Citations de Billie Morgan (36)
Je veux qu’elle me respire, qu’elle me touche, qu’elle vibre sous mes doigts.
Je me jette sur elle en oubliant tout ce qui nous sépare. À quel point c’est mal. Interdit. Elle m’obsède tellement que c’est flippant. Elle n’est pas juste une fille dont je dois me détourner. Elle est ma meilleure amie, ma sirène, ma moitié, mon tout, comme si elle était une prolongation de moi-même. On a grandi ensemble, on s’est forgés ensemble.
Chapitre 3 :
Key
«… Ouais, c’est sûr, s’il est à l’hosto… Merde. J’ai déconné sur ce coup. Mais le petit branleur n’avait qu’à pas me provoquer ! Il est de la même trempe que sa frangine, ils ne savent pas rester à leur place, ni fermer leur gueule… ! Elle ajoute, mauvaise :
– Est-ce que c’est pas plutôt à toi de te démerder ?
Cette fois, elle plonge ses pupilles dans les miennes pour m’enfoncer cette vérité dans le crâne, mais elle ignore tant de choses. J’étire mes lèvres dans un sourire presque attendri.
– Oh, non, ma jolie ! Si le débiteur n’honore pas sa dette, on se retourne contre lui. Puis contre sa famille, bien sûr… Elle recule légèrement sur sa chaise, écœurée, et je murmure la suite dans un rictus amusé.
– Tu es venue à moi sur un plateau d’argent, Ginger. C’est à toi, maintenant, de prendre le relais. C’est à toi de payer si tu ne veux pas que j’aille voir vos parents. Un gentil petit couple de retraités.
La panique pure afflue dans tout son corps, je le perçois à des miles. Elle comprend, enfin.
– Jolie maisonnette de plain-pied, aux abords de Lake Angelus… Je dois continuer ?
Elle semble si choquée par mes paroles qu’elle n’a même pas la présence d’esprit de me contrer. J’ai assez traîné dans le coin. Je termine ma bière d’une seule et profonde gorgée et repose la bouteille sur la table avant de me lever. J’extirpe de ma poche des billets que je jette négligemment entre nos verres.
– Je crois que tu n’as pas idée dans quoi tu viens de te foutre.
C’est certain, elle n’aurait jamais dû composer mon numéro.
Parce que maintenant, je ne vais pas la lâcher. …»
Isaac ne veut plus se battre. Il ne cherche plus la justice.
Juste la vengeance.
Et je ne peux pas cautionner ça. Je ne peux pas le regarder mourir sans rien faire.
Je m'en veux de me montrer aussi faible face à ce connard bi, hétéro ou homo refoulé, peu importe. Nos jeux me fatiguent à présent.
Au fond, Madison n'aurait jamais dû commencer à gratter la surface de mon vernis protecteur.
Car, en dessous, il n'y a que l'autodestruction.
Le dégoût et la haine que je m'inspire.
Je frappe comme si c'était mon propre visage que je démolissais sous mes poings, je ne suis qu'un connard, qu'un asocial qui va crever tout seul après avoir détruit tout ce qui est beau autour de lui.
Et celui que j'appelle "le monstre"... je l'ai accepté depuis longtemps. Il ne s'agit que de leurs démons, qu'ils me jettent en pleine face quand il déborde de leur âme. Je suis leur réceptacle, leur défouloir.
Key...que j'aime qu'elle m'ait donné ce surnom. Elle m'a expliqué un jour que j'étais la clé de tout. De sa solitude, de la noirceur de son esprit, et que j'avais le monde à découvrir, dont le verrou ne demandait qu'à sauter. Savoir que j'étais attendu, que ma présence ici était aussi bénéfique pour elle que pour moi, m'a gardé vivant toutes ces années. Seulement, elle ne peut plus me sauver. Personne ne le peut.
L’attitude de Key à mon égard depuis le début me revient en mémoire. J’en décrypte les mimiques, la gestuelle, les mots feutré, sa manière de me garder près de lui, alors que je lui renvoyé tant de haine.
Car contrairement à ce que Lindsay pense, à chaque coup que je donne, c’est mon enfance que je me prends dans les dents.
Voilà. J'ai trop baissé ma garde. J'ai cessé de le hair, pendant quelques heures, et voilà où j'en suis. Où je me retrouve.
Dans ses bras.
À danser avec le diable.
Un cauchemar. Illustration parfaite de ce qu’est devenue ma vie.
Peur.
Douleur.
Terreur.
Souffrance.
Étaler la poudre. Rouler un billet déniché dans ma poche. Aspirer avidement quelques grammes d’un bonheur illusoire. Sniffer la mort avant qu’elle ne m’avale.
Se sentir chez soi ne dépend pas d’un lieu. Mais bien des personnes qui peuplent notre quotidien.
Le jour où je sortirai d’ici, je ne serai pas faible, ignorante ou fragile. Je me battrai pour avoir la même vie que les autres, pour avoir les mêmes chances. Je ne sais pas quand ce jour arrivera, mais je ne mourrai pas dans ma prison. Non. Je mourrai libre.
Moi, je danse.Je survis.Et comme je sais qu’il me regarde, je me dépasse.
Jaxon dit que la vie est un jeu. Qu’il faut évoluer avec les pions qu’elle nous délivre. Alors jouons.
(Key)
– Donc, tu fais ce que tu veux de tes journées. Mais tes nuits… Désormais, tes nuits sont à moi.
Chapitre 1 :
Lindsay
«… Puis je lève les yeux et découvre son maître.
C’est un homme, grand. La première chose que je remarque, ce sont les tatouages qui englobent ses bras, ses épaules, et même son cou, jusqu’à la mâchoire. Son jean est déchiré sur une cuisse, le débardeur aux couleurs de l’armée qu’il arbore révèle ses muscles et sa puissance. Au niveau de ses mains, de multiples bracelets en cuir recouvrent ses poignets, et je bloque un instant dessus avant de remonter plus haut. Mon instinct me hurle de ne pas le scruter. Mais je ne l’écoute pas, c’est comme un réflexe. Son visage est en partie dissimulé par ses cheveux et la casquette kaki qu’il porte, mais quand il aperçoit mes pieds sur le sol, en face de lui, il relève la tête, plante son regard dans le mien, et c’est le choc.
Je n’ai pas d’autre mot. Ses iris me captivent et me happent, ils sont de la même couleur que sa casquette, un vert mordoré sombre, mais ce sont ses pupilles qui me déstabilisent le plus. L’une est plus dilatée que l’autre, et cette vision, ainsi que le chien et la brutalité pure qu’ils dégagent ensemble, me glacent le sang. Une sorte de haine incommensurable exhale de ces silhouettes. C’est incompréhensible, mais c’est ce que je ressens. Oui, de la haine. Un frisson piquant dévale ma colonne vertébrale. Je serais bien incapable de décrire davantage ses traits, ce sont ses yeux qui attirent toute mon attention, vision fugace qui ne dure que quelques secondes.
Il continue d’avancer, avec une démarche presque nonchalante, en totale contradiction avec l’aura qu’il dégage, le chien sur ses talons. Il me dépasse sans se retourner.
Et moi, je reste figée dans le couloir, tétanisée, sentant qu’il s’est passé quelque chose de grave. Quand les pas de l’inconnu font craquer les marches branlantes, je me secoue, comme sous le coup d’une décharge électrique, et me précipite au fond du corridor.
– Logan !
Comme je m’y attendais, sa porte est ouverte. …»