De grands arbres ont remplacé les piliers de bois des pavillons qui autrefois se dressaient sur la terrasse des Éléphants, et la broussaille encombre la place royale qui s'étend à ses pieds.
Zhou Daguan (alias Tcheou Ta-kouan) est un lettré chinois qui accompagne en 1296-1297 une ambassade envoyée par Kubilai pour rappeler les Cambodgiens "au sens du devoir", à la suite, dit-il de la disparition de deux fonctionnaires chinois envoyés au Cambodge par l'administrateur chinois du Champa. Il profita de son séjour pour décrire le pays (surtout la capitale) et apprendre au moins des rudiments de la langue khmère. Le rapport qu'il rédigea à son retour a été traduit pour la première fois en français par les père jésuites de Pékin (traduction parue à Paris en 1789), puis en 1819 par Abel Rémusat et en 1902 par Paul Pelliot (édition republiée après révision partielle en 1951). Ce n'est pas le seul texte chinois ancien sur le Pays khmer mais sans aucun doute le plus détaillé et le mieux informé.
Les inscriptions ne disent pas que le roi khmer "règne", mais qu'il "mange le royaume" ou plus littéralement "la royauté", reprenant ainsi une formule banale en Asie du Sud-Est (voir ces montagnards étudiés par G. Condominas qui "mangent la forêt"). Ce faisant il est l'usufruitier du royaume (selon une formule d'Aymonier) et à ce titre dispose de ses revenus, c'est-à-dire qu'il répartit et perçoit les impôts et gère leur produit.
La Ville jamais perdue, toujours retrouvée