chaque fois qu'il's'agit d'une pépite littéraire...
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Mayacumbra

Un auteur est une antenne, nous dit Alain Cadéo, il capte des ondes destinées à lui seul. Sa force est de savoir les décoder et les rendre accessibles à ceux qui deviendront ses lecteurs.



Mayacumbra est une belle preuve de cette force chez Alain Cadéo. Si comme nous le disait Jean d'Ormesson, c'est le style qui fera vivre une œuvre, on peut augurer longue vie à celles de cet auteur que je découvre avec Mayacumbra. Il fait à mes yeux partie de ceux qui ont le génie de dire la vie.



Théo, le héros de Mayacumbra, est comme son géniteur, c'est un solitaire qui aime l'humain. Dans ce que cette notion comporte de capacité à aimer. Quand il comprend que la réalisation de l'humain est faite de cupidité, de convoitise, comme c'est trop souvent le cas, alors Théo s'affranchit de cette réussite-là. Il s'éloigne du magma putride de cette société qui l'a vu naître pour aller chercher la vérité ailleurs. Loin, très loin, là où le futile devient essentiel. Il vient blottir son humilité contre le magma tellurique, sur les pentes du volcan Mayacumbra.

L'homme est un archange déchu nous dit encore Alain Cadéo. Théo n'est "pas là pour élaborer un quelconque système philosophique". Il vient puiser sa vérité dans sa confrontation avec la puissance souveraine qui enseigne la vanité des choses. En quête d'innocence originelle, animale. Il n'est de noble en l'homme que sa capacité à aimer. Tout le reste sera fondu dans le creuset du néant.



"Il n'y a que les choses en lesquelles on croit qui existent, tant pis pour ceux qui doutent".



A Mayacumbra, dans le village au pied du Volcan, il y a Lita. Une fleur qui pousse sur le rebus glauque des vices de l'humanité. Théo aime Lita. Mais si elle le gratifie de réciprocité, elle lui fait aussi comprendre qu'amour n'est pas possession. Leur amour sera consommé à dose homéopathique. La seule façon de le faire durer, de le préserver de l'érosion, la seule façon de le magnifier. Lita Justifie tout aux yeux de Théo. Lui passe pour un illuminé aux yeux des autres, surtout quand ils le savent en conversation avec son âne, Ferdinand. Il n'est que son ami Solstice pour le tenir en considération.



À Mayacumbra les légendes ont la vie dure. Vivre sur les pentes du volcan, au-delà de la source, c'est braver le monstre, séjourner dans l'antichambre de l'au-delà. C'est un délire. "Il est fondu ce gosse" en disent ceux du village. Mais Théo n'en a cure. Il sait que sa vérité est là. Il sait que Lita est là, au pied du volcan et que de temps à autres elle vient joindre la chaleur de son corps à celle des entrailles de la terre pour souffler sur les braises du désir.



Mayacumbra fait partie de ces ouvrages qui vous absorbent dès les premières phrases. Un auteur nous dit son amour des mots. Il sait dompter leur sauvagerie, les faire évoluer comme dans une chorégraphie, et nous faire comprendre que ce n'est pas leur sens qui compte, mais le ressenti qu'ils véhiculent. Avec Alain Cadéo, les mots peuvent aussi éclairer le paysage d'une drôlerie surprenante. Ils peuvent eux aussi avoir leur coup de folie dans la bouche de l'un ou de l'autre. "Faut jamais faire dans la caisse à chats de la mère Talloche" (page 56).



L'écrivain est un alchimiste qui de la pondération des mots sait faire jaillir l'or de l'imaginaire. "Rien n'est plus fort que d'éprouver dans toutes les nuances ce que l'autre ressent. Quel que soit l'autre, il possède un secret qui est aussi le nôtre."
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L'homme qui veille dans la pierre



« De moi, mort enfin, on ne trouvera peut-être que cela : une suite de pages craquantes, jaunies comme autant de mues, de chrysalides… Et puis rien, que le vent, qui portera très loin, plus haut encore, l’aile de mon sourire… Mon sourire, pour toi Lita, mon émeraude, mon secret de bout du monde… »



Ce bout du monde, c’est le puits des oubliés, le purgatoire des âmes errantes… C’est une mise à nu, un creuset où se fondent les amitiés et où bouillonnent les amours, brutes, sincères, lavées de toutes leurs impuretés... C’est un chaud et froid de solitude et d’abondance entremêlées, le désert décharné où le bédouin prie la source quand le soleil déchire le ciel et à la fois une grouillante et généreuse brassée d’humanité, chaude et féconde…



Au bout du bout de ce monde se dresse Mayacumbra, ce lieu imaginaire qui n’existe sur aucune carte que celle de votre paix intérieure, comme accroché au pied de la Corne de Dieu, terminus des égarés de la vie, des faiseurs de pluie, des vieux loups, des saltimbanques et des bonimenteurs.



C’est là que vécut Théo, une joue posée sur le flanc du géant de pierre au corps endormi, les yeux dans les étoiles et le cœur offert aux douces mains de Lita, sa pierre de Lune.



Mayacumbra était son histoire, sa vie… Et lorsque, en représailles contre la folie des hommes, jaillirent des entrailles de granit les dernières larmes de lave et que le cœur battant du volcan se tut, Théo devint pour l’éternité l’âme de Mayacumbra, l’Homme qui veille à jamais dans la pierre.



Bien des années plus tard, Augustin, son frère, dépose une promesse maternelle sur les pages craquantes et jaunies du journal de Théo… Quitter la grisaille d’un monde moderne où se bousculent nos vies de galériens, s’alléger des chaines, oser frôler à nouveau du regard l’horizon et retrouver ce lieu où vécut son frère Théo, brillant comme Arlequin là où Augustin n’était que l’ombre de Pantalone, aussi joyeux et communicatif qu’Auguste là où lui n’endossait que le costume du clown blanc. Marcher enfin dans les pas de ce comédien de frère, lui, Augustin, Pierrot de la Lune, qui n’en était que le spectateur…



Mayacumbra, Acte II.



Ainsi débute ce second pèlerinage vers ce village oublié des hommes, où s’arrêtent la route et le temps. Là où subsistent pourtant encore une poignée de charitables et de dévoyés, où les passés se noient dans l’oubli et les chagrins dans la gnôle du Kokinos.



Bon Dieu, que ça sent bon l’Humain quand s’élèvent les joies de découvrir ce petit frère et de se rappeler au bon souvenir de celui qui veille à jamais dans la pierre ! C’est que, les soirs de pleine lune, lorsque souffle le Capitan sur le flanc du volcan, on peut encore entrevoir l’âme de Théo se glisser sur Mayacumbra et ses anciens compagnons de fortune.



Il y a bien sûr Solstice, qui n’a pas son pareil pour bricoler les vieilles carcasses de voiture ; Cyrus, le tôlier du Kokinos, troquet et poumon de Mayacumbra, où coulent les confidences et amitiés dans les effluves enivrantes d’un mauvais rhum ; la mère Talloche, toujours derrière Cyrus à surveiller la recette du jour sous le regard amusé de Raoul, le croco qui veille sur l’auberge ; Baltazar le Crapahutier, qui mettra la main, un jour prochain c’est certain, sur la plus belle des pierres précieuses…



Il y a également Maria, fruit des amours de Théo et Lita, nièce d’Augustin, à la discrète silhouette, dont la présence dans ce monde si masculin a le don d’embraser pourtant à elle seule le ciel de Mayacumbra les soirs de pluie.



Et puis, enfin, il y a la petite Lina, dont Théo était l’aïeul.



Au travers du regard de cette petite-fille posé sur lui, aux confins du Monde, Augustin se découvrira enfin une raison d’être. Lina, ce petit bout de Théo, a l’innocence de l’oisillon et un brasero de vie au fond des yeux et dans sa caverne de vieil ours solitaire au sortir de son hibernation, Augustin deviendra « Grand-père » à ses côtés. C’est bientôt Miró, Chagall, Baudelaire et Verlaine qui s’inviteront sur les parois de cette caverne où, main dans la main, passé et futur ne feront plus qu’instant présent.







***



Si Mayacumbra était un doux parfum aux notes boisées, L’Homme qui veille dans la pierre en serait le sillon enivrant qui subsiste encore longtemps après son passage, aux fragrances qui rappellent le cyprès, le vétiver et la mousse des arbres après la pluie…



Toute cette chaudrée d’humanité, ça réchauffe la bedaine, ça pénètre les naseaux comme une délicate bouffée de thym et d’origan, ça abreuve le corps d’un délicat distillat d’amour pur.



Ces réflexions partagées et cet amour d’un clown blanc, devenu Auguste, pour sa descendance, ça sent bon Mayacumbra, ça sent bon Zoé, ça sent bon Le Ciel au Ventre, ça sent bon tous ces autres romans d’Alain Cadéo où la pensée humaine et l’état poétique sont tant présents. Et c’est à chaque éclosion un nouveau voyage vers le bonheur… Lisez Alain Cadéo…
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L'homme qui plantait des arbres
Mon bel oranger

10 questions
198 lecteurs ont répondu
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