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Citations de Aline Kiner (125)


La vieille béguine repose contre le jambage de la cheminée le fer avec lequel elle a ranimé les flammes, masse ses bras et ses épaules. La journée a été rude, agitée. Mais elle sait qu’il y a quelque chose à bâtir sur ces remous.
Le déséquilibre n’est pas le désordre, lui disait souvent son aïeule. Il est nécessaire à la vie. Il impulse le mouvement.
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Quelle que soit la petitesse de chacune de nos vies, elles relèvent toutes d’un vaste ensemble, les mouvements et les troubles de l’âme dépendent de ceux du monde ; la violence ne s’arrête pas à ceux qu’elle vise, elle rebondit comme un caillou sur l’eau dure et frappe, frappe encore, les peurs collectives s’amplifient des bassesses individuelles, les grandes ambitions se conjuguent aux plus médiocres.
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Le déséquilibre n'est pas le désordre, lui disait souvent son aïeule. Il est nécessaire à la vie. Il impulse le mouvement.
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Elles ont cheminé ainsi, serrées l’une contre l’autre, dans les rues encombrées par les étals, les chariots à bras et les traineaux. Toutes deux portent ces longs manteaux de camelote grise que revêtent souvent les béguines à l’extérieur. Il n’est jamais bon d’être une femme seule dans les rues de Paris. Leur habit les protège autant que la modestie de leur attitude. Mais comment éviter, dans une telle foule, qu’une main vous frôle, qu’un corps se frotte contre le vôtre ?
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" Il y a, parmi nous, des femmes, dont on ne sait comment les appeler, laïques ou moniales, car elles ne vivent ni dans le monde, ni en-dehors de lui..."

Collection de Scandalis Ecclesiae.
Gilbert de Tournai ( vers 1200_ 1284 ).
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Trois jours durant, après l'exécution des Templiers, il ne cesse de pleuvoir. L'eau tombe du ciel en rideaux serrés, brusquement gonflés et rabattus par des rafales de vent. Le béguinage vit reclus dans ses maisons, les femmes courent à la chapelle une cape étendue au-dessus de leur tête.
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Avec la guerre de Flandre, la situation financière du royaume ne cesse d'empirer, et, en pleine crise monétaire, [les prêteurs] sont maintenant regardés avec suspicion. Mais encore une fois les Juifs ont été les premiers boucs émissaires. Il y a cinq ans, Le Bel, à l'image de Louis son ancêtre et de Philippe Auguste avant lui, avait ordonné qu'ils soient chassés du royaume. L'expulsion avait connu une ampleur inédite : des dizaines de milliers d'hommes et de femmes arrêtés sur tout le territoire, leurs biens confisqués et vendus, leurs titres de créance récupérés par les agents de l'Etat. Le souverain a réitéré l'opération ce mois d'août, après avoir accusé les déicides * d'extorsions frauduleuses et de crimes si affreux 'qu'ils ne se peuvent nommer'.
Chacun, cependant, dans le royaume, a besoin de prêt, les bourgeois, les nobles, mais aussi les petits artisans et les paysans, toujours plus accablés d'impôts. Alors les Lombards, demeurés seuls sur la place, continuent de pratiquer, comme ils l'ont toujours fait et plus encore, des taux d'usure prohibitifs. Tandis que le roi poursuit ses petites manipulations. Frappant d'un côté des pièces contenant de moins en moins d'argent, des pièces noires qu'on appelle 'les bourgeois'. Et de l'autre, des pièces d'or, les 'agnels', rares et inaccessibles, sur lesquelles il a fait figurer un agneau pascal, portant croix à longue hampe à la manière de Saint Louis, afin de rassurer le peuple sur la stabilité et l'honnêteté du royaume.
(p. 176-177)

* pour info : 'Peuple déicide' est une expression chrétienne pour désigner le peuple juif. Le terme de « déicide » fait ici référence à la crucifixion du Christ et signifie littéralement « meurtrier de Dieu ».
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Il faut que tu parles, maintenant.
Sans crainte ni honte.
Quoi qu'il te soit arrivé, nous te jugerons pas.
Dans la nuit des béguines,
un froissement d'aile sur le toit.
Une tourterelle, ses trilles douces et tristes.
P 93
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Le béguinage est riche, possède de nombreux biens et maisons dans la ville. Outre le roi, de nombreux bienfaiteurs, nobles et bourgeois lui accordent des dons ou le nomment dans leurs testaments, autant pour s'associer aux faveurs du souverain que pour bénéficier des prières des pieuses femmes.
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Il y a peu de règles dans notre béguinage, vous le savez, dame Ade. Mais l'une d'elle est essentielle même si elle n'est inscrite dans aucun livre. C'est la solidarité.
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Comme beaucoup de clercs ayant étudié à Paris, Humbert connaît l'histoire. Arguant que l'Eglise ne devait pas faire couler le sang – 'Ecclasia abhorret a sanguine' –, le souverain avait tenté de contrer l'évêque qui étendait toujours plus ses droits de justice sur la cité. Après un an d'enquêtes et de longues transactions, il avait accepté de reconnaître une partie des privilèges de l'ecclésiastique, mais en rendant impossibles des empiétements ultérieurs. Suite au traité, le prélat a fait construire, pour y loger son tribunal et sa prison, ce château de For-L'Evêque qui va jusqu'au bord de la Seine. Afin que le sang ne se répande pas sur les terres de l'Eglise, on y applique la question* non pas avec retenue mais avec art, brisant, broyant, étirant sans que jamais la moindre goutte de sang perle sur la peau. Et lorsqu'il s'agit de couper des oreilles, on mène les condamnés à quelques quartiers de là, à l'extrémité de la rue de l'Arbre-Sec.
(p. 53)

* torture infligée aux accusés, en matière criminelle, pour leur arracher des aveux
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Depuis qu'elles ont commencé à paraître au cœur des grandes cités, toujours plus visibles dans leur solitude, ces sœurs béguines sont accompagnées d'une odeur de souffre. moquées, soupçonnées d'hypocrisie, accusées de changer de statut à leur convenance (...) Les plaintes du franciscain Gilbert de Tournai proclamant qu'on ne savait, à cause de leur mode de vie, comment les situer, s'il fallait les appeler séculières ou moniales.
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...quelle que soit la petitesse de chacune de nos vies, elles relèvent toutes d'un vaste ensemble, les mouvements et les troubles de l'âme dépendent de ceux du monde, la violence ne s'arrête pas à ceux qu'elle vise, elle rebondit comme un caillou sur l'eau dure et frappe, frappe encore, les peurs collectives s'amplifient des bassesses individuelles, les grandes ambitions se conjuguent aux plus médiocres.
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- Il n'y a pas de paix, pas de concorde qui puisse naître d'un couple en guerre.
- C'est notre rôle d'être des pacificatrices. Notre tempérament est modelé pour cela. Adoucir les âmes, émousser les conflits. Il aurait suffi qu'elle fasse preuve d'obéissance et d'humilité pour que son époux se comporte avec bienveillance. Il avait sans doute de l'inclination pour elle.
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Rufus, le roux! L'injure que les moines se lancent lorsqu'ils se querellent. Roux, couleur maudite. Couleur du traître. Le poil roux de Judas et Caïn, d'Esau qui vendit son frère pour un plat de lentilles, de Ganelon qui envoya au massacre Roland et ses compagnons. Couleur des flammes de l'enfer qui brûlent sans éclairer. De Satan et ses maléfices. Des enfants engendrés durant les règles de leur mère.
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Un jour viendra où les contours de notre monde se seront transformés au point que les gens de mon âge ne sauront plus le reconnaître.
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Mais quoi qu'il en soit, toute femme n'étant ni épouse ni nonne est suspecte. Surtout lorsqu'elle s'acharne à prêcher, usurpant le privilège du clergé. Et des hommes.
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Le maître couvreur et ses apprentis, grimpés sur les tuiles plates, chantent en travaillant. Leur refrains se mêlent parfois aux modulations du choeur qui franchissent la porte de la chapelle laissée ouverte pour que la chaleur entre. Les hommes suspendent leurs gestes pour écouter les jeunes filles, figés sur le faîte des toits comme des vigies ensorcelées par la voix de sirènes.
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Le roi a voulu le grand béguinage pour accueillir de pieuses dames. Tant de femmes se retrouvent seules. Des épouses de chevaliers condamnées au veuvage par les croisades et les guerres privées, des jeunes filles nobles qui ne peuvent se marier ni entrer dans de dispendieux monastères faute de dot. Et de plus pauvres encore, qui travaillent comme cardeuses ou tisserandes dans les ateliers de laine alentour et sont soulagées de rentrer chaque soir à l'abri de ses hauts murs.
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Il est des jours où règne le déséquilibre, des heures où le diable fait pencher la balance des âmes du côté sinistre.
Durant ces jours et ces heures, il faut se montrer particulièrement attentif. Car les signes se multiplient, confus, mais plus pertinents parfois qu'aux moments de grande clarté.
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