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4.6/5 (sur 24 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 1970, Oise
Biographie :

Après des études de droit, d’histoire et de sciences politiques, Anne-Claude Brumont devient professeure, puis enseignante formatrice, et se forme à l’animation d’ateliers d’écriture.
Dans son troisième roman Fleurs de peaux, elle poursuit l’exploration des thèmes qui lui sont chers, passion, quête de soi, dépendance, survie... « Une grande réussite » au dire d’Amélie Nothomb.

Bibliographie
- Une dernière fois, encore (The menthol house, 2019)
- Les papillons ne meurent pas en hiver (The menthol house, 2021)
- Fleurs de peaux (Hugues Facorat édition, 2023)

Retrouvez l'auteure sur ses pages Facebook et Instagram et chez l'éditeur :
https://www.the-menthol-house.com/
https://www.hfedition.com/fleurs-de-peaux-anne-claude-brumont-c2x40467263


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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Voilà pourquoi j'ai été propulsée hors de moi.
Brusquement éjectée, comme un pilote de chasse au moment de l'embrasement de son appareil. Proprement, et sans bruit.
Une scène spectaculaire.
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Des années qu’elle côtoie les résidents de la maison de retraite, bientôt onze. Cela l’apaise de les regarder vivre, leurs manières lentes, leurs silences qui en disent plus qu’un long discours, leurs mémoires comme des passoires qui filtrent la vie séculaire pour donner un nectar dont elle tire les plus belles leçons.
Leur façon surtout de laisser leur âme glisser, avec philosophie, vers le crépuscule, cette lumière céleste qu’ils sont les seuls à entrevoir, le grand mystère de la mort dont personne ne prononce le nom ici, qui les effraie et les attire à la fois. Vanessa les aime, ils sont en quelque sorte un trait d’union entre la terre et le ciel, entre Sylvain et elle.
Depuis le réveil à six heures, c’est la vie à cent à l’heure. Et dans cette vie à cent à l’heure, il est un fait étrange : Vanessa retarde.
Cela a commencé un peu après la mort de Sylvain, puis c’est allé de mal en pis. Le temps lui échappe totalement, elle a beau courir sur les jambes immenses qu’on lui connaît, se faire violence, elle n’arrive jamais à l’heure, nulle part. Aucune mauvaise volonté de sa part, vraiment, sa façon d’être, comme déréglée, voilà tout.
Au Vert Pré, ils s’y sont faits. Et quand ils lui trouvent des excuses, comme celle d’élever seule son enfant, elle a l’habitude de répondre n’allez pas chercher midi à quatorze heures, la ponctualité n’est pas dans ma nature.
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Elle était enceinte de six mois quand Sylvain se pendit. Le drame infiltra jusqu’à son ventre de baleine. Ce n’était plus un fœtus qu’elle portait, mais la poisse, la répugnante poisse. Ce n’était plus un bébé dedans, mais un corps baignant dans les eaux de la mort, abasourdi par les battements d’un cœur brisé en mille morceaux. Ce ne fut guère un fils qu’elle enfanta, ce fut le spectre du malheur qu’elle ne regarda, ni ne toucha, ni n’entendit.
Bien sûr, les premières années, elle n’a cessé de penser que Tristan ne pousserait pas comme il faut, scrutant ses moindres gestes, faisant la chasse aux erreurs. Lorsqu’elle récupérait son enfant à la crèche, elle posait mille questions, les mêmes.
Vous ne trouvez pas le mien trop collé à la fenêtre, une vraie statue, regardez-le qui vit sur une autre planète, savez-vous que la pluie le rend dingo, c’est curieux, non, cette façon qu’il a d’attraper les sinistres gouttes avec les yeux pour les faire rouler sur les joues ? Pour décrire Tristan, elle n’était jamais à court d’adjectifs : bizarre, étrange, insolite, déroutant, farfelu pour ne pas dire anormal, fou, oui, c’est cela : fou.
Un jour qu’elle n’en pouvait plus de s’inquiéter, elle lui fit faire des examens poussés. Toutes les parties du corps de Tristan, ou presque, y passèrent puisqu’elle ne savait pas ce qu’elle cherchait. De fait, elle ne trouva rien.
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Elle était enceinte de six mois quand Sylvain se pendit. Le drame infiltra jusqu’à son ventre de baleine. Ce n’était plus un fœtus qu’elle portait, mais la poisse, la répugnante poisse. Ce n’était plus un bébé dedans, mais un corps baignant dans les eaux de la mort, abasourdi par les battements d’un cœur brisé en mille morceaux. Ce ne fut guère un fils qu’elle enfanta, ce fut le spectre du malheur qu’elle ne regarda, ni ne toucha, ni n’entendit. Bien sûr, les premières années, elle n’a cessé de penser que Tristan ne pousserait pas comme il faut, scrutant ses moindres gestes, faisant la chasse aux erreurs. Lorsqu’elle récupérait son enfant à la crèche, elle posait mille questions, toujours les mêmes. Vous ne trouvez pas le mien trop collé à la fenêtre, une vraie statue, regardez-le qui vit sur une autre planète, savez-vous que la pluie le rend dingo, c’est curieux, non, cette façon qu’il a d’attraper les sinistres gouttes avec les yeux pour les faire rouler sur les joues ? Pour décrire Tristan, elle n’était jamais à court d’adjectifs : bizarre, étrange, insolite, déroutant, farfelu, pour ne pas dire anormal, fou, oui, c’est cela : fou.
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L’heure du dîner. Recroquevillé dans el silence du couloir de l’appartement, il attend. Depuis une éternité, pas moins. Il patiente en suçant un cheveu, comme d’autres rongent leurs ongles, la manie le rassure.
Le décor géométrique du papier peint est distrayant. Il le connaît par cœur et en fait n’importe quoi, une forêt de sapins dans la tempête, une exposition de chapeaux clownesques, des fous rires dans un labyrinthe de miroirs, un carambolage monstre sur la nationale.
C’est un enfant imaginatif qui sait s’occuper la tête avec des bouts de rien. Souvent, il fait passer le temps en lisant, mais pas ce soir.
Elle a téléphoné, elle va rentrer tard, pire que d’habitude. Ne t’inquiète pas. L’interminable attente fabrique des ressacs mordants qui le bousculent dedans. Il connaît son numéro par cœur, il a envie de la rappeler, de lui dire que ce n’est plus possible, le ventre réclame, son ventre qu’il caresse doucement à plusieurs reprises comme pour en apaiser les petits cris.
Et s’il se servait dans le frigidaire pour une fois. Elle n’en saurait rien. Au nom de la santé, elle a de grands principes : le grignotage et le sucre son interdits chez les Maan. Il ne veut pas décevoir, ne pas faire de vagues, il reste assis, sagement, près de la porte d’entrée.
Elle ne devrait plus tarder maintenant. Il a fait ce qu’il devait, les devoirs, dresser la table, tout était écrit en pattes de mouche et le petit mot posé bien en évidence sur le guéridon de l’entrée. Chez sa mère, il sait que rien n’égale la satisfaction de retrouver l’appartement irréprochable après le travail. Alors, il fait de son mieux. Ce qu’il aime par-dessus tout, c’est lorsque ses yeux sourient.
Bientôt elle poussera la porte, la vue de son intérieur tiré à quatre épingles allumera son regard, et lui fera ouvrir grand les bras, il courra pour l’embrasser, elle l’enlacera si fort qu’il en aura du mal à respirer. L’image fait descendre des frissons de plaisir le long de sa nuque.
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Il n’est pas donné à tout le monde d’entrer en relation avec son mort. Pour Vanessa, c’est arrivé complètement par hasard, alors qu’elle noircissait avec rage des pages et des pages de carnet pour ancrer les belles images du passé.
Elle était assise les yeux fermés, quand une vague silhouette onirique échappée d’un théâtre d’ombres, une sorte d’évocation vaporeuse, muette et inodore lui apparut, et lui frappa le cœur. Cela ne faisait aucun doute, c’était Sylvain.
Pour le faire revenir, elle eut l’idée de ressortir tout un tas d’objets symboliques, et d’aménager un lieu de mémoire clandestin, une espèce de laboratoire d’expérimentation de la théorie de la madeleine.
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Une dernière fois doit être parfaite, inoubliable, éternelle. Et comme c’est impossible, je la joue, rejoue et re-rejoue. Je crois que ça s’appelle faire durer le plaisir.

Je ne les compte plus mes dernières fois. Elles commencent toujours de la même façon : par la certitude que cette fois-ci est la bonne, j’en fais le serment, le jure sur la tête d’un enfant, y crois dur comme fer, crache par terre. Du coup, il faut des quantités suffisantes et les alcools, mes préférés, pour tatouer leur goût comme Proust avec sa madeleine. Un grand vin, des bières, du rhum, du champagne. Puisque c’est la dernière, je n’ai aucun scrupule.
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Rejoindre la bibliothèque au fond de la classe, c'est tout ce qui lui importe, y choisir un roman d'aventures de préférence, l'ouvrir comme on ouvre la porte d'une cage, avec avidité lire, et partir, loin, il trouverait parfaitement son compte à ne faire que cela.
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Un grand drame commence avant le drame, avec le silence, un silence d’une texture particulière, pesant, c’est l’ombre planante du malheur.
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