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Biographie :

Bénédicte Bonzi est anthropologue et chercheuse associée au Laboratoire d’Anthropologie des institutions et des organisations sociales.


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Du don à la notion de violences alimentaires : Bénédicte Bonzi présente son travail de thèse


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Les engagements des villes, des départements, des régions et de l'Etat dans la gestion de la grande pauvreté mettent en exergue la nécessité d'apaiser les tensions, ils le font à travers des plans, des mesures qui imposent aux publics cibles de rentrer dans des cadres. La violence structurelle se décline alors en deux points. Le premier consiste à faire peser la responsabilité de la situation sur la personne impactée, qui doit fournir l'effort, c'est sa liberté de se saisir du dispositif qui est évoqué avant sa capacité à pouvoir y répondre. Dans le cas de l'alimentation, elle doit manger ce qui lui est propose dans l'espace qui y est consacré et dans un temps précis (lié aux dates courtes). Le second résulte dans le fait de nier que ce sont les causes de la situation qui doivent être modifiées et non les conséquences, qui n'en sont que les effets. Dans le cas de l'obésité par exemple, expliquer à la personne ce qu'elle doit manger, quand et comment à travers quelques ateliers cuisine imposés, sans lui donner les moyens de se prendre en main dans un choix libre de sa nourriture est particulièrement violent.
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Ce qui est violenté est l'identité, comme cela a été présenté dans le précédent chapitre. Les liens sociaux qui se tissent entre les personnes sont des baromètres individuels, être reconnu permet de s'estimer, de percevoir sa propre valeur. Dans le cas inverse, ce que la personne retient, c'est qu'elle ne vaut rien, ou pas grand-chose, nous l'avons vu avec les sous-produits, l'image renvoyée est de valoir moins que les autres. Une fois cette perte opérée, un effet cascade constitué de plusieurs phénomènes va renforcer ce sentiment. Je reprendrai ici huit des neuf catégories proposées par Marie-France Hirigoyen pour caractériser la violence psychologique dans le cadre des violences alimentaires : l'isolement, la frustration, l'intimidation, le contrôle, le harcèlement, les menaces, I'inversion de la faute et la culpabilité.
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Il est indispensable de comprendre que ce qui est mauvais, c'est que l'aide alimentaire qui devrait répondre à une situation exceptionnelle d'urgence soit devenue une façon de s'alimenter. L'aide alimentaire à travers le don des bénévoles n'est en rien mauvaise, elle a au contraire su trouver des moyens d'inclure des personnes abandonnées par la société. Si elle contient la violence, elle n'en est pas à l'origine. De plus, dire que l'alimentation distribuée dans le cadre de l'aide alimentaire est mauvaise appelle une réponse simple : proposer une offre de meilleure qualité. Or, le principal problème n'est pas là. Améliorer les produits de l'aide alimentaire ne permettra pas de répondre aux violences structurelles qui lui sont concomitantes, améliorer l'aide alimentaire n'est toujours pas répondre au droit à l'alimentation.
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En effet, étant donné que ceux à qui l'aide est adressée vivent des situations limites (sans papiers, squat, surendettement, longues maladies, invalidité, etc.), où la transgression de la règle devient parfois nécessaire pour survivre, ils n'osent ou ne peuvent pas faire de requêtes. Et cela, le décideur le sait. Se trouver dans une situation transgressive vis-à-vis de la loi (impayés, illégalité administrative, etc.) rend délicat le fait d'exiger le respect de son droit individuel, de ses droits fondamentaux (logement, santé, nourriture, habillement). Du fait de la prégnance de violences structurelles subies, dont les violences alimentaires, les personnes ne sont pas en mesure d'engager des procédures, dans lesquelles elles ont peur de perdre ce qui ne leur permet déjà pas de vivre.
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Aujourd'hui, les responsables politiques, qui commandent les études afin d'évaluer le travail social et l'accompagnement des bénévoles, formulent des injonctions et des reproches à ces derniers. Il faut se mettre aux normes, il faut signer des conventions. Une machine administrative en train de broyer la population est mise en marche. Un niveau de violence entre un État prescripteur et les organisations s'installe. L'inversion de la faute permet de ne pas avoir à remettre en question ce qui se pratique et de donner l'illusion d'une politique réactive et agissante.
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Des habitants se sont organisés avec le centre social pour mettre en place un groupement d'achat. Ils choisissent ce qu'ils mangent, qui le produit, quelle quantité ils désirent et à quelle fréquence. Ce système solidaire et durable a permis à des personnes d'améliorer leur situation grâce à une meilleure qualité des aliments, mais aussi grâce aux liens sociaux et au rôle qui leur a été donné. Elles ont cessé d'être des bénéficiaires d'une aide, ils sont devenus des citoyens organisés pour manger mieux et en mesure de soutenir plusieurs agriculteurs.
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Ainsi, dans son laisser-faire, I'Etat met en compétition les associations distributrices, ce qui renforce le pouvoir du marché. Lorsque plusieurs responsables de centres de distribution des Restaurants du cœur utilisent la métaphore de l'entreprise pour qualifier leur action et la manière dont ils doivent fonctionner, ils indiquent bien le virage qui vient d'être pris dans la gouvernance de l'aide alimentaire.
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Attention : la réciprocité ne signifie pas que le don soit réversible, ce qui est donné est donné et le retour ne sera pas équivalent à moins de donner la même chose; mais on ne rend jamais exactement la même chose, à moins de rendre la chose donnée, ce qui relève de l'emprunt. Aussi ce qui est réciproque, c'est le symbole, et à ce titre la dette peut être positive.
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Le partage immatériel inhérent au don est non interchangeable, contrairement à un objet considéré en tant qu'objet. Ainsi, le don comporte quatre dimensions irréductibles qui sont l'obligation, la liberté, l'intéret pour soi (réalisé dans un désintéressement qui n'est en rien un désintérêt) et l'intérêt pour l'autre.
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