Amélie Seidah, psychologue, vous parle de "
La peur d'avoir peur", guide de référence au Canada, coécrit avec
André Marchand et
Andrée Letarte !
Pour plus d'informations, c'est par ici :
http://bit.ly/2DgIKTW
Le clinicien en contact avec de nombreux agoraphobes est constamment surpris par la similitude des termes utilisés pour décrire leurs symptômes : faiblesse, nausée, palpitations, difficulté à respirer, impression de vertige. Ils sont convaincus d'être au bord de l'évanouissement ou de la crise cardiaque ; ils éprouvent le besoin irrésistible de courir ou de hurler, ou de faire les deux à la fois. Parfois, ils éprouvent un sentiment d'irréalité, une impression d'être déconnectés ou coupés de ce qui les entoure, de regarder par le mauvais côté d'une paire de jumelles. Un client disait qu'il avait l'impression d'être "en dehors des choses", de se voir réagir sans vraiment participer à l'action.
Les individus atteints de trouble panique avec agoraphobie ont peur que leurs sensations physiques ne dégénèrent en problèmes physiques et psychologiques plus graves, tels une crise cardiaque, un évanouissement, la folie ou la mort. Cette peur intense, appelée "attaque de panique", les pousse à vouloir quitter au plus vite la situation sans danger où ils se trouvent. Par la suite, ils appréhendent ces malaises et évitent de plus en plus les endroits où ils se sont produits. Ils développent la peur d'avoir peur. Ils craignent profondément que leur trouble soit irréversible, de ne plus jamais être comme avant.
Si on parle spécifiquement de gens atteints de trouble panique, avec ou sans agoraphobie, le pourcentage de personnes affectées approche de 2%. Ce problème peut atteindre tout individu indépendamment de ses capacités intellectuelles, son occupation, son statut socio-économique, sa religion ou son appartenance ethnique. Toutefois, certaines personnes se trouvent plus susceptibles d'être atteintes. Plus de femmes que d'hommes en souffrent. Les statistiques nous permettent également d'observer que le problème se manifeste surtout chez les adultes âgés de 30 à 45 ans, séparés ou divorcés et moins scolarisés. Les premières crises de panique surviennent autour de 18 ans.
La peur d’un arrêt cardiaque
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L’attaque de panique diffère totalement d’une crise cardiaque. Pendant une attaque de panique, les battements cardiaques peuvent être accélérés, saccadés, irréguliers. Certaines personnes rapportent même ressentir des douleurs brèves dans la partie gauche de la poitrine. Cependant, ces symptômes ne sont pas du tout aggravés par les mouvements et l’activité physique.
Lors d’une véritable crise cardiaque, le principal symptôme consiste en une douleur intense et continue au centre de la poitrine. Le changement de rythme cardiaque apparaît très secondaire par rapport à la douleur. De plus, la douleur et la pression augmentent avec l’exercice et diminuent avec le repos. C’est très différent d’une attaque de panique, où les symptômes peuvent augmenter si vous restez dans la situation et diminuent si vous vous déplacez pour sortir de la situation.
Bref, il n’existe aucun lien entre la crise de panique et la crise cardiaque. Bien qu’excessivement désagréable, la panique ne représente aucun danger pour votre cœur.
La phobie constitue une forme particulière de peur. Elle se distingue par le fait que la réaction apparaît disproportionnée par rapport à la situation. Il s'agit d'une peur irrationnelle et sans fondement d'une situation objectivement non dangereuse.
L'autodistraction
L'autodistraction constitue une stratégie de contrôle indirect de ses pensées. Il s'agit de la stratégie que les gens ont souvent le plus de facilité à appliquer au début de leur traitement. Cette technique apparaît très efficace pour aider les agoraphobes à rester dans la situation de peur plutôt que d'y échapper.
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Il s'agit simplement de porter notre attention sur l'environnement immédiat ou d'imaginer des éléments agréables qui ne génèrent pas de peur. Il devient ainsi possible de faire face plus facilement à une situation.
Les auto-instructions
[...] On peut essayer de se distraire pendant une situation, mais il faut également pouvoir se parler consciemment. Les auto-instructions consistent à se parler à soi-même de façon objective, positive et adaptée pour réagir à la situation problématique. Les arguments de confrontation utilisés lors de la restructuration cognitive deviennent ainsi des outils précieux pour s'aider à se parler adéquatement dans la situation.
La peur de paniquer ou "peur d'avoir peur" constitue sûrement l'élément le plus important dans le maintien de l'agoraphobie. Les peurs irréalistes et les anticipations négatives qui s'y trouvent rattachées constituent les facteurs cognitifs susceptibles d'entretenir le TPA [Trouble Panique avec Agoraphobie].
S'autoévaluer consiste à prendre une distance par rapport à soi-même de manière à a voir un reflet plus exact de sa façon de réagir et de fonctionner dans différentes situations quotidiennes. Cela vous apprend donc à utiliser un outil fort utile pour consolider votre confiance personnelle.
Personne n'a jamais commencé à halluciner ou à entendre des voix pendant une simple attaque de panique. Ainsi, vous paniques ne vous rendront jamais fou, peu importe vos symptômes d'irréalité et de bizarrerie.