Callie Hart

« – Tu me surprends, Sloane. Et j’aime être surpris, gronde-t-il.
– Eh bien, tu m’as également surprise mais je ne peux pas dire que la réciproque soit vraie.
Il rit. Sa voix est si profonde et puissante que je la sens résonner jusque dans mes pieds.
– Tu devrais t’ouvrir un peu plus. Tu ne sais pas ce qui pourrait te procurer du plaisir avant de l’avoir essayé.
– Je sais parfaitement ce qui me procure du plaisir, Zeth, et me tenir au milieu d’une cinquantaine de personnes à moitié nues en train de se peloter n’en fait pas partie.
Une lueur d’irritation danse dans ses prunelles quand je prononce son nom. Il s’avance vers moi et tend sa main, effleurant ma mâchoire du bout de ses doigts. Mon immobilité le laisse pensif et intrigué tandis qu’il touche ma peau. Je suis incapable de bouger.
– Si tu n’aimes pas regarder, Sloane, tu peux participer. »

Je le gifle si fort que ma paume me fait vraiment mal. Quand Zeth tourne à nouveau sa tête vers moi, en un mouvement considérablement lent, je suis déjà en train de paniquer. Un filet de sang coule de sa lèvre inférieure, là où je l’ai frappé. Mon cœur manque un battement, il a déjà bien compris que j’avais commis une erreur stupide. Une erreur terriblement stupide.
— Je pensais que tu ne voulais pas jouer, Sloane, grommelle-t-il.
Il n’a pas lâché ma main et fait quelques pas en arrière, m’entraînant avec lui dans la chambre. Je n’ai jamais été aussi effrayée de toute ma vie. 

Il a l’air tellement angélique avec ses cheveux noirs décoiffés qu’il est très difficile de croire qu’il est le même petit pervers qui vient de me mettre des coups de canne sur les fesses. Je commence à rire en premier puis Zeth me rejoint quelques secondes plus tard. Il m’embrasse brusquement tout en prétendant marmonner.

— Oh mon Dieu, femme ! Tu n’es pas censée exploser de rire après quelque chose comme ça, me dit-il tout en réussissant à donner à son visage une fausse expression de sévérité. Tu as gagné. Maintenant, tu vas vraiment avoir de sérieux problèmes.

Un silence laborieux s’installe quand l’homme se met à me sourire, ses yeux me détaillant d’un air amusé. Le bruit de la sonnerie de mon téléphone qui continue de sonner en boucle ne sert qu’à faire monter la pression d’un cran. L’homme fait un pas en avant et place le canon d’un énorme flingue dans le trou de la porte. Son sourire s’élargit un peu plus et dévoile une rangée dents blanches parfaitement alignées.

— Oh, eh bien, bonjour, madame la princesse. Tu ne penses pas que tu devrais répondre à cet appel ? 

J’ai besoin de réduire quelque chose en morceaux sinon c’est moi qui vais finir par exploser. J’ai vraiment la sensation que je ne peux plus respirer à cet instant. Elle m’aime. Elle m’aime moi et je vais la briser. Je vais détruire cet amour. Je vais le perdre. Je vais lui faire du mal, on ne peut pas me faire confiance là-dessus et je suis bien trop bousillé pour penser à ce qui pourrait arriver quand elle réalisera tout ça et qu’elle me quittera. 

Pas de trace de Sloane. Je tourne encore à gauche.

Puis, je fais la rencontre d’un poing fermé.

— Zeth ? C’est quoi ce bordel ?

Sloane baisse son bras et le secoue. Ma bouche me brûle énormément. Je touche ma lèvre inférieure du bout de mes doigts et le sang que j’y trouve me surprend. Elle m’a frappé au visage. Elle m’a frappé et elle m’a fait saigner, putain. Je baisse mon regard sur elle et elle se recroqueville immédiatement. 

« – Comment est-ce possible ? Comment peux-tu être aussi bon et aussi dangereux en même temps, Zeth ? Tu es une vraie contradiction ambulante. »

— Est-ce que tu es une gentille fille ?
— Oui, soufflé-je.
Il ne me répond pas. Il ne me dit pas non plus ce qu’il va faire. L’objet froid et pointu qu’il passe sur ma peau remonte jusqu’à ce qu’il soit positionné juste sous ma poitrine. Je prends de longues inspirations, essayant de ne pas bouger, car j’ai compris ce qu’il avait dans sa main. Un couteau. Un putain de couteau tranchant.

— Tu ne m’as pas rejetée. Tu venais juste de me baiser, connard !
— Je sais ça. Mais tu t’es sentie rejetée, non ? Si j’étais venu te voir il y a deux semaines, tu te sentirais toujours de la même manière.
— Alors tu as attendu deux semaines pour qu’à la place, je sois furieuse contre toi ?
Il hausse les épaules.
— La fureur est plus facile à maitriser.

— Est-ce que tu lui as fait du mal ? demandé-je.

Zeth pose le fil de fer sur le comptoir, se saisit à nouveau de ma fourchette, toujours pleine de la nourriture qu’il a prise tout à l’heure et me regarde. Il me regarde droit dans les yeux avec une telle intensité que je sens ma peau bourdonner d’électricité.

— Est-ce que tu penses que je lui ai fait du mal, Sloane ?