Citations de Béatrice Bottet (177)
Le Mardi et le Vendredi sont des jours détestés par les pêcheurs. Les risques d'intempéries et de naufrages sont grands.
De nombreux capitaines préfèrent retarder un départ et partir le dimanche.
La sirène hante les océans depuis la nuit des temps.
Elle est d'une beauté extraordinaire, et le bas de son corps qui est en forme de queue.
Elle chante magnifiquement bien, elle a une voix en or prenante... et c'est là que l'homme est très sensible.
Tellement sensible à ce merveilleux chant qu'il plonge pour la rejoindre et se noie.
Ulysse qui navigua depuis de longues années en Méditerranée fit boucher les oreilles de ses marins par de la cire quand son bateau traversa une zone de sirènes. Ulysse s'est fait auparavant attacher au grand mât. Il est le seul à avoir entendu les chants irrésistibles des sirènes et en soit sorti vivant.
La boucle d'oreille du marin doit être en or, ce qui a des vertus protectrices que les autres matériaux n'ont pas.
L'or guérit la vue et prévient des maladies des yeux.
Le rubis met le marin à l'abri de la noyade.
Il y a fort longtemps, tout bateau devant affronter l'océan était consacré à un sacrifice du sang d'une victime étalée sur la proue afin de s'attirer les bonnes grâces des divinités.
Plus tard, on passa plutôt à la libation de vin, ce qui était moins cruel. La tradition était de baptiser un bateau avant son départ en mer sinon il devrait essuyer des tempêtes, se confronter à des monstres marins, avaries, etc.
Et enfin, jusqu'à aujourd'hui, on utilise le champagne.
La méthode utilisée est de lancer vigoureusement une bouteille de champagne contre la coque.
Lors de la construction d'un bateau, dès que la coque est terminée, il est d'usage en Bretagne de l'asperger d'eau de mer en abondance pour l'habituer au futur milieu qui sera le sien. Ces gestes sont accompagnés de prières et de vœux.
Le goéland représente l'âme d'un mort. Il abrite l'âme d'un noyé dont on n'a jamais retrouvé le corps. Il ne faut donc pas toucher au goéland pour ne pas léser le pauvre mort.
Si un corbeau proche du bord de mer croasse pendant la nuit ou au petit matin, c'est le présage d'une tempête.
Le marin montre peu de sympathie envers l'albatros. Il est réputé annoncer le mauvais temps et les tempêtes lorsqu'il
se pose sur l'eau.
Il est en revanche de bonne augure de le voir planer, signe de bon vent.
Dans les bâtiments militaires, on glisse encore une gousse d'ail sous les canons.
Un bateau est vivant, il doit être respecté comme tel.
Platon affirmait: "Il y a trois sortes de gens: les morts, les vivants et ceux qui sont en mer."
Enfin elle se décida à ouvrir la lettre. Selon toute apparence, Cyprien avait jeté les mots sur le papier à toute vitesse.
« Chère Penelope,
Je n’ai pas beaucoup de temps, j’embarque dans quelques heures pour la Chine… »
Penelope s’étrangla. Pour la Chine ?! De surprise, elle faillit en laisser tomber à la fois la missive et l’éventail. Le bateau de Cyprien ne devait aller qu’en Norvège et en Finlande pour rapporter du bois ! Six semaines en tout et pour tout ! Il devait être à Londres pour Noël ! Qu’est-ce que c’était que cette histoire ?
« J’embarque dans quelques heures pour la Chine, relut-elle. Je sais, je devais revenir à Londres, mais je crois que je suis tombé sur quelque chose d’assez étrange. Je suis sûr que ça va t’intéresser (et intéresser Grayson). »
Garde du corps. Hum, c’était le passé, cela. Oui, bien sûr, elle l’avait naguère embauché comme tel, ce qui restait une sorte de plaisanterie entre eux. Mais ne s’était-il pas montré par la suite l’efficace compère de ses enquêtes ? N’était-il pas un peu amoureux d’elle ? Et pourtant, il avait voulu repartir en mer. Il l’avait assurée que ce ne serait que pour des missions courtes. Il s’était embarqué voilà maintenant quelques semaines. Depuis elle n’avait eu aucune nouvelle. Elle était passée du désarroi à l’inquiétude, de l’inquiétude à l’exaspération et à l’impatience, puis, ces jours derniers, à ce qui ressemblait bien à de la déprime.
Quand le père de Bertoul, Barthélemy le bûcheron, avait été tué par un arbre, dame Hermelinde avait mandé au château la jeune veuve qui y était devenue lingère. Et voilà que Mariette la lingère avait succombé quatre mois plus tard à une chute dans le lavoir où elle s’était noyée, laissant un orphelin de six ans. Pauvre Bertoul, qui n’avait qu’un souvenir vague de ses parents !
Mais, de là où ils étaient, le bûcheron et la lingère devaient veiller sur leur enfant, parce que Bertoul avait eu de la chance. Il avait été élevé au château, parmi les malheureux que la dame n’hésitait pas à recueillir. Bien sûr, la dame ne comptait ni l’adopter, ni faire de lui un futur chevalier, à l’instar de son neveu Raoul ou de son petit-neveu Raoulet, mais en hébergeant l’orphelin, elle lui avait aussi fait donner de l’instruction.
Non seulement Bertoul n’avait jamais eu ni faim ni froid, mais aujourd’hui, il savait lire, écrire, chanter et jouer de plusieurs instruments. Il connaissait par cœur de nombreuses chansons, des poèmes, des épopées, des histoires de chevalerie, des lais d’amour, des farces et des soties et bien d’autres choses encore.
Le vieux Jacquemin-Loriot était l’artisan de cette précieuse instruction. L’homme, ancien ménestrel, avait parcouru tant de chemins qu’arrivé au château de Tournissan, ses rhumatismes l’avaient empêché de repartir.
— Cela ne fait rien, restez avec mes autres protégés, avait proposé la dame. Mais pour payer vos repas et le toit au-dessus de votre tête, vous enseignerez tout ce que vous savez à ce petit garçon, Bertoul, qui est au château depuis six mois seulement. Comme vous le voyez, il est un peu trop jeune pour travailler aux écuries ou devenir l’apprenti du cuisinier, mais on peut chanter à tout âge, n’est-ce pas ?
— Assurément, dame, avait répondu Jacquemin-Loriot. Et on peut aussi apprendre à lire, à écrire, à réciter, à composer. Plus on s’y prend tôt, mieux c’est.
— Très bien, alors, avait conclu la dame. Enseignez-lui tout cela pour qu’un jour, quand vous n’y serez plus, Bertoul soit mon ménestrel.
Soudain, nous avons vu Shark remonter à bord. Il était suivi par un personnage à l’allure
étrange : malgré la chaleur, il était enveloppé dans une grande cape noire et avait rabattu la
capuche sur son visage. Tout à coup, à mi-chemin de la passerelle, il a trébuché. En essayant
de se rattraper, il a perdu sa capuche.
– Couvre-toi, bon sang ! a grogné le capitaine. Je ne tiens pas à ce qu’on te voie.
– Pardonnez-moi, a répondu une voix fraîche.
C’était une jeune fille ! Mais nous l’avons à peine aperçue : le capitaine lui a pris le bras
pour l’obliger à presser le pas [...].
– Qui est-ce ? a murmuré Nat.
– Comment le saurais-je ? Shark fait toujours des cachotteries.
– Tu as vu comme elle est belle ?
Finies, la campagne et l'aimable folie sise au milieu des bois et des prés. La Faisandière était aujourd'hui cernée d'immeubles de rapport, de cabarets, de masures et de taudis construits à la va-vite et qui ne mettaient pas longtemps à se dégrader. Je ne sais pas si l'édifice se nommait La Faisandière parce que c'était une belle réserve de chasse au gibier à plumes, ou parce que, comme je l'appris plus tard, l'argot nommait "faisan" les escrocs et autres individus louches de la même farine. La Faisandière avait été un repaire de voleurs, à une époque lointaine.
Le 30 avril se déroule, en Allemagne, la nuit de Walpurgis (du nom de sainte Walburge, qu'on fête à cette date). Toutes les sorcières du pays se réunissent lors de ce sabbat immense et terrifiant, qu'on évoque en frissonnant.
Une jolie sorcière possède ce qu'on appelle la "beauté du Diable".
Ce printemps-là, il se passa d'étranges phénomènes dans plusieurs officines douteuses ou laboratoires secrets de la bonne ville de Paris. Oh, rien de franchement extraordinaire, mais il y eut des fulgurances dans l'ombre des miroirs magiques, des frémissements dans l'eau mêlée d'encre des écuelles divinatoires, des bouillonnements dans quelques chaudrons.