Difficile d'imaginer le bonhomme jeune. Je soupçonne qu'il ait pris cette apparence à l'enfance, et qu'elle n'est jamais été perturbée depuis, tant son vieillissement est figé.
J'accepte. Comme Caravage, de mêler le clair à l'obscur.
De répandre ma tristesse dans la vaste mer sans cœur,
D'inutiles larmes d'argent, sans éclat, dans la noirceur.
Incipit :
J’ai soif. D’eau. En tendant le bras pour l’atteindre une bouteille, mes doigts n’en frôlent que des couchées. Je les secoue pour deviner leur contenu, sachant très bien que mon lit est à l’orée d’une forêt de San Pellegrino vides. Bouteilles dans lesquelles je trébuche en voulant me lever vers le minibar. Les gling qui s’ensuivent achèvent ce qu’il me restait de sommeil avant d’ouvrir mes yeux plus qu’à moitié. Je fais face à mon auditoire de verre aux fonds tièdes. Il est souvent très varié, parfois encore pétillant, parfois aplati par le temps, parfois plein d’une urine oisive.
Au début, ce n’était que quelques gouttes. Maintenant, le déluge. Le soleil éclaire toujours le ciel, mais un nuage unique s’est positionné au-dessus de nous nous arrosant copieusement. Enfin. Enfin de l’eau. Virgilio me voit m’arrêter.
- Je sais ce que tu penses. Laisse-moi juste te dire que tu as tort.
- Fous-mois la paix, je suis desséché.
- Ce n’est pas une bonne idée.
Je ne l’écoute pas. Comme un enfant. J’ouvre la bouche, je tire la langue vers le ciel. C’est à ce moment-là que je l’ai senti. Un goût âpre, amer et acide. Je ne pensais pas un jour goûter une chose pareille. On dirait de la sciure de bois mélangée à de la bile. Je recrache immédiatement, manquant de m’étouffer avec la substance.
- Je te l’avais bien dit.
- Qu’est-ce que c’est ?
- De la pluie. Rien de plus.
- Pourquoi est-ce qu’elle a ce goût ?
- Les pluies acides, c’est assez fréquent de nos jours, tu sais.
Et s’il y a une chose que je déteste encore plus que les enfants, ce sont les plages.