Aurélie Lavallée

Chapitre 1 :

Meïna

«… Je reprends connaissance dans un gémissement et tente de porter la main à ma tête, mais je suis ficelée comme un rôti. Qu’est-ce qui s’est passé, putain ?

Peu à peu, je reprends suffisamment mes esprits pour me souvenir et je me raidis. Eh merde, ils m’ont retrouvée ! J’essaie de bouger, de retirer mes liens, mais ils m’ont bien attachée, ces connards !

J’ouvre les yeux et observe autour de moi. Je suis à l’arrière d’une camionnette et l’odeur qui se dégage me fait comprendre qu’il s’agit de celle qu’ils utilisent pour transporter le foin des animaux.

Je m’efforce de prendre de lentes et profondes inspirations, je ne suis plus une gamine, je ne suis plus cette adolescente terrorisée qui les a fuis. Je suis une Blooder, merde, et je promets de leur faire la misère s’ils envisagent de me garder prisonnière !

— Oh… bande de connards ! hurlé-je en tapant avec mes pieds sur la séparation entre l’arrière et l’avant du véhicule. Laissez-moi sortir immédiatement ou je vous jure que dès que vous me détacherez, je ferai un massacre !

Seul le silence me répond et la rage m’envahit. Bordel, dire que je devrais être en train de dîner avec Samjan. Il avait tellement insisté que j’avais donné mon accord. J’étais même prête à aller plus loin avec lui et voilà que… Arghh, ça m’énerve ! …»

Chapitre 3 :
«… Frost avança encore de quelques mètres et de nouveaux effluves vinrent se mêler aux autres.
Douceur…
Chaleur…
Fleurs…
Femelle…
Le cœur de Frost fit un bond dans sa poitrine et sans même en prendre conscience, il accéléra l’allure. Il ignorait qui Toan avait invité chez lui, mais c’était indéniablement l’odeur d’une louve. Et cette dernière venait de réveiller l’instinct de son loup qui voulait défier le mâle afin d’accaparer la femelle.
Frost s’obligea toutefois à respirer calmement. Il n’était plus un adolescent, il était capable de gérer la situation. Il arriva en vue de l’entrée de la hutte lorsque Toan sortit sur le pas de la porte.
— Alpha, que me vaut le plaisir de ta visite ? gronda-t-il.
Frost observa l’homme devant lui. Il était grand, fort et possédait une barbe fournie. Quiconque le voyait le comparait aussitôt à un bûcheron.
— Est-ce qu’on peut parler, Toan ?
— Pour quoi faire ? éructa ce dernier. Personne ne m’écoute jamais de toute façon. Et ce n’est pas le moment !
— Toan, c’est important ! C’est au sujet de Freya et…
Frost se figea lorsqu’une main féminine repoussa Toan sur le côté afin de se poster près de lui. Il ne parvenait pas à détacher son regard de la sublime rousse qui le dévisageait avec un tel dédain dans les yeux qu’il se redressa, ne voulant pas lui donner l’illusion d’être faible. …»

« – Il émane de toi de la douceur, de la chaleur. Lorsqu’il y a un conflit, tu projettes des vagues d’apaisement. Quand quelqu’un souffre, tu lui prodigues du réconfort et la personne se sent mieux. Tu l’as fait pour moi et je suis sûre que tu as fait usage de ce don sur Tom également.
– Je n’en ai jamais eu conscience.
– Peut-être, mais c’est ainsi. Tu es comme un magnétiseur qui agit sur les émotions. »

« Ils étaient là ; ils la poursuivaient. Elle avait beau courir de toutes ses forces, elle ne parvenait pas à les distancer. Elle percevait leurs regards écarlates posés sur elle, elle sentait leurs odeurs sauvages, bestiales. Elle trébucha et se redressa avec peine. Ses pieds étaient en sang, elle avait conscience qu’elle les attirait d’autant plus, mais elle ne pouvait rien y faire.
Leurs souffles se firent soudain moins audibles. Elle aurait pu croire qu’ils avaient perdu sa trace, mais elle savait que c’était un piège. Ils jouaient avec elle.
C’étaient des chasseurs.
Elle était la proie. »

« La meute est à l’aube de grands changements. »

Chapitre 4 :

Wes

«… Je ne suis peut-être pas très grand, moins que ce type, ça, c’est certain, mais je me redresse, le fixe d’un air glacial et lui tends ma main. Lorsqu’il y glisse la sienne, je serre si fort qu’il ne peut s’empêcher de grimacer, de ployer les genoux.

– Du calme, Wes, gronde Fox avec une pointe d’amusement dans la voix. Si tu lui brises les doigts, il ne pourra jamais reprendre le volant pour rentrer chez lui.

Je le lâche aussitôt et Célie me lance un regard incrédule avant de secouer la tête, exaspérée.

– Très mature, Wes. Je remarque que tu n’as pas changé, tu es toujours ce gamin boudeur que j’ai rencontré.

– Il faut qu’on parle… en privé ! précisé-je alors qu’elle ouvre la bouche, visiblement pour me contredire. …»

Chapitre 4 :

«... — Je n'ai de compte à leur rendre, mais je suppose que si je leur avoue être venue rendre visite à un amant, elles ne m'en voudront pas.

— Plutôt crever dans les flammes de l'enfer que me laisser toucher par une sorcière !

Aimélynda éclata de rire et secoua la tête.

— Méfie-toi, mon grand, parfois le destin est cruel et tu risques de te retrouver uni à une jolie jeteuse de sorts.

— Plutôt mourir !

— Ça peut également s'arranger !

— Bon, ça suffit, vous me donnez la migraine, tous les deux ! les tança Kellen...»

« Il ne voulait pas d’elle...
Il souhaitait se libérer de ce lien qui ne valait rien pour lui...
Il n’éprouvait rien pour elle...
Elle n’était pas Marylie et ne le serait jamais...
Elle était la fille de son bourreau...
Une sorcière...
Rien d’autre...
Surtout pas sa compagne. »

« Elisandra savait qu’il ne ressentait rien pour elle, mais l’entendre prononcer ces mots devant ses amis, sa meute, lui brisait le cœur. »

Chapitre 3 :
«…Elle tenta de se défaire de sa poigne, mais il la tenait solidement.

– Je n’étais pas obligé de t’en faire part, mais comme je te l’ai dit, je te veux, alors je serais honnête avec toi. Autant que je peux, tant que ça ne met pas ma mission en péril. Kenny ne se serait pas donné cette peine.

– Tu ne me connais même pas !

– En effet ! Je ne suis pas venu te chercher ce matin pour t’allonger sur ma bécane et te baiser sur ma selle, même si je devine déjà que je prendrais un pied d’enfer. Non, si je me suis pointé, c’est pour te signaler mes intentions, parce que je suis sincère, du moins en partie. Alors à toi de voir si tu préfères courir après Kenny ou si tu veux bien faire un petit bout de chemin avec moi.

– Je ne sais pas, c’est si soudain.

– Alors, je crois qu’il te faut quelque chose pour te motiver.

Il l’attira contre lui, glissa sa main derrière sa tête pour la maintenir et l’embrassa avec fougue. Il força le barrage de ses lèvres, envahit sa bouche, partit à la conquête de sa langue... jusqu’à ce qu’elle capitule. ...»

Chapitre 2 :

Lokan

« … Oh Putain, c’est encore pire que je ne le pensais. Mes oreilles bourdonnent, mon cerveau s’emballe.

– Qui ? Comment ? grondé-je. Je croyais qu’elle était sous protection.

– Elle l’est, mais l’ignore, soupire-t-il. Lokan...

– Oh non ! m’écrié-je. Je ne veux pas t’entendre. Toutes tes raisons, tes décisions, je m’en branle les couilles. Si elle est blessée, tu es en partie responsable, parce que tu l’as éloignée de Belford Price, de moi...

– Lokan !

– Ferme-la, merde ! explosé-je. Tu vas me donner son adresse, celle de l’hosto. Je vais me rendre sur place, prendre les mesures qui s’imposent, puis je la ramènerai ici.

– Elle n’est pas seule, merde ! L’un des Blooders est avec elle. Ils sont devenus proches, il ne laissera plus rien lui arriver.

Ces mots me blessent, mais Larissa a le droit au bonheur.

– Tu me files ses coordonnées, répété-je froidement. Je vais me rendre là-bas, peu importe où elle se trouve, et je m’assurerai qu’elle va bien. S’il le faut, je la reconduirai ici afin que tu puisses faire ce qu’il y a de mieux pour elle.

Je le vois crisper ses mâchoires et je sais à quoi il pense.

– Oh, rassure-toi, ironisé-je. Je n’ai pas l’intention de m’imposer à elle. De toute façon, elle doit me détester et je la comprends. Ma mission, Prés', sera de la ramener ici, en sécurité, puis je tirerai ma révérence, donc tu vois, tu n’as pas à craindre que je devienne ton « beau-père ». Je me casse, Tigrane, définitivement...

Sur ces mots, je regagne la porte, puis l’ouvre sans qu’il ne cherche à me retenir. ...»

Chapitre 1 :

«… Il s’installa à même le sol et se mit à manger tandis que la jeune femme soupirait profondément.

— La meute est menacée, non seulement par les Sœurs de l’Harmonie, mais aussi par une troupe de hyènes menées par une putain de psychopathe avec qui elles ont formé une alliance.

— Merde, alors que pouvons-nous faire ?

— Eh bien, comme je ne suis plus assujettie au sort de muselage, je pense que je vais rendre une petite visite aux Wolfang afin de leur demander de l’aide.

— Ton plan a quelques failles, lui énonça-t-il.

— Je t’écoute…

— Je valide à cent pour cent le fait de demander de l’aide pour sauver les Troopers. Mais comment sauras-tu ce qui s’y passe puisque tu as été bannie ? À cause du sort de muselage, personne ne pourra communiquer avec toi sur ce qui se déroule sur le territoire.

— Je ne suis pas la seule à avoir été bannie, le taquina-t-elle.

— Toan, comprit-il tout de suite. …»

Chapitre 1 :

«… Elle s’apprêta à entrer dans le bâtiment lorsqu’elle perçut un mouvement derrière elle. Elle se retourna brusquement et se figea.

— Oh mon Dieu… Toi…

— Salut, Chafi…

Elle éclata en sanglots et se précipita dans les bras du jeune homme qui la réceptionna dans un rire.

— Nous t’attendions, Chafiha, murmura une seconde voix douce.

Elle releva la tête et sourit à travers ses larmes. Elle n’était plus seule…

Jamais elle n’aurait pensé revoir un jour celui qu’elle considérait comme un fils. Elle pleurait et riait à la fois, le serrant dans ses bras. Il n’était pas en reste, l’étreignant avec tant de forces qu’elle sentit ses côtes craquer.

— Doucement, gamin, ne va pas la briser, même si tu es heureux de la revoir.

Chafiha repoussa Shark et reporta son attention sur Raziel, l’un des Fantômes de Marcus{1}. Elle se mordilla la lèvre inférieure, se demandant ce qu’elle devait faire, puis jeta sa prudence aux orties et se précipita contre son torse. Il referma ses bras autour d’elle avec douceur et elle ferma les yeux, se contentant d’apprécier l’instant présent.

Au bout d’un moment, elle recula d’un pas et observa Shark qui semblait en pleine forme. …»

« Elle a raison, je suis satisfait de la tournure que prend cette soirée, mais elle ne sait pas encore à quel point je vais m’incruster dans son existence… »

Chapitre 1 :

Kelya

«… Je me laisse tomber sur mon siège, me demandant si je n’ai pas fait une belle connerie en appelant Buster. Non… il fallait que je le fasse, Meïna venait de se faire enlever, juste sous mes yeux, et j’étais restée là, incapable de réagir. Je frémis à l’idée que Buster arrive pour m’emmener.

« Je viens te chercher et ce n’est pas négociable ».

Lorsqu’il a prononcé ces mots, j’avoue que j’ai ressenti une excitation malvenue à cette idée. Bon sang, il ne faut pas que j’oublie que je suis en couple, même si la situation est compliquée et que j’ignore comment me sortir de cette union qui ne m’apporte que des larmes et de la souffrance.

En attendant l’arrivée de Buster, je me remémore ma rencontre avec Roman. …»

Chapitre 2 :
«… Il aida Judy à prendre place et s’assit en face d’elle.
— Tu indiqueras à Jazy que je vais bien et qu’elle ne doit pas s’inquiéter pour moi, n’est-ce pas ? insista-t-elle.
— Je ne lui dirai que la vérité.
— Et quelle est-elle, selon toi ?
— Que tu as peur.
Elle se figea et observa Ivago qui ne baissa pas les yeux. Elle secoua la tête et reporta son attention sur les deux serveurs qui arrivaient, deux plateaux pleins à craquer dans les mains. …»

Chapitre 1 :
«… Il prit soudain une décision, sachant déjà qu’il allait le regretter, mais il voulait s’assurer que Judy se portait bien. Et, même s’il avait conscience que rien ne pourrait être possible entre eux, les Troopers étant encore trop ancrés dans une époque à présent révolue, il pouvait au moins faire ça pour sa femelle Alpha.
— J’irai, déclara-t-il.
— Quoi ?
— Tu n’auras qu’à me donner son adresse. J’ai repéré son odeur lorsque je suis venue chez toi, il me sera facile de la pister et de m’assurer qu’elle va bien.
— Tu ferais ça pour moi ? Vraiment ?
— Oui, affirma-t-il.
— Oh, Ivago, tu es le meilleur.
— Eh bien, tu expliqueras ça à Frost lorsqu’il voudra me faire la peau !
— C’est promis ! … »

« La vie suivait son cours au sein des Troopers, mais pour combien de temps ? »

« Nous sommes muselés par un sort. Et vous aussi, depuis que vous êtes entrés sur notre territoire. »

Prologue :
«… Il y avait de cela quelques années, l’Alpha d’une meute puissante avait vu les forces de ses loups décliner. Ils éprouvaient des difficultés à se transformer, les grossesses étaient de plus en plus rares, si bien que la jeune génération était peu nombreuse.
Et la guerre était à leurs portes.
Autrefois, ils étaient connus pour être de véritables guerriers, que ce soit sous leur forme humaine ou lupine. Personne n’osait les affronter, parce qu’ils étaient considérés comme invincibles. Rien que leur nom faisait trembler leurs ennemis qui préféraient filer la queue entre les pattes plutôt que de les défier.
Tout avait changé à présent et le chef de leur groupe devait se rendre à l’évidence, sans aide, ils ne parviendraient jamais à recouvrer leur potentiel. Il prit alors une décision lourde de conséquences, mais il le fit en toute connaissance de cause.
Ses loups et lui-même avaient besoin d’être boostés, de redorer leurs blasons et seules les sorcières avaient les moyens de les aider, même si le dirigeant de la meute savait que le prix à payer serait élevé. …»