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5/5 (sur 1 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Tecuci , le 19 avril 1847
Mort(e) à : Bucarest , le 28 août 1917

Source : éditeur
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Bibliographie de Calistrat Hogaș   (1)Voir plus

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Comme effrayée par une sorte de vision effroyable, Pisicuţa s’arrêta soudain comme foudroyée, se mit à renâcler, à se cabrer et à reculer, montrant le désir de me faire tomber de son dos, et de me projeter bien loin, de me flanquer par terre…
C’est ainsi qu’à tort ou à raison, je soupçonnai que quelque bête sauvage, un loup ou un ours, venait juste de passer, qu’elle avait traversé le chemin et qu’elle avait laissé, derrière elle, un relent de son odeur dans l’air, que l’odorat de Pisicuţa, beaucoup plus sensible que le mien, avait reniflé et que, moins courageuse que moi, elle n’osait pas franchir. Une idée géniale me traversa l’esprit : je fourrai ma main dans l’une de mes besaces et j’en retirai vite ma serviette de toilette, longue comme un jour sans pain, dont l’odeur hétéroclite, j’en étais persuadé, allait vaincre et dominer victorieusement toutes les odeurs aigres et sauvages de tous les fauves de l’univers… ce n’est pas pour rien qu’elle était restée, aussi longtemps, à l’abri dans mes sacs de voyage, en étroit voisinage avec toutes sortes d’olives vieilles et flétries, avec l’ail et l’oignon aux relents puissants, qui formaient l’essentiel de mes victuailles pour le voyage, et avec une immense peau de mouton, dont on avait fait un bonnet pour le mauvais temps…

(traduction de Dolores Toma)
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Je rompis le pain, j’en donnai au moine, j’en gardai aussi pour moi et je commençai à manger…
– Mais où trouver de l’eau, petit père ? Les champignons étaient un peu salés et ce qui est salé donne soif.
– Il y a un ruisseau en contrebas, monsieur ; j’y vais sur-le-champ rapporter de l’eau, tout de suite.
Et sans même attendre une réponse de ma part, il mit sa toque de moine sur sa tête et se dirigea vers la vallée, directement à travers la forêt, les mains vides…
Mais dans quoi diable va-t-il rapporter de l’eau ?… Dans sa bouche ?… Dans ses poings ?… pensais-je, resté debout, immobile, regardant fixement sur le taillis enchevêtré par où s’était évaporée la silhouette menue et sombre de mon moine. Et s’il m’a joué une farce, ce sacré moine  ? Qui sait ? … Et s’il se trouve qu’il a eu l’idée folle de pousser son chemin jusqu’à Nichit et de me planter là…
… quand il fut suffisamment près pour que je puisse le voir, je fus certain qu’il tenait, à ma grande surprise, d’un côté et de l’autre, entre les doigts noueux et écartés de ses deux mains, une sorte de casserole en fer-blanc, plutôt longue que large et remplie d’eau à ras-bords…
– Mais cette casserole — lui demandai-je, quand il fut près de moi — où l’avez-vous trouvée, mon père ? Parce que vous êtes parti d’ici les mains vides ?…
– Mais ce n’est pas une casserole, monsieur.
– Pourquoi dites-vous que ce n’est pas une casserole ? Moi je vois que c’est une casserole comme toutes les casseroles ; la seule différence c’est qu’elle est en fer-blanc.
– Mais ce n’est pas du tout une casserole, monsieur. C’est ma toque ; seulement nous la faisons parfois en tôle, parce que pardi ! On rencontre toutes sortes de situations  ; on peut avoir besoin, dans la forêt, ou bien d’eau, ou bien d’une polenta, et, si on n’a pas de récipient, on risque de souffrir beaucoup et de la soif et de la faim…
– Mon Dieu, on aura tout vu  ! Mais moi, je ne t’ai pas vu la casserole sur la tête, mon père, moi je t’ai vu avec une toque comme toutes les toques.
– C’est vrai, monsieur, mais voyez-vous, j’ai enlevé ma housse, car je n’allais pas tout de même apporter de l’eau avec la housse dessus…
– Bon, mais pourquoi est-ce que Votre Sainteté ne prend pas dans son sac, quand vous allez dans la forêt, un verre, une casserole comme toutes les casseroles.
– Mais pourquoi tant se charger… monsieur, quand on peut utiliser la toque aussi bien en guise de casserole que de verre ?

(traduction de Dolores Toma)
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J’étais décidé à passer mon chemin, sans m’arrêter à cet endroit, quand, à une distance d’un jet de pierre, je vis l’herbe bouger. Je me dressai sur la pointe des pieds, j’attachai mon regard sur l’endroit en question et, à mon grand étonnement, je vis une tignasse osciller tantôt à droite tantôt à gauche, tantôt en avant tantôt en arrière, comme si les quatre vents s’étaient entendus pour jouer au ballon dans la clairière de Săhăstria. Était-ce un homme ou était-ce un ours ? Voilà ce que, pour le moment, je ne pus savoir avec certitude. Pour moi, qui avais l’impression de sentir circuler dans mes veines un sang glacé et sauvage, le murmure des vents ressemblait maintenant au grognement des ours, et les fleurs brillantes des clairières étincelaient comme autant d’yeux rouges des esprits du désert ; je crus donc, sur le moment, que c’était un ours des parages, quand tout à coup, j’entendis, derrière moi, le chantre Alecu crier de sa voix rauque, mais assez forte :
– Bénissez-moi, mon père ! Heureux de vous retrouver ! Comment allez-vous ?
La tignasse roula péniblement sur elle-même, telle une vieille ferrure sur un gond rouillé, et, avec une sorte de profonde révérence, marmonna quelque chose sous des moustaches emmêlées à une barbe qu’aucun peigne n’avait encore démêlée et qui couvrait son visage, ne laissant dehors que deux yeux blanchâtres et éteints par la vieillesse.

(traduction de Dolores Toma)
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Ma pauvre mère — Dieu ait son âme — combien de fois ne m’a-t-elle pas frappé avec la cuillère sur la main ou sur la bouche, dans le seul but de m’apprendre à manger comme il faut  ! Tu parles  !… Aujourd’hui encore, lorsque je mange des œufs à la coque, je me salis jusqu’aux oreilles !… Et bien !… Monsieur Georges les mangeait avec une telle habileté  !… Ses doigts blancs, grassouillets et pointus maniaient la fourchette ou le couteau avec une dextérité consommée lors de l’autopsie de l’œuf, si bien que, finalement, la coquille demeurât aussi reluisante à l’intérieur qu’à l’extérieur… Et aucune tache d’œuf ne salissait la serviette, le couteau, la fourchette ou bien les moustaches de monsieur Georges !… Et si dans ma vie un regret a rongé mon cœur, alors ce fut le regret de ne pas être resté au moins douze ans à Paris, afin d’apprendre comment on mange les œufs à la coque  !…
Une meule de fromage blanc avec de la crème fraîche, très artistiquement dressée par monsieur Georges dans son assiette, accompagnée de la polenta chaude qui convenait, disparut méthodiquement dans la profondeur de son ventre, à travers la crevasse transversale de ses grosses lèvres, de même qu’une colline disparaîtrait dans la crevasse profonde d’un tremblement de terre  ! Mais il y eut un moment où mon admiration et, — je pourrais même dire — mon respect atteignirent leur comble… Ce fut au poulet à la crème fraîche… Qui, diable, peut se tirer honorablement de l’épreuve du poulet à la crème fraîche  !… Moi, du moins, je n’ai jamais pu manger, convenablement, ce plat maudit… Eh bien, monsieur Georges était un home vraiment génial ! Autrement, du moins, je n’aurais jamais pu comprendre comment tout un cimetière de poulets avait pu passer de ce monde dans l’autre, enseveli dans le ventre de monsieur Georges, et ne pas laisser d’autre souvenir d’eux-mêmes que leurs ossements polis et alignés, artistiquement et très systématiquement sur le bord, tout aussi blanc qu’eux, de l’assiette de monsieur Georges  ?…
« Qu’est-ce que c’est que la civilisation », pensai-je, en regardant monsieur Georges détacher avec une telle élégance la chair d’une cuisse de poulet rôti ou la peau d’une pomme de reinette !

(traduction de Dolores Toma)
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Le matin était magnifique et il nous annonçait une véritable journée de juillet. Aucun nuage ne flottait dans le ciel bleu, profond et limpide comme l’œil d’une vierge. Toutes les étoiles s’étaient éteintes, et tout au plus si l’audacieuse étoile du berger affrontait encore, de temps à autre, les flots de lumière rose, dont l’aube inondait le lever lointain du soleil. Aucun souffle n’agitait l’air, et le blé, dans les champs dorés, demeurait tout aussi immobile que le brin d’herbe dans les prairies fleuries. La rosée ressemblait à des perles, qui n’attendaient qu’un rayon du soleil pour se transformer en diamants étincelants.
L’humidité et la fraîcheur du matin rendaient la nature entière infiniment tendre. Tout avait commencé à se réveiller sous les premiers rayons du jour, mais le calme, le silence, une sorte d’immobilité solennelle imprégnaient toute chose et la nature entière semblait se trouver dans une attente religieuse. À l’orient, commençait à poindre la lueur d’or et de pourpre d’un jeune soleil, qui effaça en un instant, dans le lointain infini, l’ombre du front des montagnes sombres. Nous poursuivîmes notre chemin, l’âme subjuguée par la grandeur du paysage, et les rares voyageurs que nous rencontrions et que nous laissions derrière nous, après nous avoir souhaité bon voyage, étonnés, nous suivaient longuement du regard.

(traduction de Dolores Toma)
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Quand le soleil déclina vers le couchant, je me décidai, comme un autre Robinson, à explorer les alentours, afin de voir s’il n’y avait pas de sentier, quelque étroit qu’il fût, qui coupât le flanc abrupt de la montagne, ou, au moins, si la configuration du lieu ne m’aurait pas permis de poursuivre mon chemin interrompu, quelle qu’en fût la difficulté.
Je ne pourrais pas dire comment et combien j’ai marché ; mais, il y eut un moment où, pour ma plus grande gloire, je m’aperçus que la nature, en plus de mes autres dons, nombreux, grands et importants, m’avait donné aussi les talents qui font le parfait alpiniste… Sinon je n’aurais pas pu comprendre comment, sans perdre aucun instant mon équilibre, je me trouvai brusquement suspendu à un rocher, entre ciel et terre, d’où, sous mes pieds, le précipice s’ouvrait, noir, effrayant, sans fond, et au-dessus de ma tête, la paroi abrupte du rocher laissait disparaître son sommet aérien dans les hauteurs bleuâtres des airs.
Je m’allongeai appuyé sur un coude dans l’herbe molle et pour fêter ma victoire absolue sur les obstacles de toute sorte que la forêt et la montagne avaient dressés sur mon chemin, j’allumai une cigarette dont la fumée s’éleva sur le fond des lointains bleuâtres.

(traduction de Dolores Toma)
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Pierdut câteodată în larga și neprihănita singurătate a naturii, cine n-a ascultat graiul duios și mistic, în care adierile călătoare ale dimineții își destăinuiesc frunzelor adormite ale codrului eterna lor dragoste? Al cui suflet n-a întinerit în fața unei picături de rouă, ce îndoaie, sub greutatea răcoroasă și scânteietoare, fruntea încărcată parcă de gânduri a unei flori? Cu măsura scurtă și neîndestulătoare a inimii sale, cine n-a căutat totuși să socotească nemărginitul adânc al patimii nevinovate, cu care o undă zglobie își lasă strălucitoarea-i goliciune în voia dezmierdărilor șăgalnice ale unei raze de lumină, spre a-și arunca în urmă, peste pudoarea-i parcă jignită, haina de umbră a pădurilor? De câte ori, în mijlocul arborilor muți și neclintiți, nu ne-am simțit ca în tovărășia unor vechi și buni prieteni guralivi! De câte ori nu le-am destăinuit lor durerile noastre și de câte ori, mai cu seamă, nu ne-au alinat ei aceste dureri! Din nenumăratele generațiuni de foi putrede și îngrămădite de vremuri unele peste altele, cine n-a văzut cum își ridică fruntea, rar și sfios, o floare albastră sau roșie, și cine, iarăși, n-a înțeles cum răsare viața din păturile eterne ale morții?
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