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3.93/5 (sur 82 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lyon , 1969
Biographie :

Alexandre Duyck est journaliste, auteur et enseignant. Il a suivi ses études à Sciences-Po Grenoble puis à l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille.

Entré en 1995 au sein de la rédaction du 'Journal du Dimanche' comme reporter au service des Sports, puis au service France, il a ensuite exercé les fonctions de Grand reporter et chef-adjoint du service International, parcourant le monde pour y raconter guerres, révolutions, élections...

En janvier 2015, il choisit d’exercer le journalisme en free-lance pour les magazines Marie-Claire, GQ, Partir en France et pour les chaînes de télévision Canal+ et Arte (enquête pour l’émission VoxPop).

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15 août 1942, deux silhouettes s'éloignent dans les couleurs de l'été. Il est un peu tard, cet après-midi, pour aborder l'ascension : 2500 mètres de dénivelé – et la femme qui suit son époux n'a jamais pratiqué la montagne. Le lendemain soir, le couple n'est pas de retour. De cette histoire vécue, Alexandre Duyck comble les silences, avec une justesse de ton, une écoute, un respect à la hauteur de l'émotion partagée. le nouveau roman d'Alexandre Duyck est en librairie. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-francophone/avec-toi-je-ne-crains-rien #litterature #roman --- Retrouvez-nous aussi sur les réseaux sociaux ! • Facebook : https://www.facebook.com/actessud/ • Instagram : https://www.instagram.com/ • Twitter : https://twitter.com/ActesSud Suivez nos actualités en vous abonnant à notre newsletter : https://share-eu1.hsforms.com/1_fVdYaQZT-2oDIeGtNS41wf4a19

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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Joseph a prévenu Louise, “Là où je t’emmène, il se peut qu’on ne t’aime pas”, elle a répondu qu’elle s’en moquait pas mal, “On verra bien”, et cette seule réponse l’a convaincu qu’elle serait la femme de sa vie. Il est allé la chercher en 1929 au loin, dans un autre village, plus fou encore, dans une autre vallée. Ce sont des choses qui ne se font pas. Plutôt épouser sa cousine qu’une fille d’ailleurs. On laisse encore les parents faire, décider à notre place, on marie une connaissance de toujours, une amie d’enfance, la fille des voisins. Les Alpes constituent un archipel, les villages sont autant d’îles, on ne passe pas aisément de l’une à l’autre, on préfère se tourner le dos. Les femmes d’ici, Joseph n’en veut pas. “C’est un difficile”, disent de lui les plus indulgents. Les autres parlent dans son dos, doutent de lui, raillent le contraste entre ce corps énorme, cette barbe envahissante, cette force, un chêne fait homme, sa voix si grave, si belle, à faire trembler les murs, et sa solitude. Comment peut-on approcher le mètre quatre-vingt-dix, peser quatre-vingt-dix kilos, pas un gramme de graisse, du muscle jusque dans le visage, dans la mâchoire ; comment peut-on dépasser de la tête et des épaules tout homme vivant dans ce pays qui n’enfante que des petits, arborer une barbe noire, longue, si peu taillée, faire peur d’un regard, d’un son articulé, être surnommé sans grande imagination “l’ours”, et vivre seul ? Ils en rient au café, le cordonnier qui ne trouve pas chaussure à son pied. Le colosse qui passe sa vie enfermé, à réparer des godasses plutôt que d’aller couper des arbres, traîner du bois dans la forêt, à quoi lui sert donc ce corps ? Il n’est d’aucune utilité d’être grand dans le monde paysan, la taille constitue même un handicap, les corps sont volontairement ramassés sur eux-mêmes, adaptés au climat et au labeur. Arracher les pommes de terre, couper du bois, se casser en deux à longueur de journée, se plier pour traire les vaches, des corps formés par le travail, pour le travail, façonnés pour être efficaces. Il faut être fort, costaud, racé, du muscle concentré mais grand ? Mais large d’épaules ?
Louise a l’âme d’une insulaire mais surtout d’une voyageuse. Changer d’air ne lui fait pas peur. Elle a six ans de moins que Joseph. Sa mère a toujours voulu qu’elle travaille, elle qui ne jurait que par le savoir, par les livres, pas tant pour elle que pour sa fille, l’indépendance financière, ne pas dépendre des hommes. Louise est devenue la maîtresse d’école, la seule de la vallée. Une célébrité en quelque sorte. Celle qui fait la classe, instruit, ne donne jamais de coups de canne même quand elle les estimerait mérités, même quand les parents la supplient de taper leurs enfants. Elle se dit certaine que sa voix suffit à marquer les esprits.

(INCIPIT)
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Si vous saviez comme c’est dur d’être toute seule aux quatre coins d’une table ronde.
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Le voici qui s’assoit sur un rocher, toujours le même, au pied d’un sapin, il offre la plus belle vue sur la vallée mais là n’est pas le plus important, il n’en parlera jamais à personne au risque de passer pour un fou mais en le voyant, la première fois, il a ressenti une drôle d’impression, vraiment étrange, Joseph aimerait qu’on ne le juge pas mais il a cru que le rocher l’invitait, comme un copain au café, “Allez, viens t’asseoir !”. Les pierres d’ici ne manquent pas mais celui-ci, par sa forme peut-être, par la douceur de sa surface, comme l’assise d’une chaise, par son ancrage, s’est imposé à lui, c’était son rocher.
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La discussion s’achève sur cette promesse en l’air, ni une prédiction ni une suggestion, un entre-deux, un “toi aussi” qui ne mange pas de pain, n’engage à rien, devrait rassurer quand il plonge dans un océan d’angoisses, d’incertitudes, de sables mouvants.
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Alexandre Duyck
■ CYRIL HANOUNA, LE COTÉ OBSCUR DE LA FARCE.
Connu pour ses clowneries et ses provocations à l’antenne, l’animateur vedette de 'Touche pas à mon poste !' et de 'Balance ton post !' sur C8 est, en coulisses, un redoutable homme d’affaires. À 46 ans, ce proche des Bolloré compte bien jouer les premiers rôles cathodiques pour la présidentielle de 2022.
(...)

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• article dans Le Monde, 23/04/2021
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Une fois, c'était l'année 1916, un mardi de novembre, il faisait tellement froid, j'ai honte de le dire mais j'ai volé les bottes d'un macchabée, les miennes étaient toutes déchirées, on commençait à voir les pieds au travers, les talons c'était comme si je marchais pieds nus, j'avais peur qu'ils gèlent, mes pieds. Le gars n'avait presque plus de tête mais il avait encore ses deux jambes, je n'avais jamais rien volé de ma vie. Est-ce que prendre les bottes d'un mort, c'est voler ? Les copains trouvent que je me pose trop de questions pour un berger.
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À bout de nerfs n’est pas qu’une expression, c’est aussi une réalité physique, géographique, vous parvenez au bout du chemin et là rien ne vous attend, rien que le vide absolu, le choix se résumant entre la chute et le surplace.
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Il va lui apprendre à rire, malgré la vie, tout le temps, à rire rien que chez eux. Toujours cette retenue, la peur d’être entendue, vue, la terreur de la vulgarité alors d’abord le rire contenu, les lèvres pincées, un défi pour lui qui remet une couche, en rajoute dans la description de la scène à laquelle il a assisté, dans le calembour, la plaisanterie, qu’a-t-il à perdre ? Trente ans qu’il attendait de pouvoir faire rire quelqu’un, qu’il se pensait drôle, des jeux de mots, des fulgurances qui lui traversaient l’esprit mais qu’il ne pouvait partager avec personne, toujours cerné par la peur du ridicule. Quoi à perdre ? Beaucoup, tant l’absence de réaction de la part de Louise le paralyse, le terrifie, le plonge dans des angoisses aussi ridicules que sincères, « Et si je ne l’amusais plus, qu’adviendra-t-il de nous ? ». Il en jouit, vraiment, une véritable décharge comme l’autre, tout son corps parcouru du bonheur, de l’éclair, de l’instant où il la voit enfin lâcher prise, un rire en cascades, une avalanche qui déferle, rien pour le contenir et lui, parfois, dans les grands jours, qui se laisse emporter avec elle. Le rire comme ciment de leur couple, plus fort que celui qui fait tenir les murs de leur maison, plus solide que la charpente en sapin, plus résistant aux vents que l’abri qu’il a construit là-haut. Ils ne sont unis ni par les idées, elle pense mieux que lui, sait bien plus de choses, ni par la violence imposée par l’un, ni par l’origine sociale, les conventions, pas plus que par l’habitude, les contraintes, le fatalisme puisque personne ne quitte personne en ce temps-là. Ils sont unis par le rire, l’humour qui tourne à l’amour.
(pp.18-19)
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C’est notre côté cul-terreux, disaient les Parisiens, les pires de tous, les Lyonnais sont pas mal non plus mais les Parisiens restaient les pires, si certains de tout savoir, les pires des pires étant les instituteurs parisiens devenus lieutenant et qui nous parlaient comme à des demeurés, à des gosses, à leurs élèves, à croire qu’ils n’ont eu que des dégénérés dans leur école, les instits parigots, faudraient les livrer en masse au boches, en cadeau, faites-en ce que vous voulez, montrez leur du pays mais par pitié, ne nous les rendez pas ou alors mort, et encore. Les instituteurs et la science infuse, comme ils disent, la haine du patois, leur beau Français dont ils usent comme d’une arme pour mieux t’humilier, te démontrer leur supériorité, ils emploient des verbes, des temps de conjugaison dont tu n’as jamais soupçonné l’existence ni deviné l’utilité mais il en abuse, ils en jouissent, ils te parlent d’écrivains célèbres dont tu ignores jusqu’au nom, nous des frustrés qui te refusent le droit de moins bien parler qu’eux, qui te jugent parce que tu en sais mille fois moins qu’eux et qui sont incapables de se débrouiller sans une carte
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l me répète ce que je sais déjà, dans moins de 30 minutes la guerre va s’achever, nous avons gagné, les boches ont signé l’accord, on va tous pouvoir rentrer chez nous : » Moui dans ma belle maison pour y baiser maman », qu’il dit » Toi dans ton trou à rat de bouseux de Lozérien ». Ne pas réagir, ne pas laisser apparaître la moindre émotion, Pons m’a expliqué comment faire comme si de rien n’était. Comme j’ai peur de le regarder dans les yeux, j’applique la méthode que m’a expliqué un copain, fixer des poils entre les deux sourcils, on fait croire à l’autre qu’on le regarde droit dans les yeux mais en fait on ne fait que compter ses poils entre les sourcils.
Des gars sont morts de froid dans les tranchées, des tas de gars, c’est quand même fin de mourir de froid la guerre. Moi je ne m’en suis jamais plaint. Mais je ne suis jamais endormi les fois où j’ai compris qu’il valait mieux ne pas. Un jour j’ai entendu un jeune sous-lieutenant se vanter :«Les poilus ont de la paille, moi un lit ». C’est la première fois depuis le début de la guerre, je crois, où j’ai vraiment eu envie de tuer quelqu’un.
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