Andie M. Long

C’est ainsi que nous nous retrouvâmes à passer une soirée à six. Lucy était assise sur le siège le plus éloigné et je plaçai donc Todd en face d’elle, avant de m’installer à côté de lui. Frankie s’assit face à moi et Darius prit place près de lui, laissant à Morgan, la fée, l’autre chaise, à côté de moi. Super. Je faisais deux fois sa taille. Je ne pouvais décemment pas me plaindre parce que j’avais moi-même organisé ce stupide rendez-vous.
— Désolé encore pour ma tenue et merci pour le manteau, cria Todd à l’autre bout de la table en direction de Darius.
— Pas de soucis.
— En fait, j’aurais dû mettre mon costume d’Halloween, nous aurions fait la paire, informai-je Todd. C’était un bikini blanc parce que j’étais un fantôme mort en bronzant au soleil. Quelle coïncidence, hein ?
— Vraiment ? Waouh, c’est vrai, c’est vraiment fou. Et mon short est blanc aussi, donc nous aurions carrément été assortis si je t’avais connu à l’époque. Tu es célibataire, non ? Je ne vois pas de bague.
— En fait, nous sortions ensemble à l’époque...

— Parce que ce n’est qu’une légende. Les vampires n’existent pas.
— C’est vraiment prétentieux de croire que toi, une femme humaine, puisses exister, mais qu’un homme vampire comme moi est forcément une illusion. En tout cas, tu ne t’en plaignais pas lorsque je t’embrassais.
— Lorsque tu m’as légèrement mordue.
— Je me suis laissé emporter. Je n’avais pas à le faire, mais c’est plutôt agréable, pour nous deux.
Je me souvins de la brûlure intense dans mon bas-ventre.
— Et qu’en est-il du sexe ? Cela se passe-t-il différemment qu’avec un homme humain ?
— Non, à part le fait que j’ai perdu ma virginité à 16 ans, ce qui fait que j’ai 110 ans d’expérience en la matière. J’ai appris une ou deux astuces grâce à ça.
Il me fit un clin d’œil.
Je sentis mon ventre papillonner.
Mon rythme cardiaque s’accélérer.

— Hé, vous pourriez m’apprendre un sort de protection ? lui demandai-je.
— Hmm, vous avez déjà contrarié quelqu’un ? C’est difficile à croire étant donné votre tempérament si agréable.
— Je vous emmerde, aboyai-je.
— Je ne suis pas votre ami. Mais oui, je peux vous enseigner un simple sort de protection.
— Cela pourra-t-il me sauver du mal ?
Il me regarda en penchant la tête.
— Quel mal ?
Je levai la main devant moi.
— Si l’on doit le mesurer …
Je levai mon bras aussi haut que possible.
— … alors il est tout, tout en haut.
— Un démon ?
— Plutôt la reine des Enfers.
Il expira bruyamment et me prit la main.
— Dans ce cas-là, il conviendrait plus de dire tout, tout en bas.
Il amena ma main vers le sol, au point de m’obliger à me courber.

— Ebony a décidé que j’avais besoin de maquillage et m’a dépouillée de presque soixante livres, alors ne t’attends pas à avoir un bonus ce mois-ci.
— Hé, dit Kim en agitant les mains en l’air. Ce n’était pas moi qui m’agitais devant la photo de Monsieur Vampire Sexy au point d’en renverser mon gobelet.
— Oh oui, à ce propos, peux-tu lui envoyer un mail pour lui dire que nous refusons sa candidature ?
Kim baissa les yeux sur le sol.
— Oh mince, où sont mes boucles d’oreilles ?
Je lui lançai un regard suspicieux.
— Tu n’as même pas les oreilles percées, Kim. Redresse-toi et regarde-moi dans les yeux. Qu’as-tu fait ?
— Eh biiiiien… commença-t-elle en se mordant la lèvre. Il est vraaaaiment sexy sur sa photo et je me suis dit que nous n’avions pas beaucoup d’hommes dans son genre à l’agence, alors je lui ai proposé un rendez-vous pour l’étape suivante.
— Tu as quoi ? m’exclamai-je. C’est évident que c’est un taré. Que ferons-nous s’il se prend vraiment pour un vampire et essaie de mordre l’une d’entre nous ?
— Je ne pense pas qu’il le ferait. C’est un vieux vampire, transformé à l’ancienne. Il a certainement dépassé ce stade depuis longtemps.
— Ce n’est pas un vrai vampire.
— Je sais, mais depuis que True Blood est fini, je suis en manque d’Eric. Et il y a aussi Ian Somerhalder qui s’est marié et vit le bonheur parfait. Rencontrons ce canon. Nous pourrons le rejeter une fois qu’il aura révélé sa véritable folie. Je ne crois pas qu’il essaiera de nous mordre. Pas s’il veut que nous lui trouvions une femme.

Il récupéra un verre de ce qui semblait être un jus de tomate, mais j’avais la sensation que c’était toute autre chose. J’observai alors ses crocs s’allonger avec une fascination morbide.
— Oh, mon Dieu.
Je plaquai une main sur ma bouche en prenant garde à ne pas laisser tomber le téléphone.
— Je suis désolée. Jurer doit vous affecter, non ?
— Et nous y revoilà. Passons en revue tout ce que vous pensez connaître sur les vampires.
— D’accord. Donc, vous pouvez entendre le mot « Dieu », etc.
— Oui, et je peux dire putain de merde et d’autres choses comme ça.
— Vous pouvez rentrer dans une église ?
— J’espère bien, puisque, je vous le rappelle, j’aimerais pouvoir me marier ? Même si je vais devoir utiliser une fausse carte d’identité, étant donné qu’ils ne croiront jamais que j’ai 126 ans. J’ai fière allure pour mon âge.
— Peut-on vous tuer avec un pieu ?
— Vous pourriez préciser ? Quel genre de pieu ? Celui dans lequel on dort ou celui que l’on plante ?
— Celui qu’on plante.
— Non, encore une fausse information. En revanche, un steak peut nous tuer. Nous avons des gorges très sensibles. La viande y reste souvent coincée et nous étouffe jusqu’à la mort.
— Et l’ail ne fait aucun effet.
— Non, à moins qu’il sorte directement du four et ne vous brûle la peau.
Je me mordis la lèvre.
— Hum, désolée pour ça.
— Contentez-vous de me promettre de ne plus jamais me jeter de nourriture à la figure.