Citations de C. J. Skuse (91)
Je me figure mes ennuis comme un cerf-volant au bout d’une ficelle et m’imagine lâchant la ficelle, le cerf-volant monte au ciel et s’éloigne. Je compte à rebours à partir du dix.
Depuis qu’il s’est fait agresser dans un pub en 1998, Scants n’aime plus trop les câlins. D’ailleurs, il y a plein de trucs qu’il n’aime pas. Il ne faut pas que je pense à lui. Il a dit qu’il passerait me voir quand il viendrait en ville, et il a même ajouté, de sa grosse voix qui ne rigole pas, « Arrête de me harceler ».
Prendre un bain, c’est, je trouve, ce qui s’apparente le plus à un gros câlin. À mesure qu’on grandit, les câlins se font de moins en moins fréquents, mais quand on était gamines on s’en faisait tout le temps. Tata Chelle nous enveloppait, moi et Foy, dans ses grands bras, elle nous comprimait et elle disait, « Oh, comme c’est bon de vous serrer fort comme ça ! ».
Je ne m’appelle pas Mary. Mon nom, c’est Joanne. Enfin, c’est le nom qu’ils m’ont donné. Je n’ai pas le droit de dire mon vrai nom à qui que ce soit. J’ai beau être libre de mes mouvements aujourd’hui, il reste des parties de moi qui demeurent emprisonnées. Et pas des moindres. Les gosses dont j’ai parlé à la coiffeuse, ils n’existent pas, pas plus que ma brillante carrière de médecin. Ou qu’un mari du nom de Kaden, coach sportif. Kaden, c’est le nom de mon nouveau voisin. Le sweat pour hommes que j’ai acheté dans une boutique d’occasion puis aspergé de Paco Rabanne, je fais comme si c’était le sien, mais c’est du baratin, c’est pour faire mine, rien de plus. Mary, c’est pour faire mine aussi
Je reprends place et quelques instants plus tard, j’émets des gémissements involontaires au contact de ces délicieuses pressions dans le dos. Le même genre de petits cris que lâchent les gens quand ils se font des papouilles coquines. Heureusement, il y a plein de sèche-cheveux en marche, personne ne m’entend glousser de plaisir.
Moi j’aimerais bien qu’il me sorte aussi parfois, mon mari. Je crois bien que depuis que notre petite dernière est née, Livvy, on n’a pas fait une seule soirée en amoureux. Et elle rentre en maternelle le mois prochain.
Les gens sont tous dingues des bébés, j’ai bien remarqué. Je dépose la petite dans la poussette et place un voile fin sur l’ouverture du landau. Je n’aime pas que les gens la regardent, ou me regardent, trop longtemps. On ne sait jamais.
Je n’aime ni le thé ni le café. J’aurais bien aimé un jus de fruits mais ils n’ont qu’un sirop vraiment cheap qui me file des caries rien qu’à voir la tête de la bouteille. Et je sais très bien que demander un verre de lait ferait trop gamine dans ce contexte, donc pour préserver les apparences, je lui réponds que oui, merci, une tasse de thé, ce serait super.
On ne peut tout de même pas être là à bavarder tranquillement avec une parfaite inconnue et tout à coup exhiber son nichon comme si de rien n’était ! Moi, je zieuterais. Pas longtemps, mais je regarderais quand même. Mes nénés, c’est la troisième chose la plus précieuse que j’aie, après mes pieds et ma mounette.
Depuis que j’ai vu Blanche-Neige et le chasseur, elle me fiche la trouille. Je crois toujours qu’elle va bondir hors de la page et me sauter à la gorge.
Je ne m'appelle pas Mary. Mon nom, c'est Joanne. Enfin, c'est le nom qu'ils m'ont donné. Je n'ai pas le droit de dire mon vrai nom à qui que ce soit. J'ai beau être libre de mes mouvements aujourd'hui, il reste des parties de moi qui demeurent emprisonnées. Et pas des moindres. Les gosses dont j'ai parlé à la coiffeuse, ils n'existent pas, pas plus que ma brillante carrière de médecin. Ou qu'un mari du nom de Kaden, coach sportif. Kaden, c'est le nom de mo nouveau voisin. Le sweat pour hommes que j'ai acheté dans une boutique d'occasion puis aspergé de Paco Rabanne, je fais comme si c'était le sien, mais c'est du baratin, c'est aussi pour faire mine, rien de plus. Mary, c'est pour faire mine aussi. Tout ça fait partie de ma stratégie pour ne pas être repérée.
Malgré tout, ils ont quand même réussi... Ils m'ont retrouvée.
Et j'ai lu une super blague aujourd'hui sur le Net : Combien d'hommes faut-il pour refaire les murs d'une salle de bains? Un seul. A condition de le couper en tranches suuuuuper fines.
Ne brisez jamais le cœur de personne : on en as qu'un. En revanche on a 206 os : brisez-en un à la place.
La peau grillée du poulet. Vous savez que c’est mauvais mais le plaisir que ça vous procure est tellement énorme, même s’il est de courte durée. C’était quoi cette phrase que j’ai lue sur Twitter l’autre jour ? « Une heure trépidante de gloire vaut bien des siècles sans nom. » Ouais, c’est exactement ça. Eh bien, tu as droit à ton heure trépidante, Lana. Bientôt j’aurai droit à la mienne.
Je sais que je ne fais que tuer le temps. Tuer le temps avant de pouvoir tuer à nouveau. C’est comme si j’étais sur un tapis roulant. Impossible de faire marche arrière. Impossible d’en sortir avant d’arriver au bout.
Saviez-vous que rêver de radis signifie qu’un de vos proches s’apprête à vous trahir, et que les anciens Égyptiens s’étaient fait payer en radis pour bâtir la grande pyramide de Gizeh ? Ben maintenant vous savez.
L’âge mûr lui est tombé dessus comme un mur de béton : elle a une cinquantaine d’années, mais elle en fait soixante-dix. Elle a en outre la voix qui porte, au point qu’on l’entend même quand elle est à l’autre bout des bureaux.
La vérité dans toute sa banale laideur, c’est que j’ai battu une prompte retraite aussitôt après avoir entendu les résultats afin de choper le train de viol heure moins le quart pour rentrer chez moi. Et qu’à ma plus grande tristesse personne n’a tenté quoi que ce soit. C’est toujours la même chose quand on espère trop.
J’ai vu rouge, littéralement, en m’imaginant Ron et Claudia en train de bouillir dans un énorme chaudron rempli d’huile bouillante, à la médiévale. Enchaînés dos à dos, pendus au-dessus du liquide bouillonnant, hurlant de toutes leurs forces. Les orteils qui touchent la surface. Leurs corps qui s’enfoncent centimètre après centimètre dans l’huile brûlante, leur peau grise rougissant et rougissant encore, se décollant peu à peu de leur chair, le visage de Claudia incarnant la terreur la plus insoutenable de toute l’histoire de l’humanité, Ron suant, criant, suppliant avant d’être enfin réduit au silence par la mort.
Ouais, ce serait pas mal du tout. Je CRÈVE D’ENVIE de tuer à nouveau. J’en crève d’envie. J’en aurais presque des fourmis dans les doigts.
Prendre une photo époustouflante ou écrire un article brillant, décrocher la une, me faire recommander pour une bourse du Conseil national de formation des journalistes et me hisser jusqu’au statut de rédactrice junior. Le terme « junior », par opposition à « senior », pue bien évidemment la maternelle (comme si ça consistait à rester bien sagement dans mon petit parc au milieu du bureau, à téter un nichon adipeux de Linus), mais ce serait au moins un moyen efficace de mettre un pied dans la porte.