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EAN : 9782919780099
206 pages
The Menthol House (23/11/2020)
4.33/5   12 notes
Résumé :
« Longtemps, on rampe sur cette terre comme une chenille, dans l'attente du papillon splendide et diaphane que l’on porte en soi ».
Jonathan Littel

Vanessa a perdu son mari lépidoptériste, et vit dans ses souvenirs hantés. À cent à l’heure. Son enfant s’élève dans l’enfer de la solitude.

Comment vivre avec cette part manquante ? Jusqu’où peut-on aller par amour ?

Un second roman aussi sincère que bouleversant, dans... >Voir plus
Que lire après Les papillons ne meurent pas en hiverVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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L'homme de sa vie, c'était Sylvain. Maintenant, c'est Tristan. Lorsque Vanessa a croisé Sylvain, qui, comme elle, aimait les papillons, elle a cru que ce serait pour toujours. Hélas, comme le dit la chanson, « la vie sépare ceux qui s'aiment » et Sylvain est mort sans connaître son fils. Vanessa élève seule ce petit garçon renfermé et taciturne, qui préfère la compagnie des héros de papier à celle des autres enfants.
Gériatre dans une maison de retraite, la mère est très occupée et, la plupart du temps, Tristan le passe à l'attendre. Alors, il s'invente des histoires.
Tous les chapitres du roman d'Anne-Claude Brumont ont pour titre le nom d'un des personnages, le plus souvent l'un des deux protagonistes, mais pas seulement. On croise aussi Bertrand, grand-mère, Sébastien, Marie.
Entre Vanessa et Tristan apparaît une ombre, celle de Sylvain qui reste perpétuellement en filigrane, car sa femme n'a jamais pu surmonter sa tragique disparition. Si, par extraordinaire, elle se sent vaguement attirée par un voisin, elle se morigène : « c'est n'importe quoi, elle est la femme d'un seul homme, la femme de Sylvain Maan, dont elle porte en permanence la chevalière en argent autour du cou. »
Ce disparu, elle l'idolâtre, au point de lui avoir élevé, dans un coin secret, un véritable sanctuaire et d'organiser, chaque année, une sorte de cérémonie de commémoration.
Tristan, qui n'a jamais connu ce père mort avant sa naissance, se pose de nombreuses questions. Si quelqu'un évoque leur ressemblance, l'enfant peut passer des heures à scruter la photo et son reflet, à comparer, à conclure que non , décidément, ils n'ont rien en commun.
Tristan est mutique, timide, différent. Ce sont les livres qui lui tiennent compagnie. A la récréation, il ne se mêle pas aux autres élèves qui, la plupart du temps se moquent, le houspillent. Il trouve refuge sous les branches du « feuillu majestueux », un saule pleureur, image de son état d'esprit. Il voudrait être invisible ou carrément ne pas être là. Chez lui, il se calfeutre dans sa chambre. « L'endroit ressemble à un cocon, Tristan aime y rester. Il pourrait ne jamais en sortir. »
Il ne faut pas croire pour autant qu'il est gentil. Au contraire, il peut se montrer très cruel. Jaloux de voir sa mère s'intéresser à un homme, il invente une histoire rocambolesque et perfide pour se débarrasser de ce rival.
L'auteure a très soigneusement choisi les noms qui sont très connotés. Lorsque Vanessa et Sylvain se sont rencontrés, ils ont immédiatement su qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, unis par le même amour des lépidoptères qui leur ont offert leurs prénoms : « le Vanesse des chardons (…) porte la même robe orange et noire que vous. On l'appelle aussi Belle Dame » remarque le jeune homme. A quoi Vanessa rétorque : « Vous me faites penser au Sylvain dans votre costume noir et blanc. » Quoi d'étonnant, dès lors, que le fruit de leur amour soit « Tristan (…) un petit papillon brun des bois, avec sur les ailes des taches sombres et rondes qui ressemblent à des yeux. »
Son patronyme, « Maan » signifie « lune ». Comme elle, il sait se faire discret, disparaître, caché par les nuages. Il a une étrange manie (qui me donne des frissons) : angoissé, il mange ses cheveux.
L'élégante écriture d'Anne-Claude Brumont rend bien les sentiments, les émotions.
Toujours pressée, Vanessa s'annonce par le claquement de ses talons. La phrase se fait vive, sèche, incisive. Ainsi lorsque survient une panne d'ascenseur : « Brusquement, trois coups sourds comme avant une représentation, sitôt suivis de saccades brèves clac, clac, clac (…) Par réflexe, elle s'agrippe à l'inconnu, ses ongles se plantent dans l'avant-bras saillant. Contusion. Confusion. Onomatopées. » Au contraire, longue, elle se déroule avec chaleur quand Vanessa retrouve Tristan: « A l'instant où elle l'aperçoit debout sur le seuil, son enfant, son trésor inestimable qui illumine le papier peint du couloir, elle ressent toute la puissance de l'adoration. » Ou encore, elle traduit la complicité : « Dans la lumière rasante du soir, la mère et le fils font le chemin à pied jusqu'à la nouvelle école, une sorte de répétition avant le grand jour. »
De temps à autre, quelques passages de chansons soulignent le moment vécu tout en invitant le lecteur à fredonner.
La tonalité de ce roman est assez sombre, mélancolique. Des drames l'émaillent. On sent le coeur qui se serre. Parfois, on redoute le pire. Alors, on se rappelle le titre, première raison qui m'a attirée vers ce livre, car, moi aussi, j'adore les papillons. On se rassure en pensant que, même au coeur du froid, du chagrin, de l'angoisse, l'espoir luit, il n'est pas loin. Et si les papillons meurent bel et bien en hiver, au chaud dans leur cocon, des chrysalides attendent le printemps pour se métamorphoser et déployer leurs ailes irisées.
J'ai beaucoup aimé cette lecture.
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Tristan a grandi sans père, avec une mère accablée de chagrin et accaparée par son travail, et au milieu des livres.
« Quand il ne lit pas, il est malheureux, il se sent comme entouré de murs plus hauts que le ciel. Il n'en laisse absolument rien paraître, le genre d'enfant lisse, qui ne se voit ni ne s'entend, ne donne aucun fil à retordre, ses résultats en classe sont corrects. Pourtant, chaque jour qu'il y passe est un calvaire. »
Le roman est très rythmé : par le croisement des points de vue de Tristan et Vanessa, sa mère, par le style d'écriture, et aussi par tous les personnages hauts en couleur.
C'est très émouvant, mais pas trop. C'est très bien écrit et construit. C'est un livre qui se lit d'une traite et se relit ensuite (avec ou plutôt sans l'épilogue superflu) , tout comme le premier roman d'Anne-Claude Brumont « une dernière fois encore ».
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Fan, fan, fan.
De l'authenticité, de la poésie, de la musicalité même.
Et quelle cadence. Une histoire de vie qui tient en haleine, celle de Vanessa la mère et de Tristan, le fils. Deux êtres blessés, qui s'aiment mal. Deux personnages forts, attachants, ivres de vivre, tenaces, en quête d'un idéal de bonheur.
C'est triste et c'est drôle. c'est puissant sans être assourdissant.
Une fois encore (clin d'oeil à son premier roman), Anne Claude Brumont a su trouver les mots justes, acerbes, doux et aimants et m'a emporté.

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Touchant et bouleversant, J' ai vraiment aimé cette histoire à propos du traumatisme suite à un deuil .
La réaction émotionnelle et affective de Vanessa et Tristan, mère et fils, personnages principaux est fort bien décrite et sans pathos.
J ai trouvé l'histoire bien ficelée et on se surprend à la lire très vite car on souhaite que Vanessa finisse par accepter le depart de son compagnon et
qu'elle puisse réapprendre à profiter du bonheur .
Par ailleurs, l'épilogue m'a surpris et ne me semble pas nécessaire.
J'aurais préféré
qu'on me laisse imaginer une fin heureuse ou pas.
Je pense que l'auteur pourrait vraiment écrire une suite à cette histoire et pourquoi pas, une adaptation à la télévision .
Je conseille cette lecture, même si le thème n'est pas réjouissant, ça se lit sans larmes !
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Vanessa et Tristan (son fils) tentent de vivre... et ce n'est pas simple. Trop de non dits entre eux. le mari de Vanessa est mort avant la naissance de leur fils. Difficile de créer des liens dans ces conditions.
Nous suivons, tour à tour, les points de vue de Tristan et Vanessa. Tristan souhaite que sa mère soit heureuse et Vanessa souhaite être heureuse... finalement Tristan est oublié.
Contrairement à toutes les critiques précédentes je n'ai pas été convaincue par l'écriture. Beaucoup de passages peu crédibles et les dialogues ne passent pas. Des situations ou des personnages arrivent comme un cheveu sur la soupe.
En effet, la lecture est rapide mais seulement parce que l'on cherche à passer certains détails qui ne servent pas l'histoire qui aurait pu être intéressante. le personnage de Tristan est le plus attachant.
Malheureusement, je n'y ai pas trouvé mon compte.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L’heure du dîner. Recroquevillé dans el silence du couloir de l’appartement, il attend. Depuis une éternité, pas moins. Il patiente en suçant un cheveu, comme d’autres rongent leurs ongles, la manie le rassure.
Le décor géométrique du papier peint est distrayant. Il le connaît par cœur et en fait n’importe quoi, une forêt de sapins dans la tempête, une exposition de chapeaux clownesques, des fous rires dans un labyrinthe de miroirs, un carambolage monstre sur la nationale.
C’est un enfant imaginatif qui sait s’occuper la tête avec des bouts de rien. Souvent, il fait passer le temps en lisant, mais pas ce soir.
Elle a téléphoné, elle va rentrer tard, pire que d’habitude. Ne t’inquiète pas. L’interminable attente fabrique des ressacs mordants qui le bousculent dedans. Il connaît son numéro par cœur, il a envie de la rappeler, de lui dire que ce n’est plus possible, le ventre réclame, son ventre qu’il caresse doucement à plusieurs reprises comme pour en apaiser les petits cris.
Et s’il se servait dans le frigidaire pour une fois. Elle n’en saurait rien. Au nom de la santé, elle a de grands principes : le grignotage et le sucre son interdits chez les Maan. Il ne veut pas décevoir, ne pas faire de vagues, il reste assis, sagement, près de la porte d’entrée.
Elle ne devrait plus tarder maintenant. Il a fait ce qu’il devait, les devoirs, dresser la table, tout était écrit en pattes de mouche et le petit mot posé bien en évidence sur le guéridon de l’entrée. Chez sa mère, il sait que rien n’égale la satisfaction de retrouver l’appartement irréprochable après le travail. Alors, il fait de son mieux. Ce qu’il aime par-dessus tout, c’est lorsque ses yeux sourient.
Bientôt elle poussera la porte, la vue de son intérieur tiré à quatre épingles allumera son regard, et lui fera ouvrir grand les bras, il courra pour l’embrasser, elle l’enlacera si fort qu’il en aura du mal à respirer. L’image fait descendre des frissons de plaisir le long de sa nuque.
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Des années qu’elle côtoie les résidents de la maison de retraite, bientôt onze. Cela l’apaise de les regarder vivre, leurs manières lentes, leurs silences qui en disent plus qu’un long discours, leurs mémoires comme des passoires qui filtrent la vie séculaire pour donner un nectar dont elle tire les plus belles leçons.
Leur façon surtout de laisser leur âme glisser, avec philosophie, vers le crépuscule, cette lumière céleste qu’ils sont les seuls à entrevoir, le grand mystère de la mort dont personne ne prononce le nom ici, qui les effraie et les attire à la fois. Vanessa les aime, ils sont en quelque sorte un trait d’union entre la terre et le ciel, entre Sylvain et elle.
Depuis le réveil à six heures, c’est la vie à cent à l’heure. Et dans cette vie à cent à l’heure, il est un fait étrange : Vanessa retarde.
Cela a commencé un peu après la mort de Sylvain, puis c’est allé de mal en pis. Le temps lui échappe totalement, elle a beau courir sur les jambes immenses qu’on lui connaît, se faire violence, elle n’arrive jamais à l’heure, nulle part. Aucune mauvaise volonté de sa part, vraiment, sa façon d’être, comme déréglée, voilà tout.
Au Vert Pré, ils s’y sont faits. Et quand ils lui trouvent des excuses, comme celle d’élever seule son enfant, elle a l’habitude de répondre n’allez pas chercher midi à quatorze heures, la ponctualité n’est pas dans ma nature.
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Elle était enceinte de six mois quand Sylvain se pendit. Le drame infiltra jusqu’à son ventre de baleine. Ce n’était plus un fœtus qu’elle portait, mais la poisse, la répugnante poisse. Ce n’était plus un bébé dedans, mais un corps baignant dans les eaux de la mort, abasourdi par les battements d’un cœur brisé en mille morceaux. Ce ne fut guère un fils qu’elle enfanta, ce fut le spectre du malheur qu’elle ne regarda, ni ne toucha, ni n’entendit.
Bien sûr, les premières années, elle n’a cessé de penser que Tristan ne pousserait pas comme il faut, scrutant ses moindres gestes, faisant la chasse aux erreurs. Lorsqu’elle récupérait son enfant à la crèche, elle posait mille questions, les mêmes.
Vous ne trouvez pas le mien trop collé à la fenêtre, une vraie statue, regardez-le qui vit sur une autre planète, savez-vous que la pluie le rend dingo, c’est curieux, non, cette façon qu’il a d’attraper les sinistres gouttes avec les yeux pour les faire rouler sur les joues ? Pour décrire Tristan, elle n’était jamais à court d’adjectifs : bizarre, étrange, insolite, déroutant, farfelu pour ne pas dire anormal, fou, oui, c’est cela : fou.
Un jour qu’elle n’en pouvait plus de s’inquiéter, elle lui fit faire des examens poussés. Toutes les parties du corps de Tristan, ou presque, y passèrent puisqu’elle ne savait pas ce qu’elle cherchait. De fait, elle ne trouva rien.
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Elle était enceinte de six mois quand Sylvain se pendit. Le drame infiltra jusqu’à son ventre de baleine. Ce n’était plus un fœtus qu’elle portait, mais la poisse, la répugnante poisse. Ce n’était plus un bébé dedans, mais un corps baignant dans les eaux de la mort, abasourdi par les battements d’un cœur brisé en mille morceaux. Ce ne fut guère un fils qu’elle enfanta, ce fut le spectre du malheur qu’elle ne regarda, ni ne toucha, ni n’entendit. Bien sûr, les premières années, elle n’a cessé de penser que Tristan ne pousserait pas comme il faut, scrutant ses moindres gestes, faisant la chasse aux erreurs. Lorsqu’elle récupérait son enfant à la crèche, elle posait mille questions, toujours les mêmes. Vous ne trouvez pas le mien trop collé à la fenêtre, une vraie statue, regardez-le qui vit sur une autre planète, savez-vous que la pluie le rend dingo, c’est curieux, non, cette façon qu’il a d’attraper les sinistres gouttes avec les yeux pour les faire rouler sur les joues ? Pour décrire Tristan, elle n’était jamais à court d’adjectifs : bizarre, étrange, insolite, déroutant, farfelu, pour ne pas dire anormal, fou, oui, c’est cela : fou.
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Il n’est pas donné à tout le monde d’entrer en relation avec son mort. Pour Vanessa, c’est arrivé complètement par hasard, alors qu’elle noircissait avec rage des pages et des pages de carnet pour ancrer les belles images du passé.
Elle était assise les yeux fermés, quand une vague silhouette onirique échappée d’un théâtre d’ombres, une sorte d’évocation vaporeuse, muette et inodore lui apparut, et lui frappa le cœur. Cela ne faisait aucun doute, c’était Sylvain.
Pour le faire revenir, elle eut l’idée de ressortir tout un tas d’objets symboliques, et d’aménager un lieu de mémoire clandestin, une espèce de laboratoire d’expérimentation de la théorie de la madeleine.
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