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Citations de Antoine Albertini (113)


Des coups de billard à trois bandes, des noms qui n'étaient pas toujours les bons, des petites mains du trafic jetées en taule et les caïds qui s'en sortaient souvent. Derrière chaque histoire de flingues et de came, derrière chaque assassinat et chaque trafic se dissimulaient des mobiles planqués sous d'autres mobiles, des prête-noms, des secrets et des pièges que couvrait une couche épaisse de rancœurs et de haines, de manœuvres, de silences et de rumeurs.
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On se demanderait quel drame avait bien pu se produire dans un endroit aussi éloigné de tout et on écrirait un nouveau chapitre de l'histoire des mystères criminels locaux. C'était aussi simple que ça, dans une île qui croulait sous les cadavres.
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À trois heures du matin, de retour dans mon grand appartement aussi vide que mon paquet de clopes et, plus grave, que mon frigidaire, j'en avais été quitte pour me rabattre sur le bizarre, ma réserve de secours en cas de coup dur. J'ouvris un placard et choisis, parmi les excentricités accumulées au cours des années, une petite drôlerie d'alcool de pêche distillé par Annonciade, une ancienne catéchiste reconvertie dans la gnôle de contrebande auprès de laquelle je me fournissais en breuvages exotiques.
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Sa tignasse brune était désormais tissée de cheveux blancs, son corps encore plus sec et noueux qu'autrefois, comme si d'homme, il cherchait à devenir végétal, adapté à l'environnement aride dans lequel il avait choisi de vivre.
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Il avait fallu moins d'une heure pour voir la petite route déserte s'animer. Le premier à arriver sur place avait été le maire du village, poussé par l'instinct propre à cette espèce particulière de mammifère à écharpe tricolore qui leur permet de détecter le moindre intrus sur le territoire de leur commune à des kilomètres à la ronde.
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- le fils de ma sœur. Un champion. Dernier de la classe de la maternelle à la Terminale. Même mes excellentes relations avec le recteur ont été inutiles pour lui obtenir le bac : beaucoup trop con. Après avoir quitté l'école, il est tombé deux fois pour coups et blessures, dont la première à vingt et un ans pour avoir tabassé un handicapé moteur qui lui aurait refusé la priorité en fauteuil roulant. Sa mère est venue me supplier à genoux. J'ai fait rentrer ce petit con au service de la voirie il y a trois ans. Depuis, son responsable a dû le croiser six fois, dont cinq à la machine à café du rez-de-chaussée.
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Quand un gendarme de la brigade de Porto-Vecchio a entendu parler de l'affaire de Santa-Lucia dans la presse, il a décroché son combiné pour passer un coup de fil à Serrier. C'est un vieux de la vieille, en poste en Corse depuis dix-huit ans. Il s'y est marié, y a fait souche. Il connaît tout le monde et parle même un peu la langue. Serrier l'a croisé à deux ou trois reprises au cours de ses déplacements dans le sud de l'île et il a apprécié l'aisance de ce collègue débonnaire. D'ordinaire, les gendarmes ne cherchent pas à s'éterniser, même si servir en Corse permet de percevoir une double annuité, comme en campagne, comme en temps de guerre, comme autrefois dans les colonies. Celui-ci, à la différence notable de beaucoup de collègues, paraissait à l'aise, serrait des mains à qui mieux mieux, aux vieux pêcheurs, aux patrons de bar.
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L'après-midi du 7 août 1988, le vieux Pierre-Ange Cristofari, doyen de San Ghjacintu, un minuscule hameau perché sur les hauteurs de Santa-Lucia, dans le Cap Corse, convoqua ses trois enfants autour de son lit d'agonie. Le fils et les deux filles Christofari savaient proche la fin de leur père, aussi quittèrent-ils leurs occupations pour emprunter la route du petit village où ils avaient grandi.
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C'est là que ça se passe. Nulle part ailleurs. J'ai vu des Marines qui avaient fait l'Irak et l'Afghanistan s'effondrer et se mettre à chialer comme des petites filles. Ils avaient oublié la force mental. Vous êtes fort là-dedans ?
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«  La vérité est ailleurs. Pendant des années, l’Etat avait promis: plus de plasticages et on pourrait voir venir.
On avait vu.
La Région croulait sous les déchets, le crime organisé n’avait jamais été aussi puissant et un habitant sur cinq vivait sous le seuil de pauvreté .
Sur cette île, le simple fait de garder les yeux ouverts revenait à accepter le désenchantement comme un prix à payer pour pouvoir simplement respirer » ...
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"Qu'on ne confonde pas le bandit corse avec le brigand continental, car ce serait une grande injustice", écrit Jean de La Rocca dans "La Corse et son avenir" en 1857. Le bandit corse est en somme un très honnête homme et pourquoi pas un héros ?
Un héros, le bandit Agostini, surnommé Capretta, "la petite chèvre" , qui détruisit en 1820 les sept membres de la famille Filippi avec laquelle il était entré en inimitié avant de tuer un voisin, coupable d'avoir loué à ses victimes la modeste pièce d'une maison où il vivait ?
Et le bandit Antonini, du village de
Marignana qui enleva Toussainte Bartolini, âgée d'à peine dix-huit ans, sous les yeux de son jeune frère avant de la précipiter au fond d'un gouffre parce qu'elle se refusait à lui ?
Et les brutes anonymes qui tranchèrent la tête de Giovani-Natale Franceschi, lui arrachèrent coeur et poumons pour suspendre ses abats aux branches d'un arbuste, mutilèrent le sexe de son fils de quatorze ans, près de Levie, en 1846
Et le bandit inconnu qui fusilla Simonpietro Fiorella, un nourrisson de quarante jours, pour qu'il ne puisse jamais venger la mort de son père, exécuté queloues jours plus tôt dans un minuscule hameau près de Corte par une journée brûlante de juillet 1870?
Et les assassins des deux jeunes hommes aux cadavres calcinés, crânes et ventres ouverts répandant la bouillie fumante de leurs cervelles et d'entrailles noircies sur le sol gelé de l'hiver, du côté de Cuttoli ? Héros! Héros ! Héros ! Héros jusqu'à déshonorer les femmes parce que la mort, pour elles, ne suffit pas. II faut encore les humilier, butin exhibé à la compagnie des hors-la-loi, rires gras, tapes sur la bedaine :« Cette mignonne-là, je l'ai eue de force !»
Les gazettes, les romans, continuent de répandre leur lisier et de nommer « exploits » le guet-apens tendu à cinq contre un, le viol d'une enfant de seize ans, le massacre d'une famille qui ne paie pas assez vite, de bergers isolés, de cochers sans défense, vieillards, meuniers, paysannes, marins débarqués à l'escale, mutilés, carbonisés, trainés derrière un cheval, énucléés, dépecés, ébouillantés, criblés de balles, écartelés, martyrisés, ongles arrachés, clous de charpentier plantés dans les genoux, dents arrachées, fendus de haut en bas et mis à vif, frappés, insultés, humiliés, racines enfoncées dans la bouche pour dire que la race est exterminée, ruines humaines à présent, et dépouillés, contraints à l'exil, jetés au fond d'un puits.
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«  La délinquance financière, le blanchiment , les bilans consolidés, les marchés publics : qu’est ce- que je suis censé y comprendre , moi ?
Et pour quoi faire, en plus?
Dès qu’on leur signale un truc suspect , plus personne ne bouge, comme si les grands chefs nous demandaient de surveiller des mecs borderline juste pour les avertir qu’ils dépassent les limites .
Plus personne n’y comprend rien » ...
«  Petrucciu ... Petrucciu » ....
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Je tournai mon regard vers le couloir et son enfilade de portes closes sur les silences des autres voisins, tous frappés par l’épidémie de surdité qui s’était abattue sur la résidence les Albatros. Même la famille dont l’appartement jouxtait celui des victimes n’avait « rien entendu, juste du remue-ménage quand vos collègues sont arrivés, c’est tout ».
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Les pires cuites ne préviennent pas, les verres enchainés aussi facilement que des pensées vagabondes, un premier qui fouette les sens, le second pour sentir la brûlure de l’alcool cautériser une plaie ouverte quelque part en soi, le troisième pour se convaincre qu’on est encore capable de dompter ses démons et tous les autres ensuite, servis par un barman zélé, une dose, encore une dose et une dose de plus jusqu’à ce que l’alcool finisse par tout submerger.
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L'oppression épouse l'implaccable loi de la gravité sociale pour s'exercer des dominants vers les dominés, classe après classe, couche après couche, strate après strate. C'est pourquoi la première tâche que s'assigne le dominé d'hier consiste le plus souvent à assujettir celui qui lui succède dans l'ordre carnassier des communautés humaines.
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Sur cette île, refuser le principe de la violence revenait à accepter de cohabiter avec des dizaines de fantômes pour le restant de ses jours.
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-Responsable du BHS, le bureau des homicides simples, dit Rochac à ma place.
-Ah oui. Les Issues de secours, c'est ça ? Comment le dossier a-t-il pu atterrir chez vous ? On n'est pas sur du soûlard de bal musette, là. Quel est le con qui a...
-Le capitaine était de permanence dimanche, l'interrompit Rochac.
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Dans les salons parisiens ou les revues littéraires, à la chambre ou au Sénat, toutes les causes de ce phénomène ont été débattues : un esprit de patronage attisé par de continuelles luttes politiques, un sentiment religieux imparfait, l'hystérie des femmes corses ou l'excès de vigueur d'hommes trop paresseux pour s'occuper de leurs champs, et auxquels la violence procure un exutoire. Des aliénistes déclarent la population soumise à des passions morbides qu'excite un climat trop froid en montagne et trop malsain près des étangs; des historiens mettent en cause les mauvaises habitudes contractées sous la domination génoise; des juristes convoquent Thomas d'Aquin, Cujas, Montesquieu dans de savants articles de doctrine et trouvent parfois des vertus à cette débauche homicide : n'est-elle pas au fond la marque d'un sens exacerbé de la solidarité familiale et de l'orgueil quand règnent partout l'individualisme né du progrès, la quête du confort, les plaisirs et les vices d'une société affaissée qui laisse sans réparation les femmes outragées et peuple les orphelinats ? Doctes traités et balivernes de café du commerce échouent à rendre compte de l'évidence : si le Corse tue, c'est simplement qu'on le trouve toujours armé. Ce port d'armes généralisé que magistrats et gendarmes dénoncent en vain, les rois et les potentats, l'Office Saint- Georges du temps des Génois, les préfets, des généraux et des ministres ont été incapables de le combattre. Les édits pris sur la Terre ferme, les ordonnances royales, les proclamations impériales, les lois et les règlements de la République, les promesses de traits de corde, de supplice de la roue, l'envoi aux galères, les menaces de raser les maisons des coupables, la peine de mort sans rémission pour le porteur d'escopette et l'interdiction faite à sa postérité d'occuper à jamais toute charge publique, la pendaison du premier arbre et sans autre forme de procès, tout cet arsenal de règlements est resté lettre morte. Il faudrait, pour contrarier cette cette manie insulaire qui fait du fusil un bien de nécessité courante, poster un gendarme et un procureur dans chaque maison, à chaque carrefour, à la messe du dimanche, même, où au moment du confiteor, les paroissiens en état d'inimitié se toisent en écartant le pan de la veste pour exhiber la crosse d'un révolver.
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La seule vraie différence entre les élus nationalistes et ceux des partis politiques traditionnels, qu’il persistait à appeler les « clanistes » comme au temps de son militantisme, tenait au fait que ces derniers ne prétendaient pas agir au nom du peuple corse lorsqu’ils mentaient et trafiquaient les marchés publics.
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"C'est une bonne action qu'ont menée les braves gendarmes, jure-t-il à chacun des magistrats, car ils ont forcé la résolution de me constituer prisonnier, à laquelle je ne me rendais pas assez vite." Au juge, il a donné du "Signor excellenza" , et a simplement appelé le greffier «monsieur» en s' excusant de n'étre pas au fait du protocole judiciaire. Il s'excuse à tout bout de champ de son mauvais français : «Les bons bougres comme moi n'ont pas reçu l'"instructionnement" , dit-il.
Et il faut encore l'écouter endosser le rôle de la victime. Des méfaits qui l'ont conduit à la paille humide du cachot, il rejette la responsabilité sur l'époque, les mauvaises fréquentations, une âme influençable de pauvre paysan tombé très jeune dans l'alcool. «La boisson, se défend-il, fut pour moi une maitresse destructive.» C'est toujours la même chose, avec les bandits. Nulle part il n'est question de volonté ou de responsabilité. A les écouter s'absoudre, le hasard seul et la nécessité expliquent les noeuds de leur destinée, les tranchent, les cousent ensemble. Dans son mélange de corse et de français, langue bâtarde et labyrinthique dans laquelle se perdent le juge et son greffier, il explique et détaille, noie son récit de digressions familiales et de savantes considérations sur la religion et l'art d'accommoder le gibier, repart en arrière, se vante et implore dans la même minute. Son verbe estropié s'entortille en phrases orphelines qui se mordent la queue, interminables lamentations sur la "cattiva sorte" , le sort funeste, au nom de la Madone, ignoble galimatias où le bien vaut le mal et le mal, le bien.
C'est ainsi qu'au fil des semaines, le prisonnier se fait insecte, cloporte pris dans la lumière, cherche à fuir mais finit toujours par buter sur ses propres mensonges, proférés avec un art si minimal que le juge d'instruction et son petit greffier en viennent à se taper les cuisses devant tant d'idiotie.
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