Meet the Author: Beth Revis (STAR WARS: REBEL RISING)
Et la viande... m'est inconnue. Une sorte de viande rouge, sans gras. Chaque morceau forme un cube parfait – parce qu'un cuisinier l'a bien découpée ou parce que ce n'est pas du tout de la viande ? Dans ma tête je vois des bacs à glaçons remplis d'une pâte rougeâtre...
Elle se met à pleurer à gros sanglots, comme si elle détestait le monde entier, ou du moins ce vaisseau. Alors je fais ce que toute personne raisonnable ferait en pareille situation.
Je me tire au plus vite.
_ C'est un mythe de jamais, cela dit, poursuivit-il. De ceux que les gens oublient. Mais l'oiseau stellaire vit dans le coeur de chaque étoile de la galaxie. Quand l'une d'entre elles s'éteint, il trépasse dans les flammes et déploie ses ailes sur des millions de kilomètres, dans le vide obscur de l'espace. Et l'oiseau stellaire n'est plus qu'une nébuleuse de poussière d'étoiles.
Jyn se figea.
_ Il n'en reste que le coeur. La poussière se répand dans la galaxie et reprend une nouvelle forme.
L'homme plaça ses mains en coupe, comme pour recueillir les particules en question.
_ Et ainsi renaît l'oiseau stellaire.
- Il n'aime pas le désordre, dis-je à Amy. Il n'aime pas ce qui est différent. D'après lui, la différence est le premier facteur de discorde.
- Un vrai petit Hitler, celui-là, marmonne-t-elle.
Que veut-elle dire ? Eldest m'a toujours affirmé que Hitler était un chef éclairé, un meneur d'hommes avisé et sage. Peut-être que c'est ce qu'elle veut dire ? Que le Doyen est un bon chef, comme Hitler ? Sa tournure de phrase est simplement originale - encore une chose qui nous distingue.
L'un des premiers enseignement d'Eldest portait sur les religions. Que des histoires de magie, des contes de fées, et je me souviens avoir beaucoup ri quand il m'a appris que sur la Terre il y avait eu des gens capables de mourir ou de tuer pour défendre ces personnages imaginaires.
- La mutinerie, Elder. Plus que toute erreur humaine ou défaillance technique, la plus grande menace qui pèse sur ce vaisseau, c'est la mutinerie. C'est pour cela qu'après l'Epidemie le système des Doyens a été créé : un individu, né avant ceux qu'il doit encadrer, et qui assume le rôle du commandant, du patriarche. Chaque génération a un Doyen. Un jour, tu seras Doyen. Ce chef charismatique qui empêche la discorde et qui protège chacun des passagers, ce sera toi.
Diriger Godspeed n'a rien à voir avec le fait d'être meilleur que les autres. Ce n'est pas manipuler, forcer ou commander. Eldest n'est pas un chef. C'est un tyran.
Un chef ne fabrique pas des pions. Il façonne des individus.
Il appuie sur un bouton, le gros rouge sur lequel rien n'est écrit.
À travers le hublot, je vois la porte extérieure de la trappe s'ouvrir. M. William Robertson est alors aspiré par les étoiles, que je peux apercevoir, à présent - de vraies étoiles ! Des millions de points lumineux qui étincellent comme une poignée de paillettes jetées au hasard. Et maintenant que je les ai vues, je ne pourrai plus me faire avoir par des ampoules.
Je n'ai jamais rien contemplé d'aussi beau que ces étoiles. Elles me redonnent confiance : il y a un monde au-delà du vaisseau.
Et un instant, un instant seulement, j'envie M. Robertson, numéro 100, qui dérive dans une mer d'étoiles.
Au loin, je reconnais Centauri A et Centauri B, les deux étoiles qui constituent le centre de ce système solaire - bien plus grandes que les étoiles autour de moi. Elles sont mêmes si grandes et si lumineuses comparées aux autres étoiles qu'elles m'oppressent.
Pourtant, ce ne sont pas elles que je contemple.
C'est la planète.
C'est ça, le secret d'Orion. Ce n'est pas que le vaisseau ne progresse pas, que nous n'allons jamais atteindre notre destination.
C'est que le vaisseau est déjà arrivé.
On est arrivés ! Là se trouve la planète qui doit nous héberger.
J'ai juste envie de les voir. Rien d'autre.
Je me relève, saisis la poignée du numéros 40, ferme les yeux, tire sur la porte. Sans regarder le corps congelé à présent exposé, j'ouvre aussi la cellule numéros 41.
Les voilà.
Mes parents.
Du moins... Leurs corps. Sous une couche de glace bleutée.
Il fait très froid dans la pièce : je frissonne. Les caissons en verre sont givrés. Je passe la paume au-dessus du visage de ma mère.
- J'ai besoin de toi, je murmure.
Mon souffle embue la surface vitrée. Je la nettoie d'un revers de main.
- J'ai besoin de toi ! je répète. Tout est si étrange, ici, et je n'y comprends rien et j'ai peur. J'ai besoin de toi. De vous!