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EAN : 9782021480832
448 pages
Seuil (10/03/2023)
3.62/5   8 notes
Résumé :
En France, dans ce pays riche où l’agriculture se veut productiviste et exportatrice, une personne sur dix doit recourir à des dispositifs d’aide alimentaire. Les Restos du coeur en sont l’un des acteurs principaux. Que leur existence soit devenue indispensable révèle l’absurdité et la triple faillite de notre système agricole, malade d’un bout à l’autre de la chaîne. Mondialisé et industriel, celui-ci participe au désastre écologique en cours tandis que nombre d’ag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un ouvrage important qui nous permet d'y voir un peu plus clair dans les dysfonctionnements de l'aide alimentaire de notre pays. Anthropologue de formation, Bénédicte Bonzi analyse clairement ce que nous ne pouvons qu'appeler, avec effroi : le marché de la faim.
A qui profite la pauvreté? Quelles opportunités s'offrent à l'industrie agro-alimentaire et au secteur de la grande distribution ? Quel désarroi saisit les bénévoles des organisations d'aide alimentaire?
Comment changer de cap? comment retrouver la fraternité, l'égalité, la dignité, le respect ?
Pourquoi la croissance, tant applaudit par quelques uns, n'a jamais su permettre à toutes et tous ne serait-ce que de manger à sa faim, et avoir un toit?
Les lois sont là, la constitution est là, et pourtant la situation empire.
Il faut donc s'interroger, penser un autre système économique et social, par qu'il s'agit de faire preuve de sens commun, protéger l'intérêt général et non les profits de quelques uns.
Une piste : https://securite-sociale-alimentation.org/
« Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t'aime ». Appel de l'abbé Pierre du 1er février 1954.

Astrid Shriqui Garain
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Un livre militant et un cri de révolte et d'indignation face aux inégalités d'accès à la nourriture, au non respect du droit à l'alimentation, aux manquements de l'Etat et aux violences de tous ordres subies par les personnes bénéficiaires de l'aide alimentaire.
La description du vécu des bénévoles et des personnes accueillies aux Restos du Coeur est à mon avis la partie la plus intéressante de l'ouvrage, et permet d'ouvrir les yeux sur ce qui se vit très concrètement en France. J'ai trouvé les parties plus théoriques, notamment celles issues de la bibliographie, plus difficiles à lire, et sans lien toujours très clair avec les éléments tirés des enquêtes de terrain.
Cet ouvrage décrit bien le fonctionnement de l'aide alimentaire en France (certaines pratiques vues aux Restos du Coeur, comme la distribution de produits périmés, ne sont cependant pas généralisables à toutes les structures qui oeuvrent dans ce domaine), l'ambivalence des dons (des entreprises comme des particuliers), les difficultés et la frustration des bénévoles qui tentent de faire au mieux avec ce qu'ils ont. Il questionne également sur le positionnement de l'Etat qui délégue aux associations ce qui relève pourtant d'un droit fondamental. Il ne propose cependant pas vraiment de solution concrète et opérationnelle, à part l'idée de Sécurité Sociale de l'Alimentation, dont le financement n'est pas explicité.
La dernière partie sur le parallèle entre les bénéficiaires de l'aide alimentaire et les paysans ne m'a pas non plus convaincu, et témoigne d'une vision partielle et assez idéologique de la production et des filières agricoles.
Enfin, paradoxalement, ce livre ne m'a pas donné envie de m'engager comme bénévole aux Restos du Coeur, qui apparait ici comme une grosse structure, pyramidale et très hiérarchisée, qui n'échappe pas à la technocratie, et où les bénévoles paraissent moins polyvalent que dans d'autres structures que je connais.
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Essai très intéressant sur le fonctionnement de l'aide alimentaire en France qui croise des expériences de terrain et le fonctionnement national de cette aide.
Convoquant des paroles de bénéficiaires et de bénévoles, cette étude s'ancre dans le concret et les défis quotidiens des Restos du coeur. Elle s'appuie également sur les recherches en sociologie et anthropologie du don ainsi que sur les lois et engagements signés par la France en matière de droit à l'alimentation.
L'ouvrage dénonce une tendance à la rentabilisation de l'aide alimentaire aux dépens des plus précaires, les paysans qui produisent les aliments et les personnes sans ressources, survivant grâce aux maraudes. A qui profite le crime ? Aux supermarchés, qui bénéficient de remises d'impôt et n'ont plus à payer la destruction des surplus, quitte à filer des produits dégradés aux personnes, et aux généreux evergètes. Cet essai souligne un écueil récurrent des services sociaux depuis quelques années, qui pousse les personnes à ne plus exercer leurs droits : la culpabilisation des personnes vis à vis de leur situation, l'intrusion dans toutes les dimensions de leur vie et leur invisibilisation.
Quelques pistes sont esquissées pour imaginer une autre façon de vivre le droit à l'alimentation et l'aide alimentaire, qui demanderaient certainement à être évaluées et testées.

Malgré quelques répétitions et maladresses, c'est une très bonne approche de ce qui se joue aujourd'hui dans l'aide alimentaire, ses violences et aussi ce qu'elle permet : éviter des émeutes de la faim..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les engagements des villes, des départements, des régions et de l'Etat dans la gestion de la grande pauvreté mettent en exergue la nécessité d'apaiser les tensions, ils le font à travers des plans, des mesures qui imposent aux publics cibles de rentrer dans des cadres. La violence structurelle se décline alors en deux points. Le premier consiste à faire peser la responsabilité de la situation sur la personne impactée, qui doit fournir l'effort, c'est sa liberté de se saisir du dispositif qui est évoqué avant sa capacité à pouvoir y répondre. Dans le cas de l'alimentation, elle doit manger ce qui lui est propose dans l'espace qui y est consacré et dans un temps précis (lié aux dates courtes). Le second résulte dans le fait de nier que ce sont les causes de la situation qui doivent être modifiées et non les conséquences, qui n'en sont que les effets. Dans le cas de l'obésité par exemple, expliquer à la personne ce qu'elle doit manger, quand et comment à travers quelques ateliers cuisine imposés, sans lui donner les moyens de se prendre en main dans un choix libre de sa nourriture est particulièrement violent.
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Ce qui est violenté est l'identité, comme cela a été présenté dans le précédent chapitre. Les liens sociaux qui se tissent entre les personnes sont des baromètres individuels, être reconnu permet de s'estimer, de percevoir sa propre valeur. Dans le cas inverse, ce que la personne retient, c'est qu'elle ne vaut rien, ou pas grand-chose, nous l'avons vu avec les sous-produits, l'image renvoyée est de valoir moins que les autres. Une fois cette perte opérée, un effet cascade constitué de plusieurs phénomènes va renforcer ce sentiment. Je reprendrai ici huit des neuf catégories proposées par Marie-France Hirigoyen pour caractériser la violence psychologique dans le cadre des violences alimentaires : l'isolement, la frustration, l'intimidation, le contrôle, le harcèlement, les menaces, I'inversion de la faute et la culpabilité.
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Il est indispensable de comprendre que ce qui est mauvais, c'est que l'aide alimentaire qui devrait répondre à une situation exceptionnelle d'urgence soit devenue une façon de s'alimenter. L'aide alimentaire à travers le don des bénévoles n'est en rien mauvaise, elle a au contraire su trouver des moyens d'inclure des personnes abandonnées par la société. Si elle contient la violence, elle n'en est pas à l'origine. De plus, dire que l'alimentation distribuée dans le cadre de l'aide alimentaire est mauvaise appelle une réponse simple : proposer une offre de meilleure qualité. Or, le principal problème n'est pas là. Améliorer les produits de l'aide alimentaire ne permettra pas de répondre aux violences structurelles qui lui sont concomitantes, améliorer l'aide alimentaire n'est toujours pas répondre au droit à l'alimentation.
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En effet, étant donné que ceux à qui l'aide est adressée vivent des situations limites (sans papiers, squat, surendettement, longues maladies, invalidité, etc.), où la transgression de la règle devient parfois nécessaire pour survivre, ils n'osent ou ne peuvent pas faire de requêtes. Et cela, le décideur le sait. Se trouver dans une situation transgressive vis-à-vis de la loi (impayés, illégalité administrative, etc.) rend délicat le fait d'exiger le respect de son droit individuel, de ses droits fondamentaux (logement, santé, nourriture, habillement). Du fait de la prégnance de violences structurelles subies, dont les violences alimentaires, les personnes ne sont pas en mesure d'engager des procédures, dans lesquelles elles ont peur de perdre ce qui ne leur permet déjà pas de vivre.
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Aujourd'hui, les responsables politiques, qui commandent les études afin d'évaluer le travail social et l'accompagnement des bénévoles, formulent des injonctions et des reproches à ces derniers. Il faut se mettre aux normes, il faut signer des conventions. Une machine administrative en train de broyer la population est mise en marche. Un niveau de violence entre un État prescripteur et les organisations s'installe. L'inversion de la faute permet de ne pas avoir à remettre en question ce qui se pratique et de donner l'illusion d'une politique réactive et agissante.
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Video de Bénédicte Bonzi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bénédicte Bonzi
Du don à la notion de violences alimentaires : Bénédicte Bonzi présente son travail de thèse
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