Lorsque j'ai découvert ce livre, ma première pensée a été celle d'une invitation au voyage sur une île où la chaleur était de la partie.
Sans le savoir, je n'étais finalement pas loin du compte, car celle-ci va avoir son importance dans le premier roman d'Alexis de Moulliac.
Lors de la lecture de ce court roman, j'ai ressenti à mon tour les fortes températures d'été et je me suis retrouvée comme le personnage de Dario à la recherche d'eau pour me désaltérer.
J'ai trouvé que cette lecture à l'écriture fluide était assez immersive. Je me suis vraiment vu parcourir les dédales des rues de l'île de Panarea même si longtemps je me suis demandée où est-ce que l'auteur voulait nous emmener. Finalement, cette descente sur la plage se révèle assez mystérieuse et je n'aurais pas dit non à quelques chapitres en plus.
Je tiens à remercier les Éditions Buchet Chestel et Babelio pour m'avoir permis de faire cette lecture qui a su réchauffer cette journée d'hiver...
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C'est l'été, et comme chaque été depuis quinze ans, Dario aime aller sur l'île de Panarea.
Pour se prélasser au soleil, prendre des bains de mer.... Mais non, vous avez tout faux, pour rester seul, sans être dérangé, dans la chambre qu'il loue à l'hôtel. Pancarte affichée sur la porte, personne ne vient le déranger, pas même une femme de ménage.
Mais ce matin n'est pas un matin ordinaire car il se réveille assoiffé, et malgré la montagne de cadavres de bouteilles de San Pellegrino qui jonchent sa chambre, plus une goutte d'eau n'est disponible. Bouteilles terminées, frigo désespérément vide, pas une seule goutte ne sort du robinet de la salle de bain, il n'a plus qu'une solution, sortir de la chambre chercher l'eau qui va le sauver de la déshydratation qui se profile.
A peine sorti, il est abordé par un jeune garçon étrange et qui semble savoir à l'avance tout ce qu'il souhaite ou va demander, connaître ses envies et ses projets. Et qui surtout veut l'amener tout droit à la plage. Seul endroit de l'île ou Dario ne veut pas se rendre.
Tout au long de cet étrange périple pour trouver de l'eau, les souvenirs et les regrets, les événements parfois oubliés de sa vie semblent ressurgir et le questionner.
Voilà un roman singulier qui sous des abords étranges et décalés aborde le sujet de la mort, de la culpabilité, des regrets, des souvenirs et du temps qui passe.
Refusons nous absolument toute idée de départ ? Sommes nous prêts à accepter l'inéluctable ?
Si au départ je suis restée perplexe à la fin de cette lecture je dois avouer que j'y ai pensé depuis et qu'au final elle ne m'a pas laissée indifférente.
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Premier roman court et surprenant, à la fois prose et poésie. Plutôt réussi quand on trouve ça trop court, non ? Parce que, J'ai bien aimé. Pour l'histoire : notre héros se retrouve comme chaque été sur une île italienne pour ses vacances. Mais cette année, il fait chaud, très chaud. Et, pour ne rien arranger, il y a pénurie d'eau. Comment survivre à une telle canicule et une telle malchance ? Peu à peu il va découvrir ce qui lui arrive, et comme je l'ai écrit, la surprise est réussie.
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Difficile d'imaginer le bonhomme jeune. Je soupçonne qu'il ait pris cette apparence à l'enfance, et qu'elle n'est jamais été perturbée depuis, tant son vieillissement est figé.
J'accepte. Comme Caravage, de mêler le clair à l'obscur.
De répandre ma tristesse dans la vaste mer sans cœur,
D'inutiles larmes d'argent, sans éclat, dans la noirceur.
Incipit :
J’ai soif. D’eau. En tendant le bras pour l’atteindre une bouteille, mes doigts n’en frôlent que des couchées. Je les secoue pour deviner leur contenu, sachant très bien que mon lit est à l’orée d’une forêt de San Pellegrino vides. Bouteilles dans lesquelles je trébuche en voulant me lever vers le minibar. Les gling qui s’ensuivent achèvent ce qu’il me restait de sommeil avant d’ouvrir mes yeux plus qu’à moitié. Je fais face à mon auditoire de verre aux fonds tièdes. Il est souvent très varié, parfois encore pétillant, parfois aplati par le temps, parfois plein d’une urine oisive.
Au début, ce n’était que quelques gouttes. Maintenant, le déluge. Le soleil éclaire toujours le ciel, mais un nuage unique s’est positionné au-dessus de nous nous arrosant copieusement. Enfin. Enfin de l’eau. Virgilio me voit m’arrêter.
- Je sais ce que tu penses. Laisse-moi juste te dire que tu as tort.
- Fous-mois la paix, je suis desséché.
- Ce n’est pas une bonne idée.
Je ne l’écoute pas. Comme un enfant. J’ouvre la bouche, je tire la langue vers le ciel. C’est à ce moment-là que je l’ai senti. Un goût âpre, amer et acide. Je ne pensais pas un jour goûter une chose pareille. On dirait de la sciure de bois mélangée à de la bile. Je recrache immédiatement, manquant de m’étouffer avec la substance.
- Je te l’avais bien dit.
- Qu’est-ce que c’est ?
- De la pluie. Rien de plus.
- Pourquoi est-ce qu’elle a ce goût ?
- Les pluies acides, c’est assez fréquent de nos jours, tu sais.
Et s’il y a une chose que je déteste encore plus que les enfants, ce sont les plages.