À toute vitesse, pour étourdir le plus possible le lecteur en moi, la conscience de soi, pour empêcher le goût de naître, le jugement de se former. Pour faire émerger une parole libérée des exigences de la beauté.
Elle aimait les matins dans les trains. Elle pouvait s'assoupir sans crainte. Une fois, une main pénétra dans son rêve et elle en fut bouleversée. Cela ne l'empêcha pas de continuer d'apprécier les matinées dans les trains. Dans sa ville, dans sa maison, elle laissait toujours sur une chaise du salon une pile de magazines pour plus tard. Plus tard ne venait jamais mais ce n'était pas grave, c'était là, au cas où, pour le jour où plus tard arriverait. Voie D, elle avait ses habitudes, la société des chemins de fer s'excusait souvent pour le retard. Une nuit, elle sortit de chez elle pour se rendre sur le quai de la voie D et attendre la rame qui viendrait le matin. Ça lui permit de souffler un peu. De penser tranquillement à ses enfants. A son travail aussi, qui était à plus d'une heure trente de chez elle. Aller-retour ça faisait trois heures par jour. C'était beaucoup pour une tâche aussi avilissante, mais il fallait bien gagner sa vie. Heureusement, elle aimait les matinées dans les trains.
Dans l’humeur maussade nous trouvons la force de grimacer.
Au bout du compte cela ressemble même parfois à un sourire.
Les choses qui nous résistent dessinent nos contours. On les remercie pour ça.
À quoi sert une fleur ? Ça ne se demande pas.
Extinction soudaine des feux. Tout est calme et je me tiens debout dans le noir à tes côtés. Je renifle discrètement ? J'ai toujours aimé l'odeur des cheveux. On ne dit rien.
Dans la profondeur de l'instant sont rangées les attentes, en désordre.
Sois sans hâte sois sans crainte
Reste un peu ici
La porte joliment peinte
On tombera dessus
On s'en souviendra, des deux rives, j'en suis certain.
Familièrement, on l'appelait Bob. C'est ainsi qu'on nous avait appris à nommer le Grand Océan depuis la petite enfance. Mais on nous avait aussi bien fait comprendre qu'il avait d'autres noms, une multitude, comme des rangs de perles précieuses qu'il portait en collier.
Une cabane était refuge à ceux qui cherchaient dans le soir les quelques notes énigmatiques qui pouvaient déverrouiller la nuit.
Changez le code de l'entrée une fois tous les X mois, il y a quelques semaines on entrait ici comme dans un moulin à blé. Avez-vous déjà vu un moulin à blé muni d'une cage d'escalier ? Un copropriétaire propose sinon de supprimer la cage d'escalier en conformité avec l'usage statutaire des bâtisseurs de moulin à grain. (Dans l'angle)
L'immobilisme et l'inactivité sont les causes principales d'une mort certaine. (Avec le troubadour)
Ce n'est pas grave de se perdre dans la multitude. Dissous-toi tant que tu peux, tu entendras le chant du Cosmos et de tes semblables. (Consignes de sécurité)
Partir est un bienfait de l'âme juste et triste [...] (Au moment où la clairière est calme)
Le monde des possibles se présentait à nous sans nous le dire, avec beaucoup de pudeur et de beauté humble. Nous n'avions pas conscience de tout ça. On imaginait que la vie entière aurait cette teneur des portes ouvertes et des voies multiples. (Building chante)
[...] une franche montée du sel à la surface des yeux. (De la part d'un volatile)
Passer inaperçu est pour moi une science géométrique qui relève du don magistral des prestidigitateurs à trois sous. (Un frère claudiquant)
Les rectangles de toutes sortes ont pénétré la vie.
De toutes les couleurs.
Ce sont des pixels
Ce sont des amoureux
Ce sont des poissons congelés
Angulaire est la pierre
Angulaire est l'autonomie
Angulaire l'abolition de l'espace et du temps.
(Laisse-le te bénir)
La source non tarie de tes amours anciennes délibère au matin sous un ciel bien gris. (Ce crépitement inaltérable)
Prenons les enfants dans nos bras, nos bouches seront pleines de doigts que nous ne mangerons pas. (Ça nous fera du bien)