Les parents, ils voudraient qu'on voie des psys alors que la plupart du temps c'est eux le problème.
Vous n'avez pas honte ? Vous pensez à ce qu'ils ont traversé ? Juste une seconde, vous y avez pensé ? Vous pensez qu'ils sautent au plafond, les réfugiés, à l'idée de se retrouver à des milliers de kilomètres de chez eux, dans notre petit village paumé ? Vous ne pensez pas qu'ils préféreraient rester chez eux, près de leurs familles ? Comme nous, en fait. Ils sont exactement comme nous ! Vous pensez qu'ils se sont levés tranquillement un matin et qu'ils se sont dit : « tiens, si on allait envahir un village breton, si on allait prendre leur travail, violer leurs femmes et manger leurs enfants ? Et on va construire des mosquées géantes sur les places de leurs églises. » vous croyez que c'est comme ça ?
Il y a eu du brouhaha, et le maire, plus personne n'entendait ce qu'il disait. Il est devenu tout rouge et il a fini par réclamer le silence, " bordel de merde". ça a calmé tout le monde.
( p 30 )
Et puis papa lui a dit ce dont il était sûr. Si dans une autre vie, c'est nous qui étions arrivés chez eux, en Afghanistan, Ekhma et son père nous auraient accueillis. Ils nous auraient aidés à trouver une maison et même du travail. Ils nous auraient au moins aidés à faire un petit Noël avec les moyens du bord, pour nous donner du réconfort. (p.111)
Après l’école, c’est pareil. Parce que le plus souvent, on a mis l’âme à rude épreuve. On passe nos journées à entendre parler de la guillotine, des gens qui ont faim, des multiplications et de la peste noire.
Faut pas croire non plus que ça ne nous fait rien du tout.
La Miette nous a laissés tomber. Elle a pris la tangente, elle est partie voir ailleurs, pas de petit frère en vue. Elle a dû penser qu’on ne valait pas le détour, comme famille. Sale lâcheuse ! Elle s’est barrée en douce.
C’est la voix d’Ekhma qui m’a sorti du cauchemar. Avec ses
grands yeux gourmands, il a levé son verre vers moi, en disant
« tchin-tchin », comme papa lui avait appris. J’ai
répondu machinalement « kha sehat walary ». Comme il me
le faisait répéter depuis des jours en riant comme un ouistiti,
parce que mon pachtou était très comique, apparemment. J’avais la
bouche sèche, et je crois que mon sourire n’était pas très
crédible. L’expression a changé sur le visage d’Ekhma, et
l’interrogation soudaine dans ses yeux m’a fendu le cœur. Il ne
se doutait de rien. C’est là que j’ai aperçu maman qui courait
à travers la place. Tout essoufflée, elle nous a arrachés à nos
boissons avec tellement de force que la table a vacillé.
Venez, venez. C’est bon, je les ai trouvés.
On
s’est frayé un chemin à travers la foule grouillante. Tourné au
coin de la rue, virage à gauche, couru encore, et puis, enfin, on
l’a vu.
Il
était là, flambloyant, dans le coin d’une placette, qui avait
l’air d’exister juste pour qu’il y prenne place.
Maël
et Azmaray avaient même pu sortir les trois tables et les chaises
pliantes le week-end précédent, en en mettant partout sur la
pelouse. Toute les tables étaient prises, et des gens dévoraient
leurs beignets joyeusement. D’autres faisaient la queue, et de la
musique sortait des enceintes. Les papas avaient des sourires ravis
et s’agitaient dans tous les sens pour servir les gens le mieux
possible. Le monde était merveilleux.
Citation
choisie par Charlie
Il y avait juste leurs coeurs éparpillés comme les miettes brillantes d'un verre à champagne qui aurait explosé contre le sol au milieu de la fête.
Camélia, elle a des cheveux tellement dorés qu'on dirait la fille de Raiponce et de la Reine des neiges qui auraient fait le mariage pour tous.
Comme si c'était le seul à croire encore en l'avenir, le mois d'avril a mis de la douceur dans nos récréations, et des fleurs sur les arbres.