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Critiques de Arthur Mugnier (4)
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Journal de l'abbé Mugnier, 1879-1939

L'abbé Mugnier n'était pas un grand littérateur mais il en a connu. Son journal, tel qu'il est présenté dans cette édition, avec des choix d'extraits orientés vers la vie publique et littéraire, est plutôt fait pour les amateurs de littérature curieux, avides d'anecdotes.

Il a bien connu Huysmans, Anna de Noailles et Jean Cocteau. Il a croisé ou rencontré Mallarmé, Proust, Barrès, Céline, Gide, Valéry, et tant d'autres ! Il rapporte des anecdotes de premières mains sur Flaubert, Hugo, Zola, Maupassant, Rimbaud, Verlaine. Il a commencé avec le naturalisme et fini avec le surréalisme. de la Commune à la deuxième guerre mondiale, il a vu l'achèvement de la monarchie en France et l'avènement de la république. Bref, il a vécu l'une des périodes de l'histoire de France et de sa littérature les plus excitante, ou du moins les plus excitée.

Toutes ces anecdotes sur les écrivains et propos rapportés ont l'effet de démystifier les hommes. Il y a beaucoup de jalousie, de mesquinerie, dans les jugements des uns sur les autres, rarement de l'estime. L'abbé Mugnier ne faisait que noter les propos, sans toujours les commenter, même s'il les réprouvait, il ne prenait pas toujours le temps de donner son avis. Toutefois, il n'y a pas de doute à avoir sur ses idées : il était un « curé de gauche ». Indigné par l'antisémitisme, les violences des catholiques, l'Action Française, les bellicistes, il était aussi à des années-lumière des idées de Huysmans sur la religion ; il n'aimait pas le latin et préconisait de le supprimer des offices. Il lui arrivait même de se sentir gêné au milieu du renouveau catholique des années 1920.

J'ai trouvé intéressant de lire tout ce qu'il écrivait à propos des juifs et des homosexuels. L'antisémitisme était quelque chose de répandu à l'époque, tout le monde faisait des blagues sur les juifs. Même les juifs se complaisaient dans cet antisémitisme ; étonnante la visite du baron de Rothschild à l'abbé Mugnier pour obtenir son soutien pour des élections, et où il lui avoue qu'il est le véritable ministre des finances en France.

Quant à la sexualité, je crois que l'obsédé Huysmans a joué un certain rôle dans l'intérêt qu'y portait l'abbé. En 1916, peu après avoir entendu parler de Freud, il écrivait : « Je crois que l'instinct sexuel est l'explication de tout, puisque tout en vient. La psychologie doit sortir de là, de cette double étreinte. Mais qui donc approfondit nos origines ? La sotte pudeur ou la sotte luxure empêchent toute étude sérieuse. »

Enfin, il y a un autre aspect de l'abbé à retenir, c'est son côté mondain, surtout lorsque il fréquentait Anna de Noailles. Il a passé beaucoup de temps dans les dîners de la haute société ; il détaille les menus raffinés (il découvre le caviar pendant la première guerre mondiale) et les fleurs qui ornent les tables (cet amour des fleurs le rapprochait de Proust).

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Journal de l'abbé Mugnier, 1879-1939

La lecture du journal de l’abbé Mugnier nous fait prendre conscience, s’il en était encore besoin, de la nécessité de dissocier l’écrivain de son oeuvre. Nous apprenons, grâce à l’abbé, une foule de petits détails sur la vie de beaucoup d'entre eux, qui ne sont pas toujours à leur avantage, bien au contraire.Ayant fréquenté un collège de Jésuites durant toutes mes études secondaires, j’ai retrouvé avec amusement dans ces pages tous les auteurs qui avaient les préférences de nos chers éducateurs. Je pense en particulier à Péguy, Claudel, Maritain, Montherlant et Teilhard. Mon Dieu, si nous avions su tout ce qui se cache derrière ces écrivains.

Après avoir lu le journal littéraire de Paul Léautaud (choix de pages) qui a rencontré à plusieurs reprises l’abbé à la Vallée aux Loups, j’ai trouvé intéressant de croiser leurs appréciations réciproques de ces rencontres.

Une lecture très enrichissante.
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Journal de l'abbé Mugnier, 1879-1939

Aucune critique du Journal de l'abbé Mugnier sur Babélio ? Réparons cette lacune, en conseillant vivement la lecture de ce document littéraire de première main, plein de fraîcheur et d'acuité, où l'on se promène dans les intérieurs des personnalités les plus huppées de la belle époque et de l'entre deux guerres. L'excellent abbé, vif d'esprit (ce qui lui ouvrit les portes des salons à la mode) avait le don, indiscutable, d'associer avec profit sa mission sacerdotale et les mondanités (cf le mot de Forain: "on vous enterrera dans une nappe!"). Il laissera à sa mort en 1944 ce journal (paru dans les années 80) en forme d'exercice d'admiration, où l'on croise durant une soixante d'années les célébrités de l'époque, sans qu'à aucun moment le bon abbé se laisse duper par un milieu dont la frivolité n'est pas le moindre défaut. A lire sans modération !
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J'ai bien souvent de la peine avec Dieu : C..

Xavier Galmiche publie aux éditions du Cerf la correspondance de la poétesse Marie Noël (1883-1967), née à l’état civil sous le nom de Marie Mélanie Rouget. Elle s’est entretenue avec Arthur Mugnier, plus connu sous le nom d’abbé Mugnier, qui se voua « au culte des âmes et des lettres » (Paul Valéry). L’abbé Mugnier a rencontré beaucoup d’écrivains de son époque comme Huysmans, dont il relata la conversion. Il excella à sonder les cœurs.

Il convient de préciser, que la conférence des évêques de France a sollicité, en février 2017, l’ouverture d’une cause de béatification de Marie Noël. Elle fréquentera également l’abbé Brémond de l’Académie française.

C’est une grande et belle âme qui transparaît au fil des lettres, et bien sûr de l’œuvre de Marie Noël, qui apparaît en filigrane.

L’auteur parle joliment de « l’espièglerie angélique ». Marie Noël parle de la peine d’une âme troublée par le tragique de l’existence humaine, et par le spectacle d’une création traversée par « Bien et mal ensemble ».

Le but de cette correspondance était de trouver, dans la foi, de l’aide.

Marie Noel avait des scrupules à transgresser les interdits de l’Index (liste de livres interdits par l’Eglise, qui fut supprimée en 1966, car lesdits ouvrages seraient contraires à la foi ou de nature immorale).

Toutes ces lettres commentent vingt ans de vie culturelle. Cette correspondance est suivie de « Marie Noël ». Quand on lit toutes ses lettres, on pense à Sainte Thérèse de Lisieux, quand entre autre, Marie Noël évoque son caractère indécis et craintif à l’excès, par exemple, et elle quand indique, qu’elle cherche dans un livre « l’homme… ses grâce naturelles d’esprit et de cœur ».

Elle indique qu’elle oscille entre sa foi et la beauté du livre.

L’abbé Mugnier lui rappelle qu’autant d’âmes il existe, autant de manières de les diriger il y a. Il lui indique, qu’il faut « accepter la complexité, le mélange, le chaos de la vie », et qu’elle doit trouver dans sa foi l’élan, et non pas un obstacle. Selon l’abbé, on prie avec ses facultés et chacun a les siennes.

Une lecture rafraîchissante sur le fond, car il est rare de suivre le déroulement d’un accompagnement spirituel, et sur la forme ! A lire !



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