Dans une ville d’Ukraine détruite par les troupes russes au tout début de la guerre, nous faisons la connaissance de K qui a dû rester sur place, sa mère étant gravement malade, tandis que sa sœur, journaliste est quelque part sur les lieux de combats. Elle est archiviste dans une bibliothèque dans les caves de laquelle ont été mis à l’abri des objets d’art, des tableaux et chefs-d’œuvre en tout genre.
Un jour surgit devant elle celui qu’elle appellera « l’homme au chapeau », Russe, gradé, qui lui demande de modifier certains évènements historiques, œuvres diverses : tableaux, vitraux… pour les rendre « conforme » à l’histoire révisée à la mode soviétique, moyennant quoi elle aura des nouvelles de sœur actuellement entre leurs mains (il n’est pas à un mensonge près !)
Pour commencer, il s’agit, ni plus ni moins que modifier les paroles de l’hymne national ukrainien en faisant l’apologie du grand-frère russe : « Il n’y aura plus qu’une vérité, celle que vous allez créer, grâce à vos connaissances et vos compétences artistiques ».
Comme à l’époque de Staline, on va modifier les photographies pour que certaines personnes n’y figurent plus, d’apporter un nouvel éclairage sur la grande famine (Holodomor), Tchernobyl et les évènements de la place Maïdan !!!!
L’auteure nous propose ainsi une alternance passé-présent dans le récit ainsi que des rencontres extraordinaires avec des artiste connus ou non : on croise Gogol, son séjour en France, « Les âmes mortes » ou Taras Boulba, Marko Vovcok née Mariya Vilinska femme de lettres ukrainienne traductrice (elle a traduit notamment les romans de Jules Verne), à qui l’on doit notamment « Maroussia », ou encore Sonia Delaunay.
On croise aussi des poètes comme Taras Chevtchneko ou Lessia Oukraïnka, des peintres Maria Primatchenko ou Vladimir Tatline ou encore un cinéaste Alexandre Dvojenko et tant d’autres… (j’espère avoir orthographié correctement tous les noms)
Alexandra Kozlelyk, à travers ce récit évoque le courage et la résilience du peuple ukrainien qui force l’admiration depuis le début de cette guerre immonde, initiée par un avatar de Staline. Elle montre également comment on falsifie des œuvres pour modifier l’Histoire et faire un récit adapté à la négation d’un peuple, ce qui résonne particulièrement quand on voit grandir le révisionnisme, et son cortège de nationalismes.
Enfin, Alexandra Kozlelyk m’a permis de me rendre compte que je connais peu la culture ukrainienne, les auteurs très souvent rangés sous la bannière russe, la manière dont la langue a été « interdite » puisque tout l’administratif se faisait en russe, alors que comme elle le dit si bien, l’ukrainien était la langue intime.
La couverture illustre le propos de fort belle manière.
J’ai beaucoup aimé ce livre, dans lequel je reviens de temps en temps (ne serait-ce que pour mémoriser les noms des artistes) et pour réaliser une chronique à la hauteur. J’ai retrouvé un écrivain que j’aime beaucoup : Nicolas Gogol, (les personnes qui suivent mon blog peuvent en attester !) et j’ai chevauché avec plaisir avec les Cosaques…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Aux Forges de Vulcain qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure qui a déjà plusieurs titres à son actif.
#LArchivisteukraineartpatrimoine #NetGalleyFrance
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