Ça fait plus de quarante ans qu'en bikini rose vichy Marinette écoute siffler le train.
Et la journée s'écoule en tâches administratives inutiles mais indispensables. Le flic aligne des colonnes de chiffres qui prouveront que les objectifs des contrats locaux de sécurité sont atteints et même dépassés. Grâce à la synergie des services, la mobilisation dynamique des divers partenaires engagés dans les actions de prévention et répression et cela dans le respect des spécificités, on conclura que la délinquance est sous contrôle et que le taux de résolution des affaires augmente. La police urbaine de proximité est donc une réussite et tout est pour le mieux dans la plus belle des républiques.
Père et fille ne trouvent plus le temps de se parler. Parce qu’ils vivent loin l’un de l’autre. Lui sur son bateau, elle dans une famille de remplacement depuis le décès de sa mère. Et pourtant, ils s’aiment, même s’ils ne trouvent plus les mots pour se le dire, même si elle n’a pour lui que reproches à la bouche.
C’est un embouteillage qui changera leur vie, parce que ce jour-là Michel choisit de s’enfoncer dans les rues d’une banlieue qu’il a quittée il y a longtemps. Là-bas, au milieu des herbes hautes, attend une maison abandonnée, mais non pas une maison sans histoire. C’est la maison des voyages. Celle d’Annie dont il a été amoureux adolescent, laquelle lui a donné le goût du large qui ne l’a jamais quitté. Et c’est cette histoire que Michel va raconter à Sonia. C’est cette histoire qui va jeter un pont entre les deux rives parallèles qu’ils étaient devenus.
Avec une infinie tendresse, Pierrette Fleutiaux et Alain Wagneur nous racontent plusieurs histoires d’amour : celle entre deux ados, celle d’un garçon pour l’océan, celle d’un homme pour une femme qui ressemble à son amour de jeunesse, celle d’un père pour sa fille. Des histoires imbriquées l’une dans l’autre à la manière des poupées gigognes et qui ne peuvent exister qu’ainsi et auxquels se greffent d’autres personnages qui, eux aussi, verront le cours de la vie modifié tout autant que celui de Michel.
Un beau roman que La maison des voyages. Sur l’amour entre un père et sa fille. Sur la vie, où tout n’est jamais tout blanc ou tout noir.
Sa mère la consolait en lui rappelant qu'un "garçon manqué est une fille réussie."
[...] parce que la boum c'est ça : une attente excitée et une déception épuisée. C'est ça la boom. C'est toujours fait pour être un peu raté...
- J’ai une envie folle de faire l’amour avec toi…
Elle fait mine de réfléchir.
- Je crois bien que moi aussi, elle a dit après mûre et fausse réflexion. Chez toi ou chez moi ?
- Chez toi…
- C’est bête, je n’ai pas eu le temps de changer les draps depuis le passage de mon dernier mec.
- Ah oui ? Et elle remonte à quand sa dernière visite ?
- Hum ! Je crois bien que ça fait trois jours.
- Trois jours ? C’était la dernière fois que nous avions passé la nuit ensemble. Un merveilleux souvenir.
- Pas grave. ça ne me dérange pas.
- En face c'est l'Amérique, avait dit Yann.
Farid avait froncé les yeux. Il avait observé un long moment la mer et avait fini par déclarer, inquiet et déçu : " J'vois rien! ..." ce qui avait fait rire tout le monde.
Avec les Français, c’était toujours plus compliqué. Une question de principes : démocratie, droits de l’homme, justice et presse indépendantes, fonctionnaires incorruptibles… Du moins en théorie, parce qu’au-delà d’une certaine somme et concernant certains dossiers, c’est en France comme partout ailleurs.
Les ONG ? Au début, c’était une très belle idée, des gens formidables de dévouement et d’implication sur le terrain et puis elles se sont développées, les ONG. Elles ont eu besoin de plus en plus de moyens, alors elles ont fait appel aux gouvernements, à des multinationales pour avoir des subventions, à tous ceux qui sont en grande partie responsables des situations dont elles combattaient les conséquences, un peu comme si les pompiers demandaient de l’argent aux compagnies pétrolières et aux fabricants d’allumettes, vous voyez.
Les gosses en général ne s’intéressent pas aux paysages, mais leur prof, pas beaucoup plus âgé qu’eux, une petite dizaine d’années tout au plus, les leur décrivait avec des mots nouveaux, savants. C’était plus qu’une plaine qu’ils traversaient, bien autre chose que des champs labourés. C’était un objet de savoir, le résultat de la géologie et de l’histoire, une réalité sociologique et économique subtile.