Pour ne pas sombrer comme la dernière fois, il y a sept ans, sous le poids de la dévalorisation et de la dépression, une jeune femme qui va bientôt fêter son quarantième anniversaire décide d’écrire.
Écrire les slaves de mots hideux qu’Il lui balance comme ça, sans qu’elle puisse anticiper. Écrire pour mettre à distance. Écrire pour ne pas se laisser engloutir dans le magma de la honte.
Et, puis au fur et à mesure, qu’elle complète son fichier sur le dossier « Note » de son téléphone, écrire pour se rappeler. Écrire pour ne plus faire semblant. Écrire pour ne plus se taire. Écrire pour enfin pouvoir dire. Écrire pour essayer de s’en sortir. Écrire pour tenter de trancher.
« Trancher » est le réveil d’une femme qui, de la honte à la liberté, va trouver la force de sortir de l’engrenage mortifère dans lequel son amant, son mari et le père de ses enfants essaye de l’entraîner. La première fois, elle avait un bébé à protéger. Maintenant, le bébé est devenu ado et une petite merveille de 5 ans est venue compléter la famille. Lui aussi a changé, il est devenu le mari affectueux, le père attentif et disponible. Bref, une famille idéale! En apparence…
Une faille affective permet à l’autre de pouvoir exercer son sadisme, de s’y prélasser comme une bête se vautre dans la boue, avec délice et culpabilité, de museler la colère qui devrait éclater, de statufier toute envie de mouvement et d’en assumer l’entière responsabilité.
Les amis (es) ne voient rien et même s’ils voient, ils ne comprennent pas pourquoi rien n’est fait pour faire cesser le processus. Le »Pourquoi tu restes ? » inacceptable rajoutant le sentiment que la victime est bien consentante à son martyr. Du coup, elle se tait à jamais. Marie son amie, elle, écoute et dit « qu’importe ce que tu décides, je serais toujours là ».
Et, alors seulement, la victime peut retrouver moyen de relever la tête. De se révolter. De crier. D’exiger. De trancher!
Mais, trancher est-il forcément rester ou partir? Cela peut être aussi de faire comprendre à l’autre que ça suffit ! Comme une barrière « Défense d’entrer » mis dans la relation nauséabonde ! Ne plus entrer dans cet abîme qui renvoie l’autre à des excuses lamentables toujours à postériori et la victime à l’espoir insensé que se sera la dernière fois !
Le premier roman d’Amélie Cordonnier, responsable culture d’un magazine féminin, est d’une qualité indéniable : à partir de chapitres très courts qui permettent au lecteur de souffler et une écriture au langage parlé, le cheminement de cette jeune femme est décrit de façon très efficace. Ce « tu » employé tout au long du roman, est comme une voix intérieure qui permet au lecteur d’être au cœur du ressenti et de son évolution.
Ce court roman est un coup de poing donné aux situations de violences conjugales. Il raconte la renaissance d’une jeune femme se délivrant de ses chaînes sur le chemin de sa liberté. Ne passez pas à côté !
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