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Citations de Bernard Mandeville (37)


Bernard Mandeville
We have a “violent Fondness for change, and greater Eagerness after Novelties”.
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Les vices privés font les vertus publiques.
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C’est ainsi que l’on trouve le vice avantageux, lorsque la justice l’émonde, en ôte l’excès, et le lie. Que dis-je ! Le vice est aussi nécessaire dans un État florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu seule rende jamais une Nation célèbre et glorieuse.
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La ruche murmurante ou les fripons devenus honnêtes gens1
Ces insectes, imitant tout ce qui se fait à la ville, à l’armée ou au barreau,
vivaient parfaitement comme les hommes et exécutaient, quoiqu’en petit, toutes
leurs actions. Les merveilleux ouvrages opérés par l’adresse incomparable de leurs
petits membres, échappaient à la faible vue des humains : cependant il n’est parmi
nous, ni machine, ni ouvriers, ni métiers, ni vaisseaux, ni citadelles, ni armes, ni
artisans, ni ruses, ni science, ni boutiques, ni instruments, en un mot, il n’y a rien
de tout ce qui se voit parmi les hommes dont ces animaux industrieux ne se
servissent aussi. Comme donc leur langage nous est inconnu, nous ne pouvons
parler de ce qui les concerne qu’en employant nos expressions. L’on convient
assez généralement qu’entre autres choses dignes d’être remarquées, ces animaux
ne connaissaient point l’usage des cornets ni des dés ; mais puisqu’ils avaient des
Un nombreux essaim d’abeilles habitait une ruche spacieuse. Là, dans une
heureuse abondance, elles vivaient tranquilles. Ces mouches, célèbres par leurs
lois, ne l’étaient pas moins par le succès de leurs armes, et par la manière dont
elles se multipliaient. Leur domicile était un séminaire parfait de science et
d’industrie. Jamais abeilles ne vécurent sous un plus sage gouvernement :
cependant, jamais il n’y en eut de plus inconstantes et de moins satisfaites.
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Morale

Cessez donc de vous plaindre : seuls les fous veulent
Rendre honnête une grande ruche.
Jouir des commodités du monde,
Être illustres à la guerre, mais vivre dans le confort
Sans de grands vices, c'est une vaine
Utopie, installée dans la cervelle.
Il faut qu'existent la malhonnêteté, le luxe et l'orgueil,
Si nous voulons en retirer le fruit.
La faim est une affreuse incommodité, assurément,
Mais y a-t-il sans elle digestion ou bonne santé?
Est-ce que le vin ne nous est pas donné
Par la vilaine vigne, sèche et tordue?
Quand on la laissait pousser sans s'occuper d'elle,
Elle étouffait les autres plantes et s'emportait en bois ;
Mais elle nous a prodigué son noble fruit,
Dès que ses sarments ont été attachés et taillés.
Ainsi on constate que le vice est bénéfique,
Quand il est émondé et restreint par la justice ;
Oui, si un peuple veut être grand,
Le vice est aussi nécessaire à l'État,
Que la faim l'est pour le faire manger.
La vertu seule ne peut faire vivre les nations
Dans la magnificence ; ceux qui veulent revoir
Un âge d'or, doivent être aussi disposés
À se nourrir de glands, qu'à vivre honnêtes.
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C'est ainsi que, chaque partie étant pleine de vice,
Le tout était cependant un paradis.
Cajolées dans la paix, et craintes dans la guerre,
Objets de l'estime des étrangers,
Prodigues de leur richesse et de leur vie,
Leur force était égale à toutes les autres ruches.
Voilà quels étaient les bonheurs de cet État ;
Leurs crimes conspiraient à leur grandeur,
Et la vertu, à qui la politique
Avait enseigné mille ruses habiles,
Nouait, grâce à leur heureuse influence,
Amitié avec le vice. Et toujours depuis lors
Les plus grandes canailles de toute la multitude
Ont contribue au bien commun.
Voici quel était l'art de l'État, qui savait conserver
Un tout dont chaque partie se plaignait.
C'est ce qui, comme l'harmonie en musique,
Faisait dans l'ensemble s'accorder les dissonances.
Des parties diamétralement opposées
Se prêtent assistance mutuelle, comme par dépit,
Et la tempérance et la sobriété
Servent la gourmandise et l'ivrognerie.
La source de tous les maux, la cupidité,
Ce vice méchant, funeste, réprouvé,
Était asservi à la prodigalité,
Ce noble péché, tandis que le luxe
Donnait du travail à un million de pauvres gens,
Et l'odieux orgueil à un million d'autres.
L'envie elle-même, et la vanité,
Étaient serviteurs de l'application industrieuse ;
Leur folie favorite, l'inconstance
Dans les mets, les meubles et le vêtement,
Ce vice bizarre et ridicule, devenait
Le moteur même du commerce.
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Voulez-vous rendre une société considérable et puissante ? Mettez en jeu les passions de ceux qui la composent. Partagez le terrain, quand bien même ils n'auraient pas assez d'épargne, la possession de ces biens les rendra avides. Réveillez-les de leur oisiveté, ne serait-ce qu'en les raillant ou par des louanges, leur vanité les fera bientôt travailler avec ardeur. Instruisez-les dans le commerce et dans les arts, vous leur donnerez en même temps de l'envie, de la jalousie et de l'émulation. Pour augmenter le nombre des habitants, érigez diverses manufactures et ne laissez aucun terrain en friche. Que tous les peuples, tranquilles et possesseurs de leurs biens, soient inviolablement défendus contre d'injustes agresseurs. Que les privilèges soient égaux pour tous les particuliers. Ne laissez personne rien faire que ce qui est légal et surtout qu'il soit permis à chacun de penser comme il veut. Un pays où ceux qui travaillent sont protégés, où toutes ces maximes sont observées, sera toujours suffisamment peuplé et ne pourra manquer d'habitants aussi longtemps qu'il y en aura sur la terre.

(Remarque Q)
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C’est ainsi que l’on trouve le vice avantageux, lorsque la justice l’émonde, en ôte l’excès, et le lie. Que dis-je ! Le vice est aussi nécessaire dans un Etat florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu seule rende jamais une Nation célèbre et glorieuse. Pour y faire revivre l’heureux Siècle d’Or, il faut absolument outre l’honnêteté reprendre le gland qui servait de nourriture à nos premiers pères.
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Quittez donc vos plaintes, mortels insensés ! En vain vous cherchez à associer la grandeur d’une Nation avec la probité. Il n’y a que des fous qui puissent se flatter de jouir des agréments et des convenances de la terre, d’être renommés dans la guerre, de vivre bien à son aise et d’être en même temps vertueux. Abandonnez ces vaines chimères. Il faut que la fraude, le luxe et la vanité subsistent, si nous voulons en retirer les doux fruits. La faim est sans doute une incommodité affreuse. Mais comment sans elle pourrait se faire la digestion d’où dépend notre nutrition et notre accroissement. Ne devons-nous pas le vin, cette excellente liqueur, à une plante dont le bois est maigre, laid et tortueux ? Tandis que ses rejetons négligés sont laissés sur la plante, ils s’étouffent les uns les autres et deviennent des sarments inutiles. Mais si ces branches sont étayées et taillées, bientôt devenus fécondes, elles nous font part du plus excellent des fruits.
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Ce triomphe leur coûta néanmoins beaucoup. Plusieurs milliers de ces valeureuses abeilles périrent. Le reste de l’essaim, qui s’était endurci à la fatigue et aux travaux, crut que l’aise et le repos qui mettait si fort à l’épreuve leur tempérance, était un vice. Voulant donc se garantir tout d’un coup de toute rechute, toutes ces abeilles s’envolèrent dans le sombre creux d’un arbre où il ne leur reste de leur ancienne félicité que le Contentement et l’Honnêteté.
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A mesure que la vanité et le luxe diminuaient, on voyait les anciens habitants quitter leur demeure. Ce n’était plus ni les marchands, ni les compagnies qui faisaient tomber les manufactures, c’était la simplicité et la modération de toutes les abeilles. Tous les métiers et tous les arts étaient négligés…
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Le prix des fonds et des bâtiments tomba. Les palais enchantés dont les murs semblables à ceux de Thèbes avaient été élevés par la musique, étaient déserts. Les grands qui auraient mieux aimé perdre la vie que de voir effacer les titres fastueux gravés sur leurs superbes portiques, se moquaient aujourd’hui de ces vaines inscriptions. L’architecture, cet art merveilleux, fut entièrement abandonné. Les artisans ne trouvaient plus personne qui voulut les employer. Les peintres ne se rendaient plus célèbres par leur pinceau. Le sculpteur, le graveur, le ciseleur et le statuaire n’étaient plus nommés dans la Ruche.
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Il dit : Au même instant l’honnêteté s’empara de tous les cœurs. Semblable à l’arbre instructif, elle dévoila les yeux de chacun, elle leur fit apercevoir ces crimes qu’on ne peut contempler sans honte. Ils se confessaient coupables par leurs discours et surtout par la rougeur qu’excitait sur leurs visages l’énormité de leurs crimes. C’est ainsi que les enfants qui veulent cacher leurs fautes, trahis par leur couleur, s’imaginent que dès qu’on les regarde, on lit sur leur visage mal assuré la mauvaise action qu’ils ont faite.
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Un personnage qui avait amassé d’immenses richesses en trompant son Maître, le Roi et le Pauvre, osait crier de toute sa force : Le pays ne peut manquer de périr pour toutes ses injustices. Et qui pensez-vous que fut ce rigide sermonneur ?
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Toujours inconstant, ce peuple changeait de lois comme de modes. Les règlements qui avaient été sagement établis étaient annulés et on leur en substituait bientôt de tout opposés. Cependant en altérant ainsi leurs anciennes lois et en les corrigeant, ils prévenaient des fautes qu’aucune prudence n’aurait pu prévoir. C’est ainsi que le vice produisant la ruse, et que la ruse se joignant à l’industrie, on vit peu à peu la ruche abonder de toutes les commodités de la vie. Les plaisirs réels, les douceurs de la vie, l’aise et le repos étaient devenus des biens si communs que les pauvres mêmes vivaient plus agréablement alors que les riches ne le faisaient auparavant. On ne pouvait rien ajouter au bonheur de cette société.
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Les fourberies de l’Etat conservaient le tout, quoique chaque citoyen s’en plaignît. L’harmonie dans un concert résulte d’une combinaison de sons qui sont directement opposés. Ainsi les membres de la société, en suivant des routes absolument contraires, s’aidaient comme par dépit. La tempérance et la sobriété des uns facilitait l’ivrognerie et la gloutonnerie des autres. L’avarice, cette funeste racine de tous les maux, ce vice dénaturé et diabolique, était esclave du noble défaut de la prodigalité. Le luxe fastueux occupait des millions de pauvres.
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La justice même, si renommée pour sa bonne foi quoiqu’aveugle, n’en était pas moins sensible au brillant éclat de l’or. Corrompue par des présents, elle avait souvent fait pencher la balance qu’elle tenait dans sa main gauche. Impartiale en apparence, lorsqu’il s’agissait d’infliger des peines corporelles, de punir des meurtres et d’autres grands crimes, elle avait même souvent condamné au supplice des gens qui avaient continué leurs friponneries après avoir été punis du pilori. Cependant on croyait communément que l’épée qu’elle portait ne frappait que les abeilles qui étaient pauvres et sans ressources ; et que même cette déesse faisait attacher à l’arbre maudit des gens qui, pressés par la fatale nécessité, avaient commis des crimes qui ne méritaient pas un pareil traitement. Par cette injuste sévérité, on cherchait à mettre en sûreté le grand et le riche.
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Les soldats qui avaient été mis en fuite, étaient comblés d’Honneur, s’ils avaient le bonheur d’échapper à l’épée victorieuse, quoiqu’il y en eût plusieurs qui fussent de vrais poltrons, qui n’aimaient point le carnage. Si quelque vaillant général mettait en déroute les ennemis, il se trouvait quelque personne qui, corrompue par des présents, facilitait leur retraite. Il y avait des guerriers qui affrontant le danger, paraissaient toujours dans les endroits les plus exposés.
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Entre le grand nombre des Prêtres de Jupiter, gagés pour attirer sur la ruche la bénédiction d’en haut, il n’y en avait que bien peu qui eussent de l’éloquence et du savoir. La plupart étaient même aussi emportés qu’ignorants. On découvrait leur paresse, leur incontinence, leur avarice et leur vanité, malgré les soins qu’ils prenaient pour dérober aux yeux du public ces défauts. Ils étaient fripons comme des tailleurs, et intempérants comme des matelots.
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Les médecins préféraient la réputation à la science, et les richesses au rétablissement de leurs malades. La plupart, au lieu de s’appliquer à l’étude des règles de l’art, s’étudiaient à prendre une démarche composée. Des regards graves, un air pensif, étaient tout ce qu’ils possédaient pour se donner la réputation de gens doctes. Tranquilles sur la santé des patients, ils travaillaient seulement à acquérir les louanges des accoucheuses, des prêtres, et de tous ceux qui vivaient du produit des naissances ou des funérailles. Attentifs à ménager la faveur du sexe babillard, ils écoutaient avec complaisance les vieilles recettes de la tante de Madame.
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