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Critiques de Alexandra Koszelyk (377)
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À crier dans les ruines

Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) explose. Des quantités énormes de radioéléments sont projetés dans l'atmosphère, irradiant des centaines de milliers de personnes. La faune et la flore sont également lourdement touchés.

À crier dans les ruines nous propulse au coeur de ce drame.

Une lecture chargée d'émotions.

Un cri douloureux, un cri nécessaire, un cri qui terrasse.

Un cri de désolation, de tristesse.



Des descriptions remarquables de la nature ukrainienne avant et après la catastrophe.



Deux adolescents amoureux aux destins brisés, Léna et Ivan, séparés par la force des choses. La famille de Léna a fait le choix de l'exil. Léna a été contrainte de suivre; elle est persuadée qu'Ivan n'est plus.

« Face à elle, le réel d'une vi(ll)e à jamais engloutie. »



Vingt ans plus tard, Léna, tiraillée entre deux mondes, revient sur les traces de son passé, revient à ses racines. Malgré les maux, les douleurs, les pertes...subsiste l'espoir.



Un roman puissant, poignant, bouleversant, riche de références littéraires et culturelles, à découvrir absolument !



Un temps suspendu par la grâce des mots.

Merci Alexandra Koszelyk !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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À crier dans les ruines

«  La peur du nucléaire est un luxe des pays riches. »



«  L’oisiveté n’est pas une sœur pour l’homme. »



Le sens de la vie a toujours échappé à l’homme » .



Quelques passages de ce roman formidable , explorant un passé récent tentant de mettre en lumière ce que la politique essaie maladroitement de cacher, cette catastrophe de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986, tout près de Pripiat , où habitent Léna , fille de scientifiques éminents , privilégiée , qui partira avec sa famille en France , convaincue par les paroles de son père que son tendre amour Ivan, son ami d’enfance ——-ils ont grandi dans ce petit village ukrainien,——— ils se sont promis l’un à l’autre l’éternité , leurs prénoms se chevauchent , gravés sur leur arbre ——- ils s’aiment comme des enfants , vraiment , est mort lors de ce jour funeste. ….





Le nucléaire , cette énergie que l’homme pense à tort, maîtriser ,fournie chaque jour par ces centrales toutes proches , est au cœur de cette histoire d’amour , incroyablement réaliste , poétique , vibrante d’humanité et d’humilité face à cette centrale qui s’enflamme , les radiations se répandant à toute vitesse , amenant leur cortège de souffrances et de désespoir ,au cœur de ce coin d’Ukraine , ravagé par l’inconséquence , l’inconscience et la suffisance des hommes .

.

Nous vivons aux côtés de Léna, son exil———elle grandira sur une terre qui n’était pas la sienne———elle revit la panique , la fuite, la séparation douloureuse , la complicité qui était la sienne auprès d’Ivan, un lien devenu ténu au fil des années …



Léna s’acclimate , at - elle le choix? , s’efforce d’oublier , rongée par le poids du silence, le fantôme d’Ivan qui la hante malgré l’affection de sa chère grand - mère , Zenka , pilier de tendresse .



Un jour tout ce qui était enfoui remonte et revient lors de son retour dans les ruines de Tchernobyl ,vingt ans après ….



Ivan, de son côté , ne peut s’éloigner de la zone contaminée ,sacrifiée , il reste dans le pays de ses ancêtres et attend le retour de sa bien - Aimée …



L’émotion gagne le lecteur : ce livre est un véritable chant d’amour à une terre, roman sur l’exil, la transmission intergénérationnelle, une romance aussi , à la lecture des lettres d’Ivan, qu’il ne pouvait envoyer , puisqu’il ne connaissait pas l’adresse de Léna …



L’auteure restitue le contexte historique avec aisance : le sort des familles désormais indésirables, les populations laissées dans une ignorance crasse , beaucoup y perdront la vie , ces gens hébétés , pétrifiés, capharnaüm meurtrier, se retrouveront souvent dans la misère,….sur une terre figée à jamais, où la vie humaine a disparu , envahie par une végétation pourpre , rouge sang….



Que dire du sort des samossiols , les «  revenants » , qui reviendront vivre malgré tout dans «  la Zone Interdite ? …



Déchirement de l’exil , désespoir, effroi, sidération, conséquences innombrables …..



Ce premier roman initiatique - témoignage puissant , narrant un effondrement et une histoire d’amour parle au lecteur, pétri d’empathie pour des personnages attachants ,habilement campés , à l’aide d’une plume habitée, vibrante, nécessaire, juste, usant du pouvoir des contes et légendes …..

«  La tragédie était le chaudron des slaves » .



«  L’homme soumet la nature, il la polit à son image. Il a alors l’impression de lui être supérieur. » .



«  Les scientifiques n’avaient aucune limite .La Sibérie était vaste , sauvage ,loin de tout : il n’y aurait aucune conséquence et à coups d’explosions nucléaires , ils ont détourné des fleuves pour irriguer des champs de coton au détriment de la mer d’Aral qui a vu son cours d’eau s’assécher » .

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L'Archiviste

Ce roman se déroule en Ukraine à une époque indéterminée, puisqu'il semble se passer sur une dizaine d'années, mais il pourrait se dérouler dans n'importe quel pays envahi et détruit à un moment de son Histoire !



Les vainqueurs veulent remanier l'Histoire de l'Ukraine, anéantir sa culture et ses souvenirs d'indépendance. K est chargée de modifier des oeuvres d'art précises qui prendront la place des originales. Elle accomplit cette tâche pour sauver sa soeur jumelle prisonnière des envahisseurs.



Le thème est intéressant et atemporel puis il devient fantastico-onirique au fur et à mesure de l'avancée des modifications apportées !



Malgré tout l'intérêt qu'il m'a suscité, je l'ai trouvé très long et relativement soporifique. J'ai mis plusieurs jours à le lire car je voulais apprécier la plongée dans la culture ukrainienne que j'ai toujours beaucoup appréciée !



#LArchivisteukraineartpatrimoine #NetGalleyFrance



Challenge Féminin 2022/2023

Challenge Multi-Défis 2023

Challenge Entre Deux 2023
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L'Archiviste

Toutes les nations n’ont pas la chance de naître sur des légendes, de celles qui inspirent de glorieux récits. Certaines surgissent d’un tas de cendre ou d’un bain de sang (Holodomor, Tchernobyl, Maïdan). En sont-elles moins légitimes pour autant ? Leur martyr les rend-elles moins respectables, pitoyables aux yeux des vainqueurs proclamés ?

L’archiviste s’appelle « K ». K comme Koszelyk, Kafka ou M. Klein. Gardienne de la bibliothèque, elle est harcelée par un émissaire de l’envahisseur, décidé à réinitialiser la mémoire de l’Ukraine. Pour ce faire, il l’oblige à réécrire les poèmes, repeindre les tableaux, falsifier les documents… dévier le cours naturel de l’histoire, tel un dieu mauvais. Sa mission est impossible. Chaque mot barré accentue la défaite (p52). En servant les dessins du censeur, elle anéantit l’espoir de recouvrer la liberté.

L’art survit aux hommes. Le profaner, c’est mourir deux fois. Alors K résiste. En confiant la contrefaçon à sa faussaire, l’émissaire en oublie son pouvoir d’agent double : dissimuler les signes de la révolte sous son apparente résignation.

Chaque œuvre examinée par K permet à l’auteure de nous faire redécouvrir les fondations de la culture ukrainienne. Le procédé de la rêverie nous emmène à la rencontre de figures telles que Tchoubynsky, Chevtchenko, Horska ou Primatchenko.

Brouillon dans la forme (la construction patchwork entre récit, souvenirs et histoire contemporaine), brillant sur le fond (la culture classique de l’auteure est un régal), l’Archiviste est un hommage émouvant à la nation ukrainienne.

Bilan : 🌹

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À crier dans les ruines

Depuis que j’ai regardé la série « Chernobyl » à la télévision, j’ai cherché à lire des ouvrages sur cette catastrophe et je suis tombée sur ce roman. La couverture et le titre surtout m’ont immédiatement emballée et j’ai lu, très vite ce roman que je vois comme une histoire d’amour et de deuil. Je trouve que ces deux thèmes se comprennent de deux manières : il y a l’amour entre les deux adolescents Léna et Ivan qui perdure malgré la distance et la certitude pour Léna de la mort d’Ivan. Mais on trouve aussi l’amour de la patrie, très forte chez Léna même si celui-ci n’est pas tout de suite conscient chez elle. Mais ses études, ses lectures, tout la ramène dans ce pays dont on l’a arrachée subitement un jour d’Avril 1986.

Et puis il y a le deuil : celui d’un pays, d’une ville –Pripiat- abandonnée du jour au lendemain par ses habitants car on ne peut plus y vivre. Celui de tous ces gens obligés de tout laisser sur place, déchirés de devoir quitter leurs terres, leurs animaux, leur vie même pour se retrouver entassés dans des immeubles à Kiev sans aucune perspective de retour. Sans compter toux ceux qui sont morts des suites de la catastrophe. Un deuil national qui pèse encore aujourd’hui parmi la population. Un deuil plus personnel qui touche aussi bien Léna qu’Ivan : chacun, à sa manière, est affecté par cette tragédie amis c’est Ivan qui est le plus touché. Non seulement il perd Léna, partie brutalement pour la France, mais il perd aussi sa petite sœur, son père…

L’écriture d’Alexandra Koszelyk est belle, presque lyrique. Elle donne du souffle à cette histoire déchirante, à cet amour sublimé par la distance (dans le temps et l’espace), à ces deux adolescents dont on attend (dont on espère) les retrouvailles. Un très beau moment de lecture !



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À crier dans les ruines

Gros,gros coup de coeur pour un 1er roman, c'est réussi, et je dois avouer que certains passages m'ont vu verser quelques larmes. Livre marquant que l'histoire de ces deux adolescents de 13 ans épris l'un pour l'autre,que le destin va brutalement séparer à cause d'une erreur humaine sur la centrale de Tchernobyl : mai 1986.

Pripryat, ville moderne construite pour les ingénieurs et les ouvriers de la centrale de Tchernobyl, se situant à 3 kms.

Dans cette ville deux adolescents : Léna et Ivan vivent dans leur " bulle" ,leur voie est toute tracée, inséparable depuis leur plus tendre enfance ,ils envisagent leur avenir sereinement.

Mais par une faute d'inattention d'un des ouvriers ,la plus grande catastrophe nucléaire va avoir lieu en mai 1986.

Sans aucune explication, son père etant ingénieur à la centrale,Léna se voit deracinée brutalement,en fuite vers la France avec sa grand-mère et ses parents.Un long voyage en train qui ne lui laissera que des souvenirs irrėels et confus.Ils rejoignent leur famille russe déjà exilée en France.

De ces années d'exil,Léna ne s'en sortira pas indemne ,malgré tous ses efforts elle n'arrive pas à s'intègrer, toujours, elle se sentira étrangère.L'absence d'Ivan sera pour elle une torture ,une plaie non refermée, elle est sans nouvelles.

Grâce à sa grand-mère qui l 'entoure d'amour,contrairement à ses parents qui eux ,ne la comprennent plus et dont elles'eloignera petit à petit, elle n'oubliera pas ses origines au travers les légendes racontées dans sa langue natale,le soir lorsque la nuit tombe ,à la lueur d'une bougie.Ces rites feront que Léna gardera toujours l'espoir enfui en elle de retourner la-bas.Le jour arrive où jeune femme devenue,avec tous ses diplômes ,elle s'envole vers sa terre natale, sur les lieux de son enfance où elle espère retrouver Ivan.

Un petit joyau d'écriture par la justesse des mots ,très poétique, retraçant avec finesse l'ambiance ,l'atmosphère de ces années communistes en Ukraine ,le rêve du monde occidental qui vera s'épanouir ses parents en Bretagne,en parallèle trois ans plus tard la chute du mur de Berlin,et le retour : le choc,sa ville natale, méconnaissable, dévastée et envahit par la nature. Retrouvera t-elle Ivan? A vous de le découvrir.

Un magnifique roman dévoré en apnée ,à lire de toute urgence!! ⭐⭐⭐⭐⭐
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L'Archiviste

K est archiviste dans une ville à proximité d'Odessa. Les souterrains de sa bibliothèque sont devenus le lieu dans lequel toutes les œuvres ukrainiennes ont été apportées à l'évacuation du pays au début de la guerre. Peu de temps après, un homme au chapeau lui rend visite et lui donne une mission, qu'elle va accepter malgré elle - la raison en sera donnée dans le récit - : elle doit réécrire l'histoire du pays à travers ses œuvres d'art, principalement ses œuvres littéraires, en y gommant toute trace de spécificité, en gros en faisant disparaître l'idée même d'Ukraine. Histoire qui viendra, contre toute attente, lui donner des armes pour résister tant bien que mal à cette terrible mission...



Roman terriblement d'actualité, évidemment, à l'heure où Vladimir Poutine tente d'annihiler l'Ukraine pour lui redonner le statut de satellite russe dans un désir de nouvelle URSS, écrit ici avec une magistrale délicatesse évanescente et une touche de surnaturel par Alexandra Koszelyk, d'origine ukrainienne - et l'on sent, en effet, que le projet romanesque de L'archiviste est profondément personnel.



A travers l'histoire de K, archiviste qui verse dans la résistance passive contre l'ennemi, à défaut de pouvoir faire bien plus - enfin au début -, c'est toute l'histoire de l'Ukraine qui nous est contée, de sa fondation à la révolution de Maidan, dans toute sa résistance face à l'ennemi russe, et de fait c'est aussi l'histoire de tout.e.s celles et ceux qui ont résisté, et qui résisteront encore, pour sauvegarder sa littérature, son art, sa culture, plus généralement son identité qui nous est contée par l'intermédiaire d'une polyphonie narrative fluide, servant à la perfection le propos.



Je remercie les éditions Aux Forges de Vulcain et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce roman, que j'ai trouvé enchanteur, très émouvant, malgré la gravité du sujet et des circonstances qui en expliquent son intrigue.
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À crier dans les ruines

"L'amnésie était sa terre de résilience"

D'entrée de jeu, il faut dire que ce roman est bouleversant, il laboure en nous l'exil, inconsolable pour ceux qui l'ont connu, cette transmission de l'amour filial passant au fil des générations.

L'histoire, c'est celle de deux adolescents vivant en Ukraine, leurs parents travaillent dans la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Une date, un jour suffit à briser des milliers de vie, le 26 avril 1986, le réacteur numéro 4 prend feu.

L'histoire, alors s'écrit au passé, Léna fuit avec ses parents le drame pour aller vivre en Normandie, son amour adolescent, son alter ego: Ivan, lui n'a pas cette chance.

La vie les sépare, Léna tente de survivre en refoulant cette vie d'avant jusqu'au jour où L'amnésie ne peut plus lui servir de résilience.

Alors, elle retourne dans ses terres dévastées retrouver celui qu'elle aime.

Ce roman traite merveilleusement bien de l'indicible que la mémoire commande pour survivre . Cet bouleversant écrit de la grand mère de Léna qui lui raconte sa survie à la grande famine en Ukraine, l'énergie, le moteur qui permettront à Léna de refranchir ce pays qui est le sien.

Bouleversant roman dont je recommande totalement la lecture.
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À crier dans les ruines

Un premier roman qui a provoqué beaucoup d’échanges sur la blogosphère et qui m’intriguait, par le fait.



Alexandra Koszelyk nous raconte une histoire d’enfance confrontée à la terrible catastrophe nucléaire ukrainienne, les vies à reconstruire ailleurs et la joie de vivre de l’enfance qui disparaît.

C’est un joli roman bien troussé, qui s’adresse plutôt à un public adolescent, en regard de la dramaturgie assez simple opposant enfance heureuse et bouleversement familial. il casse rapidement le joli monde des premières années insouciantes pour suivre le parcours de deux enfants de Pripiat, arrachés à leur quotidien un jour d’avril 1986.



Éveil à la sensualité, amours d’adolescents, déracinement, exil, séparation. Les grands thèmes d’un roman apprentissage se bousculent, complétés par cette capacité de la jeunesse à savoir se réinventer, ou être capable de résilience. Dommage que cela soit un peu convenu et trop bien léché. Il faut dire qu’étant plutôt affûtée sur la thématique Tchernobyl, je n’ai eu que l’accroche de la séparation d’amours platoniques de Léna et Yvan pour piéger mon intérêt.

Et je n’ai justement pas accroché.



L’auteur a la plume joliment descriptive, sensible et poétique. Pour un premier roman, il donne du potentiel à une carrière d’auteur.

A suivre donc...

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L'Archiviste

Voici mon retour de lecture sur L'Archiviste d'Alexandra Koszelyk.

K. est archiviste dans une ville détruite par la guerre, en Ukraine.

Le jour, elle veille sur sa mère mourante.

La nuit, elle veille sur les œuvres d'art que, lors de l'évacuation, on a entassées dans la bibliothèque dont elle a la charge.

Un soir, elle reçoit la visite d'un des envahisseurs, qui lui demande d'aider les vainqueurs à détruire ce qu'il reste de son pays : ses romans, ses poèmes et ses chansons.

Il lui demande de falsifier les œuvres sur lesquelles elle doit veiller. En échange, sa famille aura la vie sauve.

Commence alors un jeu de dupes entre le bourreau et sa victime, dont l'enjeu est l'espoir, espoir d'un peuple à survivre toujours, malgré la barbarie.

L'archiviste est un très bon roman qui m'a fait découvrir la culture ukrainienne, que je connais mal voir, pas du tout !

K est une archiviste travaillait dans une bibliothèque dont les caves servent de refuge aux œuvres d'art. Celles ci ont été évacuées lors d'une opération spéciale en février 2022.

K s'occupe de sa mère la nuit et de ses œuvres la journée.

Mais.. un jour.. on lui demande de falsifier les œuvres si elle et sa famille veulent garder la vie sauve !

Commence alors un drôle de jeu entre K et celui qui la menace..

Nous avons là un roman poignant avec des personnages forts, intrigants, qui luttent pour leur vie.

Nous sommes de nos jours, pendant la guerre en Ukraine, et c'est poignant.

J'ai beaucoup aimé l'écriture, la façon de l'autrice de nous faire découvrir la culture ukrainienne.

Les sauts entre le présent et le passé ne m'ont perdus.

En fait, c'est simple, tout m'a plu dans ce roman, tout simplement :)

Je vous invite vraiment à découvrir L'archiviste, que je note cinq étoiles.

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À crier dans les ruines

C'est un livre qui me faisait de l'oeil depuis longtemps et que j'ai enfin découvert en l'empruntant à la médiathèque où je travaillais il y a encore quelques jours, puisque celui-ci avait obtenu un prix des lecteurs là-bas.



Pour l'histoire, nous sommes en 1986 au début du récit, très précisément au moment où tout a basculé le 26 avril avec Tchernobyl. La catastrophe nucléaire qui a détruit tant de vies en Ukraine, y compris celles de Léna et d'Ivan, deux ados de treize ans qui sont ami•es depuis des années et qui s'aiment mutuellement. Tchernobyl va les séparer, puisqu'Ivan va rester avec sa famille dans la zone, alors que Léna est déracinée et doit suivre ses parents en France.



Avant de parler de la catastrophe nucléaire, ce livre parle de l'exil. En effet, nous suivons la vie de Léna qui a dû quitter son pays, son école, ses ami•es et Ivan. Ivan qui représentait tant pour elle. Ivan qui, d'après le père de Léna, est mort. Mais elle ne veut pas y croire et souffre de cette absence. Vingt ans plus tard, devenue adulte, Léna reviendra dans sa région natale, à la recherche de ses origines et de son amour perdu..'



La coïncidence a fait que j'ai commencé ce roman quelques temps après la guerre en Ukraine, alors même que, de nouveau, des personnes ont dû tout laisser derrière elles et fuir leur pays. C'est exactement de cela dont l'autrice nous parle ici : le déracinement. C'est un sujet très intéressant et important mais j'aurais aimé suivre un peu plus Ivan, resté en Ukraine, pour savoir ce qu'était l'après Tchernobyl.



C'était une jolie histoire d'amour, un roman assez fort sur l'exil et la perte des repères, mais qui évoquait que trop peu le désastre de Tchernobyl sur la région, malheureusement. Malgré ce petit bémol, j'ai beaucoup aimé ce livre, que j'ai lu pratiquement d'une traite, emportée par la plume poétique de l'autrice ! C'est son premier roman mais elle a su montrer son talent d'écriture, si bien que j'ai envie de lire ses autres ouvrages !
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À crier dans les ruines

En avril 1986, la catastrophe de Tchernobyl envoyait sur les chemins de l'exil des dizaines de milliers de personnes.

Ces anonymes, qu'ils soient liquidateurs ou simples habitants de Prypiat, ont depuis été le sujet de plusieurs oeuvres aussi fortes qu'émouvantes telles que le sublime film La Terre Outragée de Michale Boganim ou l'inoubliable livre La Supplication de Svetlana Alexievitch (sur lequel se base d'ailleurs en partie la mini-série événement Chernobyl de la chaîne HBO).

En ouvrant le premier roman de la française Alexandra Koszelyk, ce n'est pas une coïncidence si l'on retrouve en préambule une citation de Svetlana Alexievitch puisque, tout comme l'autrice ukrainienne, Alexandra a choisi de nous parler des petites gens qui ont souffert après l'explosion de la Centrale. Une façon pudique et intimiste de raconter un drame silencieux et de revenir sur l'histoire du peuple ukrainien à travers une histoire d'amour qui n'a jamais eu lieu.



Histoire d'un exil

Lena et Ivan ont 13 ans lorsque l'impossible se produit et que le feu nucléaire met fin à l'insouciance de leur enfance. Inséparables, les deux adolescents vont pourtant devoir se quitter.

Tandis que Lena quitte l'Ukraine pour la France avec ses parents scientifiques, Ivan, lui, reste dans l'attente de l'évacuation par l'armée vers Kiev et un hypothétique relogement.

Près de 20 ans plus tard, alors que Lena pense avoir enfin trouvé l'amour, elle comprend que rien ne pourra l'empêcher de retourner sur sa terre natale, cette Ukraine désormais meurtrie par la Zone et dont le peuple a enduré, une fois encore, les pires souffrances en silence.

Mais Ivan, cet amour d'enfance qu'elle n'a jamais oublié, vit-il encore dans ces ruines à jamais irradiées ?

À crier dans les Ruines n'est pas seulement un extrait d'un superbe poème d'Aragon, c'est aussi un adieu déchirant qui renferme en substance la mélancolie poignante d'une Lena qui n'arrive pas à oublier.

Alexandra Koszelyk a beau nous planter le décor et passer rapidement en revue la catastrophe au début de son roman, c'est bien l'histoire de cette enfant déracinée qui occupe le reste de l'ouvrage, entrecoupée il est vrai des quelques lettres sans réponse d'un Ivan de plus en plus amer avec le temps.

Avant toute chose, À crier dans les Ruines nous parle de l'exil de tout un peuple à travers l'histoire de Lena, une « privilégiée » qui a pu passer à l'Ouest avant que l'Armée soviétique ne l'emmène manu militari à Kiev.

Malgré cette échappée, voilà que la jeune femme est confrontée au mutisme de sa famille qui désire simplement oublier la catastrophe et les sacrifices. Dans sa description minutieuse des états d'âmes de Lena, Alexandra Koszelyk délivre en réalité un message universel sur ces familles arrachées de chez eux par la faim, la guerre et la catastrophe. Elle explique, patiemment et avec poésie, que quelque chose manque toujours au plus profond, un deuil jamais vraiment terminé qui ne trouve sa conclusion que dans le dernier des soupirs.



Ces légendes surgies du passé

À crier dans les Ruines utilise rapidement la passion pour la littérature de son héroïne et l'amour d'Ivan et Lena pour les mythes et légendes pour raconter une autre histoire, celle que façonne les hommes pour les réunir et les retenir.

Régulièrement, par sa grand-mère Zenka ou par des histoires glanées ici ou là, Lena se plonge dans les légendes — ukrainiennes ou non — pour trouver des échos de sa propre souffrance, de ce manque qui la ronge.

Alexandra Koszelyk construit d'ailleurs son récit dans une forme similaire, sorte de conte presque trop beau pour être vrai d'un amour qui dure vingt ans et qu'on tente de réanimer malgré les frontières et les dangers.

À travers la littérature et ses souvenirs, Lena recompose un pays comme l'a fait sa grand-mère avant elle. Et c'est certainement dans ces moments-là que le roman se montre le plus fort et le plus beau, quand il dépeint les souvenirs des uns et des autres, des blessures sous la peau.

Lorsque Zenka raconte l'Holodomor ou lorsque Ivan nous explique comment il a (sur)vécu.

Même si Alexandra trébuche à plusieurs reprises dans son style qui manque encore de maturité, même si parfois elle semble sur-écrire certains passages pour le plaisir des yeux, il reste toujours une sincérité et une beauté qui voudraient capter l'intime de ses personnages pour expliquer la grande catastrophe par la petite, celle de ces gens dont l'Histoire n'a pas retenu le nom.



Romance à l'ombre du Soviet

Tandis que Lena nous raconte l'après-Tchernobyl, Alexandra, elle, en profite pour brosser un portrait-double, celui d'une URSS qui s'écroule malgré sa puissance et celui d'une Ukraine qui regagne sa liberté.

La romance entre Lena et Ivan, qui semble parfois prendre des accents antiques (ce n'est pas un hasard si son autrice enseigne le grec et le latin) et refléter d'autres moments dramatiques de l'histoire — moments où les ruines continuent à murmurer une éruption volcanique ou un autre accident nucléaire jamais révélé — , cette romance ne peut finalement pas gommer le monde autour.

On assiste avec stupeur à la chute du Mur et à l'indépendance de l'Ukraine pendant que Lena grandit et tenter d'avancer avec ce creux au fond d'elle qui ne veut pas la lâcher.

Finalement, c'est d'identité que parle À crier dans les Ruines, celle que nous nous construisons dès la plus tendre enfance et qui nous définit avec le temps. Brutalement arraché de ses racines, de sa langue, de ses rêves, peut-on vraiment être la personne que l'on veut ou nous manquera-t-il toujours une pièce dans ce grand puzzle de notre existence ?

Mélancolique et pourtant pleine d'espoir, Alexandra Koszelyk nous répond que rien n'est impossible, qu'il faut chasser les souvenirs du passé même sur les terres les plus reculées pour trouver ce qui compte avant tout : cette histoire derrière nous.



Malgré quelques errements stylistiques, Alexandra Koszelyk raconte au lecteur une histoire poignante où romance tragique, catastrophe historique et identité familiale se mêlent pour accoucher d'un vibrant hommage aux sacrifiés de Tchernobyl.

C'est ainsi qu'À crier dans les Ruines apparaît à la fois comme un adieu et un retour, une identité perdue et un passé retrouvé, très loin là-bas dans la Zone irradiée.
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La dixième muse

Abandon à une centaine de pages. Florent, après avoir vu la tombe de Apollinaire, devient obsédé par le poète au point de négliger sa thèse, s’imaginer avec une de ses maîtresses alors qu’il est dans les bras de sa femme, etc. Ça passe du coq à l’âne, au point de souvent me faire décrocher.
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La dixième muse

Guillaume Apollinaire de Kostrowisky et ses poèmes à Lou, lus et relus, à une époque, et récemment pour aider ma fille à concevoir une anthologie sur l'Amour et la Guerre. Ils sont de belles déclarations à sa muse aimée qui fut pour Apollinaire un véritable soutien psychologique, une évasion salutaire qui lui a donné le courage d'affronter les dures réalités de la Première Guerre Mondiale.



J'ai aimé lire ses poèmes, comme j'ai aimé retrouver Apollinaire dans cette bio-fiction originale que nous propose Alexandra Koszelyk. Elle redonne vie à Apollinaire (à d'autres également) qui nous parle de ses amours, de ses relations d'amitié avec Pablo Picasso et Henri Rousseau, de son vécu militaire. Le fantôme de Guillaume Apollinaire, quant à lui, hante Florent, personnage mélancolique de ce roman, en proie à ses démons et qui va se laisser prendre dans les filets d'une douce, fascinante et ésotérique voix, au point que ce dernier semblera, pour le lecteur, flirter avec la folie. Mais c'est pourtant dans les pas de Guillaume Apollinaire que Florent trouvera un semblant de paix.



« Grâce à la vie du poète, à ses écrits, je m’affranchissais désormais de mes anciennes souffrances, elle dissipait ce vide qui me hantait depuis l’enfance et dont je n’avais jamais cicatrisé : l’absence de ma mère. »



La construction de ce roman en fait sa force, l'idée de cette dixième muse est superbe ! Mais je ne vous en parlerai pas ici... À vous de la découvrir, de vous laisser bercer par sa voix, par ses charmes. Elle est l'inspiration, elle est notre muse aussi.



« Depuis mon réveil, dans cette forêt de Stavelot, pas un seul jour n'était passé sans que j'eusse écouté ses poèmes : sa musique sur le monde pansait mes cicatrices aux boursouflures éternelles. Les hommes n'avaient-ils pas saisi l'importance d'Apollinaire, lui qui racontait l'amour, qui posait un regard nouveau sur les choses, qui magnifiait et métamorphosait le réel, qui agissait avec la même philosophie qu'un arbre, qui transmettait un message de la manière la plus libre, sans ponctuation, se délestant des atrocités du réel, se riant de tous les risques, même ceux de la guerre ? »



Un très beau roman, une belle histoire empreinte de magie, une ode à l'amour, à la poésie, à notre environnement naturel. Ouvrir ce livre, c'est accepter de lâcher-prise, de se laisser entraîner dans un voyage onirique, de déambuler lentement d'une époque à l'autre.



« Le poète pose un autre regard sur la vie : il la tord, la malmène, l'embellit. Il ose le symbole, rapproche deux réalités et crée un monde nouveau. »
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À crier dans les ruines

Plus le temps passe, plus j'ai plaisir et intérêt à découvrir l'Histoire à travers le roman, et en particulier ces situations, contextes ou événements qui ne sont pas perceptibles sous le radar de l'actualité ou les livres d'histoire.

Ainsi en est-il de ce roman qui s'en vient poser une réalité et de la vie sur un fait historique, connu mais figé dans la représentation que j'en avais : Tchernobyl. Connu l'accident nucléaire, connu la zone sinistrée, mais qu'est-ce qu'être de Tchernobyl, y avoir habité, y habiter encore ou en être parti? quel lien subsiste-t-il à la terre d'avant l'accident, quel est l'impact de ce dernier sur l'identité, le rapport à la terre, la famille, la communauté?

C'est ce qu'explore ce roman délicat, à travers le récit d'une jeune fille dont la famille a fui en catastrophe quand son amour de jeunesse est resté, que ce souvenir hante et qui revient vingt ans après.

Un roman éclairant, qui me donne envie de retrouver sur le même sujet, dans un registre que je sais d'avance émotionnellement plus fort, le regard de Svetlana Alexievich dans La supplication.
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À crier dans les ruines

À crier dans les ruines aborde un sujet qui ne m'attire pas forcément : des amours adolescentes sur fond de catastrophe de Tchernobyl. Dans le genre, il y a plus fun.



Pourtant, je me suis laissée prendre par le premier roman d'Alexandra Koszelyk.

J'ai aimé le style vif de l'auteur, j'ai appris beaucoup de choses sur la catastrophe et sur ses conséquences et je me suis vite attachée à Léna et à Ivan. Sans compter l'hymne à la nature qui a eu une résonance particulière en moi.



Il ne s'agit cependant pas d'un coup de foudre car le roman est imparfait. L'histoire d'amour est convenue, la fin est lisible rapidement. Il y a quelques incohérences : par exemple, comment la famille de Léna peut-elle fuir si facilement, pot-de-vin ou pas ?

Et à trop vouloir donner d'infos sur Tchernobyl, le roman prend parfois des allures de docu.



La plume est jeune aussi je pardonne ces carences et je vais m'employer à suivre de près le travail d'Alexandra Koszelyk.
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À crier dans les ruines

Le lyrisme incroyable de ce texte. Sa poésie, sa manière d’être habité. La manière aussi dont j’ai retrouvé l’Alexandra avec laquelle j’avais conversé si intensément... J’ai croisé beaucoup de gens imbus de leur culture, d’érudits qui se meuvent sur la pointe de leur vanité à coups de citations glorieuses pour masquer leur insignifiance. Elle est le contraire. Elle a l’antiquité qui s’écoule dans chaque souffle, dans chaque regard et dans chaque phrase, les mythes et leurs signes qui affleurent à chaque métaphore. Une manière de les incarner et de les maintenir comme des références vivantes qui m’a absolument émerveillé.



Ainsi, elle a écrit un chant homérique, une odyssée, quelque chose de classique, d’éternel, de délicieusement anachronique, pétri de tous ces codes qu’elle aime, de ces tournures élégantes comme des sonates, comme des poèmes, comme un chant de l’âme dans le style. Une atemporalité dans le ton, relié à l’éternité, que le présent tyrannique de nos sociétés instantanées n’ose plus que très rarement. Ce qui m’est resté de cette première lecture, c’est cela, l’envoûtement de cette musique où j’ai retrouvé l’élégance de mes livres d’adolescence. L’esprit forgé aux mêmes sources, le cœur vibrant des mêmes temples. On se retrouve ici comme à la naissance de la tragédie. Ce qui m’a effaré d’admiration c’est cela. Cette audace à ne sacrifier à aucun code putassier, pour coller à la mélodie de son âme, pour livrer un roman qui authentiquement lui ressemble. Il a sa voix. Et l’effet que fait sa présence quand on la connaît un peu.



Sans doute, beaucoup attendent Tchernobyl, son désastre, sa contamination, ses conséquences horribles. L’habituel sensationnalisme que les gros titres et les séries télé exaltent. Alexandra raconte une histoire d'amour shakespearienne, deux adolescents épris l'un de l'autre. Lena et Ivan. Elle est la fille d’un technicien de la centrale qui prend immédiatement l’ampleur de la catastrophe. Il décide soudainement de fuir loin de cet apocalypse. La jeune fille en a le cœur brisé. Cette histoire sera celle de son déracinement. De cette assimilation douloureuse à la France, loin de son pays martyr. Les jeunes gens s’écrivent. Les lettres ne leur parviennent pas. Le temps passe. Elle découvre la culture, les livres qui lui disent qui elle est. Il continue de lui écrire, de loin en loin, jusque dans l’amertume d’un oubli supposé et d’un retour impossible. Jamais pourtant le souvenir et la pureté du lien fondateur qui les unit ne s’efface.



Et la tragédie de Tchernobyl résonne dans leur intimité. Dans leur monde. Partout, comme le cataclysme qu’elle est et qui figea Pripiat, la ville voisine de la centrale nucléaire. Alexandra commence son récit par un retour vers la zone interdite. Vers l’enfance. Vers une innocence perdue. Vers cet amour interrompu mais jamais effacé dans la distance, figé comme cette grand roue étrange, installée la veille de la catastrophe. Cet amour qui est finalement la seule continuité de sa vie, son fil d’Ariane. Elle revient comme Orphée, en quête de celui dont elle est endeuillée. Sa vie est passée comme un songe, vite, alors qu’elle s’est arrêtée là. Au moment de son arrachement. Elle entend à nouveau cette langue qu’elle ne sait plus parler et qui étend son regret sur ces silences. l'absence d'Ivan dont parfois elle a traqué le souvenir dans d’autres bras. Elle revisite sa mémoire amputée. Cet oubli de soi dont on ne se remet jamais vraiment quand on a dû s’exiler.



La nostalgie. La fragilité des existences dont les certitudes peuvent être balayées du jour au lendemain. La violence des vies qu’on doit recommencer. L’exigence des avenirs qui réclament notre passé en offrande. La majesté de la nature où nous ne sommes que des ombres fugitives, des initiales gravées sur le tronc d’un arbre. Ce roman parle des forces qui nous dépassent et des divinités, des esprits et des Parques qui président encore à notre destinées. Il y a de la magie dans le regard d’Alexandra, qui sait encore comment convoquer dans ces mots le souffle antique des muses qu’elle aime.



Il y a ici la fièvre des grands romans russes, Anna Karénine bien-sûr, Gogol et Tourgueniev. La grandeur et la sensualité de Kundera. Les amours tourmentés écrits par les sœur Brontë. Il y a ici toutes ces réminiscences. Des romans que je n’ai pas lus depuis ma petite vingtaine et dont cette œuvre m’a ramené les frissons. Une fresque à laquelle je ne m’attendais pas, une ampleur, une ambition à laquelle nos regards distraits ne sont plus accoutumés.



Mais cette symphonie sensible, érudite, poétique et harmonieuse m’a totalement enivré.



Il y a des livres qui, longtemps après qu’on les ait lus, continuent de vivre en nous, des personnages et des images qu’on a aimés comme des sortilèges.
Lien : http://www.nicolashouguet.co..
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La dixième muse

De toute la rentrée littéraire qui trône sur ma commode, c'est de loin le livre qui a la plus jolie couverture. L'écriture est douce et quelques passages sont vraiment bien écrits. Alexandra Koszelyk, de sa plume élégante, nous conte les muses de Guillaume Apollinaire, ce poète aimé des correcteurs du bac comme des adolescentes dont je fus. De lui, je me souvenais de quelques vers et de ma meilleure note au bac. Là, j'ai découvert l'homme amoureux. J'ai bien aimé les passages sur les amours du poète, un peu moins les passages sur Florent, héros du livre passionné, que dis-je obnubilé par Apollinaire. Un peu trop de magie et d'hallucinations pour moi. Mais ce roman vous plaira si vous aimez les romans poétiques.
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À crier dans les ruines

Léna et Ivan, ou une enfance et un début d'adolescence insouciants dans les années 80 en Ukraine. le père de Léna travaille à la centrale de Tchernobyl, et dès le 26 avril 1986, il comprend tout de suite que le pire est arrivé, et il précipite le départ prévu vers l'étranger, la France, sans aucun bagage. Dès leur installation, ses parents enjoignent Léna d'oublier son pays, lui affirment qu'elle n'y retournera jamais. Pour Léna, sa seule consolation est sa grand-mère, dans ce déracinement douloureux, celle qui lui rappelle sa culture, ses légendes ukrainiennes. Sans nouvelles de son ami Ivan, elle finit par accepter ce qu'affirment ses parents, qu'il compte au nombre des victimes.

Pourtant, vingt ans plus tard, lorsqu'elle a l'occasion de revenir enfin en Ukraine, elle ne peut s'empêcher de retourner dans son village…



Je me suis laissé tenter par la couverture, le résumé et les premiers avis sur le roman d'Alexandra, que de plus je connais par blogs interposés depuis longtemps. Mais je dois prévenir tout de suite que je ne suis pas précisément la lectrice idéale pour un jeune roman français à l'écriture poétique, qui fait appel à la sensibilité des lecteurs, sur le thème des amours de jeunesse.

Par contre, j'ai lu un certain nombre de romans évoquant l'exil, thème que j'aime à retrouver assez souvent, et les répercussions de l'accident de Tchernobyl sur la population est un sujet fort qui me parle également.

J'ai beaucoup apprécié le début du roman, la description de l'amitié naissante entre les deux jeunes gens, l'accident nucléaire, le départ : sublimés par l'écriture de l'auteure, qui trouve toujours des images qui parlent à la sensibilité, sans platitudes aucune, tout en retenue et en humanité.

Ensuite, mais ce n'est que mon ressenti, à son arrivée en France, j'ai trouvé Léna plus diaphane, une fille de papier, qui ne se ranime, me semble-t-il, que dans les ruines d'Herculanum. J'ai aimé cette évocation du voyage en Campanie, et le choc des ruines, qui sera suivi d'autres voyages, plus près de ses racines.

à suivre sur le blog...
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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L'Archiviste

Alexandra K est une passeuse de mots, d’âmes, d’histoires, celles d’un peuple qui refuse de plier face à l’envahisseur.



K vit avec une montre arrêtée à 19h06, l’heure de l’invasion, de la guerre, de la défaite. Elle s’occupe de sa mère malade. Mila, sa sœur jumelle, est partie photographier les combats.

K est archiviste. Elle a refusé de fuir. Les œuvres d’art, livres, sculptures, tableaux majeurs du pays ont été mis à l’abri dans sa bibliothèque aux sous-sols infinis. Chaque jour elle protège ces richesses, accompagnée d’ombres invisibles et protectrices qui veillent avec elles.

Mais c’est sans compter sur la visite de l’homme au chapeau qui doit mener à bien un grand projet de révisionnisme. Il demande à K d’annihiler les traditions et la culture de son pays en falsifiant des œuvres majeures.



De chapitre en chapitre, il indique les œuvres à modifier. Prétexte à nous parler avec poésie et dans une atmosphère fantastique et envoûtante qui allège les douleurs, de la culture et des traditions de l’Ukraine, pays cher au cœur d’Alexandra Koszelyk.

J’y retrouve tout ce qui constitue un pays, ses traditions, son histoire, sa culture, et découvre ces artistes qui ont agit pour que vive et survive leur art.

Les soucis qui fleurissent dans les jardins et au bord des routes

L’hymne national créé par Mukhailo Verbytsky et les coutumes des cosaques

Mais aussi Kharkiv et les tentatives de faire taire les joueurs de bandoura, l’instrument de musique traditionnel de l’Ukraine

Les vitraux d’Alla Horska, la poésie de Taras Chevchenko ou de Lessia Oukraïnka

Les peintures naïves de Maria Primatchenko

La littérature de Mykola Gogol

L’artiste Sonia Delaunay

Chacun à sa manière donne sa force à K, lui montre le chemin, ombres bénéfiques qui veillent sur elle, sur la culture, les traditions d’un pays meurtri.

Sans oublier les événements dramatiques qui ont marqué le pays. L’Holodomor, Tchernobyl, Maïdan.



Merci Alexandra pour ce magnifique roman, l’écriture est vraiment la plus belle façon de prendre les armes.

https://domiclire.wordpress.com/2023/02/13/larchiviste-alexandra-koszelyk/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Des poètes par eux-mêmes

Il est triste et il marche au bord des flots profonds, courbé comme celui qui songe. Il a devant les yeux les ténèbres. L'abîme. Il est l'être incliné qui jette ce qu'il pense, qui demande à la nuit le secret du silence.

Baudelaire
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