Je prends le meilleur de chaque adversaire même si ce n'est que dans sa personnalité et je délaisse leurs failles, leurs faiblesses, pour un jour avoir complété le tout... Être le meilleur type de combattant possible !
J'essaie d'être conforme aux normes de la société... mais j'avoue que je ne saisis jamais vraiment quand tel ou tel moment doit être considéré comme amusant. Je suis atteint d'une forme de psychopathie. Je ne ressens pas les émotions en soi. La peur, par exemple.
Elle a fait un autre cauchemar, mais celui-là n’était pas aussi réaliste. Elle commençait presque à oublier ce qu’était un cauchemar « normal ». Son contenu était tout de même troublant : pendant qu’elle dormait, son frère la piquait avec une seringue, contenant elle ne sait qu’elle drogue. Dans ce scénario, c’est lui qui entretenait toutes ces hallucinations, ces visions folles, ces... situations irrationnelles qui empoisonnent sa vie ces temps-ci.
Oriane émerge de son sommeil.
Quel... cauchemar effroyable. Horrible.
Elle est encore en train de haleter, tel un chien qui viendrait de contourner deux fois le quartier à toute vitesse.
Relaxe, Oriane. C'était un cauchemar. Tu en as déjà fait, des cauchemars...
Oui, mais pas depuis très longtemps.
Est-ce que les retrouvailles avec son frère la troublent tant ? Elle croyait être à l'aise, mais peut-être que son inconscient n'est pas d'accord avec elle.
Oriane a une relation bizarre, distante avec son frère. En fait, celui-ci a une relation bizarre avec à peu près tout le monde. C'est un gars très introverti, parfois pris d'un mal être intérieur profond, parfois empreint d'un mystère insondable, obscur. Il n'a pas toujours été comme ça. En réalité, Oriane et lui étaient assez proches autrefois, avant ses vingt ans environ. Après, il s'est refermé sur lui-même.
L'effet de surprise additionné à sa force arrive à lui faire maintenir un semblant de prise sur la princesse, mais pas pour longtemps, il le sent.
En ouvrant les yeux, elle se rend compte qu'elle n'est plus dans sa chambre. Plus sur son lit.
Elle est dans un couloir sombre, chaud, crasseux. Tout est en pierre grisâtre. Il y a des écorchures un peu partout qui projettent une lumière rouge, et de la fumée.
C'est un cauchemar ? Mais elle est bien là. Tout est réel !
Elle redresse sur ses pieds nus. Toujours en pyjama. Toujours elle.
Tout est pareil que la dernière fois. La fumée qui s’échappe de craques au sol et des murs. L’embouchure au fond, la porte de métal à gauche et le brouillard de quelques mètres sur le chemin de droite.
Et surtout, tout est aussi vrai.
Elle est là. Elle est ici, en train de respirer cette atmosphère suffocante, quasi volcanique, insupportable.
Elle vient de parler à travers son cellulaire, mais elle n’a pas entendu ce qu’elle a dit. Tous les sons autour sont aussi flous que sa vue, comme inhumés sous la montagne d’émotions intenses. Elle n’entend que ses respirations rapides. Si rapides et forts qu’elle a mal aux poumons.
Malgré son excitation, il y a quelque chose de malaisant avec cette fille. L'énergie qu'elle dégage, sa démarche, sa voix monocorde et doucereuse... Un je-ne-sais-quoi de difficile à expliquer, mais qui taraude Roger, sans cependant détrôner son émoustillement.