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Citations de Anne Cathrine Bomann (94)


Les gens disaient que je ressemblais à mon père, et il adorait ça. Je crois qu’il était fier d’avoir produit un enfant malgré son handicap, alors j’étais une sorte de trophée.
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Je pense que le pire, c’est de ne plus revoir le visage de ma femme. D’aller quelque part où elle n’est pas.
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Je vais me permettre de parler franc, même si nous ne nous connaissons pas beaucoup. Je suis un fardeau pour ma femme, et je ne veux pas en plus l’ennuyer avec ma peur. En vérité, je suis mort de peur.
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À un moment donné, je ne trouve pas que je mérite de vivre ; à un autre moment, il n’y a personne au-dessus de moi. Idiot, non ?
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Vous n’arriverez pas à me faire croire que vous résolvez quoi que ce soit en vous cognant la tête contre le mur, Agathe. Vous ne faites que vous punir pour quelque chose que vous n’avez pas fait.
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Ma peau se resserrait sur moi comme un filet. J’ouvris et fermai la bouche, roulai des épaules et redressai le dos, mais il n’y avait tout simplement pas assez de place dans mon corps. Hors de moi, je saisis ma canne et sortis au soleil. Je ne savais pas où j’allais, je savais seulement que je ne pouvais pas rester au même endroit, alors je tournai à gauche et descendis rapidement la rue. Je ne voyais rien, j’avançais seulement en force, en haletant. Des images confuses allaient et venaient : la peau douce d’Agathe contre le tissu vert du divan, moi-même devant la fenêtre chez moi, madame Surrugue et son Thomas enlacés. De temps à autre, je croisais des gens sur le trottoir qui étaient obligés de descendre sur la rue pour ne pas se heurter à moi, mais je les remarquais à peine.
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Ma patiente suivante, Sylvie, dix-huit ans, ne se présenta pas. Il était rare que les patients s’absentent ainsi, mais à tout prendre, je ne pouvais pas savoir si elle avait essayé de se décommander, puisque je n’avais plus de secrétaire pour recevoir les messages. Après les épreuves des premières heures, j’aurais dû être soulagé, mais au lieu de cela je fus quasiment pris de panique, parce que son absence me renvoyait à moi-même alors que je ne souhaitais que fuir.
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Avant tout je désirais tourner le dos à tout, revenir à mes routines habituelles, tout oublier de l’homme mourant et simplement compter : 233, 232, 231.
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J’imaginais ma peau s’étirant de plus en plus bas jusqu’à ce que mes joues heurtent le tapis avec deux clappements fourbus, et j’étais arrivé jusque devant la grande table sans la voir. Comme une vague image de la femme qui régnait un jour depuis ce même fauteuil, elle était assise là, sous la fenêtre. Je m’arrêtai devant elle, les bras toujours chargés de dossiers, doutant de quoi faire.
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Au fond, c’est amusant que deux personnes puissent vivre aussi près l’une de l’autre, leurs vies n’étant séparées que par un mur, et qu’elles ne se connaissent pas du tout, vous ne trouvez pas ?
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L’excitation m’habitait toujours comme une onde de choc émoustillante lorsque je fermai derrière moi la porte de la maison. J’avais le sentiment d’avoir découvert un secret que je désirais partager avec quelqu’un ; comme si j’avais reçu un cadeau merveilleux mais interdit. Ça cognait dans mon corps, je ne cessais de voir la bouche ouverte d’Agathe, son chemisier ajusté à son corps mince. Un instant, je me soumis au plaisir.
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Mais c’était une autre Agathe que celle que je connaissais. Elle portait un chemisier rouge foncé qui éclairait sa peau blanche et même si elle était assise, tout son corps était en mouvement. Ses mains traçaient de grands cercles dans l’air et ses yeux brillaient sombrement sous sa frange, tandis qu’elle racontait quelque chose aux trois autres femmes assises à la table. Plus belle encore était sa bouche quand elle renversait la tête en arrière en un rire presque incontrôlé.
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Était-ce vraiment possible que tous les êtres humains aillent aussi mal, ou bien ne voyais-je que les malheureux ? Existait-il des gens dans leurs petits foyers qui allaient se coucher satisfaits et savaient pourquoi se lever le lendemain ?
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Même si je faisais tout pour l’ignorer, il était difficile de passer outre : mon angoisse augmentait. Il m’arrivait de plus en plus souvent de me réveiller le cœur battant, avec le sentiment d’avoir la mort sur les talons et cela déteignait bien entendu sur mon travail.
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Je crois que la vie consiste en une longue série de choix que nous sommes obligés de faire. Et ce n’est que lorsque nous refusons de prendre sur nous cette responsabilité que tout devient indifférent.
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Imaginons un instant que la vie hors les murs se révèle aussi futile qu’à l’intérieur ; c’était tout à fait une possibilité. Combien de fois n’avais-je pas écouté les complaintes de mes patients et été heureux que leur vie ne soit pas la mienne ? Combien de fois n’avais-je pas froncé le nez sur leurs routines ou ne m’étais-je pas amusé en douce de leurs soucis ridicules ? Je réalisai que j’avais nourri l’idée que la vraie vie, la récompense de tout ce labeur, m’attendait quand je prendrais ma retraite. Mais assis là, j’étais fichtrement incapable de voir ce que cette vie contiendrait qui vaudrait la peine de s’en réjouir.
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La rue semblait plus inclinée qu’à peine cinq ans auparavant. Ce sont de telles choses qu’on ne découvre qu’en vieillissant : les trottoirs sont irréguliers, les pavés, de travers, et l’on aurait dû accorder plus de prix à ses jambes du temps où elles fonctionnaient.
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Son nom sonnait différemment en allemand et je me demandai si cela l’affectait peut-être de l’entendre toujours mal prononcé. Agathe ; je fus tenté de le dire à haute voix, exactement comme elle l’avait prononcé, mais j’en ravalai l’envie.

— Ça signifie quelque chose comme « la pomme de mes yeux », expliqua-t-elle.

— Ou la prunelle de mes yeux, peut-être, proposai-je.
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Mon père était aveugle. Il était si habile de ses mains qu’il était capable de réparer des montres et faire fonctionner divers objets, même s’il n’avait jamais vu à quoi ils ressemblaient. Il avait un petit atelier et les gens lui apportaient des appareils qui étaient tombés en panne et lui décrivaient comment ils étaient et ce qu’ils étaient censés faire. Alors il s’installait devant ses bols et ses boîtes contenant les pièces détachées et, en fonction de la complexité de la réparation, ça lui prenait des jours ou des semaines. À la fin, ça marchait à la perfection.
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Il est bien connu que, dans des périodes de grand chagrin comme celui qui vous frappe maintenant, on peut régresser à des stades antérieurs, commençai-je, et je sentis que je parlais de plus en plus vite. Peut-être vivrez-vous une colère plus grande que d’habitude, ou perdrez-vous pour un temps l’intérêt pour vos occupations quotidiennes. C’est tout à fait naturel et vous ne devez pas en avoir peur. Cela passe.
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