Jeanne Chauvin, encore une icône de la lutte des femmes pour l’égalité avec les hommes. Un combat de longue haleine pour pouvoir exercer le métier qui lui a été enseigné. Car oui, en 1887, les femmes avaient enfin le droit d’aller étudier le droit à la Sorbonne, mais non : elles ne pouvaient pas encore le pratiquer. Imaginez donc le sacrilège de pouvoir prétendre au rôle de magistrat pour une femme ?! Rien que de s’inscrire fut une aventure en soi, avec les regards réprobateurs de ces messieurs préférant voir ces dames aux fourneaux avec les enfants à gérer que sur les bancs universitaires…
Aurélie Chaney dépeint avec brio la vie de cette femme déterminée en parallèle avec son frère qui entra à l’université pour apprendre le droit en même temps qu’elle. Lui, on lui imagine déjà une carrière politique, Jeanne, elle, doit se montrer moins studieuse en classe pour ne pas troubler les élèves masculins… Une des scènes surprenantes de cet album mis en relief par Djoina Amrani.
Un graphisme aux courbes légères, fluides, qui sied aux biographies d’époque. Le siècle des lumières, l’ouverture d’esprit envers les femmes – mais attention : pas pour tout ! Les teintes pastelles jouent également un rôle pour s’imprégner de cette période d’avant-guerre où les femmes combattaient déjà pour s’émanciper…
Le duo d’artistes ne manque d’ailleurs pas de mettre en avant les différentes relations professionnelles de Jeanne Chauvin, avec le groupe militant de l’Avant-Courrière, dont la présidente était Jeanne Schmahl, le journal exclusivement féminin La Fronde, dirigé par Marguerite Durand, … mais aussi l’homme de loi Belge Louis Frank qui la soutiendra contre vent et marées dans ses démarches juridiques pour enfin pouvoir prêter serment puis exercer le métier d’avocat.
Un ouvrage utile pour comprendre le combat de longue haleine (qui n’est d’ailleurs pas terminé…) pour avoir les mêmes droits et privilèges que les hommes. Abordable à toutes et à tous, qui vous surprendra si vous ignorez le chemin parcouru pour que les femmes puissent, étudier, travailler et garder leur salaire (!!) alors qu’aujourd’hui, beaucoup de choses nous sont enfin acquises… à la sueur du front de ces femmes, comme Jeanne Chauvin, qui avait immanquablement « La plaidoirie dans le sang » !
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