AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anne Le Maître (14)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Sagesse de l'herbe

Ce petit livre est d'une grande richesse.

L'auteure aime arpenter la Terre, où tout lui parle. A travers des chapitres courts, chacun sur un thème donné, elle nous livre ses ressentis, émotions, plus précisément son immense amour, presque mystique par moments, pour tout ce qui vit, tout ce qui constitue notre environnement naturel. Sous sa plume empreinte de poésie, le moindre brin d'herbe comme le plus vaste paysage prennent vie. Ses connaissances nombreuses et variées (histoire de la Terre, botanique, oiseaux, insectes, littérature, apports scientifiques) complètent ses descriptions, et enrichissent le propos. Un plaidoyer pour la préservation de la nature, plein de poésie, très agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          232
Les bonheurs de l'aquarelle : Petite invita..

PLUMES FEMININES 2022

Les bonheurs de l'aquarelle – Anne le Maître **



J'ai vu le livre sur un petit étal à l'entrée d'une librairie et en le feuilletant j'ai cru reconnaître et retrouver quelques uns des moments que je vis avec la peinture à l'eau. Je l'ai lu jusqu'à la fin, ai surtout relu la première page, une citation de Jean-Michel Maulpoix dans Une histoire de bleu, que je partage avec vous :

« Le ciel se recolore. Les arbres s'égouttent et le pavé boit. La ville aussi essaie de dire des phrases. Rires mouillés et pluie de pieds nus. On dirait que le paysage est tout éclaboussé de croyance.

On voudrait jardiner ce bleu, puis le recueillir avec des gestes lents dans un tablier de toile ou une corbeille d'osier. Disposer le ciel en bouquets, égrener ses parfums, tenir quelques heures la beauté contre soi et se réconcilier.

On voudrait, on regarde, on sait qu'on ne peut en faire plus et qu'il suffit de rester là, debout dans la lumière, dépourvu de geste et de mots, avec ce désir d'amour un peu bête dont le paysage n'a que faire, mais dont on croit savoir qu'il ne s'enfièvre pas pour rien, puisque l'amour précisément est notre tâche, notre devoir, quand bien même serait-il aussi frêle que ces gouttes d'eau après l'averse tombant dans l'herbe du jardin. » ! le poète s'arrête, regarde s'émerveille et la poésie naît, délicate et lumineuse.



Après cette introduction, le livre de Anne le Maître nous invite à vagabonder avec elle ses pinceaux et ses aquarelles, « la proposition du carnet de voyage. Une façon d'être au monde » p.13. le plaisir de saisir l'instant fuyant, la lumière joueuse, « pour retrouver le plein déploiement du temps qui s'oppose à celui du TGV, des avions, de l'appareil photo, le temps du regard qui découvre. »p.19. Je m'arrête déçue, la photo est-elle exclue de ce temps du regard qui découvre ? C'est vrai aussi que certaines photos, comme d'ailleurs certaines peintures font la course au TGV, mais pourquoi généraliser ? Et pour enfoncer le couteau dans la chair de la photo, Anne le Maître ajoute : « Et que faire d'une photo de pissenlit, d'ailleurs ? »p.22. J'ai envie de lui répondre, rien ! et plein de choses !, un moment fuyant saisi dans sa course, une éternité qu'une émotion lui prête un peu d'éphémère...

Je continue à la suivre dans son voyage de la peinture vagabonde, où Anne le Maître choisit le temps au ralenti avec ses yeux d'aquarelliste «Une question me vient : n'y aurait-il pas le même rapport entre dessiner et prendre une photo qu'entre aller à pied et prendre sa voiture ?  Il s'agit à chaque fois de revenir au plus près de l'humain .»

L'auteure, ne sait-elle pas que la photo peut être un long et patient chemin de recherche et d'attente, passionnant aussi et parcouru à pied  d'un bout à l'autre ?



Anne le Maître fait des réflexions sur le temps « il est essentiel d'en profiter plutôt que de gaspiller le maigre temps qui nous est imparti » p.23, et nous parle de ce que peut invoquer un dessin qui se profile sur la feuille blanche. Mais le temps de déguster un moment de rêverie est coupé court par la suite qui tente de nous rassurer : « invocation… il y a de la magie dans cette pratique-là. Rassurez-vous : pas de surnaturel... » et le fouet inutile me casse le rêve et tue la poésie… Comme si l'auteure était sans cesse en train d'analyser le travail poétique, celui des mots, de l'aquarelle, des émotions, « l'expliquer », comme si elle n'était pas dedans mais dehors pour tout contrôler. Elle s'érige en prof pour un cours de sensibilité  et d'une manière péremptoire elle nous dit « Ce n'est pas l'oeuvre qui importe, c'est le temps qu'elle retient en ses plis. » p.30. D'accord on a compris.

« Examinons un peu les mots qu'on utilise ; on dit par exemple prendre en photo. Il y a de la prédation dans cette expression au sens même où le support technique qu'est l'appareil réduit à presque rien l'interaction entre le sujet et celui qui déclenche la prise de vue. le temps d'un coup d'oeil. On cueillerait d'un geste aussi machinal une herbe sur le bord du chemin. Un peu de révérence, que diable ! »p.40. Et moi lectrice je sens monter la colère !

« Contrairement à une peinture à l'huile ou à un dessin au trait, on ne maîtrise jamais totalement une aquarelle. .. C'est ce côté aléatoire qui est fascinant.»p.45 Pourquoi, diable, n'a-t-elle pas développé ce qu'elle aime dans le travail de la peinture à l'eau ?



Une rêverie voulue appelle quelques phrases poétiques qui ont du mal à vivre avec des affirmations sans recours qu'elle lance depuis sa chaire surélevée qu'elle a du mal à quitter. Et à cela s'ajoutent deux ou trois renseignements pratiques sur les secrets des couleurs. Une référence à Pascal, une autre à Nicolas Bouvier et puis ce mot « zen » qui commence à fatiguer viennent « enrichir » ce patchwork d'amateur.

Mais nom d'un nom, où est le naturel qui revient au galop ?, où est ce sérieux qui ne se prend pas au sérieux ? Où le sel et l'humour ? Où est la poésie toute nue ? Pourquoi l'auteure l'a-t-elle encombrée d'un costard cravate ? « Arrêtons-nous sur un quai… laissons-nous envahir par le froissement des vagues... »p.59 .

Dans le même pot au feu, les émotions intellectualisées se mélangent avec la technique. Comment parler des émotions si on prend du recul, si on les analyse et les enseigne comme un programme d'éducation censé être bien fait ? « D'ailleurs on ne peint pas une chose, on peint une émotion… l'enfant le sait bien qui peint d'immenses soleils orange pour signifier que sa vie est joyeuse .»p.65 Je ne sais pas si l'enfant veut signifier que sa vie est heureuse, je crois qu'il nous dit que le soleil est grand !

Et Anne le Maître revient à la photo : « A la façon de la « mémoire de l'intelligence » de Marcel Proust, les photos ne viennent – ou ne devraient venir – que par surcroît, en guise de mémento . »p.67 pour l'accuser, presque, de tous les maux. Pourquoi ne voit-elle dans la photo la sensibilité qui dit bonjour à l'instant fuyant, l'oeil caressé par une transparence de porcelaine, un seul et unique moment ? La photo peut toucher quelques vérités aussi, dire des mensonges avec un naturel déconcertant. Quand il appuie sur le bouton le photographe peut s'approcher de l'unique trait du pinceau dont l'histoire le précède bien en amont.



« Bonheur de l'aquarelle qui transforme radicalement le rapport au temps du voyage et ouvre sur la réalité de nouvelles fenêtres. Grâce d'un geste qui propose, en faisant l'économie d'un passage par l'intellect, d'en appeler d'abord aux sens, permettant ainsi un rapport renouvelé avec nous-mêmes. » J'aime ce ressenti mais pas dans la façon dont il a été exprimé dans ce petit livre  Les bonheurs de l'aquarelle . Cette façon, l'aurais-je mal comprise ?
Commenter  J’apprécie          175
Devinettes sans queue ni tête

Un livre cartonné, au format carré, qui propose des devinettes pour les plus jeunes. Une page est consacrée à l’énigme, l’autre à la réponse.



Les objets à découvrir font partis de l’environnement proche de l’enfant.



Les textes sont poétiques et imagés mais les indices sont suffisants pour trouver. Ils prennent aussi bien la forme d’une carte postale, d’un bout de papier déchiré, d’un ticket que d’une enluminure.

Certains mots sont mis en évidence par la typographie.



Mais ce qui m’a séduit dans ce livre-jeu c’est principalement les illustrations. Elles semblent aussi sans queue ni tête mais nous amènent toutes au pays de l’enfance et de l’imaginaire.



A la manière d’un musée du jouet, on retrouve un fourmillement d’éléments hétéroclites : ressorts, animaux, cartes, plantes, mobilier... Le tout est assemblé par des effets de collage et de superposition pour aider l’esprit à s’envoler.



Un livre “carnet de voyage” à partager !
Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
Commenter  J’apprécie          140
Sagesse de l'herbe

Sagesse de l'herbe est un petit bijou de lecture. Une ode à la nature, à la beauté. Anne le Maître en inextinguible émerveillée nous invite sur les chemins du vivant et tout naturellement l'ordinaire devient soudain extraordinaire par la seule attention du regard.

Par la nature, on chemine, tranquille, avec elle au gré des saisons.

le miracle est permanent: un tapis de jonquilles, un petit renard qui fait des sauts de carpe, une bergeronnette...

De temps en temps, afin d'éclairer un peu plus notre cheminement, l'auteure nous accorde une petite pause philosophique pour se prêter à la réflexion, elle évoque alors les grands anciens, ses maîtres: Socrate, Pascal, Beaudelaire, Etty Hillesum et bien d'autres...

De cette petite promenade champêtre du corps et de l'esprit on en revient à la fois paisible et éthéré bien loin de l'agitation et des soubresauts du monde.
Commenter  J’apprécie          90
Le jardin nu



D’Anne Le Maître, j'avais précédemment lu et adoré Sagesse de l'herbe (clic) .Si je n'ai pas autant utilisé de marque-pages pour ce récit, il n'en reste pas moins que j'ai beaucoup apprécié ce texte de remontée vers la lumière après un deuil, par le biais d'un jardin et de sa faune.

L'autrice, par sa langue toujours aussi précise et poétique, sans pathos, nous fait partager ces moments fragiles et beaux , qu'elle observe avec un attention extrême et dont elle nous fait partager l'intensité. C'est ténu et pourtant d'une puissance folle.



Commenter  J’apprécie          60
Le jardin nu

Terminé il y a environ trois mois, ce récit intimiste me laisse une empreinte durable et je le relirais volontiers tout de suite, avec le même plaisir.



Le décès du compagnon d'Anne Le Maître l'a laissée complètement brisée et elle a choisi de quitter l'appartement où ils vivaient pour se réfugier dans une maison à l'écart, dotée d'un petit jardin.



C'est là quelle reprendra pied dans la vie, en observant attentivement tout ce qui l'entoure, se laissant captiver par les sons et les couleurs, en bonne aquarelliste qu'elle est. Elle va apprendre de ce bout de terre, jour après jour, tantôt peignant, tantôt regardant sereinement.



Le texte est découpé en courts chapitres aux titres évocateurs "Semer, planter, se taire" "déposer les armes" "la verveine et le compost" etc ... l'écriture se fait délicate, sensible, poétique.



L'autrice passe de l'évocation du passé au présent peuplé d'oiseaux, de fleurs, de moments contemplatifs où peu à peu la joie se fraie à nouveau un chemin.



Sachant qu'il était question d'un deuil, j'avais retardé ma lecture et j'ai eu bien tort. Je suis sortie de ce récit curieusement réconfortée, admirative de la force intérieure qui se dégage de l'autrice et de son regard sur les beautés de la nature et des êtres vivants.



C'est un coup de coeur et d'ores et déjà "La sagesse de l'herbe" m'attend.
Lien : http://legoutdeslivres.haute..
Commenter  J’apprécie          60
Sagesse de l'herbe

Un petit livre plein de sagesse et de poésie, avec une écriture accordée à la beauté du regard qu'Anne Le Maître pose autour d'elle.

Il vous invitera peut-être à reprendre les chemins de nos campagnes...

Et la photo (prise par l'auteur), en couverture du livre, est si belle...

Sans oublier la bibliographie, à la fin, passionnante parce que "subjective", comme elle le précise.

Quand le cœur y est...

Bref, c'est un petit joyau qui, selon moi, mérite toutes ses étoiles.
Commenter  J’apprécie          60
Sagesse de l'herbe

Par quel bout prendre ces quatre textes, émaillés de citations, accompagnés d'une bibliographie riche et tentatrice, ornés de dessins évocateurs et subtils de l'auteure ?

Ces 169 pages hérissées de marque-pages, fertiles en réflexions , où puiser des informations sur la nature mais aussi de quoi étayer une vie quand le doute s'installe, quand la laideur semble l'emporter et que la destruction approche à grands pas ?

Pas de naïveté de la part d'Anne Le Maître, mais une écriture à la fois poétique et argumentée qui fait la part belle à la vie sous toutes ses formes : "Alors: la fleur qui pousse plutôt que l'arbre qui tombe. L’églantine plutôt que le lisier. Il est toujours bon de se préparer aux épreuves. il n'est pas interdit de regarder le ciel."

Si l'auteure célèbre la marche, elle nous la fait partager avec générosité et ,mine de rien, on se glisse avec elle sur les chemins la nuit pour frémir au brame du cerf, voire dans la neige pour mieux contempler le ciel.

D'aucuns pourront dire que la volonté de célébrer l'instant présent n'est pas une nouveauté, certes, mais c'est l'écriture et la voix d’Anne Le maître qui font toute la différence. Alors , vite glissez ce viatique dans votre poche ou votre havresac et partez en compagnie d'un texte lumineux.

Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Commenter  J’apprécie          50
Le jardin nu

Ô que j'ai aimé parcourir ces lignes, ressentir ces mots malgré les maux.

.

Emplie de poésie, de douceur et de vie, cette lecture est une ode à la résilience.

.

"Déposer les armes et les larmes (...) S'autoriser à simplement exister."

.

Qu'elle que soit la mort éprouvée, celle d'un être cher, d'un projet, d'une vie, "Le Jardin nu" sait (re)donner le fil et le lien nécessaire à la joie de la Vie !

.

"Nos vies, ce que nous en savons, ce que nous en disons, sont tous sauf linéaires. Ou plutôt, peut-être, le fil qui se déroule en s'entrelaçant à la trame des jours, des mois, des années, dessine des motifs singuliers qu'on ne peut lire qu'en déployant l'étoffe, au moment où l'on quitte du regard l'endroit précis où le fil se noue."
Commenter  J’apprécie          40
Les bonheurs de l'aquarelle : Petite invita..

« Je ne suis pas peintre. Simplement je peins. A l’aquarelle. Il ne s’agit pas d’art, quoi que ce mot puisse signifier. Je ne suis ni Turner, ni Cézanne, et si je dessinais la montagne Sainte-Victoire, personne d’autre que moi n’en ferait cas. Je le ferais, moi, au nom de l’occasion qui me serait ainsi donnée, une heure durant, de dialoguer avec chaque brin d’herbe qui m’en sépare, avec chacun des arbres, chacune des pierres qui la composent ; avec Cézanne, même, pourquoi pas ?… »



Ainsi commence le témoignage de l’auteur qui nous pousse sur les chemins, équipés d’un carnet d’esquisses, de pinceaux et d’une palette de couleurs. De sa confession, j’ai retenu ces quelques idées qui j’espère sauront traduire avec justesse sa passion… l’aquarelle. Réceptive à cette pratique plus qu’à une autre, elle fait corps avec sa peinture et offre son approche toute personnelle.

Résumer un roman, une intrigue, est bien plus facile que de relater, sans outrepasser, les sentiments d’autrui.



Elle saisit comme pourrait le faire un poète, l’instant qu’elle s’accorde. Elle se donne au temps, à la nature, à quelques traces de vie. Elle s’abandonne.

Je pense que ses aquarelles peuvent s’associer à des haïkus.

La peinture peut ressembler à une lecture. Elle transporte l’esprit et le situe au-delà de nos périphéries. L’artiste peut s’évader et pousser les limites de sa rue jusqu’à un sentier ombragé perdu d’une campagne.

Elle raconte sa communion avec les éléments, le vent, la chaleur, l’harmonie des formes, des couleurs, et conte l’aventure dans sa forme la plus simple. D’une attention particulière et délicate pour d’infimes descriptions, elle peut s’immobiliser quelques minutes pour esquisser ses traits, les colorer, comme elle peut rester patiemment, un temps infini.



« Se dépouiller un peu plus. S’ouvrir. Il lui faudra garder le cœur disponible s’il veut être capable d’entendre l’appel de ce qui l’entoure… »



Autre partie après le temps, c’est l’espace, pour une étendue qui peut être lointaine ou proche. Dans cet espace, il y a le sujet, inerte ou vagabond, organique ou minéral. L’observateur-aquarelliste peut saisir le plus petit indice. Dans un compartiment de sa conscience, il garde son information et essaiera de la retranscrire… L’insecte, le pissenlit, prend présence et l’artiste aimerait rendre honnêtement le petit détail.

Anne Le Maître aime parcourir les contrées et les peindre. Elle retrouve dans ses aquarelles la magie des instants vécus et se rappelle ses émotions.

Elle rentre en osmose avec le sujet et prône la contemplation… Un état d’esprit que l’on retrouve chez Proust.



« Assieds-toi.

Regarde.

Attends. »



Le temps, l’espace et la maîtrise… Il y a différentes méthodes de peindre, dont celle du lavis. L’auteur narre « le miracle »… Lorsqu’elle imbibe sa feuille d’eau et qu’elle pointe son pinceau gorgé d’un pigment, la peinture fuse, éclate et se propage en léchant le papier. A sa lecture, je voyais les tons s’avaler, se mêler et posséder le support. C’est vivant et magique. J’imagine la fascination du spectateur fasse à cette alchimie.



Anne Le Maître perçoit l’aquarelle comme des bonheurs. Elle partage son amour avec ardeur et gourmandise. Elle savoure le temps, essaie parfois de conserver l’innocence de l’enfant, rester zen, généreuse, et capture les petits plaisirs, comme les grands, pour les ranger sur les étagères de ses souvenirs. Peintre voyageur… un beau titre qu’elle peut revendiquer… elle l’est sans prétention.

Pour terminer ce billet, je préfère vous écrire ses mots qui évoquent sa sensibilité …



» Que rapportes-tu de ton voyage, voyageur ?

As-tu griffures aux jambes ou bleus à l’âme ?

Que nous rapportes-tu de plus que ce hâle léger de ta peau et quelques rides au coin des yeux ?

Je vous rapporte des mots et des couleurs. Voici un bouquet d’émeraude et de cobalt. Voici le carmin d’un épilobe, l’or d’un collier, l’outremer d’un orage. Voici la laque de garance dont était issue par un matin d’hiver la montagne de la Table dominant la baie du Cap où vaguaient cargos et baleines… Et mêlé aux pigments, en même temps que la poussière de la route, c’est le voyage entier que je vous livre. Ce sont les effluves musquées du marché aux étoffes de Dakar, c’est la nuit qui tombe en longs accords d’orgue sur les vitraux de l’abbatiale de Conques. C’est la peur mauve du sanglier sous les pins, le froid d’un lac suédois qui noue les muscles des mollets, le baiser d’un brin de chèvrefeuille. Le poids du sac. Le goût du pain tiède. Le craquant d’une pomme. C’est l’empreinte, la moisson, la matière brute, le minerai sortant tout juste de la fosse. Plié sur le dessus de mon bagage, je vous rapporte le temps que j’ai passé à me dépayser. La lenteur des jours. Dix minutes en tête-à-tête avec une fleur. Un quart d’heure sous un chêne à regarder tomber l’averse… »



Peinture-écriture, aquarelle-poésie, j’aimerais partir m’installer dans un coin surplombant un champ de colza, m’installer sur un muret moussu et contempler les frisures du lichen, caler mon dos entre deux rochers face à la baie de Calvi, m’installer dans le jardin et rendre hommage à mes fleurs… Oui, j’aimerais avoir cette habileté et voyager…
Commenter  J’apprécie          40
Un si grand désir de silence

J'ai été naturellement attirée par le titre de ce livre ainsi que le prix qui a été décerné à l'auteur : "le prix de la liberté intérieure".

Cependant, j'ai été assez déçue de ma lecture au point de me retrouver à survoler la fin (même si je l'ai lu intégralement), et je vais vous expliquer pourquoi.



Je m'attendais à voyager parmi les introspections, la spiritualité et la sagesse de l'auteur mais je me suis retrouvée face à un récit très politique qui... ne sort pas vraiment des sentiers battus, même s'il n'est pas inintéressant dans le fond.



Les principales thèses du livre sont les suivantes : la liberté se situe dans la capacité à faire silence et à se réconcilier avec la lenteur, avec la non-productivité, qualités que le monde capitaliste, numérisé et axé sur le progrès rapide dans lequel nous vivons nous incite à oublier.

L'essentiel du livre parle de la vertu morale à développer son silence et sa lenteur intérieure et c'est une idée avec laquelle je suis, dans le fond, plutôt d'accord.

Mais ce livre est davantage le récit d'un combat, d'une constante opposition : celui du silence, de la liberté et de la lenteur contre le "vilain" capitalisme et la productivité. Entre autre.



Je ne trouve pas cette thèse suffisamment transcendante pour justifier le "prix de la liberté intérieure" et j'ai davantage la sensation qu'on a discerné ce prix pour des raisons de "bien-pensance" politique.

Ce n'est que mon avis, mais je ne pense pas que la liberté, la paix et le silence se trouvent dans un combat politique, ni-même dans un combat tout court. L'auteur semble au contraire dans une constante agitation, préoccupation, qui sont elles-mêmes rationnalisées comme étant une forme de liberté au nom d'un combat politique.

J'ai la croyance, peut-être à tort, qu'une personne qui cultive son silence exprime davantage une forme de paix et de détachement, bien loin d'un combat politique, aussi justifié soit-il.



De plus, l'auteur se répète beaucoup, apportant peu de nouveauté à ses thèses mais multipliant les justifications et les exemples, sans réellement élaborer sa plume au passage : et c'est dommage parce que le thème du silence est si beau, si fertile pour les auteurs qui savent jouer avec les mots et puiser d'uniques sagesses dans leurs introspections, méditations...



En résumé, j'ai été déçue car je m'attendais à une forme de sagesse relevant davantage de la contemplation et du détachement plutôt que d'un manifeste politique au nom de la paix et du silence (et il y a aucune évocation de l'aspect politique de ce livre dans le résumé).



Mais faites-vous votre avis. Lisez ce livre si vous en avez envie, je ne peux que vous y inviter.
Commenter  J’apprécie          22
Les bonheurs de l'aquarelle : Petite invita..

En commençant cette petite philosophie du voyage après celle de Matthieu Raffard (sur la photographie), je m’attendais à une certaine continuité, tant par les thèmes choisis (qui sont tous deux une des formes de la représentation du monde) que par la présentation de l’éditeur qui semblait mettre l’accent sur le regard, prépondérant dans le texte de Matthieu Raffard. Cette attente a été trompée de façon plus ou moins heureuse, Anne Le Maître traitant d’une série d’autres paramètres de façon très intéressante, mais m’agaçant également par moments.



Après une magnifique citation d’Une histoire de bleu de Jean-Michel Maulpoix, l’auteure ouvre son texte de façon très abrupte en affirmant un positionnement assez humble :



Je ne suis pas peintre. Simplement je peins. A l’aquarelle. Il ne s’agit pas d’art, quoi que ce mot puisse signifier. […] Pour moi comme pour tous ceux qui ne partent jamais en randonnée ou en voyage sans avoir glissé au préalable dans leur bagage un bloc de papier, un crayon et quelques tubes de couleur, la peinture vagabonde – cette façon d’aller à la rencontre du réel un pinceau à la main – est plus qu’une activité : un mode de vie. [p. 11]



Cette attitude humble face au monde revient par la suite sous la plume de l’auteure comme une des nécessités à la peinture et à la vie en général. Sont également longuement abordées les questions du temps et de l’espace, les deux composantes du voyage : on sent que l’auteure connaît son sujet (elle est professeur d’histoire-géographie), sans pour autant noyer le lecteur sous les références et les informations. Selon elle, il est inutile d’aller loin pour voyager et il faut réapprendre le temps du voyage, par la marche notamment. Toutes ces réflexions sont nourries par des anecdotes personnelles, narrées de façon fluide et très agréable : celle de la découverte de l’aquarelle notamment est vraiment belle, avec toute l’émotion que recèle ce souvenir et les descriptions très évocatrices.



Malheureusement, il y a eu un « mais » dans ma lecture : Anne Le Maître compare souvent l’aquarelle, ou la peinture en général, à la photographie, au détriment de la seconde. Cela m’a souvent agacée, surtout après avoir lu toutes les possibilités de cet art sous la plume de Matthieu Raffard. Dans l’ensemble, je trouve dommage que l’auteure ait délimité son art par des comparaisons négatives, par exclusion, en le plaçant au-dessus des autres plutôt qu'à leurs côtés : cela contredit l'humilité prônée ci-dessus d'après moi. C’est sans doute l’un des éléments qui m’a empêché de me sentir tout à fait invitée au sein de ce texte, comme le proposait pourtant le titre. Heureusement, dans les dernières pages (un peu tardivement, pourrait-on dire), le « miracle » s’est produit : en abordant la question des lecteurs des carnets de voyage, Anne Le Maître a réussi à m’entraîner vraiment dans son texte, jusqu’au point final.



Un beau voyage, agrémentés de réflexions intéressantes, malgré quelques petits accrocs pour ma part avec l’expression de certaines.


Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
Commenter  J’apprécie          20
Le jardin nu

Une femme, la narratrice, perd l’homme qu’elle aime. Elle est alors poussée par un impératif : trouver un lieu nouveau pour s’installer, s’asseoir.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
Commenter  J’apprécie          10
Les bonheurs de l'aquarelle : Petite invita..

Une autre façon de saisir un instant, une autre manière de magnifier la nature, un médium de création qui ne se dompte pas facilement ; avec l'aquarelle, Anne Le Maître nous fait vire une belle itinérance entre voyage et peinture.



Je retiens de cette lecture une question de temps. Tout d'abord, lire un livre nécessite du temps. Et j'ai trouvé cela beau de lire un livre qui parle de peinture de cette manière. Car pour peindre, là aussi il faut du temps.

Comme toujours dans cette collection de livre des Éditons Transboréal, il y a une part poétique dans ce récit. Et j'aime ressentir ce côté poétique dans chacune de ces lectures. Un fil invisible qui relie chacun de ces livres.



Malgré tout, il y a un petit "mais" dans ce récit. Comme pour les autres critiques que j'ai pu lire, j'ai trouvé que la photo n'avait pas été bien traitée, comme si c'était le vilain petit canard de l'art. Pratiquant moi-même la photographie, je peux vous dire qu'il est question de temps dans cette pratique. Du moins, dans ma façon de la pratiquer. Et puis même si certaines personnes font des clichés très rapidement, il existe aussi des peintres, qui font des tableaux rapidement. Et c'est très bien ainsi. Après tout, chacun pratique l'art comme il en a envie. Mais on ne devrait pas mal parler d'un autre art, même si nous ne l'apprécions pas. Pourquoi vouloir opposer la photographie à l'aquarelle ? Ce sont des supports artistiques différents qui peuvent très bien se marier. Pour réconcilier la photographie et l'aquarelle, je vous propose de chercher sur internet "Iris du levant - Le pinceau et l'objectif" d'Annie Patterson et Frédéric Depalle. Une magnifique exposition ou deux artistes subliment les iris sauvages. Un beau contre pied aux propos d'Anne Le Maître.



Hormis ces quelques passages délicat où il est question de photographie, j'ai vraiment apprécié le reste de la lecture.



Je vous laisse découvrir ce beau récit qui soulève tout de même quelques questions.

Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Anne Le Maître (70)Voir plus

Quiz Voir plus

Autobiographies de l'enfance

C’est un roman autobiographique publié en 1894 par Jules Renard, qui raconte l'enfance et les déboires d'un garçon roux mal aimé.

Confession d’un enfant du siècle
La mare au diable
Poil de Carotte

12 questions
46 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}