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Critiques de Alice Rivaz (18)
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La paix des ruches



Paru en 1947 , ce roman d'Alice Rivaz est d'une folle modernité par les thèmes abordés, ce que souligne très justement dans sa préface Mona Chollet : "la relation complexe des femmes à la beauté et à la mode; la peur panique de vieillir [...]; leur rapport à l'espace domestique. "

Et que dire de l'incipit qui tombe comme un coup de hache: "Je crois que je n'aime plus mon mari. " Constat clinique, sans affect qui va donner le ton de ce roman où une femme, secrétaire dans un bureau, analyse avec lucidité les relations hommes/femmes dans une société où l'homme pérore et la femme se tait. Autre point  encore problématique de nos jours: la volonté de ne pas avoir d'enfant, mais ici au moins les deux époux étaient d'accord.

Seul le plaisir féminin n'est pas évoqué, même si on devine  que la narratrice a eu une aventure extra-conjugale.

Un roman  âpre et dense, où les collègues et/ou amies de l'héroïne parlent des hommes avec beaucoup de désinvolture, peut être pour oublier tous les rêves de liberté qu'elles avaient  étant plus jeunes...





A (re) découvrir sans plus attendre grâce aux Éditions Zoé.









Dans la foulée, je me suis procurée le recueil de nouvelles Sans alcool , recueil qu'un éditeur japonais a refusé de faire traduire, le jugeant trop triste...
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La paix des ruches

Publié la première fois en 1947, ce livre commence par cette phrase incroyable et puissante :

« Je crois que je n’aime plus mon mari. »



Nul besoin de dire qu’à l’époque (avant même Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir), il dû surprendre !



Et malgré quelques longueurs (trouvais-je), voilà un génialissime explicatif des injonctions faites aux femmes, inégalités, épuisements… (et encore, passe-t-on ici l’épisode de la maternité)



Et alors ? septante-cinq ans plus tard… on fait le bilan ?
Lien : https://www.noid.ch/la-paix-..
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Comme le sable

Comme le sable a été publié en 1946 par Julliard puis réédité, revu et corrigé par l'auteur, à L'Aire, Vevey, en 1996.

Ce deuxième roman d'Alice Rivaz nous invite à suivre durant trois soirées d'hiver de 1928 quelques fonctionnaires travaillant à Genève, dans une organisation internationale, principalement André Chatenay et Hélène Blum. La seconde a entretenu avec le premier une brève relation amoureuse à laquelle il a mis fin. Alors qu'Hélène nourrit encore des sentiments pour son collègue André, celui-ci s'éprend d'une cantatrice Nelly Demierre, qui - lasse d'une liaison sans espoir avec un homme marié - accepte de l'épouser.

En dépit de la minceur de l'action, le récit est riche car il nous dévoile le monologue intérieur et les pensées intimes des protagonistes, héros en demi-teinte, souvent marqués par l'impuissance et par l'échec. Même si André jouit d'une situation professionnelle confortable, il aurait voulu être chef d'orchestre et rêve d'écrire une biographie de Schumann sans s'y atteler. Quant à Hélène, bien que très active dans son travail, elle se consume dans la solitude et la nostalgie de son amour perdu. Ce roman donne aussi un aperçu de la hiérarchie professionnelle et des rapports hommes-femmes au sein du bureau international du travail employant les principaux personnages. Les rédacteurs- hommes pour la plupart - pour dicter leurs textes ,n'ont qu'à puiser dans un vaste pool de dactylographes sous la férule d'une surveillante très belle et toujours couverte de fleurs . Après avoir appris qu'André - qu'elle avait interrogé un peu auparavant sur les raisons de son abandon, se voyant répondre qu'elle était trop intelligente pour lui et qu'elle parlait trop - allait se marier, Hélène prend un congé en lui laissant le soin de continuer le rapport auquel tous deux travaillent. A son retour, celui-ci lui apprend qu'il a obtenu un délai afin qu'ils puissent achever cette tâche ensemble.

L'auteur sait se couler dans le for intérieur de chacun de ses personnages avec une empathie parfois un peu ironique.
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La paix des ruches

On a aucun mal à penser que cet ouvrage a été précurseur à l'époque, il décortique très finement la relation homme/femme de la rencontre et tout le long de la vie commune. Désillusions, fuite jeunesse, conquête, séduction, étouffement et surtout pour l'autrice la confusion entre l'amour et le mariage. Mais tout ceci est une vision de femme, à modeler comme cela est fait pages 99 et 122 (aveu d'ignorance sur les ressentis de son époux). On retrouve les questions universelles sur le couple qui sont toujours d'actualité !
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Sans alcool et autres nouvelles

La nouvelle qui ouvre et donne son titre au recueil est la transcription du journal d’une quadragénaire qui se retrouve seule après le décès de ses parents, avec lesquels elle a toujours vécu. Le trio a mené une vie austère, délibérément ignorante des lieux de spectacles, de plaisirs. Aussi, elle a éprouvé dans un premier temps comme un parfum de transgression, de liberté, s’autorisant à fréquenter des restaurants, devant toutefois se contenter, vu ses modestes moyens, de ces établissements dits "sans alcool". Assez rapidement, l’impression de liberté s’étiole, remplacée par un immense sentiment de vacuité et de solitude, et la sensation d’être comme une orpheline de seize ans dans un corps vieillissant mais qui n’a jamais vécu. C’est comme si quelque chose se préparait pour elle en un ailleurs qu’elle n’atteindra jamais. Elle éprouve la nostalgie de ce qu’elle n’a pas fait, des lieux qu’elle n’a pas vus, échoue à atteindre la joie qu’elle tente de traquer dans des choses simples, un plat apprécié, une promenade... Sa précarité croissante la met en quête d’un emploi, en vain : elle est trop "vieille". La vie se dérobe, fuit devant elle.

C’est également la solitude d’une femme vieillissante qu’Alice Rivaz met en scène dans "Le piano de Lina". Nouvellement retraitée, l’héroïne occulte le désœuvrement qui guette en se lançant dans de grands ménages de printemps puis imagine reprendre le piano, qu’elle a abandonné jeune fille, faute de moyens. Elle a gardé un vieil instrument sur lequel elle focalise tous ses espoirs. Las ! sa remise en état réclame une somme exorbitante, dont elle ne dispose pas. Elle aussi cherche sans succès un petit emploi pour compenser son faible revenu de retraitée. Elle n’a pas même les moyens de changer ses bas, dans lesquels sa maigreur la fait flotter… La lente mais inexorable bascule dans la misère de ces deux solitudes exsudent un désespoir dépeint sans outrance, avec une tristesse insondable mais jamais larmoyante, comme le constat désabusé d’un malheur contre lequel la lutte est vaine.



"Une Marthe" évoque de même le destin d’une femme qui n’a jamais vécu pour elle-même. Elle est née à la fin du XIXème dans le Jura vaudois, où tout le monde connaissait sa Bible sur le bout de doigts, et où la place de chacun était strictement déterminée, les hommes travaillant dans l’horlogerie, les femmes s’occupant des travaux du ménage. C’est ainsi que notre héroïne, pendant que ses frères et son père lisaient après leurs journées de travail, prolongeait la sienne -passée à assister une vieille tante impotente et à tenir leur propre foyer- en raccommodant. Le mariage lui a permis de s‘éloigner de la cellule familiale, mais pas d’échapper à une autre forme d’aliénation, son époux les entraînant dans la spirale de l’endettement, pendant qu’elle s’échinait à tenter de compenser ses folies financières.

C’est avec amertume que l’héroïne évoque son existence, et les carcans dans lesquels le monde patriarcal enferme les femmes en général. Le ton est ironique, mais plus triste que méchant, notamment face au constat qu’elle et ses semblables se condamnent bien souvent elles-mêmes à cet enfermement, entre mesquinerie - mélangeant ce qui relève de l’amour et ce qui relève du domaine de l’aménagement matériel- et impossibilité de prendre de la distance : obnubilées par l’accomplissement de leurs tâches, elles en deviennent incapables de réaliser ce qui est important, et donc de s’émanciper.

Les femmes sont au cœur de la quasi-intégralité des nouvelles du recueil, qui s’applique, sans prosélytisme, juste en racontant des histoires, à dépeindre une condition féminine aliénante et inique. L’autrice en revient à plusieurs reprises à ce cercle vicieux dont sont victimes ses personnages, conditionnées à se vouer à des tâches bassement matérielles dans lesquelles elles finissent par se perdre afin de ne pas affronter le vide que cette assignation à l’entretien du foyer confère à leurs existences.



Mais c’est aussi le portrait d’une certaine classe sociale, au train de vie poussif, que dépeint Alice Rivaz. Les fins de mois -voire les débuts- sont difficiles, les privations nombreuses, et pour peu que la vulnérabilité financière s’accompagne de solitude, la bascule dans une irréversible précarité peut survenir à tout moment.



Et les hommes dans tout ça ? Eh bien ils apparaissent surtout comme ceux à qui profite de fait cette aliénation, qu’ils ont donc tout intérêt à entretenir.



Ce qui frappe également dans le recueil est la récurrence de textes mettant en scène le profond décalage entre les attentes des sexes respectifs. Au gré de rendez-vous galants, d’anecdotes évoquant les débuts de romances que l’autrice s’empresse de dégraisser de tout romantisme, le constat est chaque fois le même : la sincérité, la fidélité et dévouement des femmes, qui aspirent à l’amour et à la pérennité, se heurtent à la désinvolture et à l’inconstance d’hommes essentiellement préoccupés de leur propre plaisir.



Triste et subtilement cruel.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Sans alcool et autres nouvelles

D’abord, on est attiré par l’irrésistible couverture de ce petit volume impeccablement imprimé par Corlet, imprimeur dont j’apprécie décidément le travail. Illustration rétro, une femme et un homme qui se tournent le dos, comme un fossé entre eux.

Ensuite, en parcourant la quatrième de couverture, on apprend qu’on tient entre les mains un recueil de nouvelles où se déploie la comédie humaine, marquée par les inégalités (de classe, de genre). S’agirait-il de surfer sur la tendance du féminisme ? L’éditeur y a probablement songé. Mais on pardonnera volontiers cet opportunisme – le terme est sans doute un peu fort – tant l’œuvre mérite cette mise en lumière.

D’Alice Rivaz (1901-1998), écrivaine suisse, vaudoise plus précisément, je connaissais le nom, sans avoir jamais rien lu d’elle. Quelle sottise ! J’ai découvert un auteur remarquable. Langue sobre mais indéniablement travaillée, justesse et délicatesse dans l’observation des êtres et de leurs sentiments, art de la narration, tout est réuni pour offrir une lecture exquise. La mélancolie qui enveloppe tous ces récits de vies ordinaires, pleines de petits événements insignifiants et pourtant destructeurs, m’a fait revenir en mémoire certaines pages de Flaubert ou Maupassant. Alice Rivaz ne tourne jamais en dérision ses personnages, elle n’ironise pas sur leurs drames infimes et ravageurs tout à la fois ; avec une obstination discrète, elle peint, nouvelle après nouvelle, une fresque douce-amère où chaque cas particulier reflète l’entière condition des classes les plus modestes, hommes et femmes confondus.

Ce n’est pas gai, c’est mieux : vrai, touchant, et lucidement désespéré.
Lien : https://litteraemeae.wordpre..
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L'Alphabet du matin

Un magnifique et touchant récit d'enfance, autobiographique.

L'auteur vit en symbiose avec sa mère, le père étant un peu à l'écart de ce duo, même si des pages émouvantes lui sont consacrées, par exemple celle relatant un défilé d'ouvriers au 1er mai qui lui fait venir les larmes aux yeux.



Une grande puissance et justesse d'évocation nous permet de vivre la découverte fascinée de la musique par cette petite fille, une période de maladie lors de laquelle sa mère lui lit des contes d'Andersen, les ennuyeux après-midis passés auprès de sa pieuse grand-mère - pour compenser l'éloignement du fils de cette dernière qui a perdu la foi religieuse et entend se consacrer au socialisme -, la crainte maternelle devant la volonté du père de quitter l'enseignement - avec une retraite en fin de carrière - pour fonder un journal de l'obédience précitée, un séjour dans le Jura suisse auprès de sa famille maternelle, la visite d'une sœur de sa mère vivant en Grèce.



Ce livre offre aussi un intéressant aperçu de la vie dans une petite ville vaudoise au début de vingtième siècle avec ses craintes et préjugés, son imprégnation religieuse, sa peur du quand-dira-t-on.

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Sans alcool et autres nouvelles

Un excellent recueil de nouvelles de l'auteur suisse Alice Rivaz (1901-1998). D'une prose limpide, sans fioriture, elle décrit des personnages qui ont tous en commun un sentiment de solitude. Alice Rivaz décrit ces petites blessures du quotidien qui fissurent les êtres : une phrase prononcée par une camarade qui anéantit une petite fille pauvre, un geste qui signale à l'amante que son bien -aimé l'a trompé, l'indifférence d'un employeur à l'égard de sa domestique qui le chérit, l'auteur sait saisir ces moments banals et pourtant décisifs. Une belle découverte.
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La paix des ruches

Alice Rivaz (1901-1998) est une autrice suisse qui a refusé le mariage et la maternité, à une époque où ces questions n’étaient même pas envisageables ; La paix des ruches est son plus célèbre roman.

Lorsque nous ouvrons ce livre, la modernité et l’acuité du propos sur les femmes, le mariage, l’inégalité domestique et le sexisme étonnent. Nous retournons donc le livre, nous cherchons sa date de publication et nous tombons des nues. La paix des ruches est parue en 1947, deux ans avant que Simone de Beauvoir publie son Deuxième sexe, et en plus dans une Suisse conservatrice.

Pourtant, ce livre est un condensé de toutes nos problématiques féministes actuelles : la double journée de travail, le mansplaining, la relation ambiguë de la mode et de la beauté pour les femmes, l’espace domestique, le refus de la maternité, le vieillissement et la perte de séduction qui en découle. Ainsi, ce roman est d’une incroyable modernité et fut précurseur sur ces questions, bien qu’il fut trop vite oublié.

De sa propre expérience ainsi que de celles de ses amies, la narratrice tisse une réflexion piquante et fine sur la condition des femmes et leurs relations (trop souvent malheureuses) avec les hommes. Elle recueille dans son journal, qu’elle ne peut écrire que lorsque son mari est absent sinon il se moque d’elle, ses impressions sur sa vie, son mariage malheureux, son mari et sur le monde qui l’entoure.

On retrouve un certain bovarysme dans ce texte puisque l’héroïne rêve sa vie plutôt qu’elle ne la vit, elle trouve plus de contentement dans ses rêves amoureux que dans sa réalité. Insatisfaite et désillusionnée par son mariage, elle cherche l’amour ailleurs car elle ne veut par renoncer à aimer. Elle retourne à son mantra de jeunesse : « l’amour, oui ! Le mariage, non ! ». Pourtant, au moment de choisir, elle ne sait plus, va-t-elle vraiment quitter son mari ?

Un roman moderne, criant de vérité et déculpabilisant qu’il est urgent de redécouvrir !



« C’est que nous étions des amoureuses, et qu’ils ont fait de nous des ménagères, des cuisinières… Voilà ce que nous avons peine à leur pardonner. »
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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La paix des ruches

Lorsque je lis, j'ai pour habitude de recopier dans un carnet les passages qui résonnent tout particulièrement en moi, ou qui me frappent par leur puissance, leur beauté.



Entreprise que j'ai vite abandonnée avec "La Paix des Ruches" au risque de réécrire le livre entier à la main.



Alice Rivaz décrit avec une exactitude déconcertante ce que c'est qu'être une femme.

Elle dépeint avec justesse les luttes internes, les questionnements et les désirs.



Ce livre est encore très actuel et pertinent.
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La paix des ruches

La première phrase dit quasi tout : “Je crois que je n’aime plus mon mari”. C’est le constat de Jeanne. Elle analyse la relation avec son mari, relation devenue sans passion, la confusion entre mariage et amour. Elle n’est plus qu’un objet, une décoration, voire une servante. Jeanne ressent et parle des inégalités dans sa vie de couple, du désir d’autres hommes, d’autres amours, mais avec désillusion. C’est un texte incroyablement féministe, écrit en 1947, mais tristement d’actualité même 75 ans après. Sujet forcément intéressant, écriture est juste, pourtant parfois des lenteurs difficiles.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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La paix des ruches

Qu'il m'a été difficile d'aller au bout de ce maigre livre. Si quelques sujets brûlants sont présents en filigrane, nous suivons bien une femme, entourée de ses pairs dont la vie ne semble tourner qu'autour de l'amour qu'elle reçoit des hommes. On aimerait tant qu'elle s'émancipe, pense par elle-même, privilégie son épanouissement personnel au détriment de celui de son mari ou son couple. Je reste avec un goût amer de destin gâché et de manque de profondeur.
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La paix des ruches

Délicieusement vintage et férocement actuel ! Un roman féministe mais pas que pas si simple. Le regard d'une femme sur l'homme qu'elle croit ne plus aimer, son mari et sur ceux qu'elle a aimés mais n'aime plus. nous suivons la narratrice par son journal intime qu'elle écrit quand son mari n'est pas là..., elle défend aussi farouchement la paix pose l’hypothése que la paix n'existe que par les femmes, sans les hommes... Un livre radical à lire pas seulement parce qu'il est drôle...
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La paix des ruches

Véritable petite pépite que ce roman, sous forme de journal intime, publié en 1947, soit deux ans avant Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir. Le propos, véritablement féministe, plus facile d’accès qu’un essai de par sa forme romanesque, est d’une modernité absolue. Alice Rivaz aborde sans détour, sans fioriture, la complexité des relations hommes - femmes et s’interroge sur la condition des femmes soumises à nombre d’inégalités et d’injustices par le prisme de Jeanne Bornand, jeune dactylographe, dont le mariage n’ apporte que désillusions.

Une lecture plaisante avec un vrai fond philosophique et sociologique.
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La paix des ruches



Alice Rivaz (1901- 1998) livre son journal intime, avec sa vie quotidienne, ses rapports avec les hommes, faits de griefs, d'attentes, et déceptions.

« La paix des ruches » fait le procès du "mari", de l'homme « qui parle comme un conférencier ou un officier donnant ses ordres, (et) n'attend même pas de moi une approbation ou un avis. ». Elle parle de sa propre expérience amoureuse, avec ,en trois parties, le chant d'un cœur passionné.

Sa voix sincère s'adresse à chacun, homme et femme, avec justesse et franchise .

Témoignage d'autant plus convaincant qu'il parle d'un bonheur à portée de mains.
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La paix des ruches

Ce roman publié 2 ans avant le « Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir nous emmène dans l’intimité d’une femme. Ce récit sous forme de journal intime et dont le sujet principal nous est donné dès la première ligne à savoir l’échec de son mariage « Je crois que je n’aime plus mon mari » expose avec beaucoup de modernité et de lucidité la condition féminine de son époque, l’inégalité et l’incompréhension dans les relations du couple, la désillusion du mariage passés les premiers émois amoureux. C’est aussi un roman de la sororité qui célèbre les amitiés entre femmes, un roman qui glorifie les femmes, ces abeilles qui par leur caractère besogneux, industrieux prennent soin de leur ruche, rendent le monde meilleur tandis que les hommes ne pensent qu’à le détruire en se faisant la guerre. Voilà bien une pensée novatrice au sortir de la seconde guerre mondiale qui me fait penser à ces mouvements écoféministes, nés de la conjonction entre le féminisme et l’écologie.
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Jette ton pain

Après avoir lu nombre de livres d'Alice Rivaz, Jette ton pain m'est apparu comme le moins intéressant d'une auteure que j'aime infiniment.

L'écriture est comme toujours magnifique, le balancé de ses phrases - souvent très longues - un pure bonheur de lecture. La capacité d'introspection analytique des réactions et comportements de son héroïne finement décrite et rendue par le texte.

Pourtant, j'ai eu de la peine à crocher dans une histoire très répétitive, au point de le lire en deux temps - à une année d'intervalle - et d'en arriver même à survoler certaines pages (ce qui ne m'arrive pas !).

On peut comprendre le côté répétitif du récit comme un miroir à la vie réglée et monotone de cette "pauvre" Christine qui n'arrive pas à s'émanciper ou simplement prendre ses distances, écrasée par cette mère castratrice et manipulatrice mais qui "l'aime tant". En effet, on pourrait longuement débattre du comportement psychologique des différents protagonistes de Jette ton pain : mère, père, amants, et surtout héroïne principale ! et pourquoi pas, ce récit pourrait faire l'objet d'études universitaires en faculté de psychologie.

Pour découvrir Alice Rivaz qui est une auteure remarquable, une lecture de ses nouvelles ou de son magnifique livre sur son enfance : "L'alphabet du matin" me semble un meilleur choix.
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Jette ton pain

Réveillée à l'aube d'un jour de décembre dans son appartement genevois, Christine Grave guette avec anxiété tout bruit émanant de la pièce voisine car, depuis la mort de son père, sa mère est venue de Lausanne habiter avec elle. Gravement atteinte dans sa santé, presque impotente, cette mère n'aurait-elle pas, avec son obstination de toujours, tenté de se lever au risque d'une chute aux conséquences redoutables ? Rassurée par le silence, mais incapable de se rendormir, Christine laisse errer sa pensée et se remémore son enfance auprès de parents aimants - trop peut-être, sa mère surtout - qui ne l'ont laissée qu'avec réticence vivre une existence indépendante. Christine a dédaigné le gentil garçon qui aurait fait un bon mari et s'est consacrée à des amours impossibles, Puyeran, puis Pierre Urtaise et Pierre Romancelli, qui n'étaient pas libres ou pas vraiment épris d'elle. Le divorce du premier - cent fois envisagé - n'a jamais eu lieu et l'un des deux autres, au terme d'un séjour à l'étranger qui n'avait pas empêché Christine d'espérer, lui a dit que l'amitié avait traversé l'absence. De plus, ces relations devaient demeurer ignorées de ses parents - que Christine retrouvait chaque fin de semaine - leur fille entretenant contre toute vraisemblance le mythe de la femme sage et chaste. Ainsi, ses attachements contradictoires l'obligeaient sinon au mensonge, du moins à l'omission. Non seulement les amours de l'héroïne n'ont pas abouti, mais son rêve d'écrire ne s'est pas non plus réalisé. Ses essais timides en ce sens - rendus difficiles par une dévorante activité professionnelle à laquelle elle s'est vouée avec une abnégation bien helvétique - n'ont pas trouvé d'encouragement chez Puyeran que Christine a toujours considéré comme un oracle. Son aspiration à l'écriture, si prégnante pourtant, a débouché, comme son rêve d'une carrière de pianiste, sur une déconvenue. Mais, qui sait, une fois venu le temps de la retraite, peut-être pourra-t-elle reprendre ses essais, ses ébauches jetées en vrac dans un bahut. Ainsi ce roman, certes plutôt mélancolique, n'est pas désespéré.



Christine Grave, c'est bien sûr l'auteur elle-même, qui ne s'est jamais mariée, alors que ces portraits révèlent sa grande beauté. Les entraves décrites dans le roman - révérence envers les parents, amour maternel tyrannique, souci de bienséance - peuvent paraître d'un autre temps. En revanche, la condescendance masculine, la tendance des femmes à se laisser exploiter - que ce soit dans le cadre des relations professionnelles ou amoureuse - sont à mon avis encore très actuelles. Alice Rivaz avait le goût d'observer autrui comme celui de l'introspection. La lecture de son oeuvre, formellement parfaite, éclaire ma vie.
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