La cosmologie du futur (petit traité d’écologie sauvage), d’Alessandro Pignocchi, démarre avec un dialogue entre deux mésanges. Elles se mettent à discourir sur la politique française à la veille des élections présidentielles.
À ma sensibilité à l’écologie et le fait qu’il était en concurrence pour le prix régional du livre environnement 2019, ce sont ces premières pages tellement humoristiques qui m’ont vraiment décidé à prendre ce livre à ma médiathèque.
Outre ces mésanges, j’ai découvert dans cet ouvrage des hommes politiques plus animistes que les Indiens d’Amazonie et un anthropologue Jivaro qui va tenter de sauver ce qui reste de la culture occidentale, celle-ci ne subsistant que dans quelques régions françaises.
J’ai apprécié les pages hilarantes où Trump et Macron sont interviewés lors d’une conférence de presse. À une question leur demandant s’ils sont parvenus à trouver un accord, ils vont se mettre à comparer la beauté de plusieurs oiseaux et Trump sera confronté à son ultra sensibilité !
On se retrouve dans un monde inversé où plantes et animaux sont considérés comme des partenaires sociaux ordinaires.
C’est beau. Les planches sont magnifiques, les aquarelles splendides, drôle, très drôle. J’ai surtout apprécié ces fameuses mésanges punks et les hommes politiques qui, pour une fois, au lieu de se pencher sur leur ego, s’intéressent au monde qui les entoure.
En postface, l’auteur nous offre huit pages de texte pour compléter et expliquer les propos de ce roman graphique. Ces explications sont les bienvenues, même si j’ai eu un peu de peine à tout assimiler.
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Bien que j'ai trouvé ce tome un poil moins bon que le premier, c'était un véritable plaisir de retrouver l'humour loufoque - mais non moins politique - d'Alessandro Pignocchi avec sa série "Petit traité d'écologie sauvage".
Dans ce monde, les politicien·ne·s prennent à cœur l'écologie, au point de vivre d'une manière qui nous semblerait "alternative". Ici, le concept de "nature" a disparu.
Au travers de quelques histoires amusantes et surprenantes, l'auteur permet une réflexion vis-à-vis de l'état actuel de notre planète (et de la survie de l'humanité et des autres espèces animales !). Ce que j'aime avec cette série, c'est qu'elle a tendance à mettre en avant l'implication (ou plutôt son manque) des politicien·ne·s par rapport au dérèglement climatique.
Contrairement à de nombreux textes sur le sujet, je n'ai pas l'impression que le but soit de faire culpabiliser les consommateur·rice·s en leur faisant croire qu'iels sont responsables de la situation... même si nous le sommes tous·tes, il ne faut pas croire que le colibri, ça fonctionne. C'est une refonte complète de notre système (capitaliste) qu'il faudrait, selon moi.
C'était un plaisir de lire cette bande dessinée puisque les illustrations sont très chouettes et le propos de fond très pertinent, malgré la légèreté de façade.
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Et si les hommes politiques s'intéressaient à la nature et aux animaux au lieu de à l'argent et au pouvoir ? Si c'est l'homme occidental qui était examiné sous l'oeil d'un anthropologue Jivaro ? J'ai aimé ces petits tableaux mettant en scènes hommes politiques, mères, Indiens. Tableaux : c'est bien cela, les personnages peints, identiques sur plusieurs vignettes, sans réel regard, mais avec un discours bien rodée sur les animaux, les hommes, la communion entre eux.
Petit traité d'écologie sauvage est une bande dessinée, qui dit beaucoup de choses avec très peu de mouvements. Alessandro Pignocchi aborde le thème de l'homme et la nature avec intelligence et humour.
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Avec un humour toujours aussi décalé, Alessandro Pignocchi écrit une véritable tribune politique en évoquant les problèmes de notre société, notamment le dérèglement climatique.
Les oiseaux anarchistes qui veulent détruire l'État m'auront fait beaucoup rire et les politicien·ne·s qui tiennent des discours totalement différents de ceux qu'ils peuvent avoir dans la vraie vie également.
Puisque j'ai lu le second tome il y a peu de temps, je n'ai pas autant de choses à dire sur celui-ci. Toute la série se trouve en effet dans la même veine... et si j'avais moins aimé le deuxième volume, ce troisième m'a satisfaite d'autant plus !
Que ce soit le message politique, l'alerte sur le dérèglement climatique (sans faire culpabiliser les consommateur·rice·s comme si ces personnes étaient les seules responsables de la situation actuelle), l'humour omniprésent ou les illustrations et couleurs superbes, cette saga d'Alessandro Pignocchi me plaît vraiment beaucoup !
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Dans ce second tome de « La cosmologie de futur », sous-titré « Petit traité d'écologie sauvage », nous découvrons un monde où l’effondrement du système à conduit à une reconstruction basée sur l’entraide et sur une cosmologie nouvelle. (Pour ceux d’entre vous qui se poseraient la question, la cosmologie est la science qui étudie la structure, l’origine et l’évolution de l’Univers considéré dans son ensemble.)
Ce deuxième album peut parfaitement être lu indépendamment du premier. Il est en effet constitué de quatre parties distinctes qui se composent comme de petits récits pouvants se lier l’un à l’autre sans être interdépendants pour autant. N’hésitez donc pas à vous lancer dans la lecture de cette bande dessinée sans préambule si cela vous tente.
Cette belle oeuvre de 130 pages a été publiée au début de l’année 2018 et est très fortement encrée dans son époque. Pour ceux qui la découvrirait à posteriori, une recontextualisation (surtout politique) s’imposera. En effet, c’est notre monde actuel qui est déformé pour donner un tableau très différent du présent que nous connaissons. Ce monde nouveau, où le concept de « nature » a disparu, où les plantes et les animaux sont considérés comme des partenaires sociaux ordinaires et où le pouvoir n’exerce plus aucun attrait, n’est pas celui d’un futur plus ou moins proche mais bien celui de notre présent.
Ici, plus qu’un véritable débat écologique, c’est de la nature de l’Homme et de sa façon de vivre et de percevoir le monde qui l’entoure dont Alessandro Pignocchi a voulu nous parler. Il traite ses sujets par l’absurde, permettant au lecteur de prendre conscience du fait que leur vision du monde n’est ni vrai, ni fausse, mais simplement subjective. Cela se fait en douceur et l’humour permanent qui se dégage des dialogues de « La cosmologie de futur » y est pour beaucoup.
Je ne peux que vous conseiller la lecture de cette oeuvre aussi singulière que fascinante qui vous surprendra à coup sur et vous poussera à la réflexion. La magnificence des dessins de cette bande dessinée sera un attrait supplémentaire qu’il n’est pas négligeable de signaler. Alors, tous à vos livres et bonne lecture à vous !
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L'auteur Alessandro Pignocchi est un ancien chercheur en sciences cognitives et de philosophie. Il s'essaye à la BD d'humour sur un mode totalement décalé mettant en scène des hommes politiques dans des situations cocasses pour parler d'anthropologie de la jungle amazonienne. Certes, voir Macron et Trump à la pêche avec un trident vaut son coup d’œil.
J'avoue ne pas avoir aimé ce petit cocktail assez déluré qui commence d'ailleurs par un dialogue entre mésanges punk. N'est pas Fabcaro qui veut, je dirais. Cela n'a pas pris en ce qui me concerne mais je doute fort que cela plaise au plus grand nombre. J'étais pourtant assez enthousiaste en commençant cette lecture mais j'ai très vite été déçu. Parfois, on tente des expériences en sortant des sentiers battus mais ce n'est pas toujours gagnant.
Au niveau graphisme, c'est un peu comme des images figés répétitives avec différents dialogues. Là, je dois dire que c'est un long discours ennuyeux sur un mode écologique qui ne fait pas mouche. Sans doute ais-je été décontenancé par ce mélange de genres. Cette cosmologie du futur n'est pas pour moi. Bref, sourire non garanti...
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Un roman graphique original et drôle qui nous parle de recherche scientifique et de populations amérindiennes Achuars de la forêt équatorienne .
L'auteur est un ethnologue qui marche dans les pas d'un illustre prédécesseur qui a démarré il y a fort longtemps une collecte sur le terrain de petits poèmes récités ou chantés qu'on appelle les anents. C'est un scientifique certes, mais un bon dessinateur qui entrelace dans un récit différentes expéditions qui nous content les hommes, le choc des cultures, les Achuars nus du passé et ceux en tee-shirts et groupes de rock du présent.
Le lecteur est plongé dans la forêt avec ces magnifiques dessins en noirs et blancs qui font la part belle à la lumière dans les feuillages. Il partage des échanges émouvants et drôles. le scientifique barbote dans la boue, déguste toutes choses peu ragoûtantes pour estomac non exercé, plane avec des champignons hallucinogènes, chasse et travaille avec ses hôtes, espère qu'on lui fera le don de cet héritage immatériel et non écrit, qui se dérobe sans cesse, ce n'est jamais le moment, ou pas la bonne personne. Quelle patience faut-il avoir pour conserver la mémoire d'un peuple ! Avis aux amateurs car à la vitesse des Achuars, ça va prendre un certain temps.
Vous aimez l'aventure humaine dans un ailleurs déroutant, je crois que vous vous attacherez à ces personnages dans un format qui ressemble à un carnet de voyage. Dépaysement garanti !
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Cet ouvrage est construit sous la forme d'un dialogue entre Ph.Descola anthropologue, et A.Pignocchi chercheur scientifique et dessinateur de bd écologistes.
Le sujet est la remise en question du naturalisme comme un pur produit du capitalisme et de la nécessité de modifier notre rapport aux " non humains " afin de construire un monde plus égalitaire et respectueux du vivant.
Pour ce faire les auteurs reviennent sur des notions théoriques fondamentales afin d'asseoir leur argumentation sur la base de références explicites. Bien sûr, déjà la posture de l'anthropologue puis la nécessité de dépasser " la distinction moderne entre nature et culture " qui a ancré " une atrophie générale de la sociabilité, un rétrécissement des sphères où opére un devoir de réciprocité. Puis,rapidement s'impose le constat que rien ne pourra sérieusement s'entreprendre en écologie sans s'émanciper du système capitaliste,dans la mesure où il repose sur la domination et la marchandisation du vivant. De très nombreuses réflexions alimentent cet ouvrage et je ne peux pas les résumer mais l'étude s'appuie aussi (surtout?) sur l'observation et le vécu d'autres modèles de société que le nôtre. Celui des Achuars en Amazonie auprès desquels Descola à vécu trois années consecutives et y retourne très régulièrement, et plus proche de nous, la zad de Notre Dame des Landes. Ces derniers parce qu'ils sont parvenus à s'émanciper partiellement des règles du jeu économique, créé une poche de résistance et ,pourquoi pas de replis,ont valorisé une autre façon d'habiter la terre et de côtoyer les autres êtres vivants dans une relation de réciprocité.
C'est un essai très riche et passionnant qui est accessible même s'il m'a demandé un effort de concentration. Il ouvre des pistes de réflexion, s'autorise des propositions concrètes sans rien affirmer en terme de vérité, prône la diversité des expériences et surtout offre un panorama optimiste d'une écologie bien différente de nos politiques de culpabilisation et d'interdiction sur fond de peur!
Enfin,chaque chapitre est ponctué d'une petite bd qui les résume avec humour ce qui offre des pauses récréatives !
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C’est au détour d’une lecture un peu décevante de Lionel Naccache, Apologie de la discrétion, que Michel, fidèle Babelami, devant ma déconvenue, a mentionné ces Ethnographies des mondes à venir comme terrain de jeu pour réfléchir les rapports entre les uns et les autres, entre l’homme et le reste du monde. Incontestablement (mais est-ce une surprise ?), les conceptions anthropologique et politique me parlent beaucoup plus que celles, ébouriffées et plutôt issues des sciences cognitives de Lionel Naccache. A ce compte, c’est un vrai bonheur de lecture que de voir s’ouvrir devant soi des perspectives de pensée qui répondent intimement à mes valeurs et que je n’aurais pourtant pas pu arpenter sans la précieuse vulgarisation dont font preuve les deux auteurs.
Pourtant, rarement je n’ai été aussi profondément gênée par les choix éditoriaux présidant à l’élaboration d’un livre. Composé d’échanges entre Philippe Descola et Alessandro Pignocchi, Ethnographies des mondes à venir semble être de ces projets qui ont tout pour plaire. Des aquarelles, le regard croisé d’un éminent anthropologue et d’un auteur de BD, philosophe engagé, l’ambition de penser un avenir possible pour l’ensemble des êtres vivants sur terre, que demande le peuple ?!
Sur le fond, d’ailleurs, je suis enchantée. Les explications de Philippe Descola, les retours d’expérience d’Alessandro Pignocchi sont effectivement très éclairants. Et les perspectives qui sont ouvertes sont enthousiasmantes : on pourrait construire une autre organisation collective. Il est possible de mettre à distance le modèle anthropologique occidental finalement très récent sur lequel nous fonctionnons. D’autres sociétés ont fait radicalement différemment, continuent de vivre ainsi. Et de savoir que nous ne sommes pas enfermés dans un seul prisme est un soulagement gigantesque. Un autrement est possible ! On pourrait articuler avec finesse un rapport aux autres et au monde qui considère autrement la place de chacun. Et ce serait éminemment réjouissant. Et ce serait porteur, outre d’une possibilité de simplement perdurer, de joies et de plénitudes que l’individualisme d’une société hyperlibérale n’a jamais su apporter. De quoi nous donner envie de franchir le pas !
Mais alors, pourquoi cette mise en page si austère ? Deux colonnes qui rappellent celles des grands quotidiens papier. Mais sans intertitre, sans rien qui aère (claustrophobes s’abstenir !). Pourquoi cette fiction de dialogue quand il s’agit moins d’une conversation que de pavés successifs (sur des sujets très intéressants par ailleurs) ? Et pourquoi ce fichu papier semi brillant qui réfléchit ma lampe et m’éblouit quand je lis le soir ? Qui trahit la charmante porosité d’un trait à l’aquarelle. Qui m’éloigne quand je me voudrais absorbée.
Evidemment, je ne resterai pas sur cette impression toute formelle car ce serait cruel pour ce que ce livre comporte de passionnantes réflexions. Il faut lire ces onze courts chapitres pour comprendre ce que le naturalisme a de tronqué, comment décentrer son regard et appréhender l’altérité sans en faire le miroir de soi, concevoir le caractère polymorphe de nos possibles organisations, donner à l’économie une place bien plus restreinte dans nos vies, articuler les différentes échelles de territoires entre Etats et zones autonomes, mettre la diversité au sein de l’universel. Et puis rire de l’improbable tournant qu’Alessandro Pignocchi fait prendre aux mésanges et… à Bruno Lemaire !
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"Maman à quoi ça sert la nature ? - A rien mon chéri, tout comme toi."
Une bande dessinée d'humour et d'esprit qui nous éclaire sur notre vision anthropocentrée du monde au travers de saynètes burlesques et édifiantes. Une merveille d'anthropologie décalée !
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Des dessins à l’aquarelle pour le plaisir des yeux, en particulier ceux des oiseaux.
Par contre, sur le texte je n’ai pas accroché du tout. Ça parle de politique, de faune et flore, d’un jivaro qui nous étudie. B.D. encensée pourtant, mais la magie n’a pas opérée pour moi.
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Gros coup de coeur pour cette BD à l'humour décalé: amateurs de Fabcaro, ça risque de vous intéresser!
A la base, Alessandro Pignocchi est chercheur en sciences cognitives et en philosophie, mais voilà, un jour il se lance dans la BD écolo-humoristico-anthropologique et cela avec brio.
Deux mésanges militantes sur une branche discutent de politique, on est en pleines campagnes présidentielles en France et aux Etats-Unis, avec Macron, Mélenchon et Trump en guest star; Mélenchon et Hamon, d'ailleurs, abandonnent la politique pour s'occuper de leur jardin partagé, tandis que Trump et Macron débattent du colibri en direct.
Pendant ce temps, un anthropologue Jivaro étudie les habitants de Bois-le-Roi. Mais le must, c'est Proust décidant de partir en Amazonie pour apprendre à parler aux loutres Tsunki!
Dans ce roman graphique complètement décalé, on respire un grand coup de nature et ça fait du bien. Pignocchi apporte un autre regard sur l'environnement et l'écologie et mine de rien nous fait réfléchir. C'est intelligent, drôle et brûlant d'actualité.
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Que ne sommes-nous tous des jivagos, nous contentant de cultiver ce qu'il suffit de terre pour nous nourrir.
N'élevant pas d'animaux, nous contentant de chasser selon nos besoins.
Une BD édifiante sur notre manière absurde de coloniser la faune et la flore, sur l’aberration de nos politiques et de nos modes de vie.
Une leçon de sagesse offerte par les jivagos.
Les illustrations sont juste très belles.
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Un livre passionnant.
Un dialogue riche, parfois complexe, entre Philippe Descola, anthropologue, et Alessandro Pignocchi, ancien chercheur en sciences cognitives et bédéiste.
Relation entre vivants humains et non-humains, dualité nature/culture (naturalisme occidental), projets de société, économie, hétérogénéité des mondes, écologie objectivante/subjectivante...les idées foisonnent.
La forme du livre est, elle aussi, intéressante, avec ce mélange d'illustrations, BD, et échanges entre les 2 auteurs.
Un bel ouvrage qui permet d'essayer de changer de perspective, de remettre en question des idées qu'on pourrait avoir tendance à croire universelles et admises par tous.
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