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EAN : 9791097515157
192 pages
Editions la Trace (15/03/2019)
4.52/5   26 notes
Résumé :
Il faut peut-être des millénaires de gestation
pour fabriquer une Rencontre...
Un sacré coup de pouce du destin pour la favoriser...
Un seul instant pour s’en saisir...
Une seule seconde pour passer simplement à côté. Raphaël, Elena... ou le destin croisé de deux âmes errantes. Il y a ainsi, toujours, si vous cherchez,
aussi minime, aussi lointaine soit-elle,
une histoire en commun entre deux êtres
qui finissent... >Voir plus
Que lire après Comme un enfant qui joue tout seulVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Alain Cadéo est un homme de mots, un homme d'émotions, un homme de coeur...

Avec Comme un enfant qui joue tout seul, il nous emmène vers les premiers pas de l'enfance, vers la source de tout bonheur, vers les particules élémentaires qui nous composent...

Il nous rappelle que la vie est faite de souvenirs et d'êtres de passage qu'il nous faut chérir, que nos racines sont là, quelque part enfouies en nous et qu'elles nous permettent de ne pas perdre le Nord quand les vents froids et violents se mettent à souffler sur l'océan de nos vies.

Il est le timonier de nos sentiments, nous rappelle que nous avons tous en nous le pouvoir de suivre le cap de nos propres vies et de le maintenir même en pleine bourrasque, qu'au fond de nous sommeille la boussole de nos lendemains, que nous pouvons tous trouver notre aimant, cet être de lumière qui nous magnétisera...

« Comment peux-tu, toi l'Océan, ivre de songes noirs, garder dans la mémoire des grands fonds, l'image blonde d'une femme ?
Et ton irrésistible masse avance et bat sa coulpe aux équinoxes de printemps pour célébrer tes noces avec l'humanité.
Tu attends, inlassablement, son corps nu, si fin, si important. Tu es une énorme bête, incomprise et tourmentée qui guette la caresse d'un cristal... ».

« L'air, les courants et les vents emportent tout le dernier mauvais de sa mémoire. Ne demeure que le bonheur d'un Robinson revisitant l'Île de son enfance. »

Merci Monsieur Cadéo, pour ces beaux mots aux effluves marines si poétiques, qui nous emportent au coeur du tourbillon de nos enfances.

De vent et d'océan, votre prose se nourrit et nous ramène à l'essentiel.
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Je remercie Alain et Martine Cadéo pour l'envoi de ce nouveau roman.
C'est un roman qui se rapproche du conte philosophique ; le destin croisé de deux belles âmes. Dans » Comme un enfant qui joue tout seul « Alain Cadéo nous conte la nouvelle naissance de son personnage Barnabé Raphaël. Paru aux éditions La Trace en ce printemps 2019, je suis tombée sous le charme de cette écriture poétique, qui fait raisonner les mots au plus profond de soi.
À trente-sept ans, Barnabé Raphaël est fonctionnaire de l'Etat, pour la plus grande fierté de sa famille. Ambitieux depuis son plus jeune âge, il a travaillé d'arrache pied pour en arriver là. Mais un matin, un SDF l'interpelle.
p. 13 : » Et la voix d'un clochard un jour m'a remis à ma place : » Pourquoi es-tu si dur ? » Je me souviens toujours de cette voix. Elle fut le déclencheur de ma dégringolade ou de mon ascension. C'est selon. «
C'est un électrochoc pour ce célibataire, sans attache. Comme si cette interrogation avait l'effet d'une révélation. Tout cette vie faste, lui apparaît soudain superflue.
p. 12 : » Décidément, la vie est un luxe que nous bradons trop souvent comme de sales ados capricieux. «
Alors, Barnabé Raphaël plaque tout, du jour au lendemain. Il quitte son travail, vend son appartement parisien, et prend la route, délesté de tout. Son but : remonter le temps de sa jeunesse, jusqu'à l'Océan.
p. 16 : » Tout est à vivre. Encore. Je suis heureux. J'ai piétiné le temps. J'ai piétiné ma carapace de rhino dur et responsable et je m'en vais, à poil, nouveau-né trentenaire, dans cette gourmandise qu'est la vie. Libre. Tendre. Et j'en frissonne de fragilité. «
C'est un chemin fait de rencontres qui va pousser cet homme à retrouver avec bonheur et précision toutes les petites histoires de sa vie.
p. 23 : » Chaque vit est une légende, un grand récit allégorique truffé de secrets, de rencontres, de mystères, de signes, de mythes, de symboles, qu'on réduit, qu'on étrangle jusqu'à en faire trop souvent un mauvais scénario suant de platitudes. «
Il va notamment rencontrer une amie de sa grand-mère : Mathilde Barigot. À ses côtés, Raphaël reprend vie.
p. 30 : » C'est une vieille dame de quatre-vingt-dix ans qui m'aide à raviver les couleurs du monde. Elle décape sans le savoir, brosse, lustre, taille et remet à nu mon âme de gosse. «
Tel un fil conducteur, Mathilde lui rappelle que la meilleure amie de sa grand-mère était Lucie. Un personnage haut en couleurs !
Dans une alternance de chapitres, le lecteur suit simultanément le périple de Raphaël et l'histoire d'Éléna, petite-fille de Lucie.
p. 56 : » Ce qu'Éléna aime plus que tout dans l'évocation de sa grand-mère Lucie, c'est la capacité de cette femme à refuser des limites. Elle fait partie à ses yeux des rares êtres qui, ayant saboté la norme, nous aident par leur exemple à nous libérer de nos propres craintes. Eux seuls nous permettent d'entrevoir ce qu'il y a de meilleur en ce monde : la liberté plein ciel, aller toute joie dehors au bout de nos possibles. «
Le lien qui unissait leurs aïeules va conduire ces deux êtres à se rencontrer, au bord de cet Océan.
p. 152 : » Bien sûr que l'océan se souvient. Il est la plus grosse mémoire liquide de la Terre. «
J'ai eu la chance de lire ce roman au bord de cet Océan. La puissance de ses vagues face à la poésie des mots. La force et la sensibilité, mêlés dans une lecture qui se doit d'être lente. Chaque phrase raisonne en nous, nous interrogeant bien sûr sur notre propre route, nos propres choix. Aurions-nous, nous aussi, ce courage de tout plaquer pour suivre ce chemin, cette destinée ? Utopiste, certes, mais n'est-il pas de plus beau parcours que celui qui nous fait prendre des risques ?
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Roman initiatique proche de la fable ou du conte philosophique, Comme un enfant qui joue tout seul, véritable hymne du poète Alain Cadéo à «cette gourmandise qu'est la vie», à cette vie calme, "simple et tranquille" si bien chantée par Verlaine (1), est l'histoire d'une nouvelle naissance : celle d'un orphelin trentenaire solitaire, dernier survivant d'une lignée qui, ruminant la phrase d'un mystérieux clochard sorti de nulle part et perdant ses certitudes, quitte tout un jour d'avril. «Avril, début du monde».
1)Le ciel est, par dessus le toit..., Sagesse III,VI
« Barnabé Raphaël Lazare ! Résurrection ! »
Abandonnant «la panoplie du parfait arriviste», brisant sa belle carrière et vendant son studio parisien pour retrouver l'Océan de son enfance et remonter le temps, Raphaël ôte ainsi la «carapace de rhino dur» qui enfermait son vieux "moi" poussiéreux pour redevenir un vagabond.
Aidé par Mathilde, vieille amie de sa grand-mère maternelle et ultime témoin de sa famille, il s'élance «sur les traces de son passé», mettant ses pas «dans ceux de tous les siens» en se sentant désormais «terriblement accompagné», et réapprenant à parler aux choses avec la joie et la candeur de l'enfant ou du poète.
Cheminant sur une route étrangement «jalonnée de signes» aiguillonnant son destin, et leurs routes semblant converger, il rencontrera alors au terme du voyage celle qui peut-être aimantait la sienne.
Le coeur et la conscience
« Pourquoi es-tu si dur ? »
Cette phrase revenant comme un mantra s'avère le déclic du parcours révélateur de ce héros - malicieusement atteint d'une tachycardie native - qui, acceptant sa «sublime fragilité» retrouvera son humanité. Il troquera ainsi son intelligence arrogante prisonnière «des logiques de fonctionnement» pour le coeur, pour ce monde des émotions et des sentiments, mais aussi pour la conscience, la lucidité, les deux n'étant pas antinomiques :
«Le coeur, c'est le courage, la foi et la passion. Et la lucidité ! C'est pas incompatible. Passion et lucidité.»
Alain Cadéo, se montrant friand d'onomastique, a donné comme premier prénom à son héros s'émancipant d'un monde qui ne lui convient pas celui de Barnabé, nous renvoyant ainsi aux multiples avatars du Bartleby de Melville (2), ce prince du doute et du refus noyé dans le monde de la finance, et annonçant, prophétisant par ailleurs un Raphaël guéri de son cynisme (3).
Son héros à l'affût du moindre signe, la conscience en éveil, redécouvre ainsi la jouissance de l'instant contenant toute la beauté du monde, et la profondeur du ressenti. Un héros captant «intensément chaque seconde» dont le rapport au temps et la vision du monde semblent désormais sous l'empire du "kairos" (4).
Et on ne s'étonnera guère que ce soit Mathilde Barigot qui aide Raphaël à s'extraire du «marécage» de son enfance perdue et à «raviver les couleurs du monde», à faire éclore une vie nouvelle du «compost» de la mémoire. Ni que cette rencontre finale avec Elena, femme lumineuse (5) mais non évidente, sorte de diamant brut, soit en quelque sorte parrainée - ou plutôt "marrainée" ! - par Marguerite et Lucie, les deux grands-mères «totémiques» de nos héros.
2) du Barnabooth de Valéry Larbaud au Bartlebooth de Pérec, et au professeur Bartleboom d'Alessandro Baricco cherchant où la mer se termine dans Oceano mare ou même à Baldabiu, le tisseur d'histoires menant la danse dans Seta
3) Etymologiquement Barnabé signifie "fils de la prophétie", et Raphaël ("Dieu guérit") est l'archange de la guérison
4) Un concept faisant référence au dieu grec Kairos représenté par un jeune homme qui ne porte qu'une touffe de cheveux sur la tête. Quand il passe à notre proximité, il y a trois possibilités : on ne le voit pas, on le voit mais ne fait rien, on tend la main au moment où il passe et "saisit l'occasion aux cheveux", saisissant ainsi l'opportunité.
5) Elena possédant un prénom de lumière si l'on se réfère à son étymologie (de "hélèné", sorte de flambeau rituel), tout comme Marguerite ("perle", "pureté") et Lucie ("lumière")
Le roman des vies minuscules
«Qui, après nous, racontera ce qui était la chair de nos vies ?»
«Les humbles seuls, sont le sel de la terre» et chaque vie, même la plus modeste, est digne d'être raconté, «chaque vie est légende, un grand récit allégorique truffé de secrets de rencontres, de mystère »...
Comme l'avait fait avant lui Pierre Michon dans ses Vies minuscules, Alain Cadéo s'attache à raconter ces histoires, à mettre des mots sur la richesse de ces «sensations inexprimables» qui les ont constituées, les servant par la fiction sans laquelle il ne resterait plus trace des petites-gens et de "leurs éclatants désirs au sein du réel terne", de ces milles romans que l'avenir a défait.
Son héros narrateur non seulement «retrouve avec bonheur et précisions toutes les petites histoires de [sa] vie» mais il découvre «l'immensité de l'imaginaire», ravivant ces histoires de famille somnolentes qui refont surface. Et ce roman qui s'attache à saisir ce qui rend uniques toutes ces vies croisées, rendant à chacun «la poignée de perles qui lui appartient», ressuscite aussi un «collier de morts», comme le faisait la mère de Raphaël en feuilletant avec lui l'album photo familial. Des histoires qui se transmettent oralement mais aussi par écrit - et en dernier recours par la fiction capable de raconter ce qui était la chair de ces vies.
L'appel de l'Océan
Le héros entreprend un «retour aux sources dans le giron salé de l'Océan», dans son ventre «immensément maternel». Un retour «à l'embouchure de ses rêves d'enfant» et «au commencement de toutes choses», vers une sorte d'éternité. Vers «cette grande présence qui bouge, cet autre coeur insondable qui bat depuis toujours».
Et tout ce livre retentit de l'appel de cet Océan majuscule qui «est la plus grande mémoire liquide de la terre». Car «dans chacune de ses gouttes, il y a l'humanité et toutes les espèces vivantes, et tous les cadavres noyés». Un Océan qui «brasse ses mystères» et «éparpille sans fin ses coquillages», dont «les chants sous-marins psalmodient, murmurent, hurlent peut-être les grands secrets de l'univers».
La déferlante de la langue
Tout en jouant «la partition du quotidien», l'écriture d'Alain Cadéo nous fait respirer le vent du large en épousant le rythme et la voix multiple de cet Océan, s'apaisant et s'emballant dans un ressac de silence, d'élan et de reprises, l'auteur ne se privant pas de «rabâcher» ni de «baragouiner» et faisant «tinter l'instant» ou «sonner le vide».
C'est une écriture à la riche texture sonore et tout en réverbérations, qui renvoie en écho et recycle les débris de multiples citations littéraires - et notamment poétiques. Une écriture polyphonique qui alterne dans sa coulée l'intimité du "je" de Raphaël et le recul d'un narrateur extérieur interpellant parfois le héros. Mais aussi les voix d'autres personnages au travers de leurs monologues et dialogues ou de leurs écrits.
Et l'auteur, qui affectionne les listes et les énumérations, les inventaires de mots et de choses, part du mot avec une sensuelle jouissance, s'abandonnant à sa puissance fertilisante et envoûtante, à son pouvoir évocateur et même convocateur d'images :
«Voilà que je fais des phrases. Autour de chaque mot c'est une floraison d'adjectifs, chaque mot est un petit soleil qui envoie au cerveau sa foule de rayons.»
Alain Cadéo est ainsi un poète saltimbanque, un «jongleur de syllabes» et un «dresseur de phrases» dont la langue gouailleuse aux «syllabes pétantes» claque et déverse sur nous des torrents d'images. Et c'est bien dans cette langue singulière et magnifique que réside l'intérêt majeur de ce énième conte initiatique, Comme un enfant qui joue tout seul nous emportant avec puissance dans sa vague déferlante et nous lavant de son écume.

Emmanuelle Caminade

Lien : http://l-or-des-livres-blog-..
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Si le passé cesse trop vite de nous appartenir, l'avenir happera tout aussi goulûment celui qui se livrera à la quête effrénée de lendemains meilleurs. Folle et mortelle fuite en avant. C'est à n'en pas douter le raisonnement que s'est tenu Barnabé Raphaël dans sa vie bien établie pour tout plaquer, et retourner au pays qui l'a vu naître. Sans autre projet que celui de vivre chaque instant. Souveraine et absolue procrastination qui consiste à repousser les lendemains eux-mêmes vers un futur toujours plus lointain. Remâcher le présent pour ne le déglutir avant d'en avoir apprécié toutes les saveurs. Philosophie de vie qui ne saurait déplaire à un certain Épicure.

Barnabé Raphaël a décidé de bannir tout ce que la vie moderne peut comporter de promesse de vie meilleure pour laisser ses poumons s'emplir de l'air du temps, son coeur de la vie des autres, son être de la force de la Nature. Rejoindre l'océan et l'entendre lui confier le secret du Monde. Insouciant du tumulte des pauvres inconscients qui lui tournent le dos. Comme un enfant qui joue tout seul.

Alain Cadéo est doué d'une grande acuité dans l'observation de l'âme humaine. Mais ce ne serait qu'égoïste satisfaction si cette qualité ne se doublait de l'aptitude à la rendre intelligible à autrui. Généreux partage qui confère sa noblesse à l'art d'écrire.

Il y a dans son écriture la solitude de l'homme rentré en lui-même pour y fouiller les tréfonds de son être comme Zorba le grec les entrailles de la terre : "Putain de montagne, j'aurai ta peau". Et ce cri de victoire de la pépite ramenée à la contemplation des incrédules. Cette prose poétique dispensée aux coeurs à la dérive en cicatrisation de leurs désillusions d'une vie abandonnée au démon du confort matériel.

On est souvent seul dans la multitude, on n'est jamais seul dans le désert. Il y a toujours un être improbable qui surgit d'un épineux ou d'un rocher. Et pourquoi pas l'amour quand le coeur s'est libéré des contingences qui brident sa spontanéité. Lire Alain Cadéo pour ne pas dire j'ai oublié de vivre.
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N'avez-vous jamais rêvé de quitter vos oripeaux de gens bien élevés et intégrés dans cette société qui pourtant ne vous enchante plus depuis longtemps ? Si vous ne l'avez pas fait, Barnabé, 37 ans, lui a franchi le pas. Délesté d'un poids qu'il ne pouvait plus porter, il taille la route vers le pays de son enfance.
Hasard ? Sûrement pas. Comme nous tous il a la mémoire, cette fonction qui permet de conserver ou de faire rejaillir à l'esprit une trace d'un savoir ou d'une expérience acquise anciennement.
Pour cela il a besoin de l'aide de Mathilde, 90 ans, témoin de l'amitié qui liait la mère de Barnabé Raphaël à Lucie sa soeur.
« Décidemment, la vie est un luxe que nous bradons trop souvent comme de sales ados capricieux. »
A force de courir pour gagner sa vie, on oublie de vivre et on s'éloigne inexorablement de ce que l'on est. Ce n'est pas notre monde actuel qui va inverser la tendance.
L'écriture est nerveuse presque fiévreuse lorsqu'il s'agit de se délester de cette vie qui ne correspond à rien mais vous colle aux basques comme de la terre lourde et grasse. Puis vient le temps où Barnabé Raphaël trace la route, où son regard se dessille, où ses sens reprennent le pouvoir. Il est en éveil et pour savoir qui il est, il doit savoir d'où il vient.
Là, l'écriture s'habille de langueur en alternance avec des périodes d'ardeur, il ne sait pas ce qu'il cherche précisément il sait juste que c'est devenu primordial.
Quoi de mieux qu'un périple sur les lieux de son enfance ?
« Elle est belle ton histoire, petit… Mais, peut-être tu ne sais pas encore assez qu'elle est belle. Il te faut aller un peu plus loin pour trouver la raison qui aimante tout ça. C'est bien ça le plus difficile, trouver l'aimant. »
Aller à la rencontre de l'océan, son infini, son chant, ses ailleurs.
Mais de l'autre côté, près de l'océan, vivent un groupe de femmes qui de mère en fille, ont forgé leur propre vie, loin des conventions à l'aune de leurs valeurs.
Elles font preuve d'une liberté dont elle paye le prix sans rechigner.
Très intéressante cette analyse parallèle entre l'attitude de Raphaël et celle de ces femmes, pleine de finesse.
Son périple amène Raphaël a écouté ses silences et les accepter, ne pas en avoir peur et savoir qu'ils sont importants.
Retrouver ses sensations, olfactives mais pas seulement.
Alain Cadéo à la grâce de créer des histoires singulières qui viennent se graver sur la pellicule de notre mémoire personnelle pour nous faire revisiter notre histoire. Ici pas de personnage secondaire, chacun à sa place, son poids, son ancrage et surtout son humanité.
Une belle façon de montrer ce que la littérature peut avoir d'universelle et de singulier quand chaque mot vibre de vérité.
En lisant ce livre vous prenez des risques : devenir addict à l'écriture de l'auteur et vouloir envoyer promener votre vie actuelle pour aller voir de l'autre côté de l'océan si…
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 18 mars 2019
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Que je suis bien chez elle ! Tout y est un peu sale, les napperons jaunis, les ampoules poussiéreuses, les abat-jour à pompons défraîchis, les rideaux lourds de velours passé et cramoisi, les photos dans des cadres de bronze terni, le tout bercé par le long balancier d’une horloge à poids au cadran blanc.

Je ne sais pas pourquoi je suis tellement à l’aise dans ce doux parfum de choses fanées à la poudre de riz, à la cire d’abeille avec un fond de beurre cuit, cette presque indiscernable odeur d’eau de toilette à la violette, de savon noir et un soupçon d’urine volatil.

Moi qui vient des fauteuils cuirs, des grands bureaux de designers, marbres lustrés, vitres fumées et qui ai toujours vécu dans des décors « branchés » où, du trente au soixante, on renifle à plein nez l’homme moderne, propre comme un sou neuf, tendance zen, sobriété friquée, pureté des lignes, la bourgeoisie domestiquée, le bon goût du sans âme, j’aime par-dessus tout le bric-à-brac vieillot, la mièvrerie et l’inutile.

Fadeur d’une autre petite bourgeoisie, mais qui celle-là ne prétend pas ni à l’art ni à la culture, ni à la philosophie ni aux affaires. Non, là, on entasse les souvenirs, on aime le « joli », le mignon, le cucul la praline, ce que notre génération nomme le « kitch » avec le sourire méprisant des civilisateurs, ces carnassiers du goût.
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Ce ne sont ni les vociférations, ni les gueulements, ni les phrases bien articulées qu’il faut savoir entendre, c’est le bruit du ruisseau des enfants qui babillent, qui jouent seuls, ou les chuchotements des vieux lorsqu’ils parlent aux anges et à leurs disparus.

Ce sont des voix à peine audibles, tous les susurrements de ceux qui passent de l’autre côté, le petit souffle de rêve que les trop bien vivants ne comprennent jamais.

C’est le chuintement des arbres et des fougères, le drôle de cri des geckos, celui des buses ou des aigles de mer.

C’est le craquement des écorces et des pignes, le feulement des cingles et des couleuvres et la flûte veloutée des crapauds.

Ce sont aussi les drôles de mots qui sortent de la bouche des dormeurs.

La vérité elle est là, au seuil des songes, au fin fond de nos nuits, comme une pensée minérale, dans nos cavernes d’eau douce, bien loin des codes et de la grammaire, bien au-delà de ce qui se dit ou ne se dit pas.
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Tout au fond du regard des très vieilles personnes, il y a des niches vivantes et vivaces, des sanctuaires pleins de silhouettes colorées et j’entends même claquer les semelles en liège des jeunes filles d’autrefois, leurs fous rires, leurs chagrins, leurs insouciances...
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« La vie est un cadeau mon prince, pour celui qui sait lire les signes. Les signes? Quels signes? Mais c'est partout quand tu sais voir et que ton coeur est libre! Les signes, c'est la capacité à relier des points qui dansent autour de toi. Observe bien le monde, regarde ce qu'il dépose devant toi à tout instant. C'est comme un ballet de lucioles traçant les plus belles esquisses sur une nuit d'été. Homme imbécile qui ne distingue rien! Chaque vie a le pouvoir de s'inventer un destin et tu en fais de la routine. Chaque jour on te livre les clefs pour ouvrir les portes de tes cages, et toi chaque jour tu t'en sers pour les fermer à double tour. Crétin de gosse!… Et l'Océan de son gros rire blanc revient en force vautrer ses babines sur les pieds nus de Raphaël. »
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Chaque vie est une légende, un grand récit allégorique truffé de secrets, de rencontres, de mystères, de signes, de mythes, de symboles, qu’on réduit, qu’on étrangle jusqu’à en faire trop souvent un mauvais scénario suant de platitudes.
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