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3.53/5 (sur 39 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Anna de Sandre est libraire, et vit dans le Sud-Ouest où elle anime ponctuellement des ateliers d’écriture. Avec une prédilection pour l’art du bref, elle écrit indifféremment des nouvelles, des livres pour la jeunesse et de la poésie. La plupart de ses textes sont publiés dans divers recueils collectifs ou revues.

Bibliographie : Mordre la neige, Les Carnets du Dessert de Lune, 2015 ; Un régal d’herbes mouillées, Les Carnets du Dessert de Lune, 2012 ; Chemin faisant, Les Carnets du Dessert de Lune, 2012. Jeunesse : Iris et l’escalier, Gallimard jeunesse, 2012






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Bibliographie de Anna de Sandre   (5)Voir plus

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Depuis toujours, elle attirait des gens à la vie nomade qui ne voulaient ou ne pouvaient plus la quitter une fois qu'ils avaient passé une première nuit, car la petite ville semblait dotée de propriétés prodigieuses.
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Et bientôt Iris arrive tout en haut. Il n'y a plus aucune branche au-dessus de sa tête. D'une main elle touche le ciel...
C'est léger et froid. C'est bleu. Un nuage vient se blottir contre sa paume. 
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Quand j’ai imaginé mon futur chez moi en sortant de la prison bourgeoise de ma mère, il m’a d’abord fallu renoncer à l’idée de vivre dans un arbre. Incompatible avec un trivial besoin de sécurité et de confort.
J’étais pourtant le Huck de Tom Sawyer, le compagnon de Robin des Bois, la mère adoptive de Tarzan, le…, le…
Bref, j’ai déserté mon rêve arboricole.
J’ai rêvé ensuite d’un potager sauvage, d’un verger abandonné et d’un poulailler spontané de poules fugitives, qui m’éviteraient ainsi la fréquentation d’une ville. Mes besoins auraient été simples pour me passer de la corvée de la cuisine, que j’aurais voulue comme chez ces Aragonais isolés à flanc de montagne, avec une cheminée centrale pour la cuisson et le chauffage. La chambre vite meublée d’un vieux drap embossé de feuilles, et des plans pour produire de l’électricité avec une roue à aubes. Les coins d’hygiène, et un salon bien sûr, avec un bureau et des étagères pour mon papier et mes livres. Enfin, une serrure et une clef. Une fois tout ceci achevé, j’aurais mis la clef dans mon sac et pris la route comme les héros de Kerouac, Bouvier ou London. (« L’heure dite »)
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Est-ce que les choix de lecture expliquent ou racontent un lecteur ? (page 69)
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Cette ville abritait tout ce qu'il y avait de plus raté, de plus tordu au monde, de plus fragile et de plus résigné, et si, en tant que candidat aux prochaines municipales, vous promettiez une tireuse à bière géante à ciel ouvert sur la place du marché, vous auriez toutes les chances d'être élu pour plus d'un mandat.
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Coline s’éloigne de Mutter

Il y avait, sur le chemin de Douceborde, Le Chien que Coline croisait parfois et qui, pour peu que l’on montrât un peu d’interêt pour les bêtes – ce qui n’était pas son cas -, vous suivait du regard en souriant de toute sa gueule, assis sur l’herbe ou un tapis de feuilles, alors que son pelage crasseux, ses côtes apparentes et ses griffes cassées indiquaient qu’il était en souffrance, ou au moins négligé par son maître.

Coline savait qu’il souriait à ceux des passants qui aimaient les animaux, car des clients de Castagnon lui en avaient parlé en bien dans une discussion sur le temps qu’il fait.

A elle, il ne souriait pas, mais tendait son cou sans la perdre du regard tout le temps qu’elle mettait à le dépasser sur le chemin, et sans essayer pour autant de la suivre. Les soins de Jourdan l’avaient adouci au point que le gardien des enfers avait mué en gardien des Sept dormants d’Ephèse.

Il se postait toujours au même endroit, ou en tout cas s’y tenait les fois ou elle empruntait la voie bourbeuse qui traversait les champs de tournesols qui bordaient l’extérieur sud de Villebasse.

Coline vivait toujours chez sa mère. Elle n’avait pas de goût pour les décisions et souffrait d’une nonchalance qui l’empêchait d’agir autrement que dans l’urgence.
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L’hiver
est un rubis,
de la sève
grondante
sous un glacis
aux duretés malhonnêtes
et je peux
comprendre
l’homme
qui veut pousser
sa peur
dans une femme
au creux
profond
comme
une fleur
de courgette.
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Villebasse était une nasse de bois et de pierres sur une terre ferme au fond d’une vallée fertile qui avait grandi machinalement dans le Sud-Ouest de la France sur un ancien oppidum grâce à un faisceau de voies romaines, de forêts et de cours d’eau. Son pouvoir de sédentarisation avait opéré dès la période du néolithique, et nul besoin d’étudier ses artéfacts archéologiques pour valider cette hypothèse : elle semblait avoir été construite pour fixer les instables. Depuis toujours, elle attirait des gens à la vie nomade qui ne voulaient ou ne voulaient plus la quitter une fois qu’ils y avaient passé une première nuit, car la petite ville semblait dotée de propriétés prodigieuses.
Certains hermétistes affirmaient qu’elle avait été un haut lieu de pratiques magiques qui visèrent, avec succès, à la rendre si bien invisible qu’elle n’avait jamais intéressé les rois ni les chefs belliqueux. Les livres d’histoire n’y situaient aucune bataille. La modestie de son apparence leurrait les plus envieux ; elle était parvenue jusqu’ici sans héritage ni subvention sur la seule béquille de la bonne volonté de ses habitants. Des gens de peu, certes, mais qui – à force d’engendrer toujours au même endroit sans jamais que leurs héritiers s’installent ailleurs ou rarement -, parvinrent à la borner et lui donner les bâtisses et les réseaux de rues que les illustres membres d’une dynastie auraient pu lui envier.
Quand la neige recouvrait Villebasse, bâchant la terre et poudrant les toits comme un glacis, alors ses habitants estimaient qu’il était l’heure de la remballe : tout s’était joué aux saisons précédentes, la pièce était terminée et il fallait rentrer. Il n’y avait pas eu d’applaudissements et le montant acquitté dès l’entrée – c’est-à-dire aux jours actifs du printemps -, devait leur donner le droit de quitter la salle de spectacle dans le calme de l’hiver nouveau.
Bien qu’ici la neige servît à effacer les ardoises et à minorer la valeur des pensées débraillées, les gens de Villebasse préféraient se perdre dans l’été parvenu et dans la vulgarité de l’effort et de la sueur, alors qu’ils pouvaient rhabiller leur cœur et leur conscience à l’ombre des murs blancs bâtis sur les pelletées amoncelées et tassées, pour peu que s’apaiser et récupérer des forces pût encore les intéresser après l’enchaînement trivial des pertes et des renoncements qui tatouaient à coups de sanglots rentrés le palpitant et les visages.
Les hommes s’épuisaient dans le vortex des heures consacrées à l’unique entreprise qui les embauchait régulièrement, et quand celle-ci les mordait un peu trop fort aux lombaires, aggravait leurs céphalées et les faisait se désespérer devant le montant des charges soustrait à celui de leur salaire, alors ces hommes s’engouffraient dans la gueule des six cafés de Villebasse qui les avalaient pour les recracher avec de nouveaux verres à leurs lunettes, épais comme ceux qu’ils avaient éclusés en quantité suffisante pour avoir un nouveau point de vue, qui était de croire, le temps du retour, que chacun d’entre eux possédait un royaume où le directeur des ressources humaines était enfin devenu son vassal. Leurs femmes les dessaoulaient sitôt le seuil franchi avec ce qu’il fallait d’injures à leur bouche grimaçante et de fatigue à leurs yeux mornes pour qu’ils se sentent également en terre occupée chez eux.
À Villebasse, la circulation des corps n’était pas mixte : celle des femmes se faisait à pied ou bien elles roulaient en monospace pour conduire les enfants à l’école, faire des heures de ménage chez les vieux ou se mettre en caisse pour un employeur de supérette qui avait supprimé des postes en rachetant le commerce à son prédécesseur. Celles qui avaient fait quelques études étaient secrétaire de mairie ou assistante juridique, et aucune de ces femmes, alors que toutes avaient pourtant la télé, ne semblait savoir qu’un autre choix était possible, c’est-à-dire autre que ce qu’elle croyait que l’on attendait de son genre.
La dentiste, l’avocate et la podologue étaient les exceptions confirmant la règle.
Les enfants de ces hommes et de ces femmes, eux, s’abîmaient devant les écrans et derrière la casse de Cazenave à coups d’ecsta, de bière et de baise brutale entre des containers et la palissade du démonteur.
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Depuis que Le Chien était entré dans Villebasse, aux premiers jours de cet hiver particulièrement froid, on avait le sentiment incongru que la mort survenait davantage qu’à l’habitude ici, et plus qu’aux alentours. Ce n’était pas remarquable par tout le monde, mais tout de même, la coïncidence était citée au Ventre de l’ogresse après que les clients les plus fidèles avaient claqué leur monnaie de la semaine en méchantes bières et qu’il ne leur restait plus qu’à prolonger la conversation pour rester encore un peu.
Par exemple, Cédric Volta avait perdu son oncle Vincent à la chasse au lièvre un jour de neige : les setters anglais avaient rebroussé chemin pour chercher une aide qui arriva trop tar, l’homme était déjà mort. Une crise cardiaque. Son âme en s’échappant le laissa mourir sans un cri, car la dernière volonté de l’oncle Vincent, ou plutôt son ultime réflexe, fut de garder son honneur jusqu’au bout en n’alertant pas le gibier. Et le fait est qu’une hase gestante qui s’en venait un peu plus tard varia sa course pour tracer à cinq paumes de son corps en laissant de petites crottes.
Sébastien Chapelle garda pour lui que Dieu avait exaucé ses prières, car nul n’avait besoin de savoir que Vincent Volta lui avait planté des cornes ; Cédric récupéra ses chiens, de braves bêtes à l’arrêt ferme, redoutables avec les bécasses.
Autre fait divers qui eut lieu quasiment en suivant : la petite Marion des Alliot échappa à la surveillance de ses parents et fila droit à la rivière où la nouveauté d’un embâcle de glace l’attira sur la surface gelée qui céda comme une branche.
Le reste fut plus ordinaire, à part la quantité. C’est à la mort du clerc significateur que le rapprochement se fit à rebours, s’insinuant dans les esprits avec la rapidité d’une légende ; or, chacun sait que, lorsque le soupçon devient croyance puis conviction, ce n’est plus la peine de chercher une preuve.
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Parfois, Iris est fâchée...
Je ne t'aime plus Escalier ! Tu es trop petit.
Moi je veux grimper haut, très haut sur un arbre géant avec plein de branches !
Je veux toucher le ciel! 
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