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4.51/5 (sur 46 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Moscou, URSS , 1975
Biographie :

Anna Colin Lebedev est une sociologue et politologue française, spécialiste des sociétés post-soviétiques.

En 1989, elle suit ses parents en France, où elle passe le baccalauréat puis intègre l'Institut d'études politiques de Rennes (1994-1997).

Elle est enseignante-chercheuse en science politiques, spécialiste de la Russie et des sociétés post-soviétiques et maîtresse de conférence à l'Université Paris-Nanterre (depuis 2017).

Docteur en sociologie politique de Sciences Po Paris (2009), elle a travaillé en Russie, Ukraine, et Biélorussie, dans les domaines de la coopération universitaire et de la diplomatie. Elle a dirigé le Centre franco-biélorusse d’études européennes à Minsk entre 2012 et 2014.

Elle est également chercheur associé au Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC) rattaché au CNRS et à l'EHESS (depuis 2009).

Ses recherches portent sur les dynamiques sociales du conflit armé dans le Donbass, les combattants et les anciens combattants dans l’espace post-soviétique, l'action protestataire en Russie et Ukraine post-soviétiques.

En 2001, avec Valentina Melnikova, cofondatrice de l'Union des comités de mères de soldats de Russie, elle écrit "Les petits soldats : le combat des mères russes".

En 2013, elle publie "Le cœur politique des mères, Analyse du mouvement des mères de soldats en Russie" qui traite de l'Union des comités de mères de soldats de Russie.

Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, elle publie "Jamais frères ?" où elle analyse les proximités et les différences entre les sociétés russe et ukrainienne.

Twitter : https://twitter.com/colinlebedev
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Alexeï Navalny est mort en détention dans une colonie pénitentiaire russe située au dessus du cercle polaire arctique. Il avait 47 ans. Son engagement contre le régime de Poutine lui aura été fatale. Sa santé était fragile, affectée par l'empoisonnement qu'il avait subi en 2020. Jusqu'au bout, il aura été harcelé par les autorités. le 14 février, il était encore renvoyé à l'isolement. Pour revenir sur le parcours d'Alexeï Navalny, Quentin Lafay reçoit deux invitées : Anna Colin Lebedev,sociologue et politologue, spécialiste de l'Ukraine et de la Russie post-soviétique. Clémentine Fauconnier, docteure en science politique et spécialiste de la Russie. #navalny #russie #poutine ___________ Découvrez tous les invités des Matins dans "France Culture va plus loin" https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Depuis quelques années, la nature postimpériale de I'État russe semble une évidence. En revanche, parler de sa dimension coloniale suscite un malaise chez les intellectuels. Notre réserve vient à la fois de nos propres expériences qui ont forgé une certaine conception du colonialisme, de notre méconnaissance de la diversité de la Russie et du contenu de ses politiques ethniques, mais aussi de l'image que nos sociétés, et notamment les milieux de gauche, ont eue du projet soviétique. L'Union soviétique, bien qu'héritière et porteuse d'un projet impérial, s'est déclarée anti-impérialiste. Alliée des pays en voie de décolonisation, au nom d'une libération des citoyens de l'oppression, pouvait-elle simultanément être coloniale à I'intérieur de ses frontières ?
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La société russe, en grande partie aveugle à cette guerre conduite en son nom, ne réalise pas encore la profondeur de la déchirure, qui est pourtant entérinée du côté de l'agressé, I'Ukraine. Pour les Ukrainiens désormais, tout ce qu'il pouvait y avoir de commun avec les Russes - la langue, les références culturelles partagées, la mixité, les souvenirs de l'époque soviétique – n'est plus vu que comme l'effet d'une domination et d'une oppression. La blessure est d'autant plus douloureuse que bien des Ukrainiens tenaient sincèrement aux vers de Pouchkine appris en classe, aux célébrations de la victoire le 9 mai, aux chansons fredonnées et aux séries russes à la télévision, aux souvenirs communs des colonies de vacances et aux amitiés qui avaient transcendé l'érection des frontières. Aujourd'hui, le Russe devient un Autre, d'autant plus hostile qu'il se cache derrière une apparence fraternelle.
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L'Ukraine comme la Russie ont eu des difficultés à prendre de la distance avec I'héritage soviétique qui avait effacé la Shoah de l'espace public. Cependant, après une période d'ouverture, la Russie est revenue à une vision de l'histoire où la référence à la Shoah est politiquement instrumentalisée, mais la mémoire de la tragédie continue à être minorée. Le défi de l'Ukraine est à la fois de rendre sa juste place à l'histoire juive, mais aussi, et surtout, de concilier l'inconciliable : la responsabilité dans la Shoah de ceux qui sont en même temps les héros de la lutte nationale ukrainienne. Le chemin pour l'Ukraine est long, mais il a été incontestablement pris ; la Russie, quant à elle, n'a pas commencé son retour critique sur cette histoire.
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Ces institutions – la prison, l'armée, les institutions médicalisées – ne sont que les exemples les plus visibles d'une violence érigée en mode de gouvernement. L'Etat est une institution maltraitante en Russie, surtout dans les régions défavorisées et isolées. Le rapport des citoyens russes au pouvoir s'est construit face à cet Etat-là, avec lequel il était plus prudent de ne pas avoir affaire.
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Anna Colin Lebedev
-- Question du journaliste :
Est-ce que les témoignages des soldats russes revenus du front peuvent-ils provoquer un électrochoc dans une société que certains décrivent comme « zombifiée » ?

-- Réponse :
La société russe ne peut se comprendre qu’à l’échelle du temps long. L’histoire du XXe siècle en Russie et en Union Soviétique est celle d’un Etat passant à répétition comme un rouleau compresseur sur les destinées personnelles et familiales. Lors de la révolution de 1917, des classes sociales entières ont été exterminées. Les répressions staliniennes des années 1930 ont suivi. Vint ensuite le carnage de la Seconde Guerre mondiale. [ ]

Bref, les familles russes font face à un Etat potentiellement meurtrier et oppresseur à leur égard depuis plus d’un siècle !
Dans ce contexte, la protestation individuelle est souvent perçue comme contre-productive. Les Russes ont donc développé depuis des générations des stratégies pour survivre. Apparaître « zombifié » et endosser le discours du pouvoir est une de ces stratégies – certains finissent d’ailleurs par y croire. D’autres choisissent de se mettre à l’écart, de ne jamais parler de politique. [ ]
C’est un choix dont ils portent le poids moral et qui résulte aussi d’une assez grande tolérance à la violence dans la société russe, où beaucoup de personnes ont été victimes ou auteurs de violences.
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Les premières années qui ont suivi la chute de I'URSS ont été celles du « plus jamais », en Russie comme en Ukraine : la volonté de tirer un trait sur la violence répressive et de construire des régimes politiques ouverts et pluralistes a été partagée par les deux sociétés. Mais, progressivement, I'évolution politique de chacun des deux pays a conduit à l'émergence des mémoires collectives très différentes, avec, en Ukraine, une mémoire douloureuse qui a joué un rôle central dans la construction de la nation, alors que la Russie a pris le chemin d'une amnésie progressive des pages violentes de son histoire. Un événement tragique joue un rôle central dans la mémoire collective ukrainienne du XIXe siècle : la Grande Famine ou Holodomor en ukrainien.
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L'objectif de ce livre, écrit dans les premiers mois de la guerre, a été de prendre comme point de départ ces discours pour regarder les sociétés russe et ukrainienne dans ce qu'elles ont partagé et dans ce qui les a séparées, depuis le début du XXe siècle soviétique et jusqu à la rupture brutale de l'invasion russe en février 2022. Ce livre est donc un portrait croisé des deux peuples que l'on ne connait pas toujours bien, et dont, d'ailleurs, la connaissance mutuelle n'est pas aussi profonde qu'on pourrait le croire. ll est une synthèse plus que le résultat d'un travail d'enquête, un éclairage destiné à donner des clefs de lecture de la guerre qui se déroule devant nos yeux.
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La minimisation des crimes du stalinisme a été une constante des années poutiniennes en Russie, mais c'est incontestablement la confrontation avec l'Ukraine qui a été un point de basculement à partir duquel une histoire gênante est devenue une histoire à effacer de l'espace public. L'essentiel des politiques répressives russes contre l'histoire et les historiens a été mis en place à partir de 2014, après l'annexion de la Crimée et l'intervention dans le Donbass. L'agression armée s'est doublée dès 2014 d'une guerre mémorielle dont le point de cristallisation a été l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
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Selon les estimations faites au milieu des années 1990, près de 2,5 millions de Juifs ont été exterminés sur le territoire de I'Union soviétique, soit un peu moins de la moitié du nombre total des victimes de la Shoah. Parmi ceux-là, 1,6 million, soit presque les deux tiers, étaient originaires des territoires intégrés dans L'URSS entre 1939 et 1944, et surtout d'Ukraine occidentale. On estime à 1,5 million le nombre de victimes de la Shoah originaires de I'Ukraine dans ses frontières contemporaines, et 150 000 victimes juives originaires de Russie, soit dix fois moins.
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Si la langue officielle de la Fédération de Russie est le russe, il s'agit d'un Etat multiethnique qui compte plus de 190 groupes ethniques sur son territoire, parlant aujourd' hui près de 90 langues. 80 % des citoyens russes se déclarent ethniquement russes, et seulement cinq autres groupes ethniques rassemblent officiellement chacun plus de 1 % d'habitants de la Fédération de Russie. Les Russes ethniques sont minoritaires dans 13 régions seulement sur les 84 que compte le pays. Certaines minorités constituent cependant en nombre absolu des groupes très importants, parfois dominants dans la région dont ils sont I'ethnie titulaire. Les 5,3 millions de Tatars représentent plus de la moitié de la population du Tatarstan, et le 1,4 million de Tchétchènes forment 95 % de la population de la Tchétchénie. Les langues de ces minorités sont souvent très éloignées du russe et appartiennent aux groupes des langues finno-ougriennes, turques, mongoles, caucasiennes... Les Ukrainiens sont la deuxième minorité de Russie, recensée partout sur le territoire. Ils sont particulièrement nombreux dans les territoires du Grand Nord et de la Sibérie, ce qui est essentiellement dû à la migration du travail des dernières décennies soviétiques. Cependant, il n'y a pas véritablement de concentrations de communautés ethniquement ukrainiennes ou ukrainophones sur le territoire russe, les Ukrainiens s'assimilant le plus souvent dans la population majoritaire de leur lieu de résidence.
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