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Critiques de Alexandra Koszelyk (377)
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À crier dans les ruines

C'est l'histoire de Léna et Ivan, deux très jeunes adolescents très liés, séparés par la terrible catastrophe nucléaire survenue le 26 avril 1986 à Tchernobyl, tout près de Pripiat où ils habitent. Léna, privilégiée a pu partir vivre en France, à une époque où un mur séparait encore l'est et l'Ouest, avec ses parents et sa grand-mère, tandis qu'Ivan a dû rester sur place dans cette zone d'exclusion, puis à Kiev.

C'est à la fois le récit d'une catastrophe humaine sans précédent où des milliers de vies ont été sacrifiées, mais c'est surtout une histoire d'exil, l'exil de tout un peuple, à travers l'histoire de cette enfant, Léna, déracinée pour qui l'oubli est impossible. Elle ne peut en parler à ses parents qui eux désirent oublier. Seule la grand-mère Zenka l'aidera, grand-mère qui sera en quelque sorte sa psychologue et l'accompagnera dans sa quête du soi et son désir de liberté.

J'ai été touchée par cet amour de la nature qui lui permet de s'évader un peu, et plus tard dans sa vie, par cet attrait et cette fusion avec les ruines notamment d'Herculanum et de Pompéi qui sont pour elle comme un ancrage et un appel. C'est un récit émouvant et réaliste, décrivant avec justesse et beaucoup de psychologie ce que peut ressentir un exilé qui a tout laissé et en particulier le sens de sa vie , à savoir son amour, un récit où le suspense est maintenu jusqu'au bout. Les lettres splendides qu'Ivan va lui écrire sans jamais les envoyer, ignorant son adresse, sont bouleversantes et terribles.

Sont abordés dans le roman outre la catastrophe de Tchernobyl, la guerre froide entre les deux blocs Est-Ouest, la présence puis la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, la vie en Ukraine dans les années 1930 de même que sa sortie de l'URSS en 1991, sans oublier, maintenant les visites organisées dans cette fameuse Zone. En étayant son roman avec tous ces éléments historiques, Alexandra Koszelyck le rend encore plus réel et intéressant.

La beauté, la poésie, la mélancolie imprègnent ce roman qui m'a beaucoup touchée et émue.

L'homme croyant maîtriser la nature est à tout moment faillible et cela peut lui être fatal. Quant à la nature, si l'homme l'abandonne, elle ne s'en porte que mieux. L'environnement et l'amour, les pièces maîtresses de À crier dans les ruines en font un roman très subtil et très contemporain, une véritable ode à la vie, à la liberté et à l'amour.


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À crier dans les ruines

Roman sur l’exil, les non-dits, la transmission intergénérationnelle, A crier dans les ruines est surtout une histoire d’amour. Léna et Ivan grandissent côte à côte dans un petit village ukrainien, ils se promettent l’éternité, leurs prénoms sont gravés sur un arbre, ils s’aiment comme des enfants.



... Enfants de la bombe

Des catastrophes

De la menace qui gronde

Enfants du cynisme

Armés jusqu'aux dents...



Cette chanson leur ressemble tellement, pauvres âmes que celles déchirées par l’erreur humaine. La centrale de Tchernobyl s’enflamme, les radiations se répandent comme une mélasse momifiant toute la vie autour.

Sans explication, le père de Léna précipite leur exil vers la France. Pas le temps pour une valise, pour les souvenirs et les adieux, il faut partir.



Les années vont passer. Léna grandira sur une terre qui n’est pas la sienne, rongée par le poids du silence, par les fantômes d’Ivan qui ne cesseront de la hanter. Ivan resté à Piev continuera d’attendre Léna, lui écrira sans jamais recevoir de réponse.



Ce roman est certes signé d’une très belle plume, dont un passage suite à l’incendie de Tchernobyl qui m’a beaucoup charmée et que j’ai lu et relu, je suis mitigée sur l’ensemble. Ce roman selon moi aurait mérité plus de pages afin que les années ne passent pas de manière aussi brusque, m’empêchant de m’ancrer et de m’attacher aux personnages. Il y a pourtant des romans très courts qui se suffisent de peu de pages pour faire mouche mais d’autres comme celui-ci qui mériterait de l’étoffe tant le sujet semble passionnant.



J’aurai tout de même grappillé quelques informations politiques, écologiques sur cette terrible catastrophe de Tchernobyl. J’en attendais plus.



Et la musique résonne encore et encore...



Ils s'aiment comme des enfants

Comme avant les menaces et les grands tourments

Et si tout doit sauter

S'écrouler sous nos pieds

Laissons-les laissons-les laissons-les

Laissons-les s'aimer…
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À crier dans les ruines

À crier dans les ruines est un formidable roman qui explore un passé récent et s’avère tellement actuel qu’il ne peut laisser indifférent.



Le nucléaire, cette énergie que l’homme croit maîtriser, énergie électrique fournie chaque jour par des centrales voisines, est au centre d’une histoire bouleversante, à la fois tellement poétique et formidablement réaliste.

Léna revient à Pripiat trente ans après la catastrophe du 26 avril 1986, dans un groupe de touristes sévèrement encadré et c’est tout son passé qui surgit à nouveau. Elle qui, enfant, vivait une amitié magnifique avec Ivan, une amitié allant encore plus loin que l’amour entre deux pré-adolescents, revit toutes ces années : le désastre, la fuite, le passage à l’ouest avec ses parents et surtout l’amour de Zenka, cette grand-mère essentielle.

Inutile de détailler la suite car il faut lire cette histoire à la fois ordinaire et passionnante. Au moment, à une époque où la terre natale ne veut presque plus rien dire, où tant de gens fuient des conditions de vie insupportables pour tenter de survivre, cet amour pour ce coin d’Ukraine ravagé par l’inconscience et surtout la suffisance des hommes, cet attachement viscéral mérite le respect.

Alexandra Koszelik met tout cela en scène, remarquablement, passant de l’extraordinaire au plus simple pour finir au summum de l’émotion. Au passage, elle m’a appris quantité de choses, précisé quelques étymologies et surtout remis les évidences du danger du nucléaire au premier plan.

Dans la zone interdite de Tchernobyl, la nature reprend ses droits, s’adapte mais les radiations sont encore là pour des millénaires ! Comme elle l’écrit, après Tchernobyl, et j’ajoute Fukushima, on continue, malgré tout à construire de nouveaux réacteurs nucléaires sur notre planète sans trop savoir que faire des déchets, d’ailleurs.

J’ai beaucoup aimé ce roman d’une auteure que je découvre grâce à ma médiathèque. Elle m’a fait passer par tous les sentiments au fil de son roman. Même si certains passages sont plus ordinaires, c’est pour mieux rebondir et monter plus haut, plus fort.

J’ai vibré après avoir été très triste en lisant les lettres d’Ivan, resté en Ukraine, lettres qu’il ne pouvait envoyer à Léna puisqu’il ne savait pas où elle était.



La trame de leur histoire d’amour m’a permis de comprendre un peu mieux les difficultés rencontrées par les expatriés, l’aide essentielle apportée par la littérature et surtout, comme je l’ai déjà dit, tous les risque du nucléaire, cette épée de Damoclès terrible, incontrôlable, que nous nous sommes installée au-dessus de nos têtes.




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L'Archiviste

Comment familiariser un lectorat francophone à la culture ukrainienne sans commettre un ouvrage scolaire constitué de biographies et de chapitres historiques ?



C'est le défi relevé avec succès par Alexandra Koszelyk qui enferme K « L'archiviste » dans une bibliothèque dont les caves servent de refuge aux oeuvres d'art évacuées lors de l'opération spéciale visant l'Ukraine en février 2022.



Si K falsifie des chansons, des poèmes, des romans, des tableaux, l'envahisseur laissera la vie sauve à sa famille.



Que vont devenir K, Mila, sa soeur photographe de presse, et leur mère impotente dans leur pays envahi ?

Jusqu'où K va-t-elle collaborer, ou berner l'adversaire ?



Ainsi tenu en haleine le lecteur observe K modifier les chefs d'oeuvres fondateurs de la culture ukrainienne ; au fil des quarante-neuf chapitres, une petite vingtaine de créations cinématographiques, musicales, littéraires, d'événements historiques (Holodomor, Tchornobyl, Maïdan) sont revues et corrigées puis un détour par Odessa rappele l'origine homérique de ce port.



Chaque falsification blesse l'imagination de K qui se projette dans l'événement ou rejoint ses acteurs en s'incarnant à leurs cotés.



Alexandra Koszelyk alterne les points de vue. L'évocation du roman « Taras Boulba » permet de caracoler avec les cosaques et de chanter leurs hymnes puis « Les âmes mortes » du même (Mykola) Nicolas Gogol, nous enferment dans le modeste refuge de son exil parisien (1836-1837) d'où est sorti cette critique féroce de la Russie tsariste.



L'alternance entre le passé et le présent est structurée par une romancière qui maitrise parfaitement les cliffhangers et rédige d'une plume très visuelle des chapitres courts et percutants qui nourrissent l'imaginaire et la culture du lecteur.



Mais il est évident que ce mémorial ukrainien nous interpelle sur notre fidélité à la culture léguée par les générations qui nous ont précédé. Car les falsifications existent aussi chez nous et « L'archiviste » attribue fort justement « Maroussia » à Marko Vovtchok, pseudonyme masculin de l'écrivaine et traductrice Maria Aleksandrovna Vilinska. (1833-1907) l'une des premières femmes de lettres ukrainiennes. Cette nouvelle a été adaptée en français par l'éditeur Pierre-Jules Hetzel, alias Pierre-Jules Stahl, qui a publié l'adaptation française sous son pseudonyme en occultant totalement l'auteur qui avait le double handicap d'être femme et ukrainienne… et cent cinquante ans plus tard le moteur de recherche de Babelio attribue encore et toujours Maroussia à Pierre-Jules Stahl en relèguant Marko Vovtchok !



Quand on observe l'acharnement avec lequel des révisionnistes envisagent, par exemple, de supprimer la statue de Napoléon à Rouen ou les calvaires au bord de nos routes, quand on analyse les ouvrages scolaires de nos collèges qui effacent des pans entiers de l'histoire de France, on est obligé de constater que le combat de « L'archiviste » est le même que celui que nous menons pour que vive « l'espoir d'un peuple à survivre toujours, malgré la barbarie ».



Merci à Babelio et Aux Forges de Vulcain pour cet envoi lors de l'opération « Masse critique meilleurs voeux » et bravo Alexandra Koszelyk pour ce trésor littéraire !
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À crier dans les ruines

Les romans sont des instruments efficaces pour mettre en lumière ce que le politiquement correct s’efforce de passer sous silence. Alexandra Koszelyk n’est pas la première à s’y risquer, mais il s’agit pour elle d’une première production.



C’est à Tchernobyl, dans les ruines devenues touristiques que l’on fait la connaissance de Lena. Très vite, son attitude laisse penser qu’elle n’est pas là comme la plupart des visiteurs, juste pour se faire un peu peur, et entendre le discours officiel des guides. Cet endroit lui a été familier.



On revit avec elle l’enfance, éclairée d’un amour inconditionnel pour Ivan. La complicité, le bonheur d’être ensemble jour après jour, le temps qui modifie peu à peu la candeur de leur attachement.



Et puis c’est l’accident, la panique, la fuite, et la séparation. Le lien ténu qui persiste jaunit au fond d’une boite, les lettres jamais envoyées en témoigneront des années plus tard.



Léna grandit en France, s’acclimate, se fond dans la foule, riche de son intelligence, mais rongée par les souvenirs de celui qu’elle pense avoir perdu à tout jamais.



L’histoire est intéressante, même si elle prend parfois des allures de romance. On s’attache à la jeune femme vaillante , et fidèle dans ses convictions.

Quelques redites alourdissent un peu le texte, qui reste cependant agréable à parcourir.



Un premier roman salué par les talents Cultura, et riche d’un potentiel d’écriture.


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À crier dans les ruines

En 1986, Ivan et Lena ont treize ans et sont inséparables depuis l'âge le plus tendre. Ils habitent à Pripiat, à proximité de la centrale nucléaire, dite de Tchernobyl. Lorsque la catastrophe se produit et que toute la zone est évacuée, Lena part en France avec sa famille et, sans nouvelle d’Ivan, le croit mort. Le garçon est en fait resté dans la région. Il est même revenu habiter son ancienne maison malgré le danger. Vingt ans plus tard, Lena entreprend un voyage en Ukraine, sur les lieux de son enfance…





Si l’histoire seule d’Ivan et de Lena pourrait passer pour une jolie romance à l’issue somme toute aussi gentille qu’improbable, c’est elle qui donne vie et émotions à la terrible et stupéfiante restitution de son contexte historique qui, lui, donne tout son poids et son intérêt au roman. Le lecteur, plein d’empathie pour les personnages attachants et campés avec justesse, se retrouve plongé dans des événements qui dépassent l’imagination. L’accident lui-même, puis l’incurie des autorités et l’évacuation seulement deux jours après d’une population tenue dans l’ignorance de ce qui se passe, font froid dans le dos. Que dire du sort de ces familles, désormais pestiférées, qui n’ont pu emporter le moindre objet personnel ? Beaucoup mourront, tous se retrouveront dans la misère, et nombreux seront les samossiols : les « revenants », ceux qui retourneront vivre, malgré tout, dans la zone interdite. A jamais figée dans l’instant où la vie humaine s’en est enfuie, la ville de Pripiat tombe peu à peu en ruines, envahie par une végétation rousse et des espèces animales qui profitent paradoxalement d’une intimité inédite. Pendant qu’un mal invisible et pernicieux continue à y décimer la vie qui tente de s’y maintenir, curieux et touristes y viennent aujourd’hui y promener leurs yeux incrédules…





En particulier au travers de Lena et de son émouvante grand-mère, d’Ivan et de son père incapable de survivre à l’arrachement de sa terre, le récit immerge le lecteur dans le déchirement de l’exil et du déracinement, mais aussi dans le désespoir de ceux qui, faute d’une autre solution plus acceptable, se sont résolus à revenir brûler ce qui reste de leur vie au contact du danger. La lecture suscite un mélange d’effroi et de sidération, de désolation et de compassion, tant à propos de cette catastrophe aux responsabilités mal endossées et aux conséquences dramatiquement sous-estimées, que du sort de la malheureuse population ukrainienne, décidément durement frappée au cours du dernier siècle…





Son style fluide, ses personnages attachants et sa stupéfiante plongée au coeur des suites, si peu présentes à l’esprit du public, de la catastrophe de Tchernobyl, font de ce roman un moment de lecture fort qui ne peut laisser indifférent.


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À crier dans les ruines

Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler d'élégance.



C'est le terme. Exact.



Dans le dictionnaire, je trouve cette définition. « Qualité esthétique de ce qui est harmonieux, gracieux dans la simplicité. »



Alexandra Koszelyk possède de cette grâce innée, et dans ces mots, et dans ce qu'elle est. Croisée en de rares occasions, elle m'inspire un grand respect, non, une grande émotion. Que je ne m'explique pas. Et tant mieux. Et peu importe.



Dans ce premier roman, fou et fort à la fois, elle raconte une histoire d'amour, elle raconte un effondrement.



La catastrophe de Tchernobyl.



Des années après le drame, Lena revient sur les lieux de son enfance. En Ukraine, à Prypiat. Elle n'a pas oublié. Elle a juste un peu avancé. Depuis 1986. Depuis ce "Tchernobyl", cette tâche incongrue dans l'inconscient collectif. Cette folle erreur humaine. Ce drame incommensurable.



Adolescente à l'époque, elle s'est vue séparée de son amour de jeunesse, Yvan, qu'elle a cru mort. Elle s'en va à la rencontre de son passé. de cette frontière entre ceux qui partent. Et ceux qui restent.



J'ai lu ce roman. J'ai vu des choses. Peut-être des fantômes. J'ai entendu ce cri. En moi. En nous. Un cri d'une humanité folle.



Ce roman lyrique, hypnotique comme le sont parfois les contes, documenté et enivrant, parle d'exil, de déchirures et d'abandon. Ce roman, qui ne ressemble à nul autre.



Un premier roman donc qui se lit avec force. Qui se respire presque. Une plume qui envoûte et qui souffle court. Comme ce cri rentré qui a mis des décennies à pouvoir sortir. Sans maniérisme et sans vanité. Chaque mot est habité. Chaque phrase s'allume dans l'esprit de son lecteur.



Il y a de la beauté chez Alexandra Koszelyk. Il y a de ce supplément d'âme.



De l'élégance, vous dis-je, de l'élégance.

Prenons-en de la graine.


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La dixième muse

C’est à partir des amours nombreuses de Guillaume Apollinaire qu’Alexandre Koszelyk construit ce roman lyrique.





Le narrateur perd quelque peu le contact avec la réalité à la suite d’une déambulation au Père-Lachaise. De l’attitude de son chat, au prénom de sa compagne, de multiples indices le contraignent à penser qu’il est en lien spirituel avec l’auteur du pont Mirabeau. C’est ainsi, de signes en signes, que les passions successives du poète sont évoquées, à partir de ses poèmes et de ce que l’on connait de sa biographie.



Une dernière partie consacrée à Gaïa, la dixième muse et se décentre peu à peu du mythe de la création de la Terre pour en arriver au destin d’Apollinaire, et de sa connexion avec la nature est particulièrement les arbres.



C’est un roman beaucoup plus lyrique que A crier dans les ruines, qui permet à l’auteur de témoigner de l’étendue de sa culture littéraire.

L’écriture est travaillée, recherchée mais accessible.



Une façon agréable et originale d’aborder la biographie du poète.


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L'Archiviste

Appréciez-vous l'art sous une ou plusieurs des formes multiples que ce terme peut désigner : musique, danse, littérature, peinture, sculpture … ?

Abominez-vous la dictature, surtout quand celle-ci non contente de s'exercer à l'intérieur d'un pays cherche à s'imposer par la force aux pays voisins et déclenche des guerres, et non une « opération militaire spéciale » ?

Alors ce livre est pour vous.



K. est archiviste. Les oeuvres d'art de sa ville, maintenant aux mains des assaillants, ont été entassées dans la bibliothèque où elle travaille. Et elle se délecte de les contempler, jouissant de la richesse culturelle de son peuple. Mais l'envahisseur ne se contentera pas de détruire le pays physiquement, Il exige la réécriture de l'histoire de l'Ukraine, par la falsification des oeuvres d'art originelles. C'est K. formée par sa mère à de nombreuses formes d'art qui est en charge de ce travail. Elle obéit ou sa soeur aux mains de l'ennemi est assassinée.



Et l'on parcourt ainsi avec K une partie de l'histoire de l'Ukraine, aux cotés des nombreux artistes qui y ont vécu, en ont été chassés, y ont été enfermés. A chaque demande de falsification, l'archiviste revit un épisode de la vie de l'artiste dont elle doit modifier l'oeuvre. Ce qui permet de constater que ce pays a vécu à de nombreuses reprises des heures sombres, et que son envahisseur actuel n'en est pas à son coup d'essai. C'est une façon originale de balayer la richesse culturelle de ce pays et pour moi de la découvrir, et si je ne dois retenir qu'une chose de cette lecture c'est ce poème magnifique :

« L'espérance

Je n'ai plus ni bonheur ni liberté,

Une seule espérance m'est restée :

Revenir un jour dans ma belle Ukraine,

Revoir une fois ma terre lointaine,

Contempler encore le Dniepr si bleu

- Y vivre ou mourir importe bien peu -,

Revoir une fois les tertres, les plaines,

Et brûler au feu des pensées anciennes...

Je n'ai plus ni bonheur ni liberté,

Une seule espérance m'est restée.



Loutsk 1880

Lessia Oukraïnka »



On redécouvre aussi avec elle des moments forts de l'histoire ukrainienne, tel l'Holomodor qui a vu plus de 5 millions de personnes mourir de faim sous Staline ou bien sûr Tchernobyl. Et là aussi, la version expurgée doit dédouaner la Russie de toute responsabilité.



Une analyse très intéressante est aussi faite sur l'importance de la langue, qui a été plusieurs fois interdite. Dans le début de ce roman, K. voit les soldats démonter les panneaux de signalisation. Ceux en Ukrainien seront remplacés par des russes. Mais cette langue reste celle du coeur.

« Il n'y avait qu'à voir comment une culture bafouée dormait en chacun des êtres, attendant d'être délivrée de son supplice et libre au grand jour. Dans chaque foyer, alors que la langue ukrainienne avait été interdite, on s'échangeait des histoires de cosaques, on riait en ukrainien, on rêvait en ukrainien. L'autre langue était celle de l'administration, l'officielle. On gardait l'officieuse pour les échanges importants, nos joies, l'intime. On faisait l'amour en ukrainien. Quand une langue permet à deux êtres de s'aimer, toutes celles qui n'ont pas reçu ce rôle peuvent s'en aller un jour. »



Mais cette femme va se montrer plus intelligente que l'homme qui exige ces mutilations, et introduira dans chaque œuvre falsifiée des indices permettant de comprendre les changements effectués.



L'histoire d'un peuple est ce qui lui donne son identité, et ce livre nous le rappelle magnifiquement.

Merci à NetGalley et aux éditions Les forges de Vulcain pour ce partage #LArchivisteukraineartpatrimoine #NetGalleyFrance

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L'Archiviste

« Il faut que les gens d'ici se sentent étrangers chez eux. Déraciner les peuples conquis a toujours été, sera toujours la politique des conquérants. Il faut tuer la cité au point que les citoyens sentent qu'une insurrection, même si elle réussissait, ne pourrait la ressusciter ; alors ils se soumettent. »

Simone Weil, Venise sauvée (1943)



*

L'histoire de K se situe vraisemblablement en 2022, année tragique de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.

Le personnage principal de ce récit, K, est conservatrice dans une bibliothèque spécialisée dans les archives. Au commencement des bombardements, de nombreuses oeuvres d'art vont être mises à l'abri dans les sous-sols de cette ancienne abbatiale parcourue par de nombreux souterrains. C'est ainsi que K devient la gardienne des trésors culturels et artistiques de son pays, une façon pour elle de lutter contre l'envahisseur.



Un soir, elle reçoit la visite d'un homme austère, menaçant, portant un chapeau. Il se présente à elle pour lui demander un étrange travail : il ne désire pas que les oeuvres d'art qu'elle cache soigneusement soient détruites, il désire qu'elles soient modifiées de manière imperceptible, falsifiées pour en détourner les messages.

K a les compétences artistiques et les connaissances pour mener à bien ce projet. En contrepartie, sa soeur retenue prisonnière aura la vie sauve et sera libérée.



L'Homme au chapeau a compris que la destruction physique des oeuvres du patrimoine ukrainien desservirait sa cause, constituant au contraire un terreau propice à la nostalgie, à la colère voire à la révolte. Il veut au contraire utiliser la jeune femme pour déformer puis effacer peu à peu toutes les voix du passé et ainsi poser les bases d'une nouvelle culture.

La guerre prend ainsi une autre forme puisqu'il s'agit de dénaturer, mutiler puis effacer un patrimoine culturel, en adoptant comme armes, des plumes et des mots, des pinceaux et des oeuvres d'artistes.



Pour K, c'est un crève-coeur de dégrader des oeuvres inestimables auxquelles elle tient tant. K est habitée par la peur, mais elle doit trouver un moyen de duper l'Homme au chapeau.



« K se demandait ce qui constituait pour chacun l'attachement à un pays, si ce n'était pas ce legs des personnes décédées qui portent les suivantes et les animent de leur souffle souterrain. »



*

C'est un livre instructif qui traverse les époques et quelques tranches de vie, le temps d'un rêve, peut-être. Grâce à une structure narrative qui entremêle habilement présent et passé, Alexandra Koszelyk fait revivre l'Histoire de l'Ukraine à travers plusieurs chapitres douloureux de son histoire, comme la catastrophe nucléaire de Tchernobyl ou encore l'Holodomor, une famine à grande échelle orchestrée par le régime stalinien au début des années 30 qui coûta la vie à plus de 5 millions d'Ukrainiens.



A la frontière entre le fantastique et l'actualité, Alexandra Koszelyk met magnifiquement en lumière un pays riche d'un patrimoine, d'une culture et d'une identité qu'elle porte par ses racines ukrainiennes.



J'aime beaucoup la forme irréelle que prend le courant qui emmène K dans d'autres époques. Ici, la magie s'invite sous la forme d'ombres qui entourent K, qui se pressent autour d'elle et l'entraînent dans les méandres du temps. Réelles ou imaginaires, ces ombres venues du passé n'ont rien de menaçant, ni de maléfique, elles sont plutôt des anges protecteurs.



« le réel prendrait peu à peu la dimension d'un songe. »



L'autrice célèbre la mémoire de certains grands artistes et écrivains ukrainiens dont les pensées et la résistance ont traversé le temps et dont les messages sont encore présents dans les mémoires collectives. Des noms connus, Mykola Gogol, Alexandre Pouchkine, Sonia Delaunay, d'autres noms qui m'étaient inconnus, comme le poète Taras Chevtchenko ou les artistes peintres Alla Horska et Maria Primatchenko.



« Pour les Soviétiques, seul le réalisme socialiste a sa place : reproduire avec exactitude le réel est pour ces hommes le seul horizon valable … À leurs yeux, l'imaginaire est dangereux, car il peut conduire à un autre monde, une autre réalité qui échapperait alors au pouvoir. »



*

L'écriture est belle, poétique nous emportant dans le carrousel de vies passées dont les mouvements entremêlent l'intime à l'universel.



« Comment réduire ma patrie à quelques mots, elle, la changeante, l'ambiguë, comment mettre sur le papier ses coquelicots, ses cosaques dont chaque geste porte la liberté, comment dire l'étendue de ses jaunes, de ses dorés, sous un ciel sans nuage, et ses steppes que le soleil arrose ? »



Pour un récit assez court puisqu'il fait moins de 300 pages, je l'ai trouvé particulièrement profond et riche en réflexions sur la littérature et l'acte d'écrire, sur la guerre et la suppression impassible d'une nation en gommant ce qui fait sa richesse et son caractère unique : sa culture, son art et sa langue, sa mémoire et son passé.

Il est aussi question de liberté, de force morale, de combat, d'engagement.



« Pour avancer, il faut tenir entre ses mains la lampe de son passé. Sinon, aucun génie ne pourra en sortir. »



C'est aussi un magnifique hommage au peuple ukrainien, à leur courage, à leur incroyable capacité de résistance et de résilience, à leur attachement à leur terre, à leur culture et à leur patrimoine.



« La vérité règnera-t-elle

Et ce monde, parmi les hommes ?

Il faut que cela soit, sinon

Le soleil arrêtant sa course

Brûlera la terre souillée. »

Taras Chevtchenko



*

Entre rêve et réalité, « L'archiviste » est une lecture originale et émouvante, un voyage intime et tendre à travers les mots de l'auteur et son histoire familiale, à travers des rencontres inattendues, à travers la clameur du passé et la mémoire d'un pays.

Ce roman engagé est une vraie surprise, de celle qui m'autorise à vous le recommander tout particulièrement.
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Le sanctuaire d'Emona

Je viens de faire un voyage. Un périple.



Une sorte d’odyssée intime et universelle à la fois. Le début d’une épopée.



Aux côtés de deux jeunes filles. Deux opposées. Séléné ne lâche jamais son téléphone et ne vit que pour publier la meilleure photo sur les réseaux sociaux. Irina, elle, semble d’une autre époque. Elle tire les cartes, fabrique des santons et parle à la Nature.



Au départ, complétement désassorti, ce duo va se découvrir au hasard d’un voyage vers l’Australie qui va rapidement offrir un détour vers la Slovénie.

Peu à peu, le lecteur se laisse emporter et se sent comme appartenir au duo.



Il y a une sorte de magie, entre ces pages, un peu comme du vaudou.



Je suis toujours fasciné par la diversité et la profondeur, comme c’est le cas ici de la littérature jeunesse.

Ce roman est un sortilège. Voilà. Entre conte et légende dans un contexte moderne. Ce roman offre différentes lectures, fait ouvrir grand les yeux comme on s’émerveille de ce monde que l’on malmène.



C’est l’histoire d’une amitié , au-delà des frontières, qu’elles soient terrestres ou humaines. C’est un hymne à cette nature que l’on ne regarde plus ou mal, à travers le prisme de nos hashtags sans saveurs. Une quête des ces racines si importantes pour s’élever plus haut, plus grand.

C’est le début d’une odyssée.



Autant vous dire que j’attends le deuxième tome avec une folle impatience. Mes bagages sont déjà prêts …


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L'Archiviste

Dans l'Ukraine en guerre, de nos jours.

K. est une jeune archiviste responsable de la bibliothèque municipale. Dès les premiers bombardements, les oeuvres d'art des différents musées de la ville ont été abritées dans les sous-sols de la bibliothèque.

Un jour, K. reçoit la visite de l'Homme au Chapeau, à la solde de l'ennemi, qui lui ordonne de falsifier les oeuvres d'art entreposées dans les caves, pour en expurger toute trace de culture ukrainienne. Achever d'anéantir un peuple en annihilant ce qui fait son identité...

Tout doit y passer : hymne national, poèmes, romans, tableaux, sculptures,... K. est atterrée, mais l'Homme au Chapeau s'est assuré de sa « collaboration » en exerçant sur elle un chantage abominable.

Mais K. va trouver le moyen de résister, en intégrant dans les oeuvres qu'elle doit « retoucher » d'infimes indices de cette falsification, destinés aux générations futures.

« L'archiviste » est un conte tragique qui permet au lecteur de découvrir la culture et l'histoire ukrainiennes, par le biais des rêveries de K. qui l'emmènent au coeur même des oeuvres qu'elle doit modifier et du processus de leur création, et qui lui font vivre de l'intérieur les événements plus contemporains de Tchernobyl, de la Révolution Orange et de Maïdan.

Un roman onirique et touchant, un livre de résistance et un émouvant hommage à l'Ukraine.



En partenariat avec les éditions Aux Forges de Vulcain via Netgalley.



#LArchivisteukraineartpatrimoine #NetGalleyFrance
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À crier dans les ruines

Exercice délicat pour un auteur : jouer les cartes de la distinction et de l'érudition sans paraître

- au pire prétentieux (déjà, ce titre : je ne comprends pas le 'À'...)

- au mieux un peu pathétique, façon élève trop appliqué qui imite bien ses maîtres (ah les tics de langage empruntés à quelques écrivain(e)s français : il est des... comme un enfant... évidence... effroi...).



S'agissant d'un premier roman, écrit par une blogueuse que j'ai aimé suivre pendant quelques années, je choisis la seconde impression.



Autre exercice délicat, côté lecteur cette fois : ne pas entrer dans un ouvrage les poils rebroussés par le concert de louanges des 'amis' de l'auteur (nombreux sur la blogo et Babelio), plus ou moins sincères, qui ont accompagné l'arrivée du 'bébé'.



Dans ce roman initiatique, nous suivons Léna, jeune fille ukrainienne dont les parents décident de fuir en France après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en 1986. Elle part à reculons, laissant sur place Ivan, sa 'moitié', ami d'enfance peut-être promis à devenir davantage. Mais peut-on savoir à treize ans ce que l'avenir nous réserve...



J'ai été longtemps agacée, distante, et souvent tentée d'abandonner ces mots trop parfaits, ces agencements trop propres, cette abondance de symboles, de légendes, de références à diverses mythologies - ce livre too much aux allures d'exposé scolaire.



Je suis contente d'avoir persévéré, car j'ai aimé les cinquante dernières pages, à partir des mots de Zenka.

Le ton était-il devenu plus authentique ? ou bien je m'y suis habituée...



• Quel dommage que la superbe couverture initiale avec des coquelicots & des liquidateurs alignés, jaunes comme des Lego n'ait pas été conservée pour le format poche !

>> https://www.auxforgesdevulcain.fr/collections/fiction/a-crier-dans-les-ruines/
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À crier dans les ruines

« Une terre peut-elle pardonner d'avoir été oubliée ? » ou le chant d'amour qui perdure au-delà des ruines

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Lu dans le cadre des #68premièresfois

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Encore un livre sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl? Effectivement, j'ai lu il y a peu , le très bon "Traverser Tchernobyl" de Galia Ackerman ainsi que la bande dessinée/documentaire d'Emmanuel Lepage. Vous savez comme moi, que cet accident fascine. On croit avoir épuisé les récits mais l'être humain a cette faculté de toujours écrire pour exorciser la détresse, l'irradiation de ces âmes meurtries.

*

L'auteure, avec ce premier roman, a utilisé l'amour et l'exil pour décrire tout ce que les sacrifiés de Tchernobyl ont vécu.

Il est question également d'identité, de ce qui nous définit, nos racines.

Malgré le coté fictionnel de l'histoire, ce récit se pose comme un témoignage de ce drame qu'a vécu le peuple ukrainien.

*

Sur un ton mélancolique et intimiste, l'auteure raconte tout d'abord la fin de l'insouciance à travers deux jeunes adolescents amoureux puis l'exil forcé.

De manière non linéaire, elle narre une reconstruction morcelée, quelquefois à travers des contes et légendes,et également en puisant dans des symboles littéraires. Ses personnages utilisent tout ce qui est en leur pouvoir pour panser leurs blessures à vif.

*

Plusieurs fois j'ai pensé à une tragédie antique dans l'aventure romanesque de nos deux héros. Le titre d'ailleurs en est une allégorie.

Mais à l'inverse d'Aragon dans son poème "A crier dans les ruines" -qui renoue avec le lyrisme négatif dans sa jalousie- , ces amoureux portent un message positif. Celui de la liberté du désir.

Cette âme slave , celle qui clame un retour à la terre. "L'appel de la patrie et de ses racines est plus fort que ces radiations invisibles"

*

Au fur et à mesure de ma lecture, j'ai tout à tour été subjuguée par cette plume si belle, si juste, si maîtrisée. Puis également envoutée par ces contes venus d'ailleurs, émue par le drame personnel de ces jeunes gens, impatiente et fébrile de les voir réunis pour le meilleur et pour le pire.

J'ai été chamboulée par ces mots, malgré toutes mes lectures sur le sujet.

*

Un roman vibrant nécessaire. Pour ne pas oublier que n'importe quelle centrale nucléaire peut potentiellement détruire le Vivant à tout moment.

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L'Archiviste

(*4 novembre 2022 )



Plus d'un mois et demi que j'ai acheté et lu ce roman, en forme de fable , et comme je veux faire partager cette lecture étonnante, l'offrir, je me hâte de rattraper mon retard !!...



Une très belle lecture et la toute première découverte de cette auteure d' origine ukrainienne, dont la famille est arrivée en France dans les années 1930..



Le personnage central est une jeune femme, archiviste à Odessa; pour sauver sa soeur de la mort,elle se voit contrainte d'accepter un contrat honteux de la part d'un homme gradé, appartenant à l'envahisseur russe...qui lui demande dans son domaine des Archives où elle exerce ses talents de falsifier documents anciens, textes littéraires...jusqu'à falsifier des oeuvres d'art...afin qu'aux yeux de la postérité et de l'histoire, la Russie ait le

beau rôle , encore et toujours...!



Ce qui vaut pour tous les systèmes fondés sur la terreur : propagande du vainqueur et transformation des faits, à son profit !



"K.avait aussi sorti de l'enveloppe une autre feuille.C'était le fac-similé de la partition de l' hymne.(..)

Il fallait avoir l'esprit retors et la méthode de toute une administration pour produire et se permettre une telle infamie, et réviser ainsi un chant national !

Dans la balance des âmes, la vie de sa soeur d'un côté, l' hymne de l'autre.Comment se résoudre à choisir ?

K était encore une enfant, quand l'Ukraine était devenue indépendante ; c'était d'ailleurs son premier souvenir, la liesse de ses parents lors de cette annonce historique.

L' hymne avait résonné dans toute la ville, le drapeau était brandi dans le flot des mains.

Ce chant adopté par la République populaire d'Ukraine en 1917 avait été interdit dès 1920 par les Soviétiques, mais avait continué d'être fredonné dans l'intimité des maisons, comme une prière dans cette vie d'emprunt, un appel au passé éternel contre le provisoire. Les paroles s'étaient révélées prophétiques : " L' Ukraine n'est pas morte ".



Pour rentrer dans cette fable des plus évocatrices, il faut juste faire abstraction de quelques invraisemblances...Ce roman a le grand mérite de nous faire parcourir le parcours et les oeuvres d'artistes dissidents Ukrainiens et de "réactualiser" notre connaissance de

l' histoire de l' Ukraine... :



Parmi ces artistes rebelles et talentueux :



- Taras Chevtchenko ( poète, peintre et ethnographe)

- Gogol

- Pavlo Tchoubynsky ( poète et ethnographe)

- Alla Horska ( artiste peintre)

- Lessia Oukraïnka ( poétesse, écrivaine et critique)

- David Bourliouk ( peintre et illustrateur)

- Alexandre Archipenko ( sculpteur)

- Alexandra Exter (artiste peintre)

- Alexandre Dovjenko ( cinéaste)

- Vladimir Tatline ( peintre et sculpteur)...etc



Un livre des plus instructifs sous le couvert d'une fiction...menée allègrement !



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À crier dans les ruines

Retour à Tchernobyl



L’émotion sourd de toutes les pages du premier roman d’Alexandra Koszelyk. «À crier dans les ruines» est un chant d’amour à une terre, à un serment de jeunesse, mais aussi une terrible déchirure.



Je vous parle d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, de ce 26 avril 1986 où un accident nucléaire dans la centrale de Tchernobyl a soudain transformé les belles certitudes sur le progrès et les avancées de la science en un drame mortel qui a secoué le monde. Je vous parle d’un temps où l’Allemagne et la Suisse interdisaient la consommation de légumes de son potager et où le fameux nuage s’étant arrêté à la frontière, la France ne «courait aucun risque». Je vous parle d’un temps où l’information sur la catastrophe, les victimes, le traitement du problème et la zone contaminée était très parcellaire, en grande partie censurée par les autorités russes (et quand on voit le traitement de l’accident nucléaire des derniers jours, on se dit que rien n’avait vraiment changé de ce côté).

Je vous parle d’un temps qui a fait basculer du jour au lendemain la vie de milliers de personnes, notamment celle de Léna, le personnage au centre de ce beau roman.

Les premières pages se déroulent en 2006, vingt ans après la catastrophe, au moment où Léna arrive à Kiev pour s’inscrire à une excursion vers Pripiat avec quelques touristes dont la curiosité est plus forte que le risque encouru. Mais pour elle, on va le comprendre très vite, ce voyage revêt un caractère autrement plus important: elle revient dans la ville où elle a passé son enfance, dans la ville où elle a connu Ivan, auprès de l’arbre sur lequel a été gravé la preuve de leur amour, là où elle a fait un serment qu’elle n’aura pu tenir.

Le brutal arrachement à cette terre frappe aussi ses parents et sa grand-mère Zenka qui laisse derrière elle, dans le train de l’exil, «son chez-soi, sa langue, et des amis déjà enterrés». Dimitri, son père, a pu trouver un emploi à Flamanville, non loin de Cherbourg, où ses connaissances dans le domaine nucléaire sont appréciées.

Suivent alors des pages fortes sur l’exil et sur la façon dont on peut essayer de surmonter ce déchirement. Léna trouve un réconfort dans la lecture : «Les livres n’étaient pas seulement des outils pour apprendre le français ou pour s’évader: ils comblaient cette absence qui la dévorait et étaient un pont de papier entre les rives de ses deux vies. La lueur d’une bougie blèche au fond d’une caverne.»

La lecture et l’écriture. Car l’adolescente espère toujours que ses lettres trouveront Ivan qui, de son côté lui écrit aussi. Des lettres qu’il n’envoie pas, mais dans lesquelles il dit son espoir puis sa peine. Il raconte la vie à quelques kilomètres de ce maudit réacteur n°4 et le fol espoir né après la chute du mur de Berlin. Il raconte comment la douleur s’est transformée en colère: «J’ai longtemps espéré ton retour. En 1990, j’ai cru chaque jour que tu reviendrais. Tu sais ce que ça fait d’attendre? D’espérer? Quand ça s’arrête, on tombe de haut. Je croyais en toi, en ta force, en notre complicité. Mais ce n’était que du vent. Comme les autres. Tu es comme les autres. Dès que tu as franchi cette putain de frontière à la con, tu m’as oublié. Peu importe ce qu’on avait vécu. Pfft, du vent! Les promesses ne tiennent que le temps d’être dites.»

On aura compris dès les premières pages que Léna n’a rien oublié. Mais peut-on effacer vingt ans de sa vie et retrouver ses racines?

La plume sensible d’Alexandra Koszelyk – qui a eu la bonne idée d’aller, à l’instar de Jean d’Ormesson, chercher son titre dans les poèmes d’Aragon – donne à ce roman une profondeur, une humanité, une force peu communes. Si bien que je n’ai qu’une certitude en refermant ce roman: il ne sera pas inutile de crier dans les ruines, car le message sera entendu!




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L'Archiviste

«Ni la gloire ni la liberté de l'Ukraine ne sont mortes»



Le troisième roman d’Alexandra Koszelyk est né dans l’urgence de réagir à l‘envahissement de l’Ukraine par l’armée russe. À travers le portrait d’une archiviste chargée de détourner les trésors du patrimoine, nous découvrons la richesse d’une culture et la force de résistance du peuple.



Jamais terme n'aura été aussi juste: ce roman est brûlant d'actualité car il parle du conflit en Ukraine. Mais si Alexandra Koszelyk a ressenti l'urgence d'écrire, ce roman évite l'écueil de la colère aveugle pour s'élever au rang de conte universel qui souligne toute l'absurdité de ce conflit grâce à un scénario habile.

Dès les premières heures du conflit, la nécessité de sauver les trésors du patrimoine et les œuvres d'art ont conduit les responsables des biens culturels à choisir de transporter les pièces les plus précieuses dans les sous-sols de la bibliothèque où travaille K. Quand la ville a été prise par les troupes russes, l'archiviste était toujours présente, un peu par choix et beaucoup par nécessité, car sa mère est mal en point et a besoin de soins. Dans la journée, elle reste près d'elle et part le soir contrôler et répertorier les biens entreposés.

Ce ne sont pas les bombes qui vont les mettre en péril, mais un homme énigmatique qui vient lui proposer un bien curieux marché. Elle sera chargée de falsifier certaines œuvres, d'en modifier d'autres afin qu'elles correspondent davantage à la vision de l'envahisseur. Son mystérieux visiteur lui expliquant alors: «Il n’y aura plus qu’une vérité, celle que vous allez créer, grâce à vos connaissances et vos compétences artistiques». En échange de quoi il la renseignera sur les conditions de captivité de Milla, sa sœur jumelle. Partie défendre son pays, elle est désormais aux mains des Russes et sa vie est au cœur de cet abominable chantage.

Contre son gré, K accepte cette mission présentée comme salvatrice: «Il ne s’agit pas de tout changer, vous l’aurez compris, mais seulement certaines parties, détourner quelques vers, mettre un mot à la place d’un autre, gommer un personnage sur un tableau, remplacer un chef d’État sur une photographie, détourner un objet folklorique de son usage premier. Vous voyez bien, ce n’est pas grand-chose! Il ne s’agit même pas de destruction mais de réorganisation, voire de création! De devenir l’autrice de cette nouveauté!»

La première œuvre à modifier n’est autre que l'hymne national qui doit défendre et illustrer la fraternité et les bienfaits qu’apportent le pays voisin. Puis ce sont des tableaux qu'il faut retoucher, des poèmes et des chansons qu'il faut réadapter, ou encore des vitraux qui doivent être «réparés» pour réécrire l'histoire originelle qu'ils retracent. Après cela, il faudra s'attaquer aux événements contemporains, à l'accident de Tchernobyl, à la révolution orange, à Maïdan. Des classiques russes comme Les âmes mortes de Gogol jusqu'aux toiles de Sonia Delaunay, rien ne semble faire peur à l'homme au chapeau.

Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que l'obéissante K est entrée en résistance. Elle a trouvé le moyen de contourner son travail de sape.

Quant à Alexandra Koszelyk, elle a trouvé avec ce récit un formidable moyen de nous faire découvrir la richesse de la culture ukrainienne. En suivant K jusque dans le processus créatif, en entrant littéralement dans les œuvres, elle fait à son tour œuvre de résistance. Et inscrit ce troisième roman dans la lignée de ses précédents, à commencer par le premier, À crier dans les ruines, qui évoquait Tchernobyl pour mieux parler de l'Ukraine. Plus étonnamment peut-être, je vois dans le second, La dixième muse, l'histoire de ce jeune homme passionné par Apollinaire ce même désir de faire de la culture une arme et de sauver un patrimoine, ou au moins de le redécouvrir. Urgence et cohérence font donc ici bon ménage. C'est comme ça qu'Alexandra est grande et que nous sommes tous Ukrainiens!




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La dixième muse

«Le frère que je n’ai jamais eu»



Pour son second roman, Alexandra Koszelyk a imaginé un jeune homme qui se passionne pour Apollinaire et finit par retrouver dans les vers et la vie du poète toutes ses failles intimes. Vertigineux!



Philippe, qui sait que Florent traverse une période un peu difficile, lui propose de venir avec lui au cimetière du Père-Lachaise où l’on requiert ses services. Florent accepte de l'accompagner dans ce poumon vert de Paris et, en déambulant entre les tombes, découvre celle de Guillaume Apollinaire. Un nom qui lui rappelle ses cours de français.

Rentré chez lui, il décline l'invitation de Louise, sa compagne, pour une soirée télé et cherche les recueils du poète qu'il n'avait plus ouvert depuis des années. En parcourant Alcools et Lettres à Lou, il est émerveillé. Tout comme l'était Picasso qui a lui aussi pris la direction du cimetière pour accompagner son ami qui, de son vrai nom s’appelait Kostrowitzky (avec des k y z comme Koszelyk), vers sa dernière demeure. Emporté par la grippe espagnole deux jours avant l'armistice, le 9 novembre 1918, le poète laisse le peintre démuni. Il ne refera plus le monde avec lui.

Au réveil, Florent n'a pas oublié ses lectures, même s'il se sent vaseux. Il se décide alors à prendre l'air et s'arrête dans une librairie pour y dénicher une biographie de l'auteur qui désormais l'obsède. Feuilletant Apollinaire et Paris, il va essayer de mettre ses pas dans ceux du poète, se rend au Café de Flore. Mais au moment de partir, il est heurté par une bicyclette et finit à l'hôpital. À son réveil Louise ne comprend pas ce qu'il lui raconte, quelle est cette Marie Laurencin? Quel atelier de peintre évoque-t-il? Tout s'embrouille...

Une vieille dame lui confie une enveloppe, souvenirs d'une «polack» qui a suivi Olga aux obsèques de son fils Guillaume. Puis il rêve de Madeleine Pagès, la maîtresse qu'Apollinaire a suivi à Oran avant de rompre. Florent est désormais habité par cet homme, le frère qu’il n’a jamais eu, et court à la bibliothèque de Beaubourg dès qu'il a une minute pour tout apprendre de lui, de ses amours, de ses œuvres, des lieux qu’il a fréquenté. De sa naissance à sa mort, plus rien de la vie du poète ne lui échappe. Il peut aisément dresser la liste des neuf muses qui l'ont entouré, se son premier amour à cette épouse qui le conduira à sa dernière demeure. Une liste à laquelle viendra s’ajouter Gaia.

Car Alexandra Koszelyk a trouvé La dixième muse, celle qui lie Gui à la nature, celle que nous avons oubliée dans notre folle course au progrès.

Quel plaisir de retrouver ici la plume inventive et les fulgurances de la romancière qui nous avait offert avec À crier dans les ruines, un superbe premier roman. Elle confirme ici tout son talent, jusque et y compris avec un épilogue aussi surprenant que poétique.




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L'Archiviste

Dans une ville d’Ukraine détruite par les troupes russes au tout début de la guerre, nous faisons la connaissance de K qui a dû rester sur place, sa mère étant gravement malade, tandis que sa sœur, journaliste est quelque part sur les lieux de combats. Elle est archiviste dans une bibliothèque dans les caves de laquelle ont été mis à l’abri des objets d’art, des tableaux et chefs-d’œuvre en tout genre.



Un jour surgit devant elle celui qu’elle appellera « l’homme au chapeau », Russe, gradé, qui lui demande de modifier certains évènements historiques, œuvres diverses : tableaux, vitraux… pour les rendre « conforme » à l’histoire révisée à la mode soviétique, moyennant quoi elle aura des nouvelles de sœur actuellement entre leurs mains (il n’est pas à un mensonge près !)



Pour commencer, il s’agit, ni plus ni moins que modifier les paroles de l’hymne national ukrainien en faisant l’apologie du grand-frère russe : « Il n’y aura plus qu’une vérité, celle que vous allez créer, grâce à vos connaissances et vos compétences artistiques ».



Comme à l’époque de Staline, on va modifier les photographies pour que certaines personnes n’y figurent plus, d’apporter un nouvel éclairage sur la grande famine (Holodomor), Tchernobyl et les évènements de la place Maïdan !!!!



L’auteure nous propose ainsi une alternance passé-présent dans le récit ainsi que des rencontres extraordinaires avec des artiste connus ou non : on croise Gogol, son séjour en France, « Les âmes mortes » ou Taras Boulba, Marko Vovcok née Mariya Vilinska femme de lettres ukrainienne traductrice (elle a traduit notamment les romans de Jules Verne), à qui l’on doit notamment « Maroussia », ou encore Sonia Delaunay.



On croise aussi des poètes comme Taras Chevtchneko ou Lessia Oukraïnka, des peintres Maria Primatchenko ou Vladimir Tatline ou encore un cinéaste Alexandre Dvojenko et tant d’autres… (j’espère avoir orthographié correctement tous les noms)



Alexandra Kozlelyk, à travers ce récit évoque le courage et la résilience du peuple ukrainien qui force l’admiration depuis le début de cette guerre immonde, initiée par un avatar de Staline. Elle montre également comment on falsifie des œuvres pour modifier l’Histoire et faire un récit adapté à la négation d’un peuple, ce qui résonne particulièrement quand on voit grandir le révisionnisme, et son cortège de nationalismes.



Enfin, Alexandra Kozlelyk m’a permis de me rendre compte que je connais peu la culture ukrainienne, les auteurs très souvent rangés sous la bannière russe, la manière dont la langue a été « interdite » puisque tout l’administratif se faisait en russe, alors que comme elle le dit si bien, l’ukrainien était la langue intime.



La couverture illustre le propos de fort belle manière.



J’ai beaucoup aimé ce livre, dans lequel je reviens de temps en temps (ne serait-ce que pour mémoriser les noms des artistes) et pour réaliser une chronique à la hauteur. J’ai retrouvé un écrivain que j’aime beaucoup : Nicolas Gogol, (les personnes qui suivent mon blog peuvent en attester !) et j’ai chevauché avec plaisir avec les Cosaques…



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Aux Forges de Vulcain qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure qui a déjà plusieurs titres à son actif.



#LArchivisteukraineartpatrimoine #NetGalleyFrance
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Le sanctuaire d'Emona

J’ai parcouru rapidement quelques avis depuis que j’ai achevé ma lecture et force est de constater que je vais être une voix discordante. Je n’ai en effet pas réussi à apprécier ce roman autant que je l’aurais souhaité.

Séléné est une jeune adolescente hyperconnectée qui ne se sépare jamais de son téléphone portable et qui partage toute sa vie sur les réseaux sociaux. Mais derrière cette attitude qui pourrait être irritante, se cache une réelle fragilité : Séléné ignore qui sont ses véritables parents. Irina, elle, est rêveuse, mystérieuse, elle sait lire les cartes et fabrique des santons, elle s’intéresse à la nature et se tient éloignée de toute cette modernité qui attire Séléné. Les deux jeunes filles ne se connaissent pas, mais elles vont entreprendre un voyage ensemble, en compagnie du frère adoptif de Séléné et de la sœur d’Irina qui sont en couple. Ce voyage, censé les mener jusqu’en Australie, va prendre une tournure inattendue en Slovénie : les deux jeunes filles vont se retrouver plongées dans un univers fait de magie et de légendes et découvrir la puissance de l’amitié.

L’écriture d’Alexandra Koszelyk est plutôt séduisante et on sent au fil des pages la belle et grande culture qu’elle a envie de partager avec ses plus ou moins jeunes lecteurs. Il y a en outre beaucoup d’éléments intéressants dans Le Sanctuaire d’Emona et, par « intéressants », j’entends en réalité « captivants », comme si le lecteur était lui aussi pris au piège d’une sorte de magie narrative lui donnant envie de tourner les pages, pour saisir au plus vite tous les enjeux de l’histoire. Cependant, je dirais que ce roman a le défaut de ses qualités : l’écriture est belle mais certains passages auraient peut-être mérité plus de simplicité, les références culturelles sont nombreuses mais elles apportent parfois un peu de confusion. J’ai aussi trouvé la mise en place du récit un peu longue, ce n’est cependant pas un élément qui affecte mon jugement étant donné que j’ai bien conscience qu’il s’agit d’un premier tome. Il s’agirait plutôt d’un déséquilibre interne, par rapport à la suite du récit qui, elle, est extrêmement dense. Il y a aussi un détail qui m’a tracassée : si les personnages commencent leur aventure à quatre, deux d’entre eux sont rapidement écartés sans que cela ne paraisse perturber les deux autres. Bref, parfois, la connexion entre un roman et un lecteur se fait naturellement et instantanément ; parfois, elle est plus hésitante.


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