Citations de Alexandre Charbonneau (23)
Je prends le meilleur de chaque adversaire même si ce n'est que dans sa personnalité et je délaisse leurs failles, leurs faiblesses, pour un jour avoir complété le tout... Être le meilleur type de combattant possible !
L'effet de surprise additionné à sa force arrive à lui faire maintenir un semblant de prise sur la princesse, mais pas pour longtemps, il le sent.
J'essaie d'être conforme aux normes de la société... mais j'avoue que je ne saisis jamais vraiment quand tel ou tel moment doit être considéré comme amusant. Je suis atteint d'une forme de psychopathie. Je ne ressens pas les émotions en soi. La peur, par exemple.
Barthélémy opine de la tête et dit :
- La vie est étrange, parfois. Elle peut nous jouer des tours, nous tromper. Faire du mal à ceux qu'on aime. C'est une fatalité qu'on se doit d'accepter. Mais je n'ai jamais pu le faire.
La peur et l'incompréhension lui vrillent les entrailles. Tout son corps tremble intensément. Elle respire tellement vite qu'elle en a mal aux poumons.
En ouvrant les yeux, elle se rend compte qu'elle n'est plus dans sa chambre. Plus sur son lit.
Elle est dans un couloir sombre, chaud, crasseux. Tout est en pierre grisâtre. Il y a des écorchures un peu partout qui projettent une lumière rouge, et de la fumée.
C'est un cauchemar ? Mais elle est bien là. Tout est réel !
Elle redresse sur ses pieds nus. Toujours en pyjama. Toujours elle.
Oriane émerge de son sommeil.
Quel... cauchemar effroyable. Horrible.
Elle est encore en train de haleter, tel un chien qui viendrait de contourner deux fois le quartier à toute vitesse.
Relaxe, Oriane. C'était un cauchemar. Tu en as déjà fait, des cauchemars...
Oui, mais pas depuis très longtemps.
Est-ce que les retrouvailles avec son frère la troublent tant ? Elle croyait être à l'aise, mais peut-être que son inconscient n'est pas d'accord avec elle.
Oriane a une relation bizarre, distante avec son frère. En fait, celui-ci a une relation bizarre avec à peu près tout le monde. C'est un gars très introverti, parfois pris d'un mal être intérieur profond, parfois empreint d'un mystère insondable, obscur. Il n'a pas toujours été comme ça. En réalité, Oriane et lui étaient assez proches autrefois, avant ses vingt ans environ. Après, il s'est refermé sur lui-même.
Parler et rire toute seule… Elle pense à tous ces gens troublés, qui font pareil, qu’elle croise régulièrement dans la rue. C’est donc comme ça, dans leur tête ?
Elle se sent sale, déphasée avec la réalité. Ça semble si irréel. Elle donnerait tout pour se réveiller d’un cauchemar.
Mais on ne se réveille pas d’un cauchemar qui n’en est pas un.
La peur, ça fait longtemps qu’il n'en ressent presque plus. Depuis le temps, il n’en a tout simplement plus en réserve. Il a déjà presque tout perdu dans la vie, alors il ne perdra pas son sang-froid.
Les gens, après avoir mangé, se sentent toujours bien, satisfaits, rassasiés. Et avec ce petit bonheur vient parfois l’envie - pourquoi pas - de donner un peu de change aux personnes dans le besoin.
La vie est étrange, parfois. Elle peut nous jouer des tours, nous tromper. Faire du mal à ceux qu’on aime. C’est une fatalité qu’on se doit d’accepter. Mais je n’ai jamais pu le faire.
Et puis, ce n’est pas un crime d’être un peu secret et replié sur soi-même. Mais ce soir, autour d’un bon verre, elle compte bien en apprendre plus sur son frère et sa situation.
Les choses vont se placer. C’est une mauvaise passe. Franchement, c’est vrai que je le pousse à bout souvent. Je ne suis pas blanche comme neige là-dedans. Mais on s’aime. C’est le plus important.
Elle a fait un autre cauchemar, mais celui-là n’était pas aussi réaliste. Elle commençait presque à oublier ce qu’était un cauchemar « normal ». Son contenu était tout de même troublant : pendant qu’elle dormait, son frère la piquait avec une seringue, contenant elle ne sait qu’elle drogue. Dans ce scénario, c’est lui qui entretenait toutes ces hallucinations, ces visions folles, ces... situations irrationnelles qui empoisonnent sa vie ces temps-ci.
Elle a certainement imaginé ça. Il fait noir. Elle venait tout juste de sortir de ce cauchemar. Ce cauchemar complètement dingue qui donnait l’impression d’être si réel. Le vrai du faux, le réel de l’irréel… Difficile de faire la différence, ces temps-ci.
Tout est pareil que la dernière fois. La fumée qui s’échappe de craques au sol et des murs. L’embouchure au fond, la porte de métal à gauche et le brouillard de quelques mètres sur le chemin de droite.
Et surtout, tout est aussi vrai.
Elle est là. Elle est ici, en train de respirer cette atmosphère suffocante, quasi volcanique, insupportable.
Elle vient de parler à travers son cellulaire, mais elle n’a pas entendu ce qu’elle a dit. Tous les sons autour sont aussi flous que sa vue, comme inhumés sous la montagne d’émotions intenses. Elle n’entend que ses respirations rapides. Si rapides et forts qu’elle a mal aux poumons.
Le meurtrier ou… La chose qui lui a fait ça. Ce qui lui reste de corps fait penser à un restant de peau déchirée, piétiné par un taureau enragé.