Alex Burrett

Je suis un rat. Un rat commun. Un rat Brun. Rattus Norvegicus. La situation est plutôt merdique pour mon espèce en ce moment. Alors j'ai cogité pour essayer de trouver une solution, et j'ai mis au point un plan d'évolution. Vous voyez probablement l'évolution comme un processus lent - et vous en voulez pour preuve ces images de singes se relevant doucement pour devenir des hommes; de poissons à qui il pousse des pattes; de dinosaures de plus en plus méchants. L'évolution est tout sauf lente. C'est pour ça que les scientifiques ne trouvent jamais le chaînons manquant. En fait, elle a lieu par bond.

Rien ne refroidit autant les ardeurs des mâles concupiscents que de voir l'objet de leur désir en compagnie d'un ringard.

Quand j'étais petit, j'ai soi-disant tué un cochon d'Inde. Voire plusieurs.

Heureusement qu'on peut encore compter sur le bon vieux complexe d'infériorité de ceux qui sont allés à l'école publique !
(in Technique mixte)

Mon opinion, c'est que ma psychopathe de sœur a zigouillé les cochons d'Inde dans un accès de rage peurtrière

Selon toute probabilité, la dissection d'un œil de porc n'était pas vraiment au programme d'élèves de neuf ans

il était aussi ratatiné que les fruits secs dans les céréales hors de prix.

Devant ma confusion, il a tenu à m’expliquer le secret de l’immortalité : alors que le temps est une constante, ce n’est pas le cas du vieillissement. Pour résumer, dès qu’on a de la peine, on prend de l’âge. Chaque larme de chagrin est autant d’eau extraite d’un fruit qui au départ était mûr à souhait ; plus il s’en évapore, plus on se sent diminué. C’est ce processus que nous percevons comme le vieillissement. Les gens qui meurent à un âge canonique sont comme des pruneaux, malheureux, meurtris et tout ratatinés ; la vie qu’ils avaient en eux a été aspirée jusqu’à la dernière goutte.

Si vous avez la chance de posséder un lopin de terre – peu importe qu’il soit juste assez grand pour y poser deux chaises pliantes et une bouteille de vin, ou au contraire assez vaste pour y faire gambader des troupeaux entiers de buffles – je peux vous garantir une chose : il se passera un tas de trucs dans votre recoin du globe dont vous ne saurez jamais rien. La terre est comme le temps : elle détient bien des secrets.

On va tous mourir, aime-t-il à me rappeler. Alors pourquoi se laisser tourmenter par le seul événement sur lequel on n’a aucune prise ? L’Ange ne s’explique pas, si on tient tant que ça à la vie, qu’on soit si nombreux à être obnubilés par la mort.

Un jour, il m'a expliqué que la mort, c'est comme une merde de chien sur le trottoir. Si on la voit pour ce que c'est, il suffit de légèrement dévier sa trajectoire et de reprendre aussitôt sa route - de poursuivre son voyage, déjà bien court, sans plus y penser.